Je suis là – Christine Eddie

Layout 1Je dois l’avouer, il est très rare que je fasse des beaux yeux et que je lance des cris du coeur pour lire un roman mais cette fois, admettons-le, je l’ai fait.   Non seulement c’est Christine Eddie (celle qui nous a donné les magnifiques Carnets de Douglas et Parapluies) mais le thème du roman m’interpellait particulièrement, étant donné mon travail.

 

J’aimerais pouvoir vous dire de le lire, tout simplement.  Et que vous m’écoutiez, comme ça, sans raison.  Juste parce que je vous le dit.  J’aimerais que vous découvriez Angèle sans rien savoir, que vous appreniez à la connaître sans à priori.  C’est que dès le départ, on sait qu’un « tir groupé d’infortunes l’a prise pour cible ». J’aimerais que vous puissiez entrevoir sa personnalité lumineuse, son humour, sa féminité, sa résilience.  J’aimerais que vous compreniez pourquoi elle habite à cet endroit.  Pourquoi elle ne peut voir ses filles que de temps en temps.  Pourquoi elle ne peut pas leur dire qu’elle les aime, même si elle déborde d’émotion et d’amour pour ses petites poulettes.

 

Je vous dirais aussi que la plume de Christine Eddie sert superbement cette histoire, la saupoudrant d’espoir et de délicatesse.   Je vous dirais que c’est une histoire touchante, une histoire toute pleine d’humanité, d’entraide, de petits-grands moments et de microscopiques miracles.

 

Si ça vous suffit, arrêtez de me lire et allez rencontrer ce personnage et de son monde,  en train de se reconstruire, ce redéfinir.

 

Sinon, je pourrai vous laisser entrevoir qu’Angèle n’a même pas mon âge.  Qu’elle vit dans une résidence pour personnes âgées depuis presque 4 ans.  Que son mari ne peut la voir sans pleurer. Qu’elle communique lentement, très lentement à l’aide des yeux et d’un alphabet.  Qu’elle est prisonnière dans un corps qui ne l’écoute plus mais qu’elle est là! Tellement là, enfermée en elle-même.  Qu’elle reste la même, ou presque.  Et qu’elle ne peut serrer ses jumelles de 4 ans dans ses bras quand elles voltigent autour d’elle et sèment le bonheur dans la résidence.

 

Loin d’être larmoyant, il y a énormément de positivisme dans l’histoire, qui est inspirée d’une amie de l’auteure, qui  présente un locked in syndrome.  C’est une histoire pleine de vie, bien campée à Shédiac, petit village des maritimes.  Et je vous la recommande fortement.

 

Québec en septembre 2014

 

Ailleurs… le billet de Jules, de Topinambulle

La porte du ciel – Dominique Fortier

la porte du cielAussi bizarre que ça puisse paraître, je n’avais jamais lu de roman de Dominique Fortier.   Je n’ai d’ailleurs aucun souvenir d’avoir acheté celui-là ce qui, à défaut d’être étonnant, est plutôt révélateur.  Mais j’ai un vague souvenir d’avoir VOULU l’acheter après avoir entendu parler d’une des inspirations de l’auteur, les célèbres courtepointes de Gee’s Bend.  Vous ne connaissez pas?  Fouinez un peu, vous allez voir, elles sont magnifiques!

 

Le roman s’ouvre sur deux fillettes.  L’une est blanche est l’autre est noire.  Nous sommes dans le sud des États-Unis, deuxième moitié du 19e.  L’esclavage existe encore et le Docteur McCoy, pour faire un grand geste altruiste, achète celle qui s’appellera Eve et qui cause des problèmes à sa plantation où elle est esclave depuis qu’on a vendu sa mère à on ne sait qui.   Elles vont grandir, l’une avec un statut clair, l’autre, beaucoup moins.  Entre servante et amie d’Eleanor (la jeune fille blanche), elle ne sait trop où est sa place.

