Jour 94 – Tour St-Jacques et Île St-Louis

Dernier jour avant de partir en Pologne. Que fait-on quand on est un peu hyperactive? On se booke deux visites guidées. Pas une. Deux. Sinon c’est pas drôle, hein!

La première, j’avais un peu sauté dessus. J’avais vu que Paris Zig Zag offrait des visites guidées de la tour St-Jacques, qui est l’un des monuments de Paris que je préfère. Vous pouvez vous imaginer que je n’ai pas hésité. La tour St-Jacques est en fait le clocher de l’ancienne église St-Jacques de la boucherie, disparue depuis 1797, alors que les pierres de l’église ont été vendues à l’exception du clocher. Un détail de l’acte de vente? peut-être. Ce n’est pas certain.

L’église de base a été construite vers les 11-12e siècles, selon les sources (dixit notre guide). Les bouchers étaient alors à l’extérieur de la ville (disons que l’odeurs des boucheries, ce n’est pas toujours glamour) et il n’y avait qu’un seul pont. L’accès était difficile et une petite chapelle a été construite. Deux siècles plus tard, les bouchers sont plus puissants et désirent une église bourgeoise. Paraît-il que Nicolas Flamel aurait été donateur et y aurait été enterré. Son portrait y était aussi sculpté et sa pierre tombale est encore à Cluny… après avoir servi d’étal pour épinards, selon la légende.

Au 16e, les bouchers sont de plus en plus puissants et veulent un bâtiment à la hauteur de cet aura de puissance. Une église gothique avec un clocher de 60m, ça le fait quand même pas mal, non?

Comme je le disais plus haut, à la révolution, les églises sont devenus symbole d’oppression et plusieurs ont été détruites. Pas celle-ci par contre… elle a été mairie de quartier mais vendue quand la dite mairie a manqué de fonds. Comme plusieurs autres, qui sont devenues usines ou carrières, elle a mangé une charmante go!

La mairie a racheté l’église en 1836 et a procédé à une restauration. Le square date de la même époque, mais la végétation, inspirée par l’exotisme colonial, était plutôt constituée de bananiers et de citronniers! Au milieu du 19e, le patrimoine religieux est en fort mauvais état, entre les révolutions diverses et variées. Napoléon 3, dans l’espoir de se faire aimer de la France royaliste et religieuse, lance un vaste programme, qui durera jusqu’à la fin du 19e. De plus, avec Mérimée et le roman Notre-Dame de Paris, le patrimoine est à l’honneur. Viollet Leduc et son assistant y ont travailler et ont tenté de restaurer… à leur sauce. Car c’est la spécialité du 19e que de faire une « meilleure version » des bâtiments… soit celle qui n’a jamais existé.

On a donc ajouté 28 statues. Certaines venaient de St-Jacques, d’autres de d’autres églises (oui, phrase bancale… je sais) et d’autres sont des imitations. Ce qu’on connait du gothique est donc probablement plus chargé que ce que c’était en réalité à l’époque.

Comme aucune restauration n’est éternelle, le clocher était très amoché à la fin du 20e et il a été fermé pendant 14 ans. À travers les années, il y a eu plusieurs curiosités ici. Des vitraux (alors qu’il y avait un carillon… avouez que c’est un peu ridicule), une station météo et un four à plomb au sommet. Mettons qu’il y a eu quelques incendies. On trouve aussi une statue de Blaise Pascal car il aurait fait des études ici, mais il y a quand même controverse car on ne sait pas s’il s’agirait de la bonne église St-Jacques… vu qu’il habitait à côté de l’autre

La visite était donc hyper intéressante. On termine par un moment de repos au sommet, où il y a une vue magnifique de Paris. Je ne me lasse pas de regarder cette ville. Et oui, je sais, j’ai pris 20 fois les mêmes photos.

Après avoir attrapé un sandwich rapido en chemin, je me dirige en trottinant vers le point de rendez-vous de la deuxième visite guidée, qui porte sur l’ïle St-Louis. Et là, je sens que je vais avoir du fun pour les photos parce que pour moi, mettons que les hôtels particuliers se ressemblent pas mal tous. Oups, oups, oups.

Je sais assez peu de choses sur l’ïle st-Louis, à part qu’elle est jolie sur les photos. C’était en effet l’ïle de la cité le coeur historique de Paris et l’île St-Louis appartenait au chapitre de la cathédrale Notre-Dame. Il y avait à l’époque 2 îles : l’île Notre-Dame et l’île aux vaches. St-Louis aurait aimé s’y promener et y aurait adoubé son fils. Henri IV aurait eu l’idée de l’urbaniser mais ce n’est que sous le règne de son fils, Louis XIII, que le projet voit réellement le jour, au 17e, même si ça ne fait pas plaisir aux chanoines de Notre-Dame. L’architecte Louis Le Vau a participé au projet et les habitations sont assez homogènes. Les plus belles habitations longeaient la Seine et d’autres, plus modestes, étaient au centre. Disons qu’il n’y avait pas beaucoup de place et que les jardins étaient rares.

Des ponts ont été bâtis, le chenal entre les deux îles a été bouché, des quais ont été construits. Le pont Marie, deuxième plus long après le pont neuf, a été construit en 1613 et était plein d’habitations. Celles-ci ont été interdites au 18e. Le Pont St-Louis a été bâti et débâti 7 fois et les péages ont été abolis en 1847… avant, tout le monde payait.. sauf les montreurs de singes. De là l’expression « monnaie de singe ».

Nous visitons et admirons plusieurs hôtels particuliers. L’hôtel le Charron, avec son escalier et sa mansarde à pouline pour le foin, l’hôtel de Jassaud, qui a été habité par Camille Claudel, l’hôtel de Chenizot, avec sa vieille façade et son heurtoir d’origine, l’hôtel du jeu de paume, l’hôtel de Lauzun, le fameux compte qui a voulu épouser la grande demoiselle, Mme de Montpensier, l’hôtel Lambert, qui a servi de caserne et où Chopin serait allé, dans le cadre du club polonais (ou quelque chose de polonais, du moins).

D’ailleurs, de nombreuses célébrités ont habité ces endroits luxueux. Michèle Morgan et sa rotonde, Cézanne, Rotchild, Marie Curie, Chagall, Pompidou, Sevran, Moustaki, Daniel Auteuil, Frédéric Vuittou, Jodie Foster, Beaudelaire… inutile de préciser que les appartements ne sont pas donnés!

Qui dit gens célèbre dit aussi excentricités. Le club des Haschinschins y a notamment vu le jour, à l’hôtel de Lauzun, avec Théophile Gautier et Beaudelaire comme membres. Fondé par le docteur Jacques-Joseph Moreau de Tours, il avait pour but d’expérimenter des drogues, plus particulièrement le haschisch, comme son nom le laisse présumer. Le frère de l’émir du Qatar avait de grands projets pour l’hôtel Lambert (dont une sombre affaire de garage) mais ça a soulevé des passions. Une entente a été conclue. Quant à Helena Rubinstein, elle a convaincu la ville que les fondations de son hôtel, l’hôtel d’Hesselin étaient branlantes, et a réussi à obtenir sa destruction pour en construire un nouveau… Je pense que finalement, il y a un bassin de natation sur le toit! On peut donc admirer un portail d’époque… sur un immeuble de 1935.

