Jour 78 – Nérac et magret de canard

Sitôt arrivée de Turquie… et sitôt repartie! J’ai quitté la maison en même temps que Delphine en direction de la gare Montparnasse où je devais prendre le train (un foutu OuiGo… je hais les OuiGo… on a le goût de dire POURQUOI cet enregistrement étrange… POURQUOI? Ça leur donne quoi par rapport à un train régulier?) pour Agen afin de retrouver Mylène en début d’après-midi.  Comparativement à l’avion, le train, c’est rien du tout. Limite que c’est reposant.

Ah oui, mais non. C’est un week-end de 4 jours. Ce qui veut dire que c’est bourré de familles. L’une joue au Rumi de façon très explosive (le père étant mauvais perdant), il y a 2 deux ans (ça dit tout, en fait) et trois gamins qui jouent à la cachette dans le wagon, sous le regard tendrement ému de leurs parents.  Bref, c’est le bordel mais je tape sur mon ordi et à part un gamin qui veut que je le lui prête pour jouer, je suis quand même tranquille. Je suis presque à jour dans mes billets Turquie.

Après un burger à la brasserie à Agen, Mylène arrive (on court comme deux poules pas de tête dans la gare en se textant sans réussir à se trouver, entre les toilettes, la voiture et la brasserie) et on part se balader un peu dans Agen. On va voir la cathédrale, quelques jolies rues, mais surtout la librairie, où travaille la libraire de Mylène, qui la voit arriver… et lui fout un panier dans les mains. Je me demande bien pourquoi.  Moi j’ai été sage. Je n’ai pris qu’un guide d’Alsace.

La cathédrale date du 12e et a été bâtie sur le site d’une ancienne basilique.  C’est un étrange mix de gothique et de roman, mais je ne suis pas totalement convaincue par la restauration, très flashy… bref, ce n’est pas la cathédrale la plus impressionnante que j’ai vue.

Le Gers, c’est beau. C’est vert, c’est vallonné, il y a des châteaux et des villages perchés un peu partout au milieu de nulle part et on a l’impression de rouler dans un livre d’images.

Nous nous arrêtons à Nérac, sur la route, pour visiter le château d’Henri IV et prendre un verre.  Le château a été achevé sous Jeanne d’Albret et on y raconte l’histoire de la famille d’Albret, qui est celle d’Henri IV, roi de France et de Navarre. Il n’en reste qu’une toute petite partie car il a été détruit à la révolution. On voit d’ailleurs un restant de cheminée sur un mur extérieur. Particulier!

La construction a été amorcée au 13e mais terminée au 16e, ce qui explique les éléments renaissance.  C’est bien agréable de se balader sur la galerie. À l’intérieur, c’est un musée avec de nombreux tableaux et objets. On est petit à l’époque est c’est une charmante bataille entre moi et les portes. Je vous vends le punch, les portes ont gagné! On y croise des italiens qui semblent tester les limites de l’acoustique du château ainsi qu’une expo d’odeurs… que j’ai rapidement abandonné. Il parait que Henri IV puait. Ben croyez-le ou non, on a reproduit l’odeur!

Après la visite, on se balade dans la ville et dans le jardin, pour voir les différents lieux relatifs aux légendes locales. Et je ne me fais même pas piquer!

Au retour, arrêt chez les parents de Mylène pour voir ses nièces, on arrête à Lagraulet où j’admire un château d’eau peiturluré remanié en location de vacances et on part pour Lannepax pour manger à La Falène bleue, où on se régale. Je sens que ce n’est que le début d’une orgie de bouffe, moi… En tout cas, la magret est bon! Le décor est très sympathique en plus.  Ça commence bien!

Jour 77 – Photo mentale et retour à Paris

C’est déjà le moment de dire au revoir à Istanbul et à la Turquie. Il me semble que ça a passé trop vite et que ce voyage a changé plusieurs de mes perceptions. Une chose est certaine, je reviendrai. C’est étrange de quitter tous ces gens avec qui j’ai partagé mon quotidien pendant 19 jours, en sachant que pour plusieurs, nous ne nous reverrons pas. Mais c’était une très belle parenthèse.

J’ai donc passé le moment du petit déjeuner à me faire une photo mentale de la ville et de la vue du resto-terrasse de notre hôtel.  Un peu nostalgique je suis et j’ai l’impression qu’il y a encore TELLEMENT de choses à voir. Bref, ce n’est qu’un au revoir! 

Bizarrement, le vol de retour se passe très bien.  Aucun stress, aucune folie, aucune panique.  J’ai cessé d’essayer de me comprendre moi-même! J’ai – encore une fois – dormi tout le long et je me suis réveillée à Paris, mon deuxième chez moi.  Ceci dit, je n’allais pas passer toute une journée sans faire de folies hein… imaginez-vous que je ne me souvenais plus duuuu tout où j’avais foutu les clés de Delphine. J’ai vidé le sac à main et le bagage à main à l’aéroport d’Istanbul, pour réaliser que j’avais dû la ficher dans ma valise au début du voyage. Dans une autre vie quoi! Puis, à Paris, c’était opération valise.  Je me suis confortablement installée sur un siège et j’ai carrément VIDÉ ma valise – si bien faite – sur le plancher de l’aéroport. Préalablement couvert avec des sacs en plastique, of course. Rien à faire, pas de clés. Je m’étais presque résolue à attendre sur le pas de la porte en attendant que Delphine revienne du ciné quand j’ai eu un éclair de génie… LA TROUSSE DE TOILETTE!  Les clés étaient dedans. Dans la petite pochette. Fermée. Aucune idée de ce qui m’a passé par la tête pour le ficher là!

Ah oui, j’oubliais. Juste avant, en voulant prendre ma valise sur le machin qui tourne, je me suis trop penchée… et, avec horreur, j’ai vu mes lunettes tomber au ralenti sur le tapis roulant. Tous les gens ont donc pu me voir courir (avec ma valise) autour du truc pour tenter de récupérer les dites lunettes, que j’ai rattrapées juste avant qu’une valise ne les écrase en effectuant un magnifique plongeon vers l’avant.  Dix sur dix, je vous le dis!

La soirée fut assez tranquille merci. J’ai foutu tout le contenu de ma valise dans le bac à linge sale (je ne sais ben pas pourquoi) et lavé le plus urgent pour partir pour le Gers demain. Ok, Delphine a lavé. Je ne suis pas certaine qu’elle me fasse confiance avec sa machine à laver! Ah ou, j’oubliais, les pâtes Carbonara, quand même, c’est bon!

Québec en novembre 2019 – Saison 8

Mieux vaut tard que jamais, même si j’en avais parlé sur le Groupe Québec en novembre ainsi qu’à plusieurs personnes en privé, Yueyin et moi vous revenons avec une 8e édition de Québec en novembre. Déjà 8 ans, c’est fou hein!

Ce mois thématique a pour but de faire connaître la littérature québécoise et les auteurs québécois. C’est qu’il y a du bon, au Québec! Vous pouvez participer à votre goût : une fois, plusieurs, tous les jours… c’est comme vous voulez. Nous, on veut juste en jaser avec vous, et ce n’importe où : vos blogs, votre instagram, le groupe facebook, votre chaîne Youtube… c’est comme ça vous tente!

Besoin d’idées? Vous pouvez aller voir ma section « Littérature québécoise » ou celle de Yueyin… ou voir les récaps des années précédentes dans l’onglet du haut! Si vous avez aussi des listes, n’hésitez pas à les donner en commentaire!

Pour qu’un auteur soit considéré comme Québécois, il faut qu’il soit né au Québec, vive au Québec ou y ait vécu un bon moment. Il peut être anglophone ou francophone, on n’est pas sectaires!

Nous vous avons donc concocté une petite planification mensuelle (amoureusement appelée Proposition de LCPF – Lectures Communes Parfaitement Facultatives), pour vous donner des idées, sachant qu’il n’y a – heureusement – aucune obligation (sinon, je serais vraiment dans la schnoutte). Voici donc nos propositions!