 

Il est difficile de parler de ce roman car comme les courtepointes dont elle s’est inspirée, Dominique Fortier tisse ici un patchwork de moments passés et actuels, de personnages tout plus ou moins prisonniers de leur société et des attentes que celle-ci a pour eux.  En toile de fond, la guerre de Sécession, guerre fratricide, guerre d’idéaux, dont les répercussions se font encore sentir de nos jours (vous ne me croyez pas?  Allez juste voir la carte électorale aux États-Unis, juste pour rire…).  Dans le sud, le racisme, ce n’était même pas une question, mais un mode de vie.   C’était ancré dans les moeurs.  Et si la guerre a aboli l’esclavage, elle n’a pas aboli le racisme pour autant, même 150 ans plus tard.

 

C’est d’un personnage à l’autre, d’une maison à l’autre que l’auteur nous fait témoins des petites et des grandes trahisons, de la vie de ceux qui sont restés derrière, des violences ordinaires et des grands espoirs… et des désillusions.  Et, étrangement, cette narration fragmentée, qui passe du je, au tu, au il, forme un tout étrangement cohérent, malgré des parties qui détonnent, qui frappent, et dont nous ne comprenons l’impact que lorsque nous reculons pour avoir une vue d’ensemble de la construction étrange et belle que nous avons pu lire.

 

Une plume sobre et évocatrice, une construction audacieuse, des silences parfois assourdissants, une auteure qui nous laisse souvent inférer des sentiments plutôt que de nous les décrire et un certain hommage à ces femmes qui prenaient leur liberté là où elle leur était permise et qui criaient leur douleur à leur manière.  Dans des courtepointes.

 

Ailleurs…  les billets de Venise et Anne

Le silence des femmes – Thérèse Lamartine

Silence-des-femmes.jpgEn ouvrant ce roman, j’étais certaine que ça me plairait.  Après tout, la condition de la femme, le féminisme, j’en lu de nombreux essais sur le sujet.  Je me sens concernée.  Du coup, inutile de dire que le thème et la façon de l’aborder me plaisait beaucoup.  La condition de la femme vue par un homme qui s’éveille subitement au sujet, suite à des meurtres perpétrés lors du passage à l’an 2000… comment ne pas être intrigué?

Or voilà, je crois que je préfère ce thème et ces thèses très apppuyées quand, justement, elles sont sous la forme d’essais.  Parce que je dois avouer que j’ai vraiment eu du mal à partir d’un certain point.  Question de préférence personnelle hein…  j’ai toujours du mal quand je sens qu’un auteur (de roman) veut vraiment, vraiment faire passer un message et qu’il est martelé.  L’opposante en moi se réveille.  À tout coup.  Même si à la base, je suis d’accord avec plusieurs des affirmations (pas toutes… mais plusieurs) et que l’avenir des femmes et des jeunes filles me fait parfois peur.  Et que certaines situations, considérées presque normales, font frémir.

Brian, le personnage principal, est psychanalyste à New York.  Sa vie va basculer le 1e janvier 2000.  Ces meurtres, et surtout, le coupable, va l’amener à se remettre en question, en tant qu’homme mais aussi en tant que psychanalyste.  Il épouse donc la cause de la condition féminine.  La première partie nous parle de sa démarche en tant qu’homme, de son parcours, de ses questionnements.  Pourquoi tant de violence, tant de haine envers les femmes?  Pourquoi on ferme les yeux?  Pourquoi les mères acceptemnt que leurs filles aient un tel traitement?   Et cet aspect m’a plu.  J’ai aimé m’attacher à ces personnages.  Puis, soudain, l’impression qu’ils ne sont plus que des marionnettes en spectacle illustrer la thèse de fond.  La finale m’a à moitié réconciliée parce qu’elle a de  risqué et d’inattendu mais j’aurais préféré un propos plus nuancé… et un résultat plus nuancé aussi (oui, je sais, je réutilise le même mot… suis pas écrivaine, moi!)  J’ai peur que ce choix de positions extrêmes, même sous forme de satire (car je crois sincèrement que c’en est une… du moins, j’espère) n’influence négativement plusieurs lecteurs qui auraient pu adhérer et réfléchir de façon constructive… mais ça, c’est moi.

Ça, limite, ça aurait pu passer.  Mais mon réel problème avec le roman a été le style que j’ai trouvé lourd et surchargé d’adjectifs (répétés à quelques reprises dans le roman pour les mêmes objets… yep, j’ai une mémoire stupide.  À la deuxième « poitrine somptueuse », je me souviens parfaitement de la première, genre).  Chaque mot a été soigneusement choisi, et ça paraît.  Trop travaillé pour mon goût perso, tout en restant dans la simplicité syntaxique la plupart du temps.  Oui, je généralise, je sais.