Nous finissons la visite par l’église Saint Louis en l’île, actuellement en restauration, mais connu pour sa tour avec son horloge perpendiculaire. Comme je n’ai pas de photos… j’imagine que je ne suis pas entrée à l’intérieur de cette église du 17-18e siècle de style classique. Paraîtrait que Landru y a été enfant de choeur et qu’elle a aussi accueilli soeur Louise de la miséricorde… anciennement Louise de la Vallière. Son bénitier est particulièrement joli.

Je finis la balade avec une visite rive gauche pour goûter et acheter des Turrons… et je rentre pour finir les valises. Demain, Pologne! Hiiiiiii!!

Kukum – Michel Jean

Le pourquoi du comment

Parce que je lis tous les romans de Michel Jean, particulièrement quand ils traitent des premières nations.

De quoi ça parle

Michel Jean nous raconte ici l’histoire de son arrière grand-mère, Almanda Siméon, jeune blanche mariée à un Indien (comme ils les appelaient à l’époque… amis du politically correct, ne pas taper) et ayant adopté leur mode de vie nomade. À travers le récit de sa vie, la beauté et le le drame de l’existence des Innus nous seront révélés petit à petit.

Mon avis

J’ai lu beaucoup de romans et de documentaires sur la vie des gens des premières nations. Mais on dirait qu’avec celui-ci, pour la première fois, j’ai Compris. Compris avec un grand « C ». Compris avec ma tête, certes, mais aussi avec mon coeur. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est la première fois que je ressens à ce point le choc de la perte, le coup de tonnerre qu’a été la fin imposée d’un monde, d’un mode de vie, ainsi que les répercussions qui se font sentir encore aujourd’hui, des décennies plus tard.

Michel Jean se met dans la peau d’Almanda Siméon, jeune femme de 15 ans au début du roman. Elle est fonceuse, avide de liberté et amoureuse de son beau Thomas, Innu nomade des Passes-Dangeureuses. Elle va l’épouser, le suivre dans le territoire et adopter le mode de vie près de la nature de la famille, vivant de chasse et de pêche, sur le territoire l’hiver et à Mashteuiatsh l’été. Tout au long du roman, nous verrons se développer son amour pour cette façon de vivre et d’appréhender le monde et pour ma part, j’a ressenti une réelle connexion avec cette femme ô combien différente de moi, mais qui voulait vivre à sa manière et suivre ses passions. J’ai donc vécu très intensément les événements qui ont suivi, vous pouvez vous l’imaginer.

Dans plusieurs romans de l’auteur, il y a cette quête d’identité, d’appropriation encore plus grande de ses racines innues. Dans « Elle et nous« , j’avais pu avoir une petite idée de ce qui s’était passé et on sent ici que la quête de Michel Jean est plus aboutie. On y retrouve la poésie de Elle et nous, le côté attachant des personnages et de savoir qu’ils ont réellement existé les rend encore plus touchants, plus palpables. La plume a pris de la maturité et j’ai aimé cette autre perspective sur la nation Innue, celle de la femme qui l’apprend peu à peu et qui la choisit. Et, en arrière plan, ce qu sublime cet histoire, c’est l’amour, le grand amour jamais niais mais omniprésent, fort, puissant.

Bref, j’ai adoré. Et je pense que c’est mon préféré de l’auteur à date.

Jour 93 – Yerres et Caillebotte

Aujourd’hui, on part à Yerres avec Delphine, pour voir Valérie-Hydromiel, et pour passer l’après-midi à la Résidence Caillebotte. J’adore Caillebotte, ce n’est pas une nouveauté, alors quand on m’a proposé, j’ai sauté sur l’occasion!

En matinée, je me suis éduquée un peu et j’ai lu le gros catalogue d’expo de Delphine, acheté à Jaquemart-André il y a quelques années. Et sérieusement, il est hyper bien fait. On y parle de la famille Caillebotte, surtout de Gustave et de son frère Martial, tous deux artistes, l’un peintre et l’autre photographe.  C’était une très bonne préparation pour la visite, en tout cas.

Caillebotte est né en 1848, dans une famille aisée, dont le père a fait fortune dans les draps, en fournissant l’armée. Du coup, ni lui ni son frère pourront vivre leurs passions et n’auront pas à travailler. Gustave était non seulement peintre, mais aussi mécène et collectionneur. Il a aidé ses amis impressionnistes (dont Renoir, son exécuteur testamentaire) et organisé quatre expositions impressionnistes vers les années 1880.  Comme il a pu suivre ses passions, il a été aussi architecte nautique et horticulteur et cette passion de l’architecture se ressent dans ses œuvres à la composition étudiée. Bref, un homme tout plein de ressources.

Martial, le petit frère, a pris de magnifiques photos, donc celle, brumeuse et très connue, sur la place du Carroussel, de Gustave Caillebotte. Il était aussi pianiste, compositeur et philatéliste. Talentueux, ces frères!

Nous nous dirigeons donc vers Yerres, à une demi-heure de Paris par le RER D. Aucun souci de RER, train à l’heure et tout et nous arrivons à la résidence, juste alors que le soleil se décide à sortir de derrière les nuages. Il nous attendait. Disons que la petite veste était pas mal inutile. Comme Miss Valérie s’était endormie devant la télé, nous l’avons réveillée et elle est accourue. Ça faisait un mautadit bout de temps qu’on ne s’était pas vues et c’était vraiment agréable de nous balader dans les jardins.

La propriété a été dans la famille Caillebotte de 1860 à 1879 et a été vendue suite aux décès rapides des parents Caillebotte. Dans le musée, on retrace l’histoire de la propriété de 1600 à nos jours, ainsi que les différentes modifications qui y ont été faites. Elle est propriété de la ville de Yerres depuis quelques années et la maison a été rouverte à la visite en 2017.

Les jardins sont hyper beaux, joliment fleuris et remplis d’arbres. Certains sont plantés pour les nouveaux bébés de l’année et il y a une rivière juste à côté, où les arbres et les feuilles se reflètent magnifiquement. Nous ne nous lassons pas de les regarder! De plus, certaines œuvres Markus Lupertz sont visibles dans le parc. Très particulier, mais j’aime bien.

Avant d’aller prendre le thé (tarte aux framboises délicieuse), nous nous arrêtons à l’orangerie pour la petite expo sur Charlotte de Maupeou, artiste contemporaine qui, entre autres, réinterprète à sa manière des classiques de la peinture. Bon, pour les reconnaître, je ne suis pas top et je n’ai reconnu que quelques Manet, Renoir et Vermeer… oups! Je manque de culture peinturale!

