Le pourquoi du comment
J’ai reçu ce roman juste un peu avant sa sortie et je l’ai sorti de la pile pour le challenge de l’été de Booktube Québec : lire un roman jeunesse /YA qui a un lien avec l’été. En plus, plusieurs personnes le lisaient. Du coup, je l’ai sorti. Et bon, on ne peut résister à un badge de camp en paillettes!
De quoi ça parle
Randall Kapplehoff a 16 ans et, pour la 4e année, il arrive au Camp Outland, son safe space à lui, un camp d’été de 4 semaines pour les jeunes queer. Mais cette année, pour Randy (oups, pardon, pour Del), c’est un extreme makeover car lui, le mec de théâtre, adepte de danse, de vernis à ongles et de licornes à paillettes, est follement amoureux de Hudson et ce depuis 4 ans. Le même Hudson dont les relations ne dépassent jamais 2 semaines et qui ne craque que pour des mecs « masculins » comme lui, ce que Randy n’est pas. Mais Del, oui! Del aime le sport, la nature, il est musclé et très « straight looking ». Donc, cet été, Del ne fera pas partie du musical annuel, mais ira plutôt à la conquête d’Hudson.
Mon avis
Entendons-nous tout de suite, je ne vais pas me poser en experte des problématiques vécues par la communauté LGBTQIA+. J’ai pas mal de copains qui en font partie, on en a discuté pas mal (avec une intensité directement proportionnelle au nombre de coupes de champagnes ingurgitées), mais si j’ai retrouvé certains des thèmes évoqués avec eux, ça ne représente pas leur vécu à eux (à noter: ils ne se connaissent pas nécessairement) et du coup, j’ai été prise de court au début du roman. En effet, eux dans le milieu gay, mes copains se sont toujours fait dire qu’ils n’étaient « pas assez ». Certains sont d’allure plus masculine, d’autres beaucoup moins, mais ils ont du mal à se faire accepter dans la communauté parce qu’ils ne fittent pas dans le moule. Du coup, le discours du début (qui est modulé par la suite, don’t worry), m’a un peu fait tiquer. Un mec gay ne peut pas être masculin sans jouer un rôle? Ben voyons! Le but, justement, ce n’est pas qu’il y a autant de façons d’être queer qu’il y a de personnes?
Bon, ceci dit, il paraît que c’est un vrai problème dans les communautés, ce fait qu’avoir l’air straight est « mieux » et du coup, je comprends pourquoi il est important d’en parler. De plus, le discours est modulé, à travers des conversations entre les jeunes. Ces conversations sont d’ailleurs ce que j’ai préféré dans le roman. Elles ont un côté très instructif, qui m’ont permis de mieux comprendre certaines réactions, mais ne semblent pas pour autant plaquées. Ça passe de façon hyper naturelle.
Mais bon… retournons au début. Le tout commence sur une idée que – avouons-le – plusieurs d’entre nous ont déjà eue : notre personnage principal veut se transformer en dreamboy pour son crush. Et ça, ça veut dire renier tout ce qu’il est et pas mal tout ce qu’aime. Cette année, il faut oublier la comédie musicale, les glitters et le vernis à ongles et faire du sport. Certes, il découvre que ça lui plait assez, mais ce n’est quand même pas sa passion. Ses amis, un peu étonnés de ce makeover extrême, tentent bien de lui dire que ce n’est peut-être pas l’idée du siècle, et que tout l’esprit du camp, c’est de pouvoir être lui-même, mais rien à faire, Del veut Hudson.
J’ai adoré l’amitié et la solidarité dans ce roman. Beaucoup plus ce que les relations amoureuses, qui constituent une grosse partie de l’intrigue. Vous savez, la romance et moi… J’ai aimé que les amis laissent Del faire ses propres expériences (et ses propres erreurs par le fait même), qu’ils le supportent malgré tout et qu’ils sont just fabulous (ouais, j’ai lu en anglais… j’ai du mal à rédiger mes billets en français ensuite). Il y a une réelle diversité de personnages queer, des situations complètement folles car Randy/Del doit cacher son identité (et réussit plus ou moins), et j’ai beaucoup aimé l’atmosphère camp de vacances, où tout est super intense et on ressent vraiment cette sensation de « bulle de bien être ».
Je ne suis pas la meilleure personne pour juger de la qualité des représentations queer mais je crois que ce roman peut sincèrement parler aux jeunes, qu’ils se questionnent ou non sur leur identité. Il y a un côté « sex positive » et plusieurs moments sweet. En tant que lectrice adulte qui ne trippe pas tant sur la romance, j’ai trouvé que cette partie de l’intrigue prenait pas mal de place et le reste m’intéressait davantage.
Un joli message de « Be yourself, no matter what they say » et sur le fait que les étiquettes ne nous définissent pas vraiment, qu’il y a davantage à une personne.
Et je serais vraiment contente de savoir ce que les gens de la communauté LGBT en penseront!