La balance et le sablier (Les pierres et les roses #3) – Elisabeth Vonarburt

Le comment du pourquoi

Parce qu’il fallait bien finir la série… et que de toute façon, je voulais absolument voir ce qui allait arriver aux personnages. Je vois cette série davantage comme un gros roman que trois livres séparés… je n’allais pas m’arrêter au milieu!

De quoi ça parle

Je vais vous envoyer voir mes billets sur le tome 1 et le tome 2 pour avoir une idée du sujet de cette série. Je vais juste vous rappeler que nous sommes dans le même univers que Reine de mémoire, mais longtemps avant. Très longtemps. Du coup, pas besoin d’avoir lu Reine de mémoire pour apprécier Les pierres et les roses. Mais on parle de rédemption, de quêtes, de guerres, de religion, le tout à travers des personnages attachants. Que demander de plus!

Mon avis – SPOILERS SUR LES TOMES 1-2

Après avoir tant aimé les deux premiers tomes, je ne vais certainement pas descendre ce tome en flèche, n’est-ce pas. Surtout que j’ai encore une fois pris énormément de plaisir à suivre nos personnages à travers leurs quêtes d’eux-mêmes et leurs tentatives de se pardonner malgré tout. Nous suivons donc surtout les mêmes personnages principaux que dans le tome 2. Rébecca, Briann et Guillem poursuvent leur quête, alors que les différents territoires grondent, que les trahisons sont partout. Ils n’auront aucun repos, mais alors aucun!

On reste dans la fantasy très Vonarburgienne, qui prend son temps et qui fait la part belle aux réflexions philosophiques et aux introspections. Les personnages demeurent imparfaits et sont profondément eux-mêmes, avec leurs défauts parfois agaçants. Malgré tout, c’est le tome où j’ai trouvé le plus de longueurs et somme toute, j’ai été un chouia moins passionnée qu’avec les deux premiers tomes. Ceci dit, à la fin, j’en aurais pris plus. C’est dire!

Je suis globalement satisfaite de la finale, même si j’aurais aimé en savoir un peu plus sur ceux que nous avons laissés derrière. J’ai apprécié la façon dont les deux histoires se sont rassemblées, ainsi que les explications mythologiques. Juste un petit bémol quant aux relations entre certains personnages. J’ai trouvé l’idée hyper intéressante mais j’aurais aimé qu’on aille encore plus loin dans le truc. J’aime beaucoup quand les liens se tissent graduellement et se transforment au fil des pages et c’est hyper bien fait ici.

Bref, une autre série réussie de Vonarburg… je vais être obligée de me remettre à Tyranaël maintenant… question de le finir!

L’hiver nucléaire – #3 – Cab

Le comment du pourquoi

Ben… j’avais aimé les deux premiers tomes! Et quel univers!

De quoi ça parle

Nous sommes à Montréal, en 2030. Nous retrouvons Flavie dans cet hiver perpétuel qui dure depuis plus de 10 ans. Quand elle revoir son ancien professeur en météorologie de l’UQAM et sa gang de jeunes chercheurs, ils vont lui proposer un projet fou… et bien entendu qu’elle va accepter, malgré le danger.

Mon avis

Une très bonne conclusion à une série très originale! Ce que ça peut faire plaisir de retrouver Flavie dans son Montréal coincé dans l’hiver nucléaire qui ne semble pas vouloir se terminer. Ici, il semble y avoir quelques variations dans la température et on part à l’aventure pour aller lire d’anciennes stations météo. Mais bon, il faut traverser l’indépendante Hochelag’ (à ne surtout pas appeler HoMa)… et ne traverse pas Hochelag’ qui veut! Flavie est essentielle à la gang de jeunes chercheurs.

Dans ce dernier tome, j’ai pris plaisir à retrouver les personnages et de voir où ils en sont les uns par rapport aux autres. Le chum hipster de Flavie me fait mourir de rire avec sa façon de ne PAS accepter la nouvelle réalité, quoi qu’il arrive. C’est plein d’humour (parfois un peu absurde l’humour… j’aime l’absurdité) et surtout plein de références visuelles au Montréal que l’on connaît. En tant qu’ancienne Montréalaise, ça m’a plu, of course.

