Aujourd’hui, c’est la fête des pères. Je ne suis donné comme mission de ne pas faire de jokes plates à papa de la journée. L’avenir nous dira que j’ai un peu manqué mon coup mais bon… c’est l’intention qui compte hein! On va dire!
Nous nous réveillons donc à Nantes, ville pour laquelle maman a d’énormes attentes. On se prépare donc toutes guillerettes pour aller explorer la ville. Bon, guillerettes, faut un peu le dire vite. Je serais restée couchée un peu plus longtemps, en fait. Et probablement que les parents aussi parce qu’après le vélo d’hier, je les ai déjà vus plus énergiques. On réussit quand même à être à l’information touristique pour l’ouverture, vu que le site était un peu hs et que les horaires de visites guidées à pieds étaient impossibles à voir. Vous connaissez mon amour pour les visites guidées à pieds! Et c’est rien par rapport à maman.
Lucky us, une visite part dans 10 minutes. Ce sera donc « découverte de Nantes » pour nous, qui nous amènera au château, à la cathédrale ainsi que dans le quartier médiéval et le quartier 19e. Un bon tour d’horizon, quoi!
On commence donc par le palais des ducs de Bretagne. Oui, c’est étrange, je sais, vu que Nantes n’est plus bretonne, mais avant, c’était le cas. Les Nantais avaient une grande autonomie et la famille des ducs de Bretagne était très liée à la royauté, permettant à la région de garder une grande autonomie, ce qui fait que les gens gardent une grande affection pour Anne de Bretagne et la famille. En fait, les Nantais aiment garder leur patrimoine. C’est d’ailleurs l’une des rares villes de France où il y a une statue de Louis XVI.
(Mr Louis XVI!)
Le palais a été commandé par François II de Bretagne et terminé par sa fille, Anne. IL est fort particulier car de l’extérieur, c’est une forteresse, avec une fonction défensive, alors que l’intérieur est clairement un palais ducal, avec l’architecture du 15e, très renaissance. C’est d’une blancheur, mais d’une blancheur. Lorsque le soleil sort (vu qu’il joue à cache-cache avec les nuages), c’est aveuglant. Il y a 500m de remparts, que nous n’avons pas le temps de visiter. C’est à cet endroit qu’a eu lieu plusieurs des discussions pour l’édit de Nantes et il est donc fort chargé historiquement.
Anne de Bretagne a été la seule femme à être couronnée 2 fois reine de France. Bon, en fait, elle n’a pas eu vraiment le choix, n’est-ce pas. Suite à une guerre, appelée la guerre folle, entre le roi de France et le duché de Bretagne, pour ne pas en sortir complètement conquis, il y avait dans le traité la main d’Anne de Bretagne, qui devait épouser le roi de France. Elle a donc épousé Charles VIII, avec qui elle a eu 6 enfants dont aucun n’a survécu… et le roi est mort. Sauf que oups, dans le traité, Anne devait aussi donner un héritier mâle au roi, sans quoi elle devait épouser le roi suivant… qui était déjà marié. C’est pendant cette période qu’elle serait revenue à Nantes, en attendant de pouvoir faire annuler le mariage du roi, etc. etc. Elle a par la suite épousé Louis XII, en lui faisait promettre qu’à son 2e enfant irait le duché de Bretagne. Toutefois, elle n’a eu qu’une fille, Claude, qui a finalement épousé François 1e … qui a joyeusement englobé tout le duché de sa femme.
Dans le château, il y a un très beau musée d’histoire, que nous n’avons pas pu visiter… il faut faire des choix, n’est-ce pas! Un jour, un jour!
Puis, direction cathédrale avec notre guide qui parle, parle, parle!!! Les phrases sont interminables. Il vient d’Italie mais il doit avoir de la parenté inconnue avec Proust, je dis. Et dans l’église, il est intarissable!
La cathédrale de Nantes a comme particularité d’avoir pris 450 ans à être complétée. Du coup, elle a pu bénéficier des nombreuses innovations technologiques avec les années, ce qui a donné une cathédrale très très haute, qui donne l’impression d’arbres immenses qui montent au ciel. Si la façade a de très belles ornementations, dont un jugement dernier au-dessus de la porte principale, avec un petit personnage au centre censé représenter le créateur, l’intérieur est plus sobre Il reste un vitrail original, donné par Anne de Bretagne. Bon, ok, quelques parties du vitrail original. Mais ça compte, non?
Les bénitiers sont comiques, vu qu’ils sont faits avec deux immenses huitres véritables. Mais immenses!
Deux trésors dans cette cathédrale. Un orgue du 17e en parfait état, presque pas restauré, ainsi que le tombeau de François II de Bretagne ainsi que de sa femme Marguerite de Foix. Commandé par Anne de Bretagne, il est fait entièrement de marbre de 4 couleurs différentes et comporte 2 gisants, les quatre vertus cardinales ainsi que deux rangées de personnages, dont l’inférieure serait des pleurants, coutume rapportée d’Italie. Vous savez, ces personnes payées pour s’habiller en noir et pleurer un défunt qu’ils ne connaissent pas?