À l’intérieur de la maison, on a recréé le décor de l’époque des Caillebotte, avec une déco fin 19e. Ils ont réuni des pièces fort précieuses, même si ce n’est pas mon style préféré! On a entre autres récupéré les meubles de 1850, ayant été fabriqués par le mari de l’une des occupantes, l’orfèvre Biennais. Ah oui! Le chef Borrel, du fameux Rocher de Cancale, a déjà habité l’endroit. Riche histoire, je disais donc!  On y trouve ses fameuses recettes.

À l’étage, on parle des membres de la famille Caillebotte, et j’ai pu y apprendre que le demi-frère de Caillebotte, prêtre, avait eu sa propre chapelle dans le jardin et qu’il a aussi officié dans plusieurs églises parisiennes. Et ça, je ne l’avais pas appris dans le livre!

Tout en haut, une toute petite expo sur l’atelier de l’artiste, avec quelques tableaux de Caillebotte et d’autres représentations de l’atelier. Entre autres, quelques études pour les fameux raboteurs de planchers, dont il est intéressant d’étudier les différences avec le tableau final.

Retour sur l’heure du souper, on s’est bourrées de fromages, de pain frais (et chaud… Delphine a dû me l’enlever pour que je ne mange pas tout en route) et de flammekueche. Les bagages pour la Pologne sont preeeeeesque prêts, ceux pour l’Alsace aussi et j’ai eu un cours de « laveuse française » (sérieux… ces bestioles sont étranges… je trouvais que la mienne était lente… mais 2h45?!?!?!).

Dodo, vu que j’ai du boulot! Du lavage!

Jour 92 – Butte aux cailles et discussions canadiennes

Non, mais c’est LONG écrire des billets en retard?  Et pourquoi je finis toujours sur un site pas rapport ayant un lien plus ou moins évident avec ce que je recherchais au début hein? Bref, je suis pas d’une rapidité folle… et je passe la moitié de ma journée à tenter de m’en sortir un peu, tout en mangeant du melon et en buvant du thé.  Par contre, j’ai vu un tour guidé de la butte aux Cailles, et je m’y dirige, toute guillerette en après-midi. Profitons du beau temps, comme on dit!

La butte aux Cailles est un quartier que je connais peu, voire même pas.  Je ne suis pas certaine que j’y avais déjà mis les pieds. J’ai une forte tendance à rester rive droite, disons, était donné les endroits où j’ai logé. La guide, Sylvie, est hyper intéressante et je referais volontiers des tours avec elle. Elle a un souci de la vérité historique et sait passer les informations. Ceci dit, elle fait seulement des grands groupes hors été.  Les fameuses Cailles n’ont rien à voir avec les oiseaux mais font plutôt référence à la famille Caille, qui possédait ces terres. Le nom était, au départ, la « butte à Caille », et il s’est transformé avec les années. La butte était située juste à l’extérieur du mur de l’octroi et appartenait à la commune de Gentilly. Par contre, jusqu’au début du 20e, il n’y avait pas grand-chose à cet endroit car les terres étaient peu fertiles et comme la Bièvre, avec son lot de tanneurs et de bouchers, y passait, les odeurs faisaient fuir la population.  Il y avait bien des habitants mais pas de réelle urbanisation.

Sous la butte, des carrières, ce qui fait que les constructions ne peuvent pas être trop hautes ni trop lourdes, ce qui donne à l’endroit son aspect « village ».  D’abord quartier ouvrier, elle contient encore aujourd’hui ce qui reste des anciennes cités ouvrières, bien transformées et maintenant fort prisées. Tout le quartier s’est boboïsé et cet ancien repère d’étudiants fauchés n’est plus ce qu’il était. Quoique parait-il que les samedis soirs sont encore animés!

Nous empruntons donc la rue du moulin des prés (qui impliquait donc un vrai moulin à plâtre et un vrai pré) pour monter la butte et ainsi arriver à la place Paul Verlaine,  où nous pouvons observer les gens du quartier faire provision d’eau de source au puis artésien ainsi que la piscine art nouveau, d’abord construite comme bains publics, mais qui est encore ouverte aujourd’hui. Comme Verlaine était communard et que la butte aux Cailles a été le lieu de batailles, on l’a nommé en son honneur. Tout au bout de la place, une plaque commémorative pour le bicentenaire du premier vol humain en aérostat, en 1783. Ils sont atterris là un peu par hasard… mais ils ont atterri! L’aérostat a d’ailleurs utilisé dès les guerres napoléoniennes pour observer l’ennemi avec des ballons fixes et il a aussi servi pour faire passer du courrier… et faire sortir Gambetta pendant le siège de Paris. Il est arrivé un peu amoché par contre.

Dans ce quartier, rien n’est classé, ce qui donne à l’endroit un aspect assez hétéroclite et intéressant à la fois. Le street art y est à l’honneur et juste ça mériterait un tour à lui tout seul.

La place de la commune de Paris se trouve également dans le quartier. La commune, je connais peu alors j’essaie de résumer (en gros et certainement en bâclé et raccourci) ce qu’on nous a raconté, ne pas taper! Pour les parisiens, cet événement reste très important alors qu’en province, il l’est très peu.  Paraît-il qu’il a d’ailleurs été récemment enlevé des manuels d’histoire, allez savoir pourquoi. Elle a eu lieu à Paris en 1870-71, suite à la raclée qu’a subie la France face au Prussiens et aux conditions limite honteuses qui ont suivi. Les parisiens, témoins de plusieurs batailles, ont eu l’impression d’avoir payé plus que leur part et ont voulu faire de Paris une commune, soit, sortir de la France (ou un truc qui s’en rapproche) et tenter une approche plus sociale, avec le droit de vote pour les femmes et des programmes sociaux, entre autres.

Leur expérience a duré 3 mois car, vous imaginez bien que la France sans Paris, ça peut difficilement fonctionner économiquement. Du coup, Gambetta revient de Versailles (peut-être pas en aérostat cette fois) et met le siège sur Paris à l’aide des prussiens.  Une vraie guerre civile. Et les communards, pleins de fougue mais mal équipés, se retrouvent devant une armée entraînée et organisés. Ils se font massacrer. On ne dit pas « semaine sanglante » pour rien. On se souvient des tableaux montrant des combats entre les tombes du Père Lachaise…  Ici, à la butte, Walery Wroblewsky, un polonais, a de l’entraînement militaire et tient un peu plus longtemps. De là le fait que la place de la commune se trouve dans le quartier.

Le début de la troisième république n’a donc pas été de tout repos et la plupart des parisiens (on les comprend) n’ont pas levé le petit doigt pour la défendre, à ce qu’on peut lire. Surtout qu’ils devaient supporter la construction du Sacré-Cœur pour expier les péchés de la commune! Par contre, j’ai « le temps des cerises » de Jean-Baptiste Clément en tête depuis, en raison du resto autrefois coopératif et du fait que la chanson était devenu un véritable hymne révolutionnaire pendant la commune, bien qu’ayant été écrite quelques années avant. C’est vrai que quand on lit bien les paroles, on voit bien le double sens. Faut dire que Clément, journaliste, avait un méchant dossier auprès de la police, et qu’on le surveillait de près.