Le scénario reste assez simple et j’en aurais pris bien davantage dans ce monde. Genre, j’aurais rêvé de BDs avec Flavie… deux fois plus épaisses. Mais en gros, c’est une série québécoise que je recommande.

Croc fendu – Tanya Tagaq

Le comment du pourquoi

La culture Inuit m’a toujours fascinée. Froid, nature, grands espaces, survie… ça me parle. En plus, comme on a une catégorie « littérature canadienne » pour Québec en novembre cette année, c’était l’occasion rêvée.

De quoi ça parle

Entre récit et poésie, nous suivrons une jeune fille de la fin de l’école primaire à la fin de l’adolescence. Entre réalité crue, mythes et légendes, nous la suivrons dans sa découverte d’elle-même et de ses valeurs.

Mon avis

Ce livre doit avoir 200 pages. Et j’ai mis une semaine à le lire. Et savez-vous quoi? Ce n’est pas la faute du livre. C’est juste qu’il demandait un peu plus de cerveau que la quantité qui m’était disponible ces temps-ci. L’écriture est superbe, les poèmes touchants, mais j’avais besoin de les lire AU MOINS deux fois. Ça donne une idée du comment du pourquoi je ne suis pas hyper enthousiste, contrairement à la plupart. Je n’ai strictement rien à reprocher au roman, c’est juste une rencontre qui a été un peu chaotique. Et la faute est la mienne.

Le voix de cette jeune fille est percutante. Mature trop tôt, elle grandit au soleil de minuit, dans une culture où la nature et les mythes font partie du quotidien. Dans cet univers, l’alcool, la violence et le danger sont omniprésents, mais il y a aussi l’émerveillement, la capacité de survivre et des relations fortes. La « normalité » et la banalité de la violence fait mal et il faut être assez blindé pour la lire. C’est dur, glaçant, raconté de façon crue, souvent très dérangeant pour le lecteur, mais c’est une voix qui est tellement peu fréquente qu’elle se doit d’être entendue. Il faut accepter de changer son cadre de référence.

Pour ma part, j’ai moins adhéré à la partie plus onirique, ce qui est assez étrange pour moi. Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris (ce qui n’est pas hyper important, en fait) mais la réflexion sur le bien, le mal, la spiritualité est intéressante. J’ai donc décroché un peu à la fin… de là la semaine. J’aimais quand je lisais, mais je n’avais pas envie d’y retourner.

Une jeune fille touchante à la recherche sa voix… je suis curieuse de voir si vous aimerez!

Les petits garçons – Sophie Bédard

Le comment du pourquoi

Comment résister à une BD à la couverture jaune pétante, hein? Comment? Surtout quand c’est publié par Pow Pow. Je l’ai donc emprunté à la biblio mais je sens que je vais tenter de le trouver parce que j’ai vraiment aimé.

De quoi ça parle

Lucie et Jeanne sont colocataires depuis un bon moment. Lucie ne va pas bien du tout. En peine d’amour, elle ne sait pas comment s’en sortir et Jeanne en a pas mal son voyage. Il faut dire que Jeanne a tout un caractère. Et un matin, la porte s’ouvre et entre Nana, qui a disparu depuis presque un an. Comme ça, comme une fleur. L’amitié peut-elle résister à tout?

Mon avis

C’est tellement, mais tellement mon genre d’histoire cette bande dessinée. Je ne connaissais pas l’autrice mais cette période de la vingtaine, quand on ne va plus à l’école mais que tout est encore possible, que personne n’est définitivement « casé » est peu exploitée alors qu’il y a tellement de choses qui s’y passent. Nos trois protagonistes se cherchent encore un peu, se demandent si elles s’en vont dans la bonne direction et leur relation évoluent en même temps qu’elles-mêmes. Nous les suivrons dans quelques semaines de leurs vies alors qu’elles se retrouvent et que leur amitié est bousculée.