Il s’agit de l’œuvre majeure du sculpteur Michel Colombe. Notre guide porte à notre attention (entre beaucoup, beaucoup d’autres détails), deux des vertus, la prudence et la justice. Sur la prudence, avec le miroir traditionnel, nous retrouvons dans sa chevelure un personnage âgé, censé représenter le passé mais qui pourrait aussi être la représentation du sculpteur lui-même. Ou encore de Léonard de Vinci. Ou encore de lui-qui-ressemble-à-Léonard-de-Vinci… bref… Pour la justice, le personnage est représenté en reine, avec l’hermine de la Bretagne. Plusieurs croient qu’il s’agirait d’Anne elle-même, qui a commandé le tombeau. On nous fait remarquer l’épée de la statue, sous un voile, qui voudrait dire que la justice était clémente et peu violente du temps des ducs de Bretagne. Bon, faudrait encore définir le truc hein!
Autre anecdote, le tombeau aurait été morcelé et caché à la révolution. C’est pour cette raison qu’il a pu être sauvegardé en si bon état. Il aurait aussi contenu le cœur d’Anne de Bretagne, qui savait qu’elle serait enterrée à Saint-Denis, mais qui souhaitait que son cœur revienne à Nantes.
Dans le centre historique, il y a peu de vestiges du moyen-âge. Il en reste quelques maisons à colombages, disséminées un peu partout, ainsi que des noms de rues datant de l’époque. Nous trouvons aussi, à certains endroits, des portes plus basses, datant de l’époque médiévale, qui créent un étrange manque de symétrie dans les rues. Mais c’est le genre de trucs que j’adore!
On nous emmène sur la place Bouffay, ancien lieu très important de la ville. C’est d’ailleurs l’endroit où auraient eu lieu de nombreuses exécutions dans le temps de la révolution. Le guide nous a raconté que les nantais n’aimaient pas voir le sang par terre et qu’ils avaient fait peindre la place en rouge. Par contre, je n’ai trouvé aucun site qui corroborait le truc… je demeure donc sceptique.
En effet, à la révolution, il y avait beaucoup de royalistes en Vendée. On aurait donc envoyé Jean-Baptiste Carrier pour mater le tout. Quand il est arrivé dans la ville, il y avait des prisons partout et l’épidémie menaçait. Et bon, des royalistes, il ne fallait pas laisser ça en vie… mais d’un autre côté, il ne fallait quand même pas trop que ça paraisse. Il a donc eu une « bonne » idée. Il a commencé par placer les prêtres dans un bateau. Mais avant, on y avait percé des trous. Hop, on les mettait sur la Loire… et on les laissait se noyer. C’est ce qui reste connu comme les noyades de Nantes. Bien entendu, on ne s’est pas arrêté aux curés hein… Paraît-il qu’ils saoulaient d’aplomb les hommes qui devaient faire ça. Pas facile à faire en pleine connaissance de cause, faut croire.
Ces deux photos montrent les résultats d’un festival artistique… certains commerçants ont décidé de garder les enseignes. Le boeuf qui s’est sauvé de chez le boucher pour aller chez le coiffeur m’a fait mourir de rire!
Un peu plus loin, le beffroi, qui a été déménagé sur l’église après coup. Mais je ne sais plus du tout d’où il venait. Et je n’ai pas de réseau! Dépendante, vous dites??
On nous emmène ensuite vers le passage Pommeray, emblématique de la ville. Pommeray, celui qui l’a fait construire, y a englouti toute sa fortune. Au départ, il s’agissait de relier les deux quartiers, l’ancien et le nouveau. En effet, pour arriver dans la partie 19e, plus haute, il fallait traverser des ruelles assez mal famées, lieu de travail des prostituées. Les madames de la haute ne trippaient pas, vous vous imaginez. On a donc construit ce très chic passage, avec des boutiques en bas et des logements en haut. Très chic et magnifique, il est décoré de statues qui auraient inspiré Jules Verne, natif de Nantes.
Puis, on arrive dans la rue des boutiques chic, la rue Crébillon, où les gens allaient « crébillonner » dans le temps. On arrive à l’opéra, avec ses muses non voilées de noir aujourd’hui et au resto art déco « La cigale », richement décoré de mosaïques colorées. On voulait y manger mais il n’y a plus que des tables pour deux. Pfffff!!!
Fin de la visite qui aura duré deux heures et demie au lieu de deux (notre guide était over bavard, tel que mentionné), on va voir ce qui fait sautiller maman depuis le début de la journée, les machines de l’île. Hommage au Steampunk et à Jules Verne, il est rempli de machines étranges, qui fonctionnent avec des câbles et des leviers. Les neveux auraient trippé. Mais grave. Trois attractions principales. L’énorme éléphant qui se balade, un carrousel du monde marin ainsi qu’une salle des machines, où nous pouvons voir les futurs projets.