1er novembre : Top d’ouverture : vos 10 livres préférés, vos 10 livres à lire absolument ce mois-ci, vos 10 livres que jamais vous n’avez pu finir, vos 10 livres à pleurer toutes vos larmes, vos 10 livres les plus drôles, vos 10 auteurs chouchous…

3 novembre – Autour de la popote, recette, livre ou expérience…

4 novembre – Du Québec à nos oreilles – Écoutons un livre audio

6 novembre – du 9e art… (sortez vos bd !)

8 novembre – Perdons nos repères avec la SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique)

10 novembre – Sombre et glaçant – le jour du polar

12 novembre – Auteur ou autrice autochtone au Québec

14 novembre – Invitation spéciale, un canadien dans la belle province

16 novembre – Autour de Nicolas Dickner

19 novembre – Autour de Michel Tremblay

21 novembre – Autour d’Anne Hébert

24 novembre – Toujours jeune de coeur (littérature jeunesse)

26 novembre – Frais de l’année (publié en 2019)

28 novembre – Écoutons la télé ! (ou quelque chose qui se passe sur un écran… je vous le dis, on est pas compliquées!)

28 novembre – Regard d’ailleurs : un auteur (de toute nationalité) qui parle du Québec

30 novembre – Gros party de clôture ! lâchez vous lousse !

Cette année, Isallysun nous a concocté un joli logo pour accompagner celui que Mr. Kiki nous a fabriqué. Merci beauuuucoup!

Les participantes annoncées… vous pouvez encore vous joindre à nous : Karine, Yueyin, Enna, Isallysun, Sylire, Argali, Bluegrey, Adely et Maelly, Valentyne, Bidib, Madame Lit, Grominou.

Et pour savoir ce que je vais lire… il faut attendre que je rentre et que je vois A) Ce qui est dans ma pile et B) Ce qui est arrivé dans la boîte aux lettres! Des nouvelles bientôt!

Jour 76 – Topkapi et Aux revoirs

Dernière vraie journée à Istanbul. Je suis de bien meilleure humeur qu’hier soir et cette journée a été sublime. Rien de moins. Nous sommes partis à pieds de bon matin pour aller visiter le palais de Topkapi, résidence du sultan dès la conquête de Constantinople.  Les deux premières choses qu’il a fait faire ont été de transformer Ste-Sophie en mosquée… et de se faire construire de palais grandiose, destiné au départ à gouverner le pays. Le palais d’habitation était situé dans les environs du grand bazar et la famille du sultan n’a habité Topkapi que du 16e au 19e siècle, moment où ils ont déménagé dans le palais sur les rives du Bosphore. Le palais a aussi été une école, où les jeunes de bonne famille apprenaient à gouverner. En 1924, il a été transformé en usine par Ataturk.

Il y avait trois portes et trois cours pour entrer au palais.  La première porte était grande et tout le monde pouvait y entrer, même à cheval. Elle menait dans de magnifiques jardins, que nous aurions besoin de plusieurs heures pour visiter au complet.  La 2e porte était réservée aux proches du sultan et date de la fin du 15e. L’intérieur est toutefois plus rococo, du 17e. Mentionnons que bizarrement, le rococo turc passe beaucoup mieux à mes yeux que le rococo français. On dirait que ça fitte mieux dans le décor! La troisième porte était réservée à la famille du Sultan.

Dans la première cour, une énorme cuisine, qui pouvait faire la nourriture pour plus de 10 000 personnes.  Chaque section était séparée et avait son propre chef, qui dépendant lui-même d’un chef principal, qui s’occupait des achats et des commandes. Le palais avait même ses propres champs pour cultiver.  Il y avait aussi l’église Ste-Irène et l’endroit où était frappé la monnaie. L’endroit le plus important était le Divan (qui a donné le mot divan en français), où se prenaient les décisions du sultanat et où siégeaient le grand vizir et ses vizirs. Au départ le sultan y participait aussi mais on raconte que ça stressait horriblement certains vizirs. Du coup, il pouvait écouter, mais caché. Du coup, personne ne savait quand il était là. Quand une décision était prise, elle était amenée au sultan, qui approuvait et faisait diffuser. Il y avait aussi le Kadi (orthographe aléatoire), le juge suprême, qui avait un grand pouvoir et même prendre la décision de démettre le sultan s’il ne pouvait pas bien gouverner.  C’est même arrivé. Trois fois.

Ce lieu a été le théâtre de multiples intrigues, autant politiques que dans le harem. Au départ, le titre de sultan revenait au plus vieux de la famille mais par la suite, pendant une époque, la transmission s’est faite de père en fils et le sultan décidait lequel de ses fils était le plus apte à gouverner. Il faut dire qu’ils étaient envoyés dans des villes de l’empire pour faire leur apprentissage et qu’on faisait des rapports. Inutile de préciser que ça compliquait les choses.  Mahmet 2 avait ordonné que les frères du sultan soient tués pour éviter les problèmes (on a les solutions qu’on peut n’est-ce pas). Toutefois, il était interdit de faire couler le sang. Du coup, on les étranglait avec des fils de soie (ça m’a rappelé le récit du Persan dans le fantôme de l’opéra, avec son fameux lasso. Oui, je sais, on a aussi les références qu’on peut!) Soliman le magnifique a même tué ses fils et son meilleur, sous l’influence de sa femme qui voulait que le plus jeune soit sur le trône, car il était d’accord avec tout ce que sa mère décidait.  Si la reine mère a toujours un grand pouvoir, la femme de Soliman le magnifique, c’était quelque chose. Née esclave, elle est devenue l’épouse du sultan alors qu’avant, les sultans ne se mariaient pas. Imaginez! Elle l’appelait même pas son prénom!  Sacrilège! Avant, ils ne se mariaient qu’avec Allah car ils étaient aussi calife.

Le harem était aussi un endroit plein d’intrigues. Il pouvait contenir de 300 à 400 femmes, qui y entraient parfois dès l’enfance pour y être éduquées à bien se comporter en société.  Ce n’est jamais le sultan qui choisissait avec quelle femme il allait passer la nuit. Souvent c’était sa mère, ou alors les opposants à sa mère, qui devaient faire ça en douce car c’est des appartements de celle-ci qu’on accédait à ceux du Sultan.  Certaines femmes n’étaient jamais appelées et pouvait alors se marier. D’autres devenaient favorites et avaient davantage de privilèges, dont une chambre privée.  La première favorite à avoir un garçon était, vous le devinez bien, très importante.  Notre guide nous dit qu’un sultan a eu plus de 100 enfants!

À l’entrée du harem, les appartements des eunuques noirs, castrés vers 7-8-9 ans. Plus vieux, soit ils mouraient… soit ça repoussait! Le chef des eunuques avait un grand pouvoir car il était la ligne directe avec la reine mère. Ils servaient de gardes aux femmes du harem.  À l’entrée, c’est tout de suite magnifique.  On est subjugués par les murs tapissés de faïences bleues et blanches, parfois aussi représentant des motifs. Par exemple, dans la mosquée des eunuques, on voit le Mont Arafat et la mosquée de Medine. Puis, une pièce avec trois portes. L’une menant au harem,  l’autre vers la chambre de la reine-mère et finalement le couloir de l’or. Saviez-vous que les écritures en arabe sont soit des vers du Coran, soit des règlements. On reconnaît ceux-ci au sceau qui est la plupart du temps au-dessus.

À l’entrée du harem, l’endroit où elles mangeaient (elles ne cuisinaient pas, les repas leur étaient apportés, sans que personne ne se croise jamais). Dans le corridor, les escaliers vers les chambres des concubines, qui dormaient 4-6 par chambre, alors que les favorites avaient droit à leur chambre privée.

Puis, on entre dans le hammam… c’est facile d’imaginer les femmes s’y lavant et y recevant des massages. C’est très beau et très particulier comme endroit.  Les hammams m’ont d’ailleurs tous fascinée dans le palais. Je suis ravie d’y aller plus tard.

Puis, les appartements de la reine-mère.  Sa majestueuse salle d’attente et sa chambre en haut. Toutes les pièces importantes avaient des lavabos pour la fraîcheur certes… mais surtout pour ne pas que les gens entendent ce qui s’y disait. Astucieux, dans un endroit plus ou moins bien isolé.