L’autrice nous parle de cette période avec un regard très bienveillant. Oui, on va se planter. Oui, on va déconner. Mais bon, on se relève pis on recommence. C’est parfois pathétique, parfois – très – drôle, c’est criant de vérité et on ressent vraiment le vide et la peine de Lucie, même quand elle tente d’aller mieux. On a le goût de lui dire que tout va s’arranger, pauvre choupinette! Jeanne et Nana cachent aussi des fragilités sous leurs carapaces et elles sont touchantes, même si, dans mon cas, elles sont hyper différentes de moi.

J’en aurais pris davantage. Le thème de l’amitié adulte est aussi très bien traité et je viens certainement de découvrir une autrice que je suivrai à l’avenir.

Et j’ai crié sur les murs de ta ville – Maé Sénécal

Le comment du pourquoi

J’avais entendu des avis dythirambiques sur ce roman québécois et en plus, il y a de l’art dedans. Pourtant, comme vous le verrez, entre lui et moi, c’est l’histoire d’une rencontre manquée, mais vraiment.

De quoi ça parle

Riley a 19 ans. Après un événement qui l’a traumatisée, elle a trouvé refuge auprès de Jules, son meilleur ami. Sauf que bon, Jules est pris jusqu’aux oreilles dans le monde du proxénétisme, de la drogue, et tout ce que tu voudras. Elle habite donc dans un squat, est bénévole dans un centre de personnes âgées et pour exprimer sa rage, elle tague les murs de sa ville. Sa rencontre avec Phil, lumineux, va-t-elle lui redonner l’envie de s’en sortir?

Mon avis

Comme je le disais, ça ne l’a pas fait. Mais pas duuuu tout.  Toutefois, je comprends tout à fait pourquoi il a été un coup de coeur pour plusieurs personnes. Ce roman s’inscrit dans la lignée de ces ouvrages avec des personnages aux passés lourds, aux existences difficiles, qui se battent pour survivre et pour retrouver l’espoir, l’amour et le bonheur. Et ce type de roman, ce n’est clairement pas mon type de lecture préférée. Ça me fait soupirer à chaque fois. Si j’avais su, je n’aurais pas lu. 

En fait, ça a mal commencé. À la page 2, j’ai commencé à me gosser toute seule. « Trop d’adjectifs, trop d’adjectifs, trop d’adjectifs ». Et quand je commence à focusser sur quelque chose, je ne peux plus arrêter. Je n’ai clairement pas adhéré à l’écriture, un peu scolaire, avec beaucoup de périphrases, qui, pour moi, collait difficilement aux thématiques difficiles qui étaient abordées. J’ai pensé arrêter après une cinquantaine de pages, puis finalement, j’ai lu « vite » pour éviter de focusser sur la plume, ne serait-ce que pour faire plaisir à une amie qui a a-do-ré. 

Et ça reste très moyen pour moi, vu que je ne suis clairement pas le public cible. J’ai vu venir dès le départ, j’avais le goût de dire PARLEZ-VOUS BORDEL, surtout qu’il y a plein d’occasions où toute personne normale aurait expliqué. J’ai aussi trouvé certaines réactions complètement démesurées, certains gestes disproportionnés et le côté « bonne personne » de Riley trop lourdement appuyé. Pour moi, ça manquait de cohérence. Mais c’est clairement moi. 

Par contre, j’ai bien aimé certains éléments de la fin et les personnages de Fern et de sa Murielle ont été ceux qui m’ont le plus touchée. Les personnes âgées m’ont toujours fait cet effet et ceux-ci sont particulièrement émouvants. Il y a aussi un réel effort pour parler du milieu de la prostitution et pour humaniser les gens qui y sont impliqués. 

Pour le reste… ce n’était pas pour moi. Mais j’aurai essayé. 

Comment je ne suis pas devenu moine – Jean-Sébastien Bérubé

Le comment du pourquoi

Je crois que j’avais repéré ce titre lors d’une précédente séance de la BD de la semaine. Et maintenant, je le lis. Genre… un an plus tard. Welcome to my world.