Somme toute, c’est un roman avec des idées auxquelles il faut réfléchir, en tant que femme, mais surtout en tant qu’être humain.  J’ai été toutefois moins convaincue par la forme.  Et pour contrebalancer mon avis, je vous envoie chez La bible urbaine (qui ont beaucoup aimé l’écriture… tout le contraire de moi, quoi) ainsi que chez Voir.ca.  La bouquineuse boulimique a un avis plus mitigé.  À vous de vous faire une idée!

Champagne – Monique Proulx

ChampagneCe roman, c’est l’exemple parfait d’un très bon roman, mais qui n’était pas pour moi.  Il faut que je l’avoue, moi, tout ce qui s’approche du nature writing, j’ai souvent du mal.  J’adore imaginer les coins de paradis envahis de bêtes à 2, 4 ou 6 pattes mais souvent ça ne suffit pas pour garder mon intérêt.  Non, pour « éveiller » mon intérêt.   Parce qu’une fois que j’ai été bien dans l’histoire, j’ai apprécié, hein.  J’ai trouvé la plume magnifique et évocatrice, qui nous transporte dans ce petit paradis qu’est le lac à l’Oie, propriété de Lila Szach, vielle dame revêche aux idées bien arrêtées, prête à tout pour défendre son coin de paradis à l’écart des hommes, surtout ceux portant le nom de Clémont.

 

Nous suivons tour à tour plusieurs personnages plus ou moins écorchés qui hantent cette campagne.  Il y a Lila, qui s’est rêvée vieille sur les bords de ce lac acheté pour une bouchée de pain avec Jan, son époux maintenant disparu.  Il y a aussi Simon, le bon Simon, l’oreille attentive qui voudrait aider les gens, les réparer.  Puis arrive Jérémie, l’enfant qui s’est cru mort et qui va apprivoiser cette campagne dont il ne sait rien.   Violette est venue écrire son passé pour tenter de l’exorciser tandis que Claire trouve en ce lieu une paix bienvenue qui lui permet d’écrire ses scénarios en s’inspirant des habitants.  Ces personnages vivent côte à côte et s’entrecroisent, tissant des liens particuliers, parfois fragiles ou déroutants.

 

Le temps d’un été dans les Laurentides, pour plusieurs, la vie va être chamboulée, secouée, bouleversée.  Il ne faut pas pour autant croire que c’est un roman où l’action déboule.  Certes, il y a une histoire.  Des histoires, en fait, qui se déroulent au rythme imposé par cette nature à la fois belle et cruelle, qui est en fait le personnage principal du roman.  Les cassures, les ruptures et les épreuves de ces personnages hors-normes, parfois âpres, sont entre coupés de segments où il est question de tout ce qui compose l’univers dans lequel il évolue.  Quand on est en si grande symbiose avec la nature, un écureuil Rebelle ou un colibri devient parfois un événement.  Et bizarrement, on s’intéresse à leurs mœurs ainsi qu’à celles des insectes.  Mine de rien, j’ai appris des choses, moi, là-dedans.  Et le tout est fait très naturellement.

 

Il y a certes un message sur la cohabitation de l’humain avec la nature, sur la nécessité de la protéger, de la respecter.  C’est une ode à ce monde sauvage, sans pitié, mais magnifique, devenu trop rare.  Et c’est écrit magnifiquement.  Toutefois, pour moi, les débuts ont été difficiles et j’ai mis un bon moment à me sentir chez moi dans ce petit univers.  Était-ce l’alternance des points de vue?  Le trop plein de vert?  Je ne sais trop mais les débuts ont été difficiles et même si le lac à l’Oie avait l’air magnifique, je m’intéressais finalement assez peu à ce qui s’y passait.  Heureusement, ça s’est arrangé mai il reste que, comme je le disais au début du billet, ce n’est pas le type de roman que je préfère.  Et j’ai quand même un bémol pour l’épilogue, que j’aurais préféré absent.

 

Toutefois, je sais que cette littérature a ses adeptes et je le leur conseillerais volontiers.