Nous continuons la visite avec les anciennes cités ouvrières. Le passage Barrault est joli mais il ne fait pas partie de ces ensembles, la plupart du temps construit avec des commanditaires religieux (ou autres) afin que les ouvriers aient des loyers salubres, avec eau potable et sanitaires.  La petite Alsace en fait partie, et a été construite pour les employés d’une usine de sucre. Commandité par un abbé qui voulait un joli bâtiment, l’architecte Walter l’a dessiné.. et comme il était alsacien, le résultat est celui-là. Il comporte 40 maisons et plusieurs cours.

La petite Russie a une histoire un peu différente. Les taxis Citroën avaient un problème avec leurs chauffeurs, qui avaient du mal à se déplacer en ville pour rejoindre leurs taxis (les transports en commun, c’était pas encore le top). Du coup, ils ont fait construire des maisons… avec les entrepôts et les garages en dessous. Ils engageaient des Russes car il les trouvait travailleurs et pas geignards. Une première vague est arrivée début 20e car « rouges » et une deuxième après 1917 car « blancs »… il devait y avoir toute qu’une entente dans la compagnie. On ne peut visiter l’endroit, toutefois, seulement pendant le festival des arts de la Bièvre.

Mes photos du coin ne donnent rien mais sérieusement, c’est joli et on ne se croirait pas à Paris. La villa Daviel, également ancienne cité ouvrière, est magnifique avec ses jardins fleuris. Dommage pour la vue et le bâtiment horrible au fond!

Nous terminons la promenade et je vais visiter l’église Ste-Anne de la butte aux Cailles, bâtie sur pilotis car le sol était trop instable. On se demande pourquoi ils n’ont pas juste changé de lieu pour l’église… mais bon, ils étaient persévérants. L’église en soi est assez moche et fait « bloc ». Toutefois, les vitraux, encore complets et datant de 1938, de l’atelier Mauméjean. Encore une fois, en photo, c’est pouiche… mais en vrai, avec le soleil et les couleurs, c’est assez spectaculaire.

Je poursuis donc à pieds, vu que j’ai rendez-vous Edgar Quinet à 19h30 et je fais un détour par la cité universitaire, que je voulais visiter depuis longtemps. C’est impressionnant, un si grand espace vert et non confiné à Paris et si l’entrée monumentale est très belle, j’ai été un peu déçue par les pavillons du monde, que j’imaginais un peu moins… boîte carrée avec un petit truc en plus. En fait, je crois que pour voir les spécificités, il faut prendre une visite guidée et aller à l’intérieur.  Un jour, peut-être.

Je reprends mes pattes et retrouve Delphine et son ami Denis pour manger mais surtout pour parler du Québec. Il y part en septembre pour 12 jours et il a tout un programme!  On jase expressions québécoises, accent, histoire des lieux et climat politique actuel. D’habitude, je suis un pas pire guide touristique et on passe une très chouette soirée. En fait, le monsieur est encore PIRE kid kodak que moi. Et il parle encore PLUS! Imaginez le tapage!  Quant à miss Delphine (qui ne donne pas non plus sa place), imaginez-vous qu’elle avait tellement envie de nous voir qu’elle est arrivée avec plus d’une demi-heure de retard… en essayant de nous faire croire que c’était la faute du métro!  Pfffff… à d’autres!

Bon, dodo… demain, on va à Yerres, vendredi, on se prépare et samedi, l’avion… J’aime pas l’avion, vous vous en souvenez?

Jour 91 – Paris romantique et coulée verte

J’avais prévu une journée tranquille aujourd’hui. Histoire de reprendre mon retard de publication, de lire un peu et, sait-on jamais, de publier aussi les billets-livres qui traînent dans mon ordi… bref, ça s’est pas passé comme ça. Oups. Pourtant, j’avais même ouvert mon ordi de bon matin! Sauf qu’imaginez-vous que Delphine m’a menacée à distance… menacée de m… le gros mot. Celui qui me fait me boucher les oreilles en faisant des « lalala » le plus fort possible. Ménaaaaage!

Du coup, je suis sortie!

Je me suis donc dirigée vers le Petit Palais, avec beaucoup d’avance. Beaucoup d’avance, c’était avant que je réalise qu’il n’y avait pas moyen d’acheter un billet à mon entrée habituelle… et qu’il fallait que je trouve l’autre entrée.  J’ai texté Delphine, mais elle était encore trop occupée à se moquer de moi parce que j’avais lavé une canette vide, vu qu’elle l’avait mise dans le lavabo. Ben quoi, j’essaie de faire ma part.  Genre… la vaisselle. Et puis, sait-on jamais… laver les canettes vides est peut-être une bizarrerie française! J’ai eu un mal de chien, en plus… mais bref, il semblerait que c’était juste un moyen de l’égoutter… et que tout son bureau s’est bien foutu de ma gueule!

Donc, Petit Palais. J’ai trouvé l’entrée, j’ai trouvé la sortie (pas la bonne, sinon c’est pas drôle… encore que devoir traverser place de la concorde, c’est toujours drôle), et au pas de course au Petit Palais, pour attraper la visite guidée de l’exposition Paris Romantique. Ah, oups, une autre épreuve… la sécurité. Qui m’a fait vider TOUT mon sac (comme aux gens devant d’ailleurs), en me demandant même de prouver que ma liseuse (jaune flash, je le concède) était bien une liseuse.  Quel zèle! Toujours est-il que j’y suis arrivée et que j’ai pu faire la visite guidée.

L’expo est très intéressante, du moins pour quelqu’un qui ne connaît pas vraiment la période.  Genre, moi. Elle est divisée par période et par quartier parisien et nous nous baladons donc de 1815 à 1848, du palais des Tuileries aux grands boulevards, en passant par le Palais Royal. Nous voyons aussi défiler la royauté de l’époque et sommes témoins des différentes révoltes, tout en revivant le Salon, ce fameux Salon qui fait rager dans L’œuvre de Zola.

On y voit des tableaux, des sculptures, mais aussi des arts décoratifs et des vêtements d’époque, qui nous permettent de mieux comprendre la vie parisienne (surtout la riche vie parisienne) de l’époque.  Cette période était certes effervescente mais aussi bien troublée. En 1813-14 s’est tenue la bataille de France pour stopper Napoléon 1e , qui s’est conclue par la bataille de Paris, avec la chute de la dernière barrière, celle de Clichy et l’abdication, 6 jours plus tard, du dit Napoléon. Ceci a été fort représenté dans l’art également.