Les appartements du sultan sont majestueux, hauts de plafond, et très ornés. Dans sa chambre, deux lits à rideaux et non, l’un n’est pas pour les préliminaires! C’était plutôt pour sa protection car il dormait toujours seul et si un intrus arrivait, il n’était jamais certain de quel lit était utilisé.  Une boule au plafond contrôlait les secousses sismiques.

La cour des favorites est juste sublime, avec une vue sur la ville (qui devait être la campagne à ce moment) et de magnifiques bâtiments couverts de faïences, donc la salle des princes. Je ne suis pas capable de m’empêcher de les regarder. Au soleil, ça donne un effet incroyable, que je ne suis pas capable de reproduire en photo. Mes photos du palais sont d’ailleurs assez décevantes, en fait.

Puis, nous visitons la bibliothèque, la salle d’audience, ainsi que la salle des reliques, où nous pouvons voir le de St-Jean, le bâton de Moïse, le sabre du prophète et autres joyeusetés.  Au moins, en pays musulman, on ne voit pas de morceau de la Ste-Croix, qui devait bien mesurer plusieurs kilomètres, à voir le nombre de morceaux restants! Le jardin qui est derrière est aussi fabuleux.  On aurait pu y passer des heures. Vraiment j’ai aimé l’endroit.

Avec Mme M-C, on visite la galerie des sultans pour tenter d’élire Mr. Sultan 2019. On est assez d’accord pour choisir celui qui a régné au début du 16e et donc j’ai oublié le nom. On trouve qu’il a un petit « grrrr » dans le regard qui nous plait bien davantage que les débuts de moustaches ou autres looks moins virils à nos yeux d’occidentales. On a un bon fou rire, en tout cas! J’ai aussi très bien choisi ma robe pour la journée car je fitte avec les faïences, c’est fou. Sur la photo d’une participante, on a du mal à me distinguer du mur!

Autre anecdote, c’est drôle d’entendre les gens, parfois. Deux dames très bien mises bavardaient en espagnol et attendaient – comme tout le monde – de prendre une photo. J’étais juste devant et soudain, j’entends – en espagnol – un truc qui voulait dire « Bon, si la grosse vache en bleu veut bien se pousser, on va pouvoir prendre la photo ». La grosse vache stupide en bleu, c’était moi, hein! Et je me suis fait un plaisir de sortir mon meilleur espagnol (ce qui est très, très relatif, comme vous pouvez vous l’imaginer), pour leur répondre que « la stupida vaca  le dice que espere, como todo el mundo ».  Je ne veux même pas savoir combien de fautes de grammaire j’ai faites, mais voir leur face valait l’effort. Leurs yeux sont devenus grands comme des soucoupes… et elles ont décampé à la troisième vitesse!

Dernière visite des énormes cuisines, maintenant transformées en musée de faïences chinoises (surtout) et étrangères, et c’est déjà la fin. Nous nous dirigeons vers le resto au son de notre cri de rassemblement, soit la sonnerie du téléphone de Kadir, notre guide, que nous sifflotons tous en chœur. Je pense que je vais la mettre comme sonnerie de réveille-matin pour me souvenir du voyage!

Le resto du midi est génial. Le meilleur à date. Tout est délicieux et le poulet, avec un mélange d’abricots et d’épinards, est un pur délice.  La moitié du groupe essaie d’extorquer la recette au chef! En plus, il y a une boutique de vêtements juste en face, et j’ai le temps de m’acheter deux paires de pantalons entre le plat principal et le dessert.  Je regrette même de ne pas en avoir pris un de plus, d’un autre modèle.  Va falloir que je magasine ça à Paris.. et que je paie le triple du prix, mais bon. Ça va être pratique en Egypte (ouais, je me cherche des raisons pour dépenser, j’avoue, j’avoue)! Il ne me manque que les chemises à manches mi-longues et je vais être parée.

Pour l’après-midi libre, nous avons choisi d’aller à Taksim et comme nous sommes plusieurs, Kadir et Sabrina nous accompagnent. J’ai adoré marcher à cet endroit, où il y a certes des touristes mais aussi beaucoup de Turcs. C’est très animé, les bâtiments de la rue Istiklal – que nous descendons jusqu’à la tour de Galata – sont souvent très beaux et il y a un monde, un monde!  Les petites rues transversales sont super mignonnes et je voudrais toutes les photographier. Il y a des spectacles de rue, des grandes marques mais aussi des petites boutiques, surtout en bas de la rue. Nous allons juste un petit peu vite à mon goût, j’aurais aimé magasiner un petit peu plus. Je suis en manque de magasinage!

La place Taksim a été le lieu de plusieurs manifestations il y a quelques années, où plusieurs personnes s’opposaient au gouvernement. C’est parti à cause d’arbres que la population ne voulait pas faire couper car le gouvernement voulait faire construire un grand centre commercial. Les arbres y sont toujours… et un taaaaaaas de camions de police aussi! Un centre culturer a été démoli, soit disant pour en construire un nouveau mais Kadir nous dit qu’on attend encore. Et une nouvelle mosquée est encore en construction. L’hôtel tout près, de même qu’une mosquée en bord de mer sont assez mal vues car elles ont protégé et hébergé des manifestants et des étudiants à l’époque. C’est en plein à ce moment que mes parents sont allés en Turquie et leur guide leur en avait beaucoup, beaucoup parlé. Je vais devoir m’informer auprès d’elle pour mieux comprendre.

Puis, ensuite, THE expérience… le hammam. On a finalement pu y aller, après moultes tergiversations. On est parties de Taksim à 6 pour s’y rendre, dans un quartier un peu plus populaire, où on vend beaucoup de chaussures! Mme S nous rejoint à l’arrivée et, un peu plus tard, Mme J (qui s’est finalement décidée) et Mme M.C. On arrive là, on nous donne une petite serviette pour se couvrir, et comme on ne sait pas trop quoi faire, et on nous dirige vers le sauna, très chaud… assez chaud pour que nous laissions rapidement tomber la serviette, au grand dam de jeunes filles qui tentaient de se cacher le plus possible! Nous, après deux minutes, on est over à l’aise et je me sens comme dans le harem vu un peu plus tôt. En sortant, nous nous installons sur la pierre plate surélevée (j’ai l’impression d’être sur un poêle à raclette) et nous attendons pour nos massages.  C’est rassurant et très zen de voir toutes ces femmes, avec leurs corps de femmes, tous différents et tous beaux, sans complexe et sans pudeur. Vraiment, une expérience à vivre.  Et là, le fun commence.

Les dames ne comprennent pas vraiment l’anglais et ne savent que quelques mots. Du coup, elles nous dirigent… à coups de tapes sur les fesses. La première à avoir reçu ce traitement, c’est Sabrina, du coup, on a éclaté de rire toutes de concert… pour y avoir droit tout de suite après!  On se fait brosser au gant de crin (avec vigueur), partout partout, avant de faire une pause douche et piscine. Toujours à poils. Puis, massage au miel, pas trop fort, contrairement à ce qu’on m’avait dit. Ensuite, savonnage… et là, c’est la joke. Ils nous savonnent partout, en accrochant tout! J’ai vu une dame soulever un sein pour pouvoir laver dessous! Et là, on a du savon dans les yeux. La première fois, je réussis tant bien que mal à les rouvrir… pour m’ouvrir les yeux à un pouce de la paire de seins de la dame qui s’occupait de moi.  Et un pouce, je suis généreuse! Et quand ils nous lavent les cuisses, ils attrapent tout, tout, tout! Ça surprend un peu. La deuxième fois que j’indique que je ne vois rien, je reçois un sceau d’eau sur la tête! Laissez-moi vous dire que ça surprend aussi! Et à la fin, on me dirige vers la douche, avec un look de somnambule nudiste!

C’est tellement relaxant et tellement agréable de vivre ça comme ça, en groupe. Après, on rentre tout doucement et je retourne au petit bazar et à quelques boutiques où j’avais repéré des demandes spéciales. Quelques achats plus tard, je m’installe sur une terrasse pour boire un verre avec Mme S et regarder les gens passer, l’un de mes grands plaisirs.  C’est comme si je voulais absorber Istanbul.