Entendons-nous, il faut choisir. Ça coûte un bras. Et il n’y a pas vraiment de « pass pour tout faire ». Maman veut l’éléphant. Moi, je voudrais tout. Mais j’opte pour le carrousel et ses monstres marins. L’éléphant est plus impressionnant vu d’en bas mais faire un petit tour, c’est chouette. C’est que le truc est é-nor-me! Et voir les enfants courir aux devants de lui pour se faire arroser, c’est adorable. Il y avait un coco qui avait l’air over-malcommode! Et moi, je chantais la toune du « tour du monde en 80 jours ». Me semble qu’il yavait une passe à dos d’éléphant, là-dedans!
Entendons-nous, ce truc est jouissif. Un énorme éléphant, avec une énorme trompe qui bouge et qui lance de l’eau… que demander de plus hein! Pas phallique pantoute! Ceci dit, papa s’est fait copieusement arroser en voulant nous prendre en photo dans la bête! Et nous, nous riions comme des folles! Ouais, on est comme ça, nous, pleines de compassion!
Le carrousel aussi est chouette. Calmars, poissons à grandes dents, sous-marins, drôles de bêtes volantes… il y en a pour tous les goûts. J’avoue, 8 euros 50, c’est super cher pour un tour de manège. Mais j’aurais été vraiment déçue de ne pas voir toutes ces bestioles. Dommage, il n’y a pas de chanson pour 20 000 lieues sous les mers! Mais le visage des enfants qui pouvaient piloter ces machines… ça valait cher!
On arrête ensuite au mémorial de l’esclavage. Il faut savoir que Nantes a été à une époque le plus gros port de commerce triangulaire de l’Europe, en ce sens que c’est de là d’où sont partir le plus grand nombre de négriers. Plusieurs manufactures de textiles (le machin blanc bordé de rouge que l’on voyait partout) se sont installées là, textiles qui étaient échangés en Afrique contre des esclaves kidnappés dans leur village. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons. Ils étaient ensuite revendus dans les colonies, surtout les antilles. Non seulement c’était de la main d’œuvre gratuite mais en plus, les propriétaires se faisaient de l’argent en les revendant ensuite. Non mais quelle horreur. Dur dur de se remettre en contexte. Des antilles, ils rapportaient des épices. Et quand les officiers revenaient, ils recevaient un esclave. Un « nègre de pacotille ». Le mémorial est simple mais en audio, nous avons des témoignages ma foi fort touchants. Et les NOMS de ces bateaux… c’est arghhhh!!!! Le Saint-machin, le saint-chose… qui allait vendre des hommes. Quand on parle de paradoxe…
Ensuite, bateau-navette vers le petit village de Trentemoult, qui a été nommé dans les « plus beaux villages » en je ne sais plus trop quelle année. M’man est fan de Stéphane Bern! C’est coloré, c’est joli et tout, il y a des petites rues… mais en ce dimanche c’est mort de chez mort… du coup, nous sommes plus ou moins enthousiastes… à moins que ce soit le vélo d’hier qui nous rentre dedans… possible hein!
Retour sur nos pas pour aller nous balader sur les remparts du château. Magnifique vue! Du coup, je suis satisfaite. Il m’avait manqué un truc, ce matin!
On finit la journée par un verre à la tour LU (vous savez, la biscuiterie… vous pouvez pas vous imaginer l’illumination quand j’ai fini par comprendre!) où nous nous sommes installés dans le décor industriel avec notre drink pas cher et où nous avons visité la librairie. Joli choix d’ouvrages d’ailleurs. J’aurais tout acheté. Mais je suis over sage!
Cette carte postale m’a fait penser à un copain… et j’ai ri toute seule!
Retour par la vieille ville jusqu’à l’hôtel, en nous arrêtant pour manger italien en rentrant. Quand on part, la France vient de commencer à jouer et il y a plein de madames habillées en bleu-blanc-rouge dans les rues. Ca fesse, mettons!
Avec tout ça, on a fait 23000 pas. Pas un record, mais pas mal, tout de même! Pas pour rien que maman s’endort avant même d’avoir fini d’ouvrir son cahier!
À bientôt!
6 Commentaires
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Nantes…je connais un peu, en touriste aussi!
Auteur
C’est bien de jouer à la touriste, des fois!
Impressionnant l’éléphant !
Auteur
N’est-ce pas! Ce truc est énorme!
Le trio aux 23,000 pas. Et le papa qui s’est fait arroser par une trompe d’éléphant en guise de cadeau de la fête des pères… Eh là là. J’espère qu’il y avait des biscuits lus accompagnant votre breuvage pas cher pas cher.
Auteur
Pas de biscuits… mais une jolie librairie!