De quoi ça parle

Jean-Sébastien a la vingtaine. Depuis qu’il est jeune, il est fasciné par la philosophie bouddhiste et comme il ne se reconnaît pas dans les valeurs occidentales et les valeurs que sa famille tente de lui inculquer, il décide de partir au Tibet pour devenir moine bouddhiste. Et, visiblement (suffit de lire le titre), ça ne va pas être si simple.

Mon avis

J’aime généralement les récits de découverte d’un pays et cet aspect dans cette BD m’a plu, of course. L’univers graphique de Bérubé me plaît beaucoup, on a parfois l’impression de marcher dans les rues et dans les montagnes du Tibet ou du Népal. J’aime le côté crayonné, qui fait parfois esquisse, parfois plus abouti.

Des amis ont eu des avis vraiment dithyrambiques sur ce roman (je suis toujours sceptique… où va ce « y ») mais pour ma part, je suis entre les deux. Certains côtés m’ont plu, mais j’ai trouvé la narration un peu linéaire et le propos dilué. Mais je m’explique.

Tout d’abord, gros courage de la part de l’auteur de se montrer vulnérable, et pas toujours à son meilleur. Nous avons là un homme qui se cherche… ailleurs. Il bégaie (et c’est la première fois que je vois un bégaiement bien fait dans un roman/BD… ouais, orthophoniste un jour…) et ne le vit pas bien. Il a une vision assez naïve et unidimentionnelle du bouddhisme et du Tibet et à son arrivée, il va vite réaliser que là où il y a de l’humain, il y a de l’humainerie. Sa conception idéalisée de la philosophie et de la culture de ces pays va être mise à rude épreuve et son évolution à cet effet est intéressante. J’aurais aimé, par contre, comprendre davantage et plus rapidement son attitude. C’est que c’est un touriste désagréable! Il croit tout savoir, tout comprendre et est toujours, toujours fâché. Je pense que j’aurais davantage apprécié si j’avais pu avoir accès à son introspection plus tôt dans le récit.

Un récit qui peut nous ouvrir une porte sur le Tibet et le Népal (mais bizarrement, ça ne me donne ZÉRO envie d’y aller sac à dos), très linéaire, mais qui a selon moi manqué de profondeur dans l’exploration de certains thèmes plus personnels.

À tenter, ne serait-ce que pour voir ce que vous allez en penser.

C’était ma BD de la semaine

Vlog lecture – Québec en novembre – Semaine 2

Wouhou, une deuxime semaine avec un vlog. Vous souvenez-vous, j’avais dit « moins long »?  Ouais, je sais. J’ai l’esprit d’auto-contradiction faut croire!

Dans ce vlog, pas mal de lecture, un peu de stress, quelques balades et pas mal de ménage. Hors-caméra toutefois. Vous ne voulez pas me voir faire du ménage. Ou regarder maman faire du ménage chez moi!

Et vous, que lisez-vous?

Livres mentionnés:

  • De Synthèse – Karoline George
  • Nouveaux mystères à l’école – Collectif dirigé par Richard Migneault
  • Fanny Cloutier – volume 3 – Stéphanie Lapointe
  • Bon chien – Sarah Desrosiers
  • Ma tête, mon amie, mon ennemie – Alain Labonté / Florence Meney
  • Gemme – Geneviève Boucher
  • Soda Mousse – Mélanie Jannard / Agathe Bray-Bourret
  • Une fille pas trop poussiéreuse – Matthieu Simard
  • Le jeu de la musique – Stéfanie Clermont
  • En pièces détachées – Michel Tremblay

Le lièvre d’Amérique – Mireille Gagné

Le comment du pourquoi

Non mais avez vu cette couverture? L’expression de cet oeil? Vous avez DÉPLIÉ cette couverture? Comment vouliez-vous que je résiste à ça?