Le souper d’au revoir était sur le toit d’un très bel hôtel, où on avait une vue imprenable sur la ville, mais surtout sur Ste-Sophie et la mosquée bleue, au soleil couchant. Il est très difficile de décrire la sensation de cette dernière soirée, avec ses photos mentales, ses fous rires et ses promesses de « on va se revoir ». Une soirée au hammam qui va s’ouvrir à Montréal est même prévue… ça risque d’être assez drôle!

Quelle belle façon de dire au revoir au pays!

Jour 75 – Ste-Sophie et Mosquée bleue

Comme je le disais… en travaux. Mais belle quand même!

Ce soir, je suis un peu bougonne. J’ai l’impression de ne rien avoir vu d’Istanbul malgré notre journée chargée et il a fallu une discussion avec maman pour me remettre de bonne humeur… avec la promesse qu’on reviendrait ensemble vu qu’elle non plus n’avait pas tout vu ce qu’elle voulait voir. Ça a été le seul moment un peu down de tout le voyage alors ça va encore!

Nous partons donc en tram pour la station Eminonu pour nous rendre au port, pour partir en croisière sur la corne d’or et le Bosphore, qui relie la mer noire et la mer de Marmara. Un vieux rêve. On dit que le nom du Bosphore vient d’une légende impliquant Zeus, Ios et un taon. Ios aurait été transformé en vache et a été tellement surpris quand le taon l’a piqué, qu’il aurait volé par-dessus le Bosphore, qui signifie Bos – forus… vache qui vole. C’est OFFICIEL que c’est vrai hein! Maintenant, inutile de voler pour le traverser.  Il y a trois ponts, un tunnel et des traversiers pour pouvoir dire « je suis en Asie – je suis en Europe – je suis en Asie – je suis en Europe »!  Il faut trotter un peu par contre, parce que le Bosphore a de 1000m à 3500m de large. Il est aussi assez difficile à naviguer à cause des deux courants et quelques navires s’y était aventurés sans pilotes se sont ramassés dans les maisons sur le bord de l’eau.  Coucou, on vient déjeuner!

Au départ, nous passons sous le pont de Galata, avec une jolie vue sur la tour de Galata.  Le pont a été construit en bois au 19e pour favoriser le passage du sultan, mais il a brûlé et été reconstruit en béton dans les années 80.  C’est génial de traverser ce pont. En fait, j’aime traverser les ponts en général!

Au fil de l’eau, nous pouvons voir au loin l’énoooorme nouvelle mosquée sur le modèle de Ste-Sophie, qui peut accueillir 30 000 personnes, ainsi que la mosquée où s’étaient réfugiés les jeunes suites aux manifestations de la place Taksim. Plus loin, le palais de Dolmabace, qui ne se visite que sur réservation (et en anglais), où ont vécu le sultan et sa famille après avoir quitté Topkapi. C’est très européen comme style, avec les appartements privés ainsi que les pièces de réceptions. Il y avait certes un harem, mais c’était surtout une résidence familiale.  Un peu plus loin, toujours dans le style européen, un autre palais pour accueillir les invités importants et plusieurs résidences de vizirs transformées en hôtels de luxe, dont le fameux palais Ciragan, où vont les vedettes.

Nous pouvons aussi voir différents quartiers, certains plus chics et d’autres plus populaires. Le quartier Besiktak, connu pour son équipe de foot et son université, très étudiant, le quartier Urkakoy, aussi un quartier jeune et vivant, tandis que plusieurs maisons en bois sont visibles un peu plus loin. On ne veut même pas savoir combien coûtent les demeures dans les montagnes!  On peut aussi observer des églises et des mosquées qui font cour commune, preuve que c’est possible à Istanbul.

Nous dépassons le pont du Bosphore, devenu le pont du 15 juillet pour voir les tours d’Europe et d’Asie qui servaient à contrôler le trafic de bateaux jusqu’à Constantinople. Plus loin, la résidence privée du président Erdogan, en haut de la montagne, ainsi que plusieurs mosquées et le palais de  la reine mère, qui devait quitter le palais quand son fils n’était plus sultan. Dans le quartier Iskidar, on pouvait avant faire des balades mais il est maintenant très construit. On y trouve aussi la seule mosquée où il n’y a aucun pigeon, car elle est construite à une confluence de vents qui les empêchent de s’y poser. Ingénieux!

Dernière légende de la croisière, la tour des filles, qui aurait été construite par un père qui aurait voulu protéger sa fille des prévisions d’un oracle, qui aurait prédit qu’elle mourrait d’une morsure de serpent. Il a dont construit cet ilôt mais la prophétie s’est réalisée quand un serpent a été introduit dans l’île dans un panier de nourriture. Plus sérieusement, ce devait être un phare… mais la légende est plus exotique!

Après un dîner de poisson dans un resto sur un pont traversant le Bosphore, nous allons visiter la citerne baslique, qui, en fait, n’a pas grand-chose d’un édifice de culte. Construite en 1532, c’est une citerne et un aqueduc de 2800 mètres carrés avec un nombre impressionnant de colonnes. Elles sont toutes différentes car il s’agit souvent de remplois. Les photos ne donnent absolument rien, mais c’est vraiment un endroit particulier, avec sa tête de méduse à l’envers pour écraser les anciennes croyances, et la colonne de larmes, édifiée pour les gens qui sont morts pendant la construction. Elle n’aurait jamais été utilisée comme elle se devait de l’être au départ.

Par la suite, direction Ste-Sophie, qui est maintenant un musée, mais qui a été chrétienne, puis musulmane auparavant. Sur ce site, il y a d’abord eu une première église en bois, dédiée à Sophia (la sagesse), au 5e siècle. Au 6e siècle, la construction a commencée, avec plus de 10000 ouvriers. Justinien aurait d’ailleurs déclaré « Salomon, je t’ai vaincu » car avant, c’est ce temple qui était le plus grand. Ça n’a pas été de tout repos, pourtant. La coupole est tombée, puis a été reconstruite avec des briques de Rhodes, beaucoup plus légère, elles est encore tombée, et c’est à l’époque ottomane qu’a été construite la coupole actuelle. Deux des minarets sont de l’époque de Mehmet tandis que les deux autres sont respectivement du 16e et du 18e siècle. Elle a été une mosquée jusque dans les années 30, avec la venue d’Ataturk. 

Le bâtiment a deux entrées. La plus importante pour les familles importantes et l’autre pour le reste des gens. Vous et moi, quoi. Tout est en marbre symétrique, car la pierre a été coupée en deux avant d’être posée. C’est vraiment extraordinaire une fois qu’on l’a remarqué.

Ste-Sophie, c’est bigger on the inside. Le Docteur est passé par là. À l’intérieur, ça ressemble à un carré coupé en trois par deux rangées de colonnes, avec la coupole au-dessus. Le plafond est en mosaïque et certains personnages datent du 10-11e siècle. Plusieurs empereurs ont aussi fait apporter leurs portraits dans le monument, mais plusieurs sont recouverts. D’ailleurs, sous l’enduit, on trouve encore des mosaïques et des décorations.

À l’époque musulmane, des aménagements ont été faits et une partie dirigée vers la mecque a été aménagée. Quand le son n’est pas assez bon, il y a un immam à chaque rangée pour faire le répétiteur. Comme décoration, des vers du coran et des médaillons. C’est magnifique et même si on s’amuse à trouver des figures dans le marbre, ça ne nous empêche pas d’admirer toute cette beauté.

Au deuxième étage, il y a une rampe et on pouvait donc y monter à cheval, L’endroit est décoré de magnifiques mosaïques qui ressemblent à des peintures tellement elles sont fines, de superbes lampes et de doubles colonnes.

Dans les colonnes, un trou pour l’humidité. Selon la légende chrétienne, si on met notre pouce dedans et qu’on fait un tour complet sans bouger les pieds, notre vœu va se réaliser. Pour les musulmans, le trou a été fait pour que le pouce du père de Mahomet ait pu le tourner vers la Mecque. J’adore ces interprétations différentes.

Nous repartons donc à travers la ville, en passant par la place de l’hippodrome, que nous avons parcourue hier. Construit par Septime Sévère pour 5000 personnes, tous les jeux se déroulaient ici à l’époque romaine : gladiateurs, agora, course de chevaux. Au 4e siècle, Contantin l’a réservée aux courses de chars.

