-Qu’est-ce que tu lis? m’a demandé Mylène quand je suis allée la chercher à l’aéroport.
-Un essai féministe à partir de la trame du film « Thelma et Louise ».
À voir son regard, je ne la tentais pas du tout! Et pourtant, c’était bien, voire même très bien. Surtout quand on a comme moi été marquée par Thelma et Louise (cette images de la fin… cette image) à l’adolescence, sans toutefois comprendre tous les tenants et les aboutissants. Du coup, ce regard mature, critique et manifestement féministe m’a beaucoup parlé.
Entendons-nous, c’est Martine Delvaux. Si les interprétations féministes vous déplaisent, passez votre chemin car c’est de ça qu’il s’agit. Ceci dit, étant donné le film et son contenu, ce n’est pas non plus surprenant. Ici, nous avons une réflexion sur la place des femmes dans la société, sur leurs destins, leurs choix et leurs non-choix. Martine Delvaux a vu Thelma et Louise 50 fois et à chaque fois, à la fin, elle éclate en sanglots. Dans son essai, elle nous emmène avec elle dans sa tête et dans le road trip de Thelma et Louise, sans oublier Callie Khoury, la scénariste et les actrices qui interprètent Thelma et Louise. Elle revisite les mêmes scènes et on sent l’émotion, le sentiment d’impuissance face à la violence qui pointent. Vivre « moindrement » parce que femme, ou faire le grand saut? Quel avenir est possible dans notre monde où la société est beaucoup plus souple envers les hommes qu’envers les femmes?
Nous sommes invités à nous balader entre les expériences de l’auteure et le film et Martine Delvaux passe la réalité dans le filtre de la violence faite aux femmes, la violence physique, certes, mais aussi psychologique et quotidienne. Ce sexisme ordinaire. L’écriture est hyper visuelle, on a l’impression de revoir les scènes défiler, autant celles du film que celles, plus personnelles, que l’auteur décrit.
Un moment de réflexion pour moi… et pour répondre à la question : oui, j’ai re-regardé Thelma et Louise. Oui, j’ai eu peur qu’elles dérapent. Et oui, j’ai pleuré à la fin. Pour la fin mais aussi pour le Texas et pour ce qui ne sera jamais dit.