De quoi parle

Diane a grandi sur l’Isle-aux-Grues mais nous la rencontrons dans la grande ville, plusieurs années plus tard. Elle est efficace, performante mais un jour arrive une collègue. Parfaite. Qui peut en faire plus qu’elle. C’est le déclencheur, et elle va tenter le tout pour le tout, cette opération dont on ne sait presque rien, mais qui a des effets secondaires inattendus. Certes, elle n’a pas bien suivi les consignes, mais tout de même…

Mon avis

Quelle réussite que ce roman! Une fable animalière qui dérange, qui fait réfléchir et qui remet en question plusieurs de nos valeurs actuelles. Nous allons suivre Diane à divers moments de sa vie et la voir perdre son « je » pour se remplir de vide, vide qu’elle tente de remplir par le travail.

Le récit se révèle par bribes, dans un curieux compte à rebours entrecoupé de passages de l’adolescence de notre héroïne, sur cette île qui l’a vue grandir. Ces passages sont particulièrement beaux, avec cette nature qui prend toute la place et ses expressions originales et imagées. Dans le présent, on la sent dépossédée d’elle-même, on est angoissé et avec la métamorphose qui s’amorce, le côté « aux aguets » prend davantage de place et la remise en question devient inévitable.

Ceux qui connaissent mon histoire personnelle savent que je n’ai pu qu’être touchée par l’histoire de Diane qui atteint le point de non-retour et qui se définit uniquement par son travail et sa performance. Ça fait réfléchir et ça remet les choses à leur juste place. La plume reflète parfaitement l’état d’esprit de Diane, qui perd pied, qui se sent envahie par l’esprit d’un aminal, jusqu’à trouver la ligne de faille.

Un texte fort, très actuel, auquel se greffe à la fin une légende algonquienne qui épouse parfaitement le propos et qui rajoute une dimension supplémentaire à cette histoire dont je me souviendrai longtemps.

Fanny Cloutier – 2 – L’année où mon père m’a forcée à le suivre au bout du monde – Stéphanie Lapointe

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Fanny Cloutier, que mon humeur générale est très moyenne ces temps-ci (désillusion par rapport à l’humanité entière… bref, passons), et que j’avais besoin d’une dose d’humour et d’adolescence. CQFD.

De quoi ça parle

Nous avons rencontré Fanny dans un premier tome, où son père, inventeur de son état, partait au Japon en la largant à Ste-Lorette, chez sa tante, sans lui donner le choix. Dans ce deuxième tome, il ne va pas encore lui donner le choix et l’amener avec lui au Japon, juste au moment où Fanny commençait à être se faire une petite place dans sa nouvelle vie. Joie bonheur, n’est-ce pas?

Mon avis

Fanny Cloutier, c’est et ça demeure un petit bonbon acidulé. C’est drôle, piquant et ça nous replonge en plein dans cette charmante période qu’est l’adolescence. Je suis hyper fan du graphisme (sauf des nez) et de la présention de la série. Encore une fois, c’est le journal de Fanny qui nous est offert : coloré, plein d’émotions exacerbées et de dessins. Je suis certaine que je finirai par m’offrir la série complète tellement c’est joli. Ou même, l’offrir à ma nièce. Mais bon, on va attendre, il ne faudrait pas lui donner d’idées d’ado! Elle en a ben assez de même!

Fanny s’est donc encore fait organiser par son père. Pour elle, ce sera Japon. Deuxième déracinement en quelques mois et inutile de dire qu’elle n’est pas contente. Pas contente du tout! Fanny me fait tellement penser à moi à cet âge. Moi, en moins pire. Le papa de la jeune fille fait bien ce qu’il peut, mais disons qu’il aurait besoin d’un cours d’adolescence 101. Côté sens des responsabilités, c’est pas tout à fait ça non plus!

J’ai bien aimé l’arrivée de Fanny au Japon, même si on ne le découvre pas beaucoup car la demoiselle, avouons-le, a quand même assez peu d’intérêt envers tout ça. Elle est beaucoup plus préoccupée, comme plusieurs ados, par son déracinement, ses amours et ses amitiés. Ceci dit, j’ai encore une fois beaucoup ri, les sujets sont moins « sérieux » que dans le premier mais ce n’est pas vide pour autant. Je lirai la suite avec plaisir.