Sur la place, un obélisque provenant du temple de Karnak. La base a été cassée et à son arrivée, il a fallu 32 jours pour le redresser. La colonne serpentine s’appelle ainsi car les grecs avaient vaincu les persans, qu’ils représentaient comme un serpent à 3 têtes. Si l’une est perdue, l’autre est à Istanbul et la troisième en Europe.

Nous voyons aussi des fontaines étranges, qui ne ressemblent ni aux fontaines européennes, ni aux fontaines turques. Elles viendraient d’Allemagne et aurait été échangé par un sultan contre un contrat de chemin de fer.

Pour visiter la mosquée bleue, nous devons patienter un peu car nous arrivons juste avant l’heure de la prière. De toute façon, un peu de repos n’est pas de refus. On a donc tout notre temps pour arranger nos foulards (Mme N. a de la job avec nous) et tenter d’avoir l’air assez respectables pour entrer dans le lieu de prière. Disons que des fois, c’est juste plus ou moins convaincant!

On finit par réussir à entrer et si les mosaïques sont magnifiques, j’avoue que c’est un peu dommage de la voir autant en travaux. Sur les 10000 carreaux de faïence bleue, disons que nous n’en voyons qu’une toute petite partie. Malgré tout, quand on se concentre sur les jolis détails, on s’émerveille tout de même. C’Est assez incroyable comme construction.

C’est donc une construction de 1600. IL y a 1000 ans entre la construction de Ste-Sophie et de cette mosquée-ci. Là, mes notes sont un peu imprécises (c’est un euphémisme) mais selon ce que je comprends de mes propres gribouillages, Sultanhamet aurait reçu un message, celui de construire une mosquée plus grande et plus belle que l’autre.  L’architecte a toutefois eu un peu peur de voir la mosquée s’effondrer et il a créé un système avec 4 pilliers et plusieurs demi-coupoles qui est fait de telle façon qu’à l’intérieur, on croirait n’avoir qu’une seule coupole. C’est vrai que ça fonctionne, en plus. La mosquée a 6 minarets à trois balcons, ce qui en fait une mosquée importante. Avant, seulement la Mecque en avait autant.. mais maintenant, on en a ajouté un 7e à cette dernière!

La prière est omniprésente pour les musulmans pratiquants. IL faut la faire 5 fois par jour, les plus importantes étant celles du matin et du soir. Si on ne peut pas pendant la journée, on les reprend plus tard.  Au départ, les mosquées n’étaient que pour les hommes car les femmes sortaient peu. Maintenant, elles vont aussi à la mosquée, mais derrière les hommes car devant, les mouvements un peu suggestifs, les fesses en l’air,  pourraient « déranger » les hommes.  Ceci dit, la nature étant ce qu’elle est, j’imagine que certains ont aussi beaucoup de plaisir à voir leurs congénères dans de telles positions! Pourtant quand on en parle aux femmes, elles trouvent ça tout à fait normal et pas du tout discriminatoire. J’ai encore du chemin à faire pour tout comprendre, je pense.

Après une pause hôtel, nous finissons la soirée au resto où nous mangeons un ragoût cuit dans un pot de terre qu’ils ouvrent avec une épée. Il faut dire que notre serveur était un méchant showman! Son trip? Danser avec des verres sur la tête. Beaucoup de verres! Avec la petite balade près de l’hôtel, ça a bien fini la soirée!

Jour 74 – Avion et Constantinople

Ce matin, on prend l’avion. Et j’aime pas l’avion. Et en plus, mon rituel habituel ne fonctionne pas parce que j’ai pas d’internet, que le copain qui me rassure m’avait dit que j’allais m’écraser et bon, les vols courts avec de grands avions, j’aime pas. Encore moins quand je suis en milieu de rangée.  Bref, j’ai fait la folle de façon relativement impressionnante et c’est notre guide qui s’est tapé les « dis-moi qu’on va pas s’écraser »! Pauvre de lui!

Finalement, malgré mon niaisage, nous sommes bel et bien atterris à Istanbul, ville qui fait rêver, ne serait-ce que par son nom, et parce que c’est l’endroit où s’arrêtait l’orient-express. Moitié en Europe, moitié en Asie, c’est une ville vivante, mais aussi pleine de contradictions et de traditions.

La ville a été fondée par Bysas (note à moi-même, vérifier l’orthographe), nom qui s’est graduellement transformé en Bysance. En 1453, la ville a été conquise par les turcs, qui ont transformé le nom en Istanbul. Actuellement, elle compte 16-20 millions d’habitants. Lors de la conquête de Constantinople par Mehmet le conquérant le 29 mai, son premier souci fut de transformer Ste-Sophie en mosquée. Le premier juin, les musulmans pouvaient y prier.  Actuellement, c’est plutôt un musée. Un magnifique musée. Paraît-il que mon guide ne l’a jamais vue pas en travaux!

Après nous être installés à l’hôtel, dans lequel on a trouvé plusieurs vestiges antiques, nous nous promenons un peu dans la ville où nous admirons le palais occupé aux 17-18e siècles, avant d’être abandonné pour l’autre Rive du Bosphore. Ataturk y est mort.

En traversant le Bosphore, nous pouvons voir plusieurs mosquées ainsi que les murailles du 4e. C’est vraiment bizarre d’être à cheval entre l’Europe et l’Asie.

En allant manger, nous passons place de l’hippodrome, où nous voyons un obélisque et la fameuse colonne de serpentant, faite d’armes fondues. A Game of thrones n’a rien inventé!

C’est aussi le moment pour aller visiter le grand bazar, lieu béni pour les grandes magasineuses comme moi. J’ai des petites choses à acheter et bon, j’adore l’atmosphère en général. Les boutiques de lampes sont TROP belles. Si je n’en avais pas déjà, j’en aurais repris pour moi. J’adore.

Partout, des vendeurs de thé qui amènent des rafraîchissements au boutiquiers et on peut facilement se perdre dans ce dédale. Les plafonds sont toujours différents, toujours capotés et sérieusement, j’y aurais passé des heures. Ce n’Était pas tout à fait assez long pour moi! Et on ne pourra pas y revenir because jour férié.

Ensuite, c’est le marché aux épices, où ça sent divinement bon. C’est la course au safran pour mes co-voyageurs mais je me suis tenue tranquille. Moi et la cuisine! En chemin, nous goûtons aux cafés turcs que j’aime beaucoup. C’est tellement animé, on adore!

La bouffe est délicieuse, les petites rues animées et éclairées. Je tombe amoureuse d’une petite rangée de maisons colorées que je me promets de revenir voir de jour. Bref… Je sens que des belles choses m’attendent à Istanbul!

Oser l’Égypte… et tomber en amour!

L’Égypte, c’était un rêve de petite fille. Les pharaons, le désert… ça me faisait fantasmer depuis des années. Quand j’ai annoncé à ma mère-peureuse que j’allais enfin y mettre les pieds, elle a pris peur, a boudé (un peu), menacé de me déshériter (ok, j’exgère à peine)… et a dû se faire a l’idée que j’allais y aller quand même. Et qu’est-ce que j’ai bien fait de passer par-dessus mes craintes initiales!

Nous avons fait affaire avec une agence égyptienne, Memphis Tours, qui nous ont traitées aux petits oignons. Guides privés intéressants, ouverts, ravis de nous faire découvrir leur pays et leur histoire. Avec l’arrêt du tourisme pendant 7 ans, les Égyptiens ont vécu de durs moments et il n’y a pas à dire, ils font attention à nous.

Nous étions deux filles et nous nous sommes toujours senties en sécurité. Toujours. Il y a des contrôles, des vérifications, des mesures… tout pour que nous puissions en prendre plein les yeux. Je suis tombée amoureuse de l’endroit et des gens qui nous ont accueillis à bras ouverts. Bref, un voyage fabuleux. Rien de moins.

Visiter l’Égypte, c’est s’ouvrir à l’autre et à l’ailleurs. C’est rencontrer une civilisation millénaire, mystérieuse encore, dont on a pas tout découvert, loin de là.