 

Ailleurs… les billets de Venise, Biblioblog, Topinambulle, Suzanne et Malice (qui a adoré)

 

 

Le Christ obèse – Larry Tremblay

christ-obese.jpgOh qu’il est étrange ce roman.  Profondément dérangeant, troublant.  Au point que j’ai dû le refermer à plusieurs reprises car c’était juste too much.  Trop de violence, trop d’instabilité, trop peu de justification à toutes ces horreurs.  Juste parce que.  Et malgré tout, cette étrange culpabilité qui plane, ce doute permanent qui assaille le narrateur.

Nous avons donc affaire à roman métaphorique sur le christianisme, sur la religion, qui nous questionne et qui nous secoue.  Du moins, je crois.  Parce que j’en ai sans doute manqué quelques bouts hein… un roman qui mériterait sans doute une relecture.  Le personnage principal est Edgar, 37 ans.  Il a toujours vécu sous l’emprise de sa mère, figure essentielle de sa vie mais aussi assez froide, qui a fait disparaître un jour tous les souvenirs de son époux, décédé le jour de la naissance d’Edgar.  Relation particulière, inégale, limite malsaine, même si nous ne faisons que l’entrevoir.  Puis, après sa mort, alors qu’il est sur sa tombe, il voit une jeune femme se faire tabasser par quatre personnes, qu’il identifie au quatre cavaliers de l’apocalypse.  Pour une raison qu’il ne s’explique pas lui-même, au lieu d’appeler la police ou l’ambulance, il décide de l’amener chez lui pour la soigner.

À travers ces pages, nous verrons se tisser lentement une relation très étrange de codépendance, où les rôles sont flous et où les sentiments sont contradictoires.  La figure du Christ se superpose, se confond avec celle de la personne blessée qui souffre, qui a été maltraitée et abusée.  Graduellement, toute la vie d’Edgar se mettra à tourner autour de cette figure qui le domine, alors qu’il est lui-même le soignant, l’aidant, le pourvoyeur.  Le tout presque sans parler.    Petit à petit, nous découvrons la mère, ses sentiments contradictoires, ses actes, qui ont pu déclencher quelque chose dans la tête du petit Edgar de quelques années à peine.

Difficile de s’attacher à ce personnage.   Difficile de le comprendre, car il est en constante opposition avec lui-même, se présentant tour à tour comme une personne rationnelle, qui se questionne et une personne dérangée, qui doute de sa santé mentale et qui s’auto-justifie avec une logique qui lui est propre.  Des actes horribles nous sont racontés avec une froideur et une distance incroyable et c’est cette combinaison qui m’a parfois fait manquer de souffle.  Et quand on y pense un peu et qu’on fait certains parallèles, qu’on se repose vraiment certaines questions qui sont soulevées par rapport à la religion, au christiannisme, ça secoue encore plus.  Et on est ramenés à la question initiale… pourquoi la souffrance du Christ vaut-elle plus que la nôtre?  Et toute cette foutue culpabilité judéo-chrétienne, qui nous fait douter de nous en premier lieu, de notre bonté ou encore de nos droits…  Ce roman, avec toutes les horreurs qu’il contient (sérieux… comment voulez-vous que ça finisse bien), a le mérite de faire réfléchir et de nous offrir une métaphore ma foi fort réussie.

Même si je ne peux pas dire que j’aie eu une lecture… agréable et pétillante de joie!

Ailleurs… le billet de Jules

La mort de Mignonne et autres histoires – Marie-Hélène Poitras

mort de mignonneC’est quand des copines participantes à ce mois thématique ont décidé de lire Griffintown de l’auteur (que j’ai beaucoup aimé) que j’ai déterré ce recueil de nouvelles de ma pile.  Écrit en 2005, « La mort de Mignonne et autres histoires » est donc antérieur de plusieurs années au roman que je viens de citer.  Toutefois, nous voyons déjà poindre les thèmes et les décors que nous retrouverons plus tard dans le roman.