Mes petits bémols de chialeuse : le langage des « Français-de-France » (bon, ok, sont tous expats…mais bon) aurait pu être plus authentique. Et, just sayin’, l’école, c’est pas synonyme de « fac » (qui veut dire université, alors que les héros sont d’âge « collège » et vont au « Lycée français de Kyoto »). Je n’ai jamais vu non plus un médicament qui agit comme celui qui est mentionné ici (je ne dis rien pour ne pas spoiler), mais encore une fois, je ne sais pas tout! Mais je pinaille.

Une série qui vaut vraiment le coup, qui se lit toute seule et qui nous fait passer un bon moment, le tout avec un visuel vraiment top! À découvrir!

Le Mammouth – Pierre Samson

Le comment du pourquoi

Le Mammouth était sur la liste de nombreux prix littéraires il y a quelques mois. Du coup, avant la Covid, je l’ai emprunté à la bibliothèque. Résultat? Début septembre, il est toujours chez moi et je l’ai FINALEMENT lu! Maman avait aimé en plus et j’aime bien confronter mes avis à ma mère vu que nous sommes rarement d’accord.

De quoi ça parle

Le roman part d’un fait divers de 1933. Nikita Zynchuck est un immigrant chômeur certes, miséreux certes, mais sans histoire. Un jour, lorsque ses anciens logeurs seront mis à la porte en raison de loyers en retard, il va tenter de récupérer une malle pleine de guenille et sera tué d’une balle dans le dos. Tirée par un policier, la balle.

Oui, je sais. Plus ça change, plus c’est pareil, n’est-ce pas?

Mon avis

Pour une fois, m’man et moi sommes du même avis : on a aimé toutes les deux. Let’s drink to that!

Ce roman, c’est une véritable plongée dans le Montréal cosmopolite du début des années 30. Le Montréal des petits, des désoeuvrés, des nouveaux arrivés, de ceux qui vivent à 8 chambreurs dans un appartement délabré. Le Montréal qui sent la crasse et la pauvreté. Le Montréal qui se relève tant bien que mal de la crise, qui a peur de étrangers, des Juifs et des communistes. On suit les personnages à travers la ville à l’époque et l’auteur réussit à la faire se déployer devant nous, avec les personnages qui s’animent et les façades oubliées qui reprennent vie, le temps de quelques pages. Certains ont trouvé le procédé assez redondant mais pour ma part, j’ai adoré la balade. Il faut dire que je connais bien Montréal (certains connaissent mon habitude de « marcher » les villes) et juste entendre à nouveau les vieux noms de rue, ça m’a fait sourire.

Le Mammouth, celui qui se fait lâchement tirer dans le dos par Gianni Sutto (et sa moustache), n’est pas vraiment le personnage principal. Sa mort met les choses en branle, la presque révolte ouvrière des immigrants et de plusieurs canadiens-français gagne-petit, le tout orchestré par des jeunes communistes (ayant déjà existé) avides d’égalité et de justice pour tous. La scène fatale sera vue par les yeux de plusieurs personnes : voisins, policiers et Simone Bélanger, jeune couturière qui, soudainement, réalise de quoi est faite la société et décide de ne pas rester spectatrice.

Un roman qui parle de brutalité et de corruption policière, de racisme et de justice à plusieurs vitesses. À travers le destin tragiques de ces gens très imparfaits, pleins de failles, l’auteur nous dresse un portrait coup de poing de la ville de l’époque. Pas hyper glorieux, le portrait. Autant les anglophones que les francophones en prennent plein la gueule et j’ai aimé qu’on évite le manichéisme à cet effet. Et la fin. J’ai aimé la fin.

Un roman qui fait rager mais bon, comment dire… mettons que lire le roman, encore aujourd’hui… ça peut faire réfléchir. Et que dans l’état actuel des choses, ça ne peut pas faire de tort.

Et comme c’est engagé, je décide que ça compte aussi pour le Pumpkin Autumn Challenge, ainsi que pour Québec en novembre!