Autre chose ayant influencé l’art de l’époque, le retour de la royauté, avec Louis XVIII, frère de Louis XVI, revenu d’exil. Il fait restaurer les Tuileries et s’y installe, avec sa famille. Ils ne sont pas hyyyyper populaires, à l’exception de la ducherre de Berry, arrivée en 1816 pour se marier au duc de Berry. Prématurément veuve avec une petite fille et enceinte, elle est très tendance, tant au niveau de la mode que de la décoration, et n’hésite pas à décorer et à redécorer ses appartement, osant toutes les nouveautés, par exemple, les meubles en bois clair, totalement nouveaux pour l’époque.

Puis, en 1830, les trois glorieuses, qui mettront Philippe-Égalité sur le trône. Ouais, je sais… quatre 30 sous pour une piastre, comme on dirait. Toutefois, il tente de se rapprocher du mode de vie des bourgeois et même les portraits sont moins ostentatoires. Le prince héritier, Ferdinand Philippe, est très cultivé et est aussi protecteurs d’artistes contemporains tels qu’Ingres et Delacroix. Mort prématurément, l’héritier devient donc son frère, le duc de Nemours, amateur du grand siècle mais aussi de l’éclectisme. Le meuble de Cremer exposé est juste trop beau. 

On croise aussi dans l’expo la princesse Marie d’Orléans, sculptrice de son état. Comme elle était une femme, elle ne pouvait avoir de modèles vivants en peinture et autant elle que son maître se sont lassés… et ont dont passé à autre chose. L’élève a vite dépassé le maître, paraît-il et on peut voir l’une de ses œuvres dans l’expo.

Par la suite, direction Palais Royal, très à la mode à l’époque. Ancienne propriété du Cardinal de Richelieu, il avait été légué au roi et Louis-Philippe, pour éponger ses dettes, avait fait faire des lotissements tout autour, avec des boutiques et des restaurants. Au début, il s’agissait de barraques en bois mais elles ont été restaurées pour devenir les galeries d’Orléans, dont il ne reste que les colonnes aujourd’hui.  C’était hyper à la mode, très fréquenté et certains restaurants étaient célèbres. Bizarrement, les galeries ont baissé en popularité lors de l’interdiction de la prostitution et des jeux de hasard. Bizarrement. S’y trouvait la fameuse « belle limonadière », pour Balzac la plus balle femme de Paris, qui l’a inspiré dans son œuvre.

Comme il y avait des boutiques, l’expo nous montre un peu la mode de l’époque, avec le changement de la silhouette féminine et l’apparition des dandys venus d’Angleterre. Ces hommes chics qui aimaient l’originalité portaient une redingote, plusieurs gilets (qu’ils changeaient dans la journée), souvent un haut de forme (évasé, à bords larges) et surtout, accessoire indispensable, une canne. Il y avait plus de 200 boutiques de cannes à Paris à l’époque, toutes plus élaborées les unes que les autres. La fameuse canne à ébullition de turquoises de Balzac (aujourd’hui au musée Balzac) est d’ailleurs fort célèbre et a été maintes fois caricaturée.

Pour les caricatures, il y avait certes la presse, mais aussi la petite statuaire. Nous pouvons voir plusieurs œuvres de Jean-Pierre Dantan, célèbre à l’époque. Ah oui, il y avait aussi des flûtes en cristal… curiosité!

J’ai beaucoup aimé la salle réservée au Salon. Certes l’accrochage était moins dense qu’à l’époque, où les tableaux étaient accrochés jusqu’au plafond, au grand désespoir de certains artistes. Dans ces années, on a vu l’arrivée du style romantique, s’inspirant de la littérature, d’abord en peinture, puis en sculpture. Les années se suivaient mais ne se ressemblaient pas. En 1831, seulement 2% de refus contre 40% deux ans plus tard, ce qui a donné naissance au fameux « salon des refusés ». Dans la salle, de nombreuses œuvres ayant été exposées dans le fameux salon.  Aussi, plusieurs œuvres étaient inspirées de l’actualité, dont la bataille de Missolonghi, en Grèce, alors que ce peuple se battait pour son indépendance.  Le monument pour Markos Botsaris est particulièrement émouvant.

Dans la salle réservée à Notre-Dame de Paris, on trouve des références au roman de Victor Hugo, qui a mené à la restauration de la cathédrale, très endommagée pendant la révolution, et à la redécouverte des quartiers médiévaux. Tout de suite célèbre, de nombreuses œuvres y font référence.  On trouve aussi, tout près, un reliquaire d’Héloïse et Abélard. Étrange!

À la suite d’un conflit, entre autres, pour la liberté de presse, surviendront les trois glorieuses, fin juillet 1830. C’est une époque révolutionnaire sur plusieurs plans, notamment en théâtre avec la commotion que créa Hernani de Hugo, et en musique, avec la symphonie fantastique de Berlioz, œuvre autobiographique inspirée des sentiments qu’a eus le compositeur face à Faust, aux symphonies de Beethoven… et pour une femme, of course!  Beau moyen pour cruiser un peu!

Nous pouvons aussi contempler le moulage du génie de la liberté qui trône en haut de la colonne de juillet, inaugurée à Bastille dans ces années, ainsi que certaines premières versions de statues pour le bénitier de la Madeleine, inaugurée en 1842. Disons qu’elles étaient un peu trop… suggestives pour une église. Dommage, elles étaient magnifiques.

Aussi à cette époque, le retour des cendres de Napoléon 1e et le concours, remporté par Visconti, pour sa sépulture.  Si je dis « pas mon style », ça vous parle?

Ensuite, quartier latin, quartier des étudiants et où ils se baladent le dimanche en compagnie des fameuses « grisettes », jeunes travailleuses qui craquaient pour un – ou des – étudiant(s) et qui peuplaient les fameux bals. Une série de lithographies de Gavarni nous les présente, et j’adorerais la voir en entier.  Plusieurs œuvres représentent ces bals, surtout celui de l’opéra, bal costumé, ainsi que la descente de la Courtille, ayant lieu au mardi gras, à la fin du carnaval.

Direction « Nouvelle Athènes », haut lieu des artistes, où logeaient notamment, au carré d’Antin, Chopin, George Sand, Dantan (dont j’ai parlé plus haut), les Dubufe, Alexandre Dumas père et Marie Taglioni, celle qui a popularisé la danse sur pointe dans les Sylphides.  Zimmerman, pianiste, y organisait des soirées musicales ou son voisin Chopin venait jouer et où Liszt était aussi occasionnellement invité. Et vous savez quoi? Il y avait le tableau sur le dessus de mon livre « La vie de Liszt est un roman ». Je suis tombée en admiration!

Les grands boulevards, avant Haussmann, étaient bien différents de ce qu’ils sont aujourd’hui. Entre autres, le boulevard du Temple (ou boulevard du Crime), abritait 8 théâtres où étaient joués des mélodrames qui soulevaient les foules et où les Méchants et la Vertu s’affrontaient à grand renfort d’hémoglobine. Devinez qui gagnait? Frédérick Lemaître, grand acteur, a pour sa part choisi de jouer le truc satiriquement (et qui a fait exploser de rire au lieu de pleurer). La pièce a été un succès et plus tard, Victor Hugo écrira pour lui le rôle de Ruy Blas.

