
Le comment du pourquoi
Parce que ma mère le lisait et que je voulais en jaser!
De quoi ça parle
Nous sommes plusieurs années après l’histoire de Offred, la fameuse Servante Écarlate. Celle-ci n’est présente qu’en filigrane, mais son histoire a ébranlé la république de Gilead, d’une certaine manière. Les années ont passé et nous sommes toujours dans cette république théocratique, anciennement faisant partie des États-Unis, où les femmes ont perdu tous leurs droits. Entre être Épouses, Servantes, Tantes et Épouses Économes, il y a fort peu de choix.
Nous avons ici trois voix de femmes. Deux plus jeunes, fort différentes. Daisy habite au Canada avec ses parents Neil et Mélanie alors qu’Agnès est la fille du Commandant Kyle et de son Épouse Tabitha. Elles ont eu des vies fort différentes et ont par conséquent, une vision du monde tout aussi différente. La troisième narratrice nous a fait trembler dans la Servante Écarlate: la fameuse Tante Lydia, qui terrorisait les autres femmes et était prête à beaucoup pour les maintenir dans la servitude.
Dans le premier tome, nous avions que la théocracie s’était effondrée. Ici, nous allons savoir comment.
Mon avis
Est-ce que cette suite était essentielle? Non, absolument pas. Était-elle divertissante? Oh que oui!
Ce qui est toujours le plus épouvantable, avec Margaret Atwood, c’est que c’est complètement incroyable, mais que c’est toujours basé sur des certains faits et événements réels. Du coup, ça fait peur, surtout quand on regarde l’évolution de certains endroits du monde, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.
Si on reconnaît l’écriture d’Atwood, surtout dans la partie écrite par Tante Lydia, nous sommes toutefois loin de l’atmosphère qu’il fallait comprendre et découvrir par nous-mêmes, pour lesquels on ne nous donnait pas tous les codes et toutes les clés. C’était pour moi l’une des forces du roman, ce côté mystérieux, avec un seul point de vue, forcément biaisé. Ici, c’est très différent. C’est beaucoup plus traditionnel comme narration, malgré les trois voix très différentes. On est davantage dans une dystopie un peu plus conventionnelle, avec des héroïnes que nous voyons grandir et qui se retrouvent prises dans une situation beaucoup trop grande pour elles. Je suis restée accrochée à ces histoires, même si on voit assez vite où ça s’en va et si nous n’avons pas de surprise de folie. J’avais tellement rêvé à cet univers. Je m’étais tellement, tellement demandé comment on en était arrivé là, et comment ça avait bien pu s’écrouler. Du coup, bien sûr que je voulais savoir!
Le testament holographe, écrit par tante Lydia, est par contre passionnant. Elle est l’une de celle qui a connu l’avant. Elle avait une autre identité, une fonction dans la société. Et elle est tout de même devenue ce qu’elle est, une femme qui semble se plaire à torturer les autres femmes et à les garder dans l’ignorance et la soumission. Comment en est-elle arrivée là? Comment est-elle passée de femme à monstre? Et quel dessein poursuit-elle? Dans cette partie, j’ai retrouvé le côté tortueux d’Atwood. Elle a un réel talent pour faire voir une même situation par des regards différents, selon leurs référents et ce qu’on leur a martelé. Ça remet en question la notion de « choix », quand toutes les options ne nous sont pas présentées, ou qu’elle le sont de façon biaisée.
Bref, j’ai passé un excellent moment. Selon moi, pas littérairement au même niveau que le premier tome, ça boucle un peu trop toutes les boucles, mais ça fait tout de même réfléchir… et j’ai passé un excellent moment.

Et chouette, il entre dans le cadre du défi littéraire 2020 de Madame Lit! C’est donc ma participation de février!