 

Ces nouvelles s’articulent autour du thème de la perte de l’innocence et des illusions.  Des personnages un peu trop purs pour leur monde trash, que ce soit des animaux ou des humains.  Et on ne parle pas de pureté « parfaite »…  juste d’une certaine naïveté qui clashe avec la réalité parfois glauque, parfois cruelle, parfois vide aussi.    Si j’ai trouvé le recueil un peu inégal, quelques nouvelles m’ont davantage marquée.   La nouvelle titre, « la mort de Mignonne » est très poétique, enlevée mais triste aussi.  On  y retrouve le monde des chevaux (on sent que l’auteur les connaît et les aime), des calèches mais aussi celui de l’adolescence qui se cherche (et qui se déçoit), sur fond de musique grunge.   Le discours d’une ado à sa petite soeur de 7 ans qui grandit  est très touchante et l’histoire de la jeune top modèle trop vite aux devants de la scène est percutante.  Toutefois, ma préférée reste celle du cachalot échoué qui rassemble tout un village.

 

Une plume travaillée (des fois, juste un petit mini-peu trop à mon goût à moi) mais surtout des images très fortes, qui sortent un peu de nulle part mais qui laissent une impression durable au lecteur, parfois par leur incongruité, d’autres par leur signification (ou du moins celle qu’on lui prête).    Une agréable lecture, malgré quelques nouvelles qui m’ont moins touchée.

Dans le quartier des agités – Jacques Côté

Dans-le-quartier-des-agites.jpgCe roman, je l’ai retrouvé dans ma pile.  Comme ça.  Suite aux suggestions de Richard, j’ai vu qu’il conseillait vivement le 3e tome de la série.  Du coup, j’ai lu le premier.  Pour arriver au 3e.  Un jour.

Cette série de romans policiers est basée sur des personnages réels.  Un personnage réel, en particulier : le Docteur George Villeneuve, qui a été surintendant de l’asile (c’était le terme hein…) St-Jean-de-Dieu à Montréal (ancien nom de l’hôpital Louis H, qui est l’actuel institut universitaire de santé mentale de Montréal, situé dans le coin du métro Radisson) ainsi que médecin légiste à la morgue de Montréal.   Ce médecin de formation avait aussi une passion pour la médecine légale et il tenait – pour vrai – des carnets plus ou moins lisibles.  Personnage parfait pour cette série « Les cahiers noirs de l’aliéniste », où ce personnage réel vit des drames tout à fait fictifs. Du moins, je pense qu’ils sont tout à fait fictifs!

Nous rencontrons donc ce médecin à la fin de ses études, pendant l’année qu’il passera à Paris, à étudier sous le docteur Valentin Magnan.  Je vous préviens tout de suite, il y a touuuut plein de personnages réels dans ce roman.  Si vous avez un peu de connaissances dans le domaine, c’est clair que vous avez entendu ces noms quelque part.  Certains ont du mal avec ça mais moi, j’adore.   De plus, on sent que l’auteur s’est donné la peine de faire une réelle recherche, pour réussir à nous faire ressentir l’atmosphère de l’époque ainsi que l’état de la psychiatrie de l’époque. Toute cette partie est fort bien réussie.  J’ai adoré assister à ces conférences et faire des recherches sur les sujet/personnages évoqués.  Il faut dire que la maladie mentale m’a toujours intriguée au plus haut point.

Il y a autant de contexte historique que d’intrigue policière dans ce roman.  Si l’intrigue est assez simple, il est clair que ce n’est pas le but principal de nous faire nous balader sur de fausses pistes.  Il s’agit plutôt de nous faire entrer dans l’esprit d’une personne clairement dérangée et d’explorer sa façon de penser.   La mise en place?  Un meurtrier coupeur de nattes sévit à Paris.  Et arrive, sur le porche de l’asile, un homme avec justement… une natte dans sa poche.  Tient-on le coupable?  Le Docteur Villeneuve n’en est pas du tout certain, même si l’opinion publique – et les faits – parlent contre lui.   Entre les préparations de congrès, les conférences sur l’entomologie médicale et l’étude duc crâne humain, le docteur va suivre « son » suspect et entrer dans son quotidien.  À ses risques?

On a ici une écriture très simple, qui ne m’a pas transcendée.  Le personnage principal est aussi un peu trop « bien sous tout rapport » mais on sent aussi la crainte du pouvoir religieux en place (si la soeur en charge décide qu’il n’est pas assez bien moralement, il perd sa job hein… pas plus compliqué que ça).  De plus, j’aurais apprécié un peu plus de profondeur et de nuances chez certains personnages.  Mais somme toute, c’est un bon roman policier historique et je lirai forcément les deux autres tomes, qui nous ramènent à Montréal.