Le ballet prend son autonomie, les décors et la mise en scène évoluent… bref, grande période pour les arts.

L’expo se termine avec la révolte de 1848, qui a mené à l’abdication de Louis-Philippe, à la fin de la monarchie de juillet et au début de la république proclamée par Lamartine (me semble… cette partie n’était pas claire). Pour se rappeler l’événement, le bureau fracturé de celui-ci, laissé derrière dans la hâte. Et je sens que je vais devoir faire des recherches sur cette révolution-là… ça devient complexe, tout ça! On peut voir les fameuses poires de Daumier, qui reflètent l’évolution de la popularité de Louis-Philippe.

J’ai fait une mini balade dans le reste du musée mais après les 2h et quelque de la visite, j’étais un peu saturée (ouais, ça m’arrive) alors je me suis dirigée vers Bastille vu que j’avais en tête de me balader dans la coulée verte depuis des mois. Et que je n’y étais jamais allée.  J’ai même résisté à magasiner dans les petites boutiques du viaduc des arts (mais j’y retournerai) vu que je me doutais bien que j’allais craquer et que je n’avais aucune envie de me trimballer ça pendant toute la marche, à 33 degrés! Pour ceux que ça intéresse, l’entrée est rue de Lyon.

La promenade est vraiment jolie et fait environ 4,5 km. Elle a été aménagée la plupart du temps au-dessus des rues du 12e, avec quelques passages au  niveau du sol, dans une ancienne voie de chemin de fer et c’est vraiment chouette pour voir ce quartier peu connu d’une autre façon. La promenade est plantée d’arbres divers et variés. Autour, autant des immeubles Haussmanniens que des immeubles modernes, et l’animation des rues.   J’ai bien profité de la balade, flânant ici et là et regardant les gens pique-niquer tranquille.  Je me suis rendue au bout… puis, il a fallu sortir, pour retrouver un métro, vu que je devais rejoindre Delphine chez le fromager. Et là, ça a été folklo.

En fait, je savais très bien où j’étais, je savais très bien où je voulais aller, mais j’étais 8m au-dessus du sol, câline! Et je n’avais aucune foutue idée de la façon de descendre. J’ai bien envisagé la descente en rappel le long d’un viaduc mais le fait que je sois en robe a un peu freiné mon élan.  On va laisser faire le spectacle de mon string à la Bridget Jones en pleine rue parisienne!

J’ai donc rebroussé chemin… pour me retrouver sur la petite ceinture du 12, une autre ancienne voie de chemin de fer, que j’ai trouvée super belle, avec ses rails encore visibles et tout ce qui va avec. J’aime quand la nature reprend ses droits et finalement, je suis contente de m’être trompée.  Ya juste que Delphine a dû aller seule faire les courses, parce que je suis arrivée… une heure plus tard que prévu. 

Comment on dit… oups???

En soirée, j’ai eu un cours d’aspirateur (je me souviens où est le truc, et du fait qu’il faut le brancher… c’est bien, non?) et on s’est fait un petit vin et fromages et melon en discutant Pologne (c’est bientôt!). Tout ce que j’aime! En fait, cette semaine, ma vie est relax… mais pas mal cool!

Jour 90 – Canal St-Martin et copineries

Aujourd’hui, j’ai écrit des billets. Je pense toujours que je vais réussir à touuuut reprendre mon retard mais, bizarrement, ça ne fonctionne jamais.  Le problème, c’est que je commence à fouiller sur le net, fouiller dans les guides, pour lire sur les endroits que j’ai visités, leur histoire et tout… et ça prend un temps fou!  Du coup, c’est pas gagné! J’ai quand même réussi à publier quelques trucs, c’est toujours ça de pris! Le pire, c’est que j’y ai presque passé la journée!

En soirée, j’ai pris mes pattes et je me suis risquée dans les rues parisiennes pour passer du 18e au 19e, ce qui n’est pas le coin le plus cute, par-dessus les chemins de fer et tout. Mais j’avais besoin de bouger, allez comprendre pourquoi! J’ai donc retrouvé Mo pour un verre en terrasse au-dessus du canal St-Martin, sur une table bancale, mais avec une chouette vue sur les bizarreries parisienne.  Je ne sais toujours pas ce que cette chose bizarre est supposée représenter!

On a fini la soirée dans un resto turc (bon, mais loin de ce que j’ai mangé en Turquie) à placoter non stop jusqu’à 23h, tout en observant le spectacle autour : la bataille pour le silence entre une famille qui voulait manger et 4 mecs qui voulaient manger ET rire fort. C’était limite drôle!

Je sens que tout ça est d’un intérêt, mais d’un intérêt!  Too bad, c’est MON journal de voyage!

Jours 88-89 – Paris et flâneries

Ouf!  De retour à Paris pour quelques jours après un mois intense de vagabondage. Et je ne reviens que pour mieux repartir samedi… et encore moins arrêter d’ici là! Ça promet hein! Je pense que j’étais un peu fatiguée vu que malgré que je me sois couchée hyper tôt, je me suis réveillée… le samedi matin à 10h30. Wow! Et vous dire à quel point je n’étais pas réveillée. Delphine me regardait virer en rond en cherchant… vous savez, quelque chose pour mettre le thé… avec une anse?  Ouais, c’est ça. Et je la cherchais dans la poubelle. Ça peut vous donner une idée de l’état brumeux de mon cerveau. Le pire, ce que je n’avais même pas bu la veille.

Delphine m’a sortie de ma léthargie à coups de thés et m’a botté le derrière pour que je parvienne à repérer le chemin de la douche (en me rappelant bien de prendre une serviette) et nous sommes parties nous balader vers Opéra… pour aller chez France Loisirs et dans une boutique de carnets. Vous pouvez vous imaginer que ça a été un peu plus long que prévu, qu’on a commenté TOUS les livres et qu’on a regardé TOUTES les cartes! Sinon ce n’est pas drôle!

Delphine m’abandonnait ensuite pour un souper chez des amis (elle prévoyait tellement picoler qu’elle a déterminé d’avance qu’elle dormait là) et moi, je n’ai RIEN foutu. Le blog déconnait (alors que j’avais prévu de faire des billets) alors j’ai été OBLIGÉE de jaser avec les copains d’un côté et de l’autre de l’océan. On a aussi préparé le prochain road trip, prévu un peu l’itinéraire… bref, on a été très efficaces dans notre rien-foutage. Si on veut.