C’est s’émerveiller devant les pyramides et l’habileté des constructeurs. C’est perdre le souffle devant leur grandeur et devant les contrastes entre l’antique et le moderne du Caire. C’est prendre un verre à la piscine, avec vue sur les dernières demeures de Khéops et Képhrem.

C’est fondre en larmes devant le Sphinx qui surveille l’entrée à la nécropole depuis la nuit des temps, c’est se dire qu’on a une chance folle d’être là, dans ces lieux qui ont vu tant de choses déjà.

C’est chercher les « épices du souk du Caire » mais surtout trouver des rues animées, des marchés, des vendeurs de pain dans la rue, des boutiques colorées et des gens qui se baladent avec des plateaux de thé (ou de n’importe quoi d’ailleurs) sur la tête. C’est se laisser emporter dans l’euphorie et s’émerveiller devant le talent des artisans qui se transmettent leur savoir de père en fils ou en fille.

C’est passer des heures au musée du Caire, ne plus savoir où donner des yeux, voir le trésor de Toutankhamon en vrai et réaliser à quel point on est chanceux de pouvoir voir ça. C’est rester en pâmoison devant le scribe et son fameux regard.

C’est marcher dans les rues du Caire copte ou encore le Caire islamique. C’est observer la ville d’en haut, ou de la voiture, grouillante de vie et d’animation. C’est apprendre le langage « klaxon »… et être fermement décidée à ne JAMAIS y conduire.

C’est tester les trains égyptiens et se dire que c’est toute une aventure. C’est arriver à Assouan au matin et s’émerveiller des îles et de la vie autour du Nil. C’est passer derrière le miroir pour visiter les quartiers populaires avec notre guide et réaliser à nouveau que les enfants sont les mêmes partout.

C’est arriver à Philae et commencer à comprendre à quel point cette civilisation était immense. C’est observer chaque détail de chaque sculpture, de chaque peinture. C’est vouloir y rester des heures.

Visiter l’Égypte, c’est voir Abou Simbel et ses statues colossales de Ramsès 2, fruit de sa folie des grandeurs qui l’ont fait se voir comme un dieu. C’est apprendre sur les croyances et la symbolique de l’ancienne Égypte… et réaliser qu’en fait, on ne sait rien, mais rien du tout. C’est prendre la mesure du désert, son immensité et son calme…

C’est pénétrer dans la vallée de rois et ses tombes magnifiquement décorées. C’est devenir folle amoureuse de l’art égyptien, et voir cette fascination se renforcer au cours du voyage.

C’est aussi errer dans les colonnes de Karnak, seule au monde parmi cette forêt de colonnes. C’est s’émerveiller devant tous les temples et la grandeur des réalisations des égyptiens, avec les moyens du temps. C’est apprendre, en direct que l’oncle de notre guide et son équipe ont trouvé 22 nouveaux sarcophages jamais ouverts avant et réaliser qu’en fait, il va falloir revenir dans 10 ans pour voir toutes ces nouveautés.

C’est visiter les villages nubiens et leurs crocodiles domestiques, essayer la chicha (et rater son coup de façon magistrale) et se faire faire du henné. C’est se balader sur le Nil en croisière ou en felouque et se dire qu’on est là, en Égypte, que c’est vrai de vrai.

C’est partir dans le Sinaï et jouer les touristes à Sharm al Sheikh, admirer les fonds marins de la mer rouge et être ébahie devant toutes ces couleurs et cette vie sous-marine qui défile devant nous. C’est sentir le vent dans mes cheveux et le sel sur ma peau, c’est profiter du moment présent en mer.

C’est aussi grimper sur le Sinaï avec un guide bédoin, se faire photobomber par un chameau et par des chats et perdre le souffle devant l’immensité minérale devant nous. C’est lire au soleil, sans savoir où poser les yeux tellement c’est beau. C’est regarder le soleil se coucher tout en haut, redescendre à la lumière des frontales et se dire que vraiment, malgré la fatigue, c’était à faire.

C’est quitter le pays avec des étoiles plein les yeux et le coeur plein des rencontres que nous y avons faites. C’est dire au revoir, pas adieu, et avoir envie que tous nos amis puissent vivre cette expérience folle… et tomber amoureux à leur tour!

Jour 73 – Éphèse et émerveillement

Aujourd’hui, c’est direction Éphèse ou Selçuk, ville que je connais à cause des épitres de St-Paul aux éphésiens… ou de quoi du genre. Oui, je sais, j’ai des références étranges. Cependant, on a pas mal de route à faire avant et nous traversons la vallée de Meama, riche en légumes, fruits, olives, figues et pêches. Il y a aussi plusieurs champs de coton et des nids de cigogne un peu partout. On voit aussi des cigognes, mais pas assez longtems pour que je les prenne en photo. Le paysage est superbe et je suis assise devant car je me suis mis en tête de prendre en photo le nom de la ville de Aydin, où est née la grand-mère paternelle de Laurence et la mère du Papou. Disons qu’on profite du paysage.

(Parenthèse… ça me fait tout drôle de relire ça car le Papou au Hibou nous a quittés il y a quelques jours. Du coup, je pense à lui en mettant en page ce billet)

Premier arrêt, la fabrique Karcilar, célèbre pour ses manteaux en cuir d’agneaux fins et flexibles. Ici on utilise tout l’animal, rien ne se perd. C’est la top marque en Turquie et on nous accueille avec une parade de mode, un verre de vin… et de magnifiques modèles de cuirs, à fleurs, ou même jaune. Dures décisions à prendre pour moi… je ne sais pas encore si je regrette les dites décisions… on verra! Il y a des gens qui se sont gâtés, par contre! Wow!

Après un arrêt inopiné dans un champ pour cause de circulation, nous finissons par arriver au resto, où nous mangeons différentes sortes de crêpes salées, commandées et personnalisées, ainsi que des baklavas. Le resto est super, on est presque assis par terre sur des coussins et il y a des pendrioches partout. Voir la face de certains en voyant leurs crêpes ou leurs jus de grenade, c’est assez drôle! Mais c’est pas mal bon!

Finalement, Éphèse. La cité a été fondée 5 fois. Au départ, les Amazones vivaient sur la mer noire et il reste quelques bas reliefs représentant la reine et des pièces de monnaie frappées de l’abeille. Ensuite, Androklos, prince grec, est insatisfait e sa ville surpeuplée. Il demande donc à l’oracle de Delphes, qui lui parle de sanglier et de feu. Selon la légende, il faisait cuire du poisson sur le feu, quand  un sanglier a été réveillé… et il l’a suivi. Ceci l’aurait amené sur les lieux d’Éphèse. Le sanglier serait symbole de fertilité, le poisson, du commerce et le feu de l’éternité de la ville.

Il a pour un temps contrôlé le commerce de la mer Égée ainsi que le commerce intérieur. Il est rapidement devenu riche et a fait construire le temple d’Artémis. Les fonds viennent à manquer et les débuts de la banque ont émergé. Ceci a attiré d’autres rois : Crésus, les persans…  Lors des attaques, ceux qui gardaient le temple de la déesse mère auraient été épargnés.

Finalement, le temple a brûlé en 356 avant Jésus Christ, le jour de la naissance d’Alexandre le Grand. Normal, la déesse n’était pas dans son temple ce jour-là… elle assistait à la naissance du futur Grand!

Lysimaque, plus tard, voulait une ville plus près de la mer, qui s’était retirée avec les années. C’est donc la troisième fondation… qui eut un succès très relatif. Les gens ne voulaient pas quitter leur ville. Il a donc décidé de prendre les grands moyens : boucher les égoûts de l’ancienne ville, pour la rendre inhabitable. Du coup, ils ont déménagé. Pas le choix hein!

La 4e fondation a été faite par les chrétiens qui voulaient quitter la ville païenne et qui sont retournés à l’ancienne ville sous la montagne. Quant à la 5e fondation, elle a été faite par les turcs, à l’endroit de la ville actuelle de Selçuk. Une grande histoire pour cet endroit, n’est-ce pas!

De l’époque de Lysimaque, il nous reste des murs et une partie de la Cavea. La partie que nous visitons date surtout des 2e à 6e siècles. L’eau était amenée par des aqueducs et les pierres à 4 trous que nous voyons correspondent aux croisements d’eau. C’était assez avancé comme technologie.