Ailleurs… le billet de Richard

Pourquoi cours-tu comme ça? – Collectif

pourquoi cours-tuJe vais vous faire un gros aveu.  Dans mon milieu de travail, je ne serai jamais branchée, jamais « in », jamais dans la gang qui a Compris.

 

Voyez-vous… je déteste courir.

 

Sans joke.  Je peux faire 3 cours d’aérobie de suite en sautant comme une folle, taper des talons en flamenco sans relâche, faire du vélo et du vélo… et vite malgré l’ancêtre qui me sert de bécane!  Mais courir???  Oh my… je déteste ça.  J’ai essayé hein… dans la recherche d’un sport polyvalent et pas trop cher.  Mais c’était un calvaire pour moi et j’étais limite contente de ne plus pouvoir courir en raison de périostites à répétition.  C’est dire comment je n’aime pas ça.

 

Et au boulot… tout le monde court.  Tout le monde bouffe santé.  On les voit partir sur l’heure du dîner et revenir exaltés.   Et ils en parlent tout le temps!  Vous savez, ma collègue a gagné le marathon de Montréal chez les filles l’an dernier.  Du coup, c’est un gros sujet de conversation au-dessus de mes sandwiches achetés… et de leurs salades composées (j’exagère… mais je suis celle qui a les pires lunchs de l’hôpital, je pense).

 

Bref, je ne ferai jamais partie de la gang des coureurs.  L’aspect « temps » me dérange.  En fait, je ne suis pas du tout compétitive.  Même contre moi.  Encore moins contre moi, en fait! Du coup, j’avais un peu peur en recevant ces nouvelles.  Mais à ma grande surprise, j’ai sérieusement bien aimé et j’ai dévoré ce court recueil (pas tout à fait 200 pages) en une petite soirée.  C’est que oui, il y a la course.  Il y a les rituels de la course.  Mais il y a aussi ce qui se cache derrière.  La peine d’amour, le besoin de contrôle, la remise en forme, l’exutoire, l’amour du sport… bref, autant de motivations que de personnages.  Et ça, ça m’a plu.  Voir l’humain derrière le sport.  C’est que nous sommes des bestioles fascinantes!

 

J’ai aimé le mélange de plumes et de styles différents, dont certains qui sont bien reconnaissables.  En fait, ces recueils de nouvelles à plusieurs auteurs, sur un même thème, me plaisent beaucoup.  Ca permet d’exploiter à fond quelque chose sans tomber dans la redite et la monotonie.  Ici, on nous promène de plume en plume, de sujet en sujet.  Du jeune qui se fait intimider et qui découvre que, définitivement, il court vite à la femme qui veut se vider la tête après une peine d’amour, en passant par le fils qui court pour sa mère, la dame qui fait de la course un gros party d’amis et celui qui court pour courir, tout simplement, on a là un vase éventail de sujets.

 

Je ne les décrirai pas toutes mais un petit mot sur mes préférées, quand même!  Un gros coup d’émotion pour la nouvelle de Julie Gravel-Richard, avec tout plein de sourires aux références antiques.  Une tension très bien maîtrisée pour celle de Florence Meney, dont j’aime définitivement la plume.  Une folle envie d’écouter The Clash après avoir lu celle de Michel Jean qui nous raconte Leslie et Jean-Nicholas, qui se rencontrent au début de l’âge adulte.  Finalement, celle de Patrice Godin m’a preeeeeesque fait comprendre comment quelqu’un peut aimer courir.  Presque.  Et elle donne à réfléchir, en plus!

 

Un recueil que je conseillerai à tous mes amis coureurs, sans faute.  Parce qu’avouons-le… les parties qui m’ont le moins accrochée sont quand même celles… qui décrivent les sensations éprouvées à la course!

 

Fidèle à moi-même hein!

 

Ailleurs… le billet de Jules.

 

 

Nous étions le sel de la mer – Roxanne Bouchard

Nous étions le sel de la merNon mais comment je vais faire pour vous parler de ce roman et vous donner une envie folle et irrépressible de le lire, hein?  Comment?  Parce qu’il FAUT le lire.   Et quelle plume magnifique!  Sérieusement, je manque de mots.  Et je sens que je vais abuser des points d’exclamation!