Le lendemain (soit le « aujourd’hui » du moment où j’ai écrit le billet) n’a pas été mieux hein… Lecture, traînasseries, discussion avec le service à la clientèle de mon hébergeur, balade jusqu’à la gare pour changer un billet de train avant de manger.  Après le retour de Delphine, qui était légèrement léthargique, allez savoir pourquoi, on s’est rendues chez son marchand de thés pour admirer les jolies tasses et les magnifiques théières… ainsi que pour se taper la discute avec Monsieur Bonthés, qui connaît tout le quartier et qui est un champion de la placote. On est ressorties de là bourrées de thés (froid et chaud) et de cadeaux. Ya pire comme après-midi! Ou comme journée!

Mademoiselle Samedi soir – Heather O’Neill

Le comment du pourquoi

Au départ, parce que le roman a été traduit par Dominique Fortier, et ensuite parce que j’avais adoré Hotel Lonely Hearts, avec son réalisme magique et sa fantaisie. Du coup, il fallait bien que je lise cette nouvelle traduction du deuxième roman de l’autrice.

De quoi ça parle

Nous sommes dans les années 90, à la veille du référendum. Les « petits » Nouschka et Nicolas Tremblay, les jumeaux du chansonnier un peu has been Étienne Tremblay, ont 19 ans et vivent pauvrement avec leur grand-père un peu sénile, Loulou, boulevard St-Laurent. Ils sont jeunes, un peu fous, hors-norme, autodestructeurs et étrangement beaux, vivant à leur manière dans un monde pas tout à fait prêts pour eux. C’est dans la tête de Nouschka, qui se définit comme écrivaine même si elle n’a jamais écrit, que nous allons vivre son questionnement et sa tentative d’émancipation et sa quête d’une identité propre.

Mon avis

D’abord, précision. Cette époque, je l’ai vécue, à Montréal, alors que j’étais étudiante. J’ai voté à ce référendum, j’ai vu les marguerites un peu partout et même si je ne vivais pas du tout dans le même milieu, j’ai côtoyé beaucoup de ces jeunes bohèmes, qui ne trouvaient pas de boulot en raison de la récession, et qui vivotaient. Bon, ceux que je connaissais étaient aux études et n’avaient pas du tout le même background que les jumeaux mais Heather O’Neill, elle-même montréalaise, retranscrit avec une exactitude étonnante l’atmosphère de cette époque et l’exaltation de la jeunesse, avec sa touche particulière de poésie et de léger, tout léger, réalisme magique qui ajoute encore à la toile de fond du roman.

J’ai vraiment apprécié cette plongée dans l’univers de Nouschka, qui est dans une relation fusionnelle et parfois destructrice avec son jumeau, qui a été abandonnée par sa mère et utilisée par son père comme animal de foire. À 19 ans, elle aime danser, elle est francophone (avec Tremblay comme patronyme, on s’en doutait) et sa recherche d’une identité propre est touchante. Il faut dire que j’ai un faible pour ces éclopés originaux pour qui la notion de « normalité » est soit inexistante, soit très, très différente de ce qui est accepté par la société.

Pourquoi prend-on des fois des décisions de schnoutte, même quand on sait pertinemment que ça va nous causer des problèmes? Comment gérer un changement dans une relation quand on doit quand même vivre « ensemble »? Qu’est-ce qui fait que parfois, on s’en sort, et des fois non. Toutes ces questions sont abordées à la fois à travers Nouschka, mais aussi à travers la question de l’identité québécoise francophone, en filigrane dans tout le roman. J’ai trouvé que l’autrice avait réellement réussi à se mettre dans la peau du personnage, dont les opinions sont diamétralement opposées aux siennes, sans tomber dans la caricature ou dans la dénonciation. Je vous rappelle que Heather O’Neill est anglophone, même si elle parle bien français.

Ajout post-rédaction : à ce sujet, je vous invite à aller écouter son entrevue à Plus on est de fous, où elle parle, entre autres, des deux solitudes et de l’incompréhension toujours présente entre les francophones et les anglophones au Québec.

Bref, une autrice à découvrir, un style qui me rejoint… et que j’espère que vous aimerez autant que moi! Ah oui! Il y a des chats. Plein de chats. Avouez que je viens de récupérer plein de lecteurs avec ça!

J’t’aime encore : monologue amoureux – Roxanne Bouchard

Le comment du pourquoi

Quand je vois le nom de Roxanne Bouchard sur un roman, en fait… je fonce, sans même savoir de quoi il est question.

De quoi ça parle

Je pense que le titre est assez explicite, n’est-ce pas! Ce texte est en fait l’adaptation (légère, l’adaptation), d’un texte dramatique ayant été écrit à l’intention de la comédienne Marie-Joanne Boucher. Il a déjà été joué au théâtre et raconte l’histoire d’une comédienne qui joue le texte de son amie Roxanne… sur la permaculture. Bien entendu, ça va déraper, on va parler d’amour, d’amour qui dure, avec ses hauts et ses bas. Et de shortcake au fraises.

Mon avis

Je n’étais pas la lectrice-cible pour ce roman, je crois. Je ne suis pas en couple, ce n’est pas non plus mon idéal de vie. Pourtant, les mots de Roxanne Bouchard ont résonné en moi et ça a parfaitement fonctionné. Comme quoi, des fois, sortir d’une zone de confort peut nous réserver de bonnes surprises. Le seul problème, c’est que maintenant, j’aurais bien envie de le voir au théâtre… et que ça ne joue plus depuis longtemps!

Le texte se veut donc un hommage aux couples qui durent… et un peu aux femmes de 40 ans aussi. Celles qui ont un passé et qui continuent tout de même à se construire et à évoluer. Ça parle de couple, des défis du quotidien, des petits travers qui nous énervent mais qui nous attendrissent aussi, finalement. Les mots sont simples mais évocateurs et nous permettent de saisir les subtilités des relations et des gens. La prose de Roxanne Bouchard sonne vrai et authentique, tout en faisant ressortir la profonde humanité des personnages.

La légère adaptation faite pour passer de la scène au papier, l’ajout d’un personnage externe très amoureux de sa femme qu’il emmène au théâtre, est fort efficace et rend le récit encore plus universel. Bref, j’ai beaucoup aimé!

Jour 87 – Bodleian Library et Christ Church College

Réveillée de bon matin à l’auberge jeunesse car l’une des filles (la même qui s’est fait un très long – et très odorant – traitement d’inhalo à minuit) s’est préparée pendant UNE HEURE à partir de 7h du  matin. Mais toute une préparation, là, qui impliquant des claquages de portes constants (alors qu’il y avait moyen de la fermer doucement). Les. Gens. J’ai attendu qu’elle parte pour me lever, boire du thé en discutant, et me diriger vers l’accueil de la Bodleian Library pour tenter d’avoir la visite guidée. Il faut réserver à l’avance et seulement la moitié des billets sont dispo sur internet… qu’on se le dise!

