Depuis que je suis petite, je suis en amour avec Chopin. Bon, c’était avant de voir sa photo, j’avoue, mais tout de même, sa musique a le don de me transporter ailleurs, de me faire rêver au grand amour lyrique et passionné. C’est plus fort que moi, ça marche à tous les coups! J’adore écouter Chopin, j’adore jouer Chopin… J’adore Chopin, quoi!
Il était donc logique que je le choisisse ce compositeur pour ce challenge musique classique afin de découvrir certaines pièces que je ne connaissais pas, ou moins. J’ai tout de suite pensé aux études, que j’ai écoutées et dont j’ai choisi mes préférées mais je TIENS à parler aussi de la première ballade en sol mieur . Ca risque de faire encore un joli roman! Gare à vous!
Frédéric Chopin est né en Pologne, à Zelozowa-Wola, près de Varsovie, le 1e mars 1810, d’un père français et d’une mère polonaise. La jeunesse de Chopin fut heureuse et principalement centrée sur la musique. Il possède l’oreille absolue, joue merveilleusement et compose dès l’âge de 6 ans. On peut lire que le jeune Chopin possédait un grand sens de l’humour mais que déjà, sa santé était fragile.
Il entra à 14 ans au Conservatoire de Varsovie et , à 15 ans, publiait son premier rondo. Il s’initie à l’opéra Italien, à Bach et à Mozart. Très tôt, il est convaincu que la musique qu’il a en lui n’est destinée qu’au piano. Chopin entame alors sa carrière de virtuose et voyage alors à Berlin, Vienne et Prague. Il est fêté comme le meilleur pianiste de Varsovie. À la veille de l’insurrection de Varsovie, en 1830, il quitte son pays, passe quelques mois à Vienne et finit par arriver à Paris, à la fin de 1831. C’est là qu’il sera consacré. Toutefois, il restera sa vie durant très attaché à sa patrie, la Pologne.
À Paris, Chopin délaissa après quelques années sa carrière de virtuose pour se consacrer davantage à la composition et à l’enseignement, qui collaient plus à sa véritable personnalité. Chopin enseignant le piano par passion et non par obligation. Il continue à donner quelques concerts mais moins fréquemment et joue davantage pour ses amis dans son appartement de Pigalle. Parmi ses amis peuvent être comptés Delacroix, Meyerbeer, Balzac et Franz Liszt, avec qui il entretiendra une amitié teintée de compétition. Il compose toujours, en grande majorité des oeuvres pour piano mais aussi quelques pages pour piano et orchestre.
Les amours tourmentées de Chopin sont relativement connues. On évoque souvent l’image du musicien séducteur, romantique et élégant. En fait, après une première déception amoureuse avec Marie Wodzinska, une amie d’enfance, il rencontre George Sand (Aurore Dupin, barone Dudevant) en 1836 et ils formèrent un couple jusqu’en 1847. Chopin est alors déjà malade et un séjour hivernal désastreux à Majorque en 1838 n’améliore pas sa condition. Par la suite, le couple mènera une vie mondaine et séjourneront fréquemment à Nohant, la maison de campagne de George Sand. Au cours de cette période, marquée par la mauvaise santé de Chopin, il sombre dans la mélancolie suite aux décès de son ami Matuszinski, de son premier professeur de piano et finalement de son père, Nicolas Chopin, en 1844.
Suite à la séparation d’avec George Sand, en 1847, Chopin effectue un court séjour en Angleterre où il donnera quelques concerts. Toutefois, la tuberculose fait son oeuvre et le climat londonien ne lui est pas favorable. Il s’éteindra des suites de cette maladie le 17 octobre 1849, à Paris, et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Selon sa volonté, son coeur a été transporté par sa soeur à l’église Sainte-Croix de Varsovie.
Chopin est l’un des grands pianistes de l’époque romantique (début du 19e siècle au début du 20e siècle), inspirée par le mouvement littéraire du même nom. Sa musique est souvent comparée à des poèmes reflétant le sentiment, l’émotion. Chopin croyait que chaque doit avait une sonorité différente et une position idéale sur le piano. Il insistai beaucoup sur le doigter qui était, selon lui, l’art de bien employer ses doigts. Il maintenait que la position idéale de la main sur les touches était su mi au si, avec trois doigts sur les touches noires. De là vient sa prédilection pour les tonalités truffées de dièses