 

De Roxanne Bouchard, j’ai lu Whisky et Paraboles (et, en relisant mon billet, je réalise que je l’ai commencé EXACTEMENT de la même façon) et j’ai retrouvé dans ce nouveau roman ce qui m’avait tant plu dans le premier: l’écriture poétique, pleine d’images qui donne le goût de corner chaque page, l’aspect plus grand que nature, les légendes vivantes à petite échelle, la découverte de soi.   En plus, dans ce roman, il y a la mer.  La mer qui appelle, qui vit, qui bouge,  qui donne et qui reprend.

 

C’est Catherine que nous rencontrons dans ce roman.  Catherine qui ne va pas bien, sans trop savoir pourquoi.  Catherine qui se sent prisonnière et qui a perdu la recette de l’exaltation (tout de suite, j’ai été happée, juste pour ça).   C’est une lettre, postée de Key West qui l’amène à Caplan, en Gaspésie, un tout petit village où quelqu’un devrait l’attendre.   Puis, un matin, un pêcheur repêche un corps dans ses filets.  Une femme.  Qui a viré le village à l’envers, il y a plusieurs années.  Une femme qui vit la mer, une vagabonde, un grand mystère.  Une femme qui effraie.

 

Nous suivrons donc Catherine dans sa recherche personnelle mais aussi le sergent Morales, nouvel arrivé qui doit s’occuper de l’enquête alors qu’il n’y connaît rien, ni à la mer ni au village et qu’il récolte davantage de potins et légendes que d’indices et de vérités.  Catherine va rencontrer une flopée de personnages plus grands que nature, des pêcheurs qui ne pêchent plus rien, un coroner grand talent qui veut tout régler, un propriétaire de restau à la langue bien pendue aussi.  Et c’est petit à petit que nous allons découvrir quelques facettes de ces personnages, ainsi que des drames quotidiens qui ont secoué le village au fil du temps.  Les fils dispersés ici et là vont se rejoindre, les histoires vont s’imbriquer.

 

Je sais, je ne fais pas honneur au roman.  Mais c’est magnifique, rythmé par la mer, avec une plume profondément ancrée dans l’oralité québécoise, qui sonne vrai (malgré ou peut-être à cause des tics de langage répétitifs des personnages) et une narration enchevêtrée fort bien maîtrisée.  Un roman qui donne le goût de partir en mer, de lâcher prise.  Une grande histoire de rendez-vous manqués…

 

Coup de coeur, donc.

Défi Québec-O-Trésors

Logo québec-o-trésors petit

 

Je ne sais pas si vous vous souvenez, il y a quelques années, dans le temps où avec un peu de bon vouloir, on réussissait à connaître presque tous les blogueurs « livres » et à se faire des visites occasionnelles, ma compatriote québécoise Grominou vous avait concocté le défi « Blog-o-Trésors » qui avait connu un succès retentissant.  Très retentissant, même.

 

Pour Québec en septembre, l’idée a donc germé dans nos petites têtes de reprendre un principe un peu semblable, mais avec la littérature québécoise.

 

Comment ça fonctionne? (ben oui, après tout, ce n’est pas tout le monde qui était là à l’époque!)  Il y a plusieurs étapes mais vous allez voir, vous allez comprendre!

 

Étape 1 – la chasse aux trésors de la littérature québécoise

On vous donne donc jusqu’au 15 octobre 2014 pour répandre la bonne nouvelle et nous donner, soit en commentaire ou sur vos blogs,  un maximum de cinq de vos « trésors » de la littérature québécoise. Vous savez, ces livres que vous voudriez faire lire à tout le monde?  Ces livres chouchous? Ce sont ceux-là que nous voulons.  Ceux que vous chérissez et que vous aimez d’amour.  Si vous n’en avez pas cinq… pas grave!  Cinq, c’est le maximum mais un, deux, trois, quatre… ça va aussi.  Bon, je pense que vous comprenez le principe!

 

Ça peut être des romans, des BDs, des nouvelles, des poèmes, des essais… ce que vous voulez, tant que c’est québécois (si ce n’est pas un roman, ce serait bien de le mentionner, quand même… en vue de l’étape 2!).  On veut des coups de cœur!  De tous les genres.  Pas obligé d’être des livres sérieux.  Et on aimerait, si possible, que vous n’oubliiez pas les romans publiés au 21e siècle.  Il y en a des excellents, croyez-moi!