Dans la bibliothèque, pas de photos et même pas de cellulaire, car ça crée des interférences avec les micros. Du coup, pas de notes et moins de détails. La bibliothèque a une histoire qui date du 14e et était connue comme la « Duke Humfrey’s Library » pour abriter les livres qu’il avait donnés à la bibliothèque. Toutefois, avec les changements religieux, tout a été vendu, même les meubles et à la fin du 16e siècle, il ne restait que 20 livres en tout.  La bibliothèque a commencé à renaître après le don de Thomas Bodley, fellow de Merton College. On voit d’ailleurs ses initiales un peu partout… sur les gouttières.  Les statues, par contre, ne le représentent pas. Oups! La bibliothèque reçoit une copie de chaque livre publié en Angleterre. Ils ont donc… beaucoup de livres à Oxford et dans un entrepôt près de Swindon, qui va bientôt manquer de place. 5000 livres arrivent chaque SEMAINE! Et oui, paraît qu’il y a vraiment des tunnels pour amener les livres que les gens appellent.  On ne peut rien emprunter ici, seulement consulter. Même le roi n’a pas pu sortir de livre mais quand même, pour lui, on a créé des salles privées, que l’on peut voir dans la salle de lecture de la première bibliothèque.

L’entrée est monumentale et tout autour sont les salles de lectures et des portes rappellent les premières matières de l’université.  Devant, la tour des 5 ordres, avec un étage toscan, un dorique, un ionique, un corinthien et un composite.

À l’intérieur, la fameuse Divinity School, dont j’ai parlé hier, et qui a le plafond le plus extraordinaire du monde.  Il comprend les armes et les initiales des donateurs, mais aussi plusieurs belles sculptures religieuses.  Bref, on pourrait le regarder longtemps.

À l’étage, les liiiiiivres. Orgasme littéraire pour moi.  Plein de livres de cuir, de vieux livres de cuir, dans de vieilles étagères, sur deux étages. La guide nous mentionne qu’au début, les gens devaient lire debout et les livres étaient enchaînés, pour éviter les vols. Imaginez le bruit!!  Fait intéressant, les livres étaient rangés à l’envers, pour en protéger le dos. Évidemment, ça causait quelques problèmes pour lire les titres. Du coup, ils indiquaient un numéro sur la tranche, avec un index sur l’étagère.  Ils ÉCRIVAIENT sur les livres, vous réalisez?  Ceci dit, j’ai retenu un fou rire car un livre est toujours enchaîné pour montrer aux gens… et ils ont dû préciser que ce n’était pas un guest book… et please don’t write in it!  Il y a aussi un système d’alarme. C’est du sérieux ici! Bien entendu, j’aurais beaucoup aimé voir les salles de lecture, mais ce n’est pas possible… dommage. Et je ne pense pas que j’aie les qualifications pour pouvoir y faire un peu de recherche!

Photo d’une photo sous verre… mais bon, ça donne une petite idée.

La montée dans le clocher de St-Mary’s church vaut vraiment le coup.  La vue coupe le souffle et sérieusement, j’ai vu vraiment vu pire côté escaliers! Conseil : allez-y à l’ouverture.  J’étais toute seule, ce qui valait aussi le coup.  On a donc une magnifique vue sur All’s Soul’s college et sur Radcliffe Camera, de même que sur cette « ville château » qu’est Oxford.  Je vous jure, en photo, ça ne donne rien comparé à en vrai!

L’église elle-même est l’église universitaire et son histoire remonte au 11e siècle mais je crois que l’église actuelle date du 13-14e. La tour, en tout cas, date de cette époque. Elle a été le théâtre du procès des martyrs d’Oxford et de derrière le portail bien baroque, il reste tout de même beaucoup de trucs plus gothiques. Il contient aussi une plaque à Amy Robsart, épouse de Robert Dudley, favori d’Élizabeth 1e.  Restée à Oxford, elle a été retrouvée morte chez elle d’un « accident » suite à une chute dans un escalier. En fait, on ne sait pas vraiment hein…  Elle a été enterrée à St-Mary, de là la plaque.

Je continue ma balade en me rendant à Christ Church College dès l’ouverture. C’est cher. Je sais. Mais j’ai adoré cette visite et je suis ravie de l’avoir faite et la cathédrale a vraiment été un moment fort de ma visite. Et bon, c’est quand même l’école de Lewis Carroll!

Nous entrons donc par un édifice du 19e, qui servait de logement aux undergraduates.  Puis, l’escalier du 17e , avec un très beau plafond et que nous avons déjà vu, encore une fois, dans Harry.  Le hall principal, celui qui a inspiré le hall de Poudlard, est juste en haut et est aussi très beau et toujours en utilisation. Au fond, les tables des profs et les longues tables en bois sont alignées. Ceci dit, il y a des pancartes « ne pas s’asseoir » partout partout! Dans un vitrail, le portrait d’Alice Liddell, la fille du Doyen d’alors, bien connu de Dodgson, qui a été prof pendant 47 ans.

Dans la cathédrale, de très très beaux vitraux très compatibles avec le soleil du jour! C’est tellement beau. Je reste émerveillée devant le monument à Ste-Frideswide illuminé et par l’endroit en général. Le plafond du chœur est aussi super beau, on dirait que des lanternes pendent du plafond!

Je me balade un peu dans le marché couvert d’Oxford, je mange des biscuits et je pars jeter un coup d’œil dans les musées de la ville avant mon train à 15h. Le bâtiment du musée d’histoire naturelle est très beau mais si j’ai bien aimé les dinosaures et les fossiles, des animaux empaillés, c’est moins mon truc.  Les enfants trippaient par contre et les explications sur l’évolution des images populaires des dinosaures au fil du temps sont bien.  Et bon, ya des dodos! Enna, j’ai pensé à ton fils en voyant les insectes!

Le musée des sciences comporte beaucoup de sextants et d’instruments de navigation plus beaux les uns que les autres, dont celui de la reine Elizabeth 1e. J’adore ces trucs.  Il y a aussi un tableau où Einstein a écrit des équations lors d’un cours à Oxford. Ils se sont dit « ya un truc là ».. et on décidé de le conserver sous verre!

J’ai passé en coup de vent à Exeter (on ne peut visiter que la chapelle et le terrain principal). La chapelle vaut le coup par contre, et c’est gratuit… quand on réussit trouver l’endroit! J’ai dû demander

Finalement, juste avant le train, un petit cidre avec l’un des pensionnaires de l’auberge de jeunesse, dans The White Horse, un autre pub historique d’Oxford, situé en plein milieu de la librairie Blackwell, dont le fondateur était fort croyant, et fort « contre » l’alcool! Le pub n’a jamais bougé!

Retour en train après cette journée fort chargée, et petite marche d’une gare à l’autre, où j’ai pu découvrir Daunt Books et des anciennes écuries transformées en petites rues super charmantes, que j’ai pris le temps d’explorer avant d’entrer dans mon Eurostar – à l’heure cette fois – et de rentrer tranquillement à Paris, et de réveiller Delphine qui n’en demandait pas tant!! Bref, un super agréable séjour en Angleterre. Encore une fois!