Puis, l’Agora, le quartier administratif, était public, avec un bâtiment rond pour l’empereur. L’allée était entourée de colonnades fermées pour être à l’ombre. Plus loin, dans le quartier résidentiel, des colonnades aussi, avec des mosaïques, des échoppes au rez-de-chaussée et des habitations en haut. On peut facilement imaginer la ville et son animation, juste avec ce qui en reste. C’est, encore une fois, hyper émouvant.

Il y a un très grand théâtre dont la taille nous laisse croire que la ville comportait environ 30 000 personnes. Nous visitons aussi l’Odeon, l’hôtel de ville, où les décisions étaient prises ainsi que le chemin vers le feu sacré. Trois civilisations ont vécu ici, avec des vrais gens, qui avaient les mêmes ambitions que nous, les mêmes désirs… c’est fou!

Le plus grand bâtiment de la ville est le temple de Domicien, avec des bas-reliefs à son honneur. Paraîtrait-il que la seule personne qui a pleuré cet empereur mégalomane, c’est son chien. C’est tout dire. Nous voyons aussi une très belle fontaine, où les drapés des femmes imite le tissu mouillé. C’est vraiment une œuvre d’art.

Aux bains romains, on reconnaît facilement l’apodarium, l’entrée, la salle froide, la tiède et la chaude. Les gens passaient de salle en salle pour se laver et se purifier. Sur le temple d’Hadrien, nous pouvons voir Méduse et Nikéa, ainsi que des bas reliefs qui racontent les Amazones. Certains visitent alors leur partie préférée : les latrines. Malheureusement, elles ne peuvent pas les utiliser! On voit aussi la maison close… mais là, bizarrement, personne ne se porte volontaire.

Le clou de la visite est la bibliothèque d’Éphèse, montée par les autrichiens, faite de 99% de matériaux originaux. C’est monumental et magnifique, avec des niches remplies de statues représentant l’amitié ou le savoir. Il y a des têtes de Méduse, des bas reliefs… c’est vraiment superbe. C’était la 3e bibliothèque à l’époque, après Alexandrie et Pergame. Après que l’Égypte ait eu interdit l’exportation de papyrus, ils ont inventé le Pergamum (le parchemin) pour pouvoir continuer à consigner l’histoire et les pensées du peuple.

L’édifice donne sur l’agora commerciale, qui était séparée en secteurs et couvertes de mosaïques, reliait la ville au port. Au loin, la tour ou St-Paul a a été emprisonné (mettons que son discours aux Éphésiens n’a pas été hyper bien reçu.

Une dernière visite au théâtre, en restauration, et nous retournons vers notre autobus… et la climatisation. Quelle émotion en ce jour. On a vraiment fait un voyage dans le temps!

Nous passons la soirée à Izmir (Smyrne), d’où nous prenons l’avion demain. Humpf. L’avion et moi… pas une grande histoire d’amour, mettons! Smyrne est, paraît-il, une ville où il fait bon vivre et où le coût de la vie est encore abordable. Alors que notre guide va manger avec ses parents, qui y habitent, nous partons à pied regarder les pêcheurs et nous promener au bord de la mer. C’est fou, il y a des boutiques de robes de mariée partout! Pour moi les gens se marient beaucoup ici! Ou alors ils aiment se balader en robe du soir… mais bon, je délire… à demain!

Jour 72 – Pamukkale et Hiérapolis

Dernier matin sur le caïque… on est un peu tristes de quitter ce petit paradis et la nuit a été très reposante, avec la mer qui nous berçait. On se lève encore plus en forme, me semble!

Dernier petit déjeuner, on se ramasse tant bien que mal (c’est qu’on se sentait chez nous et qu’on s’était pas mal étendus). On dit au revoir à la famille qui s’occupait du bateau et c’est le retour dans l’autobus pour un avant-midi de route pour se diriger vers la ville de Hiérapolis, qui était irriguée par la source d’eau calcaire de Pamukkale, avec ses bassins naturels. La Turquie tente de reblanchir la montagne à l’aide du calcaire. Selon les turcs, cette eau est bonne pour TOUT TOUT TOUT le corps.  En fait, on s’en va dans la potion magique d’Astérix, version turque. Ou la fontaine de Jouvence.

Les bassins de sel sont étonnants. Nous tentons de marcher dedans mais mettons que ça fait un peu mal aux pieds… et que pour ne pas glisser, il faut avoir les papattes solides! Ceci dit, nous réussissons hein… avec parfois plus ou moins de grâce!

La légende raconte qu’à l’endroit où se situe Hiérapolis se situait un petit village où habitait une fille dont personne ne voulait. Elle était fort triste et est montée sur la colline pour se suicider mais est tombée dans le bassin d’eau. Un prince qui passait pas là sur son cheval blanc est tombé amoureux de cette fille, qu’il trouvait tellement, tellement belle. Croyant que c’était une blague, elle se regarde dans le miroir… et se trouve magnifique. Ils se sont donc mariés et ont fondé la ville de Hiérapolis. Jolie légende hein!

Le site est encore très visité par les Turcs pour soigner les maladies des os et de la peau.  La ville –  à la frontière de la Lycie, la Pamphilie et de la Carie) s’est agrandie suivant un plan pré-établi, ce qui est très rare. C’est un enchevêtrement carré de rues et de ruelles. La ville est dédiée à Hiéra, la femme de Téléphos, le fondateur mythologique du royaume de Pergame.  La ville était importante pour le commerce vu sa situation et St-Philippe y aurait vécu et martyrisé. Du coup, il y une église qui y est dédiée et l’une des premières églises de l’Apocalypse est située tout près.  Construite au 3e siècle avant JC, elle a connu son âge d’or du 2e au 7e siècle, après sa reconstruction par les romains et sa chute au sortir du 14e, avec l’arrivée des Turcs.

Nous passons par la ville de Denizli, connue pour le nuage de poussière qu’il y avait auparavant, pour ses belles filles (because la fontaine-qui-répare-tout) et ses coqs, celui qui chante le plus longtemps en Turquie. Une chance que nous n’en avons pas encore rencontré parce que mettons que nous avons pu avoir l’expérience que les coqs turcs ont de la voix… mais aucun repère temporel! Ils chantent n’importe quand. Ceci dit, il paraîtrait que les vieux coqs seraient plus wise que les jeunes coqs… pour comprendre, faut demander à Kadir!

La vallée est connue pour son textile (il y a d’ailleurs des champs de coton aux alentours) ainsi que pour sa culture de pomme grenade.  Nous en goûtons d’ailleurs un délicieux jus sur l’heure du dîner… ce que c’est bon! Sans parler des pains chauds. Le repas est un buffet, avec de bonnes salades. Nous avons mangé à notre faim… quand arrive le plat principal d’agneau!  Sérieux, on a failli tomber en bas de notre chaise! On a fini par partager une assiette avec Sabrina parce que sérieusement, c’était é-nor-me.  Mais toutefois délicieux.  Bizarrement, nous avons tous trouvé une petite place pour le dessert à la semoule et à la crème glacée.

Ensuite, direction Hiérapolis.  Par 42 degrés. Sans ombre. Le site est magnifique, bien exploité… mais grand. Et il faisait une chaleur incroyable. Je pense que c’est la première visite depuis le début du voyage où, pendant les 15 dernières minutes, je vois limite des mirages en forme d’autobus climatisé et de bouteilles d’eau. On a les oasis qu’on peut hein! Autre temps, autre mœurs.

Les murailles de la ville datent de l’époque de Constantin, qui a ordonné que la ville soit entourée pour la protéger.  Le système de canalisation d’eau et d’égouts était très bien développé et l’architecte du groupe s’en donne à cœur joie dans les vestiges.  Pour l’eau potable, canalisations fermées.  Pour l’eau calisations ouvertes, question qu’elles ne se bouchent pas tout le temps.