 

Bon, si vous êtes un auteur et que vous nous proposez vos 5 derniers romans… on se réserve quand même le droit de vous en parler hein!  Pas qu’on veut être des grosses méchantes… mais vaut mieux être prévoyantes!  On en a vu d’autres!

 

Et vous savez ce qu’il y a de bien?  Tout le monde peut proposer ses trésors.  Blogueur, lecteur assidu, lecteur du dimanche, travailleur du monde du livre… tout le monde!   Il suffit de nous laisser un commentaire avec vos propositions.  Pas obligé non plus de participer par la suite pour proposer quelque chose (quoique ce serait bien).  Vous pouvez aussi partager la bonne nouvelle, pour avoir un répertoire varié et attrayant… parce que vous devinez la suite!

 

Étape 2 – La découverte des trésors

Le premier novembre, Grominou et moi allons publier la grosse-méga-giga liste (oui, c’est beau l’espoir).  Votre mission, si vous l’acceptez (oui, on a les références qu’on peut)…

 

…lire quelques uns de ces trésors de ces trésors d’ici le 30 septembre 2015(ce qui annonce quand même un petit quelque chose, si vous savez lire entre les lignes).

 

–          Catégorie blanc – un ouvrage québécois

–          Catégorie bleu pâle – trois ouvrage québécois

–          Catégorie bleu fleur de lysée) – cinq ouvrage québécois

 

Le prix à gagner? Heu… le plaisir de la découverte?  Non, sérieusement, on aimerait bien vous faire gagner des choses mais je dois avouer une guerre à finir avec Madame La Poste qui s’obstine à livrer les colis dans un drôle d’état… et à un prix exorbitant… alors ouais… voilà…

 

Si vous avez un blog, vous publiez vos billets sur votre blog et vous me donnez le lien.  Si vous n’en avez pas, mes commentaires et ceux de Grominou vous sont ouverts pour vos impressions, brèves (genre… « c’était génial! » ou détaillées.

 

Donc, on y va tout le monde!  On attend vos choix!

Et ne vous gênez pas pour partager, en parler à vos amis, blogueurs ou non… allez, un petit coup de pouce pour la littérature québécoise!

 

Récapitulons…

Jusqu’à quand je peux m’inscrire?  Jusqu’à la fin du défi.  Septembre 2015 . On vous accepte n’importe quand.  Inscriptions sur ce billet ou sur le billet de présentation de Grominou. 

Jusqu’à quand pour proposer vos trésors (et ceux de vos amis) ?   15 octobre 2014

Quand aurons-nous la liste ?  Le premier novembre 2014

On a jusqu’à quand pour découvrir ces merveilles?  30 septembre 2015

Combien de trésors puis-je proposer?  De 1 à 5

Où proposer mes trésors?  Sur nos blogs dans les commentaires ou dans un billet sur votre blog (dont vous nous donnerez le lien).  Au choix.

Puis-je proposer et participer à la découverte si je n’ai pas de blogs ou si je ne lis pas beaucoup?  MAIS BIEN SÛR!

Puis-je participer même si je n’ai rien proposé?  MAIS BIEN SÛR!

Où puis-je donner mon opinion sur les trésors découverts?  Sur vos blogs si vous en avez un.  Dans les commentaires chez moi ou Grominou si vous n’en avez pas! 

 

D’autres questions?

Nous, on est super enthousiastes!  Et on espère que vous le serez aussi!

Je vous donne ma liste d’ici quelques jours… j’en suis à 10 titres et je n’arrive pas à me décider.  Quelle surprise!

 

Intéressés à participer

Karine, Grominou, Yueyin, Anne, Sylire, Aifelle, Daniel Fattore,  Hélène, Virginie, Julie GravelR, Cuné, A girl from Earth, Iroise, Syl, Icath, Suzanne, Topinambulle, Marguerite, Claire Jeanne, Valentyne, Opaline, Kathel, Martine, Venise, Gemma

 

Billets de présentation

Iroise, Martine

 

Les billets avec des choix dedans…, 

Cuné, Papillote88, Argali