
Vous savez que entre Proust et moi, le courant passe. Assez pour que je souhaite vivement lire un essai sur l’aristocratie en lien avec son oeuvre. Et savez-vous quoi, j’ai bien fait.
De quoi ça parle
L’autrice est née dans l’aristocratie. À 20 ans, elle lit la recherche et elle a une illumination. Ce monde-là, c’était le monde de son enfance. Proust avait connu ses arrières-grands-parents. C’est donc à travers son oeuvre qu’elle va mieux comprendre le monde qui l’a forgée et qu’elle a fini par rejeter.
Mon avis
Je ne suis pas issue de l’aristocratie. Je viens d’une famille normale, bien prolétaire et tout. Du coup, l’enfance de l’autrice est aussi éloignée de la mienne que possible. Pourtant, j’ai ressenti son mal-être et sa joie d’enfin voir se jeter un éclairage sur son propre vécu. Car pour elle, l’aristocratie, c’est un peu une tentative désespérée de faire perdurer un monde qui n’existe plus et qui semble hors du temps. Proust réussit, dans sa recherche, à décortiquer cet univers, à en analyser les tenants et les aboutissants, à en faire ressortir la vacuité également. Et le conformisme. Car il ne faudrait que surtout rien ne change, ou n’apparaisse changer. La diversité sexuelle, on sait qu’elle existe, mais on fait comme si ce n’était pas le cas. Difficile de se battre et de s’émanciper quand on n’existe pas.
Je ne sais pas si j’aurais autant aimé si je n’avais pas lu la recherche. J’ai adoré les références et le juste partage entre expériences personnelles, littérature et sociologie. L’autrice, lesbienne, a fini par s’éloigner de sa famille. La différence dans ce contexte, ce n’était pas simple et Proust le démontre fort bien. Il réussit à nous montrer tout cet apparat, ces traditions, ces détails qui n’ont l’air de rien mais qui font la différence, sans oublier l’hypocrisie ambiante. La scène où l’autrice voit le maître d’hôtel placer les couverts à une distance précise, que personne ne va remarquer, mais qui donne cette « classe » supplémentaire est frappante.
Un roman sur la littérature qui répare, qui console, permet l’émancipation et donne espoir, ainsi que sur son pouvoir sur les êtres. J’ai été très touchée par la fin… et j’ai envie de relire la Recherche. Juste parce que.
2 Commentaires
Je n’ai pas lu « la recherche » ça m’a manqué en effet à la lecture de ce livre, mais j’ai adoré tout ce qui concerne Laure Murat elle-même, sa famille, son parcours etc .. j’ai eu la chance de la rencontrer à un salon du livre juste avant de la lire, on a pu discuter tranquillement, elle est formidable cette femme et très abordable.
J’ai beaucoup aimé cet éclairage particulier de l’Oeuvre.