Nous commençons la visite par la montée jusqu’au nouveau théâtre, construit du 1e siècle jusqu’au règne de Septime sévère, vers l’an 200.  Ils ont utilisé les pierres de l’ancien théâtre, qui était un peu excentré pour construire celui-ci, qui pouvait contenir 10 000 personnes.  Pour déterminer la population approximative d’une ville antique, on prend la grandeur du théâtre et on multiplie par 10… du coup, 100 000 personnes devaient vivre ici. Le théâtre a plus de 100 pieds de haut et la façade avait un étage supplémentaire. Sur la scène, des portes de différentes grosseurs sont utilisées dépendant de l’importance du rôle des acteurs et des statues ornent l’arrière scène. D’en haut, c’est hyper à pic et très impressionnant. Je ne suis qu’admiration devant cette construction qui nous vient de si loin. En Anatolie, les théâtres étaient surtout utilisés pour les pièces de théâtre mais ici, c’est une exception.  En effet, des tombeaux de gladiateurs y ont été découverts. Il n’y a pas eu que des acteurs (dans leur rôle) qui sont morts ici, on dirait.

Dans la ville, c’est l’un de ces moments où je me sens transportée dans le temps et où je m’imagine l’agitation autour et les gens qui s’animent. On voit bien les carrés de maisons, les boutiques, le temple d’Apollon et la fontaine principale.  Au loin, le martyrium de St-Philippe, une ancienne cathédrale du 6e, en ruines mais dont nous devinons la forme, ainsi que les agoras, publiques et commerciales.

Sur les allées principales, deux portes. La plus près de la ville est la porte byzantine, car la ville a été rétrécie au 6e, laissant les bains et la fontaine à l’extérieur.  Nous y voyons aussi des bains qui ont été transformés en cathédrale ainsi qu’une nécropole géante, avec des tombeaux en forme de tumulus, de maisons, de temples… ainsi que de simples sarcophages gravés d’écritures diverses et variées (romain, latin, grec, etc.).  Certaines pierres sont restées exposées au soleil longtemps et ont pris une teinte grisée tandis que d’autres, enterrées, on gardé leur beige d’origine.  Bon truc pour voir ce qui a été restauré ou non!

Puis, à la sortie, les latrines, qui étaient communes, où passait l’eau courante pour nettoyer les saletés et laver les fesses, vu que le papier de toilette n’était pas utilisé dans le coin et à l’époque. Les romains avaient un grand souci d’hygiène et hors de la ville, les marchands devaient se laver dans des bains, pour se nettoyer et éviter les maladies.

Juste avant de sortir, un panneau s’est brusquement dressé devant Mlle Z. qui se l’est pris en pleine tête et qui a vu quelques étoiles.  Nous sommes bien entendu très inquiets et la suite de la visite est un peu plus calme, disons. Finalement, elle a une bonne bosse mais tout est bien qui finit bien.  Soulagés nous sommes.  Le thème de la journée sera « ça tape fort »! Bref, on est contents de voir arriver le bus, avec de l’eau… qui coûtait une blinde si on la voulait froide.  Certains ont payé jusqu’à 20 lyras (5$ pour un bébé bouteille!) et dès l’arrivée à l’hôtel, c’est hop-piscine!

Le complexe est un genre de resort avec une piscine au cholore et un bassin d’eau thermale chaude. J’essaie les deux mais j’avoue que l’un des bains est tellement chaud que je n’arrive pas à dépasser les genoux.  Monsieur M. est un peu plus brave et se rend jusqu’aux cuisses, pour en ressortir rouge homard!  Sérieux, je ne sais pas comment on peut se baigner là-dedans sans se faire cuire à petit feu!

On est tous un peu amorphes au souper… et le thème de l’hôtel sera le personnel-confus!  C’est qu’ils tenaient ABSOLUMENT à saouler Mlle S!  Ils lui apportent la petite bouteille de vin commandée, puis, 10 minutes plus tard, une bouteille de rouge plus grande, avec deux verres.  Nous nous regardons, surprises… et tentons de leur faire comprendre que non, nous n’avons pas commandé ça!  Puis, encore 10 minutes après arrive une troisième bouteille… de blanc cette fois! Là, pus capable, j’effoire de rire.  Mais genre, rire à en pleurer pour rien, là… c’était n’importe quoi.  Mme J. part au buffet pour s’esclaffer à sa guise sans insulter personne… mais imaginez quand Mlle S. revient 5 minutes plus tard du buffet avec une bonne portion de magnifique salade de haricots… qui se révèlent être des piments!  Elle a dû caler la bouteille de vin! Bref, fou rire!

La soirée se termine devant la piscine avec un spectacle de baladi. La danseuse était très bonne et nous faisait danser un peu. Pour ma part, je réalise que ma dissociation en a pris un c… de coup et qu’une robe lousse, ce n’est pas l’idéal pour danser (et je passe sur mon muscle du bye-bye) mais le clou du spectacle a été les hommes, dont Monsieur D. et Monsieur M. qui ont donné tout qu’un show.  Je peux maintenant les faire chanter à volonté, vu   j’ai des vidéos fort compromettantes! Oh my que c’était drôle! On avait une statue de marbre et un pantin désarticulé!  Hilarant… et les gars s’en sont donné à cœur joie!

Bref, journée épuisante… mais fort agréable! Et demain, direction Éphèse!  Vais-je résister au cuir?

Jour 71 – Criques et fiesta

Cette nuit, j’ai dormi à la belle étoile. Et elles étaient très très belles, les étoiles.  J’ai dormi comme un bébé et il paraît qu’il y a eu un coq fort en voix à 5h30 du matin, mais je ne l’ai jamais entendu de ma vie.  Notre guide a même proposé d’aller le plumer. Ensuite, les chiens s’y seraient mis. Puis les vaches. Puis les moutons. Bref, les gens ont été réveillés par un concert de basse-cour. Et moi, par la cloche d’appel du déjeuner.

La randonnée, à la crique de la Mouette, de ce matin est assez courte et on a réussi à négocier, avec un petit groupe, une petite prolongation.  C’est un sentier sous les arbres, surtout des oliviers, et nous croisons plusieurs chèvres, qui semblent se demander ce qu’on fait là!

La famille qui vit tout en haut est propriétaire de ses terres et vit un peu de tourisme et un peu de ses animaux.  Il y a un pressoir à huile et tout se fait par bateau. Transport des chèvres et du tracteur compris. Certaines familles vivent sur la côte à l’année tandis que d’autres retournent en ville l’hiver et viennent une fois par semaine pour les animaux. Une vie bien différente que ce à quoi nous sommes habitués.  Nous terminons dans une petite crique et nous attendons le caïque pour aller manger et nous baigner un peu plus loin. Sitôt le repas terminé, c’était hop à l’eau! Il y avait beaucoup de poissons et c’était hyper agréable.  Je ne me lasserai jamais de me baigner dans la mer, je pense.

On appareille ensuite pour une traversée de 90 minutes, en pleine baie, où nous voyons des voiliers et des yacht énormes.  BBQ, terrasses, verrières, glissades, sea-doos inclus, c’est incroyable le style de vie sur ces bateaux.  Mais sur notre caïque, c’est pas mal nous qui sommes les mieux. Ça brasse et j’adore.  D’autres adorent un peu moins mais moi, ça me plaît.

On se repitche à l’eau quelques fois, on mange dans une crique et on en profite pour discuter un peu de la politique turque et d’Erdogan. Ici, chaque ville a son sénateur mais le président choisit les ministres… pas nécessairement dans le pool des élus.  Selon notre guide, en Turquie, un retour à un gouvernement religieux est impossible car les gens aiment leur liberté et sont très attachés à Ataturc.  Par contre, la Turquie interdit Wikipedia! Il parait que quelqu’un avait osé écrire des trucs contre le dit Ataturc… et que ça ne leur a pas plu!

La musique repart en soirée, avec cette fois de la musique turque. La famille qui nous accueille sur les caïques (père, mère, fille et fils, notre capitaine Hassan) et l’équipage nous donne une super démonstration de danses traditionnelles turques venant de différentes régions.  C’est super beau à voir, les femmes sont très fluides et gracieuses tandis que les danses des hommes ont un petit quelque chose de la danse grecque. J’avoue que les voir sauter comme des grenouilles, en petit bonhomme… ça doit demander des cuisses d’enfer! Bref, c’est super, on s’amuse, l’équipage aussi et ça finit super bien la journée et la section « caïque » du voyage.  Qu’est-ce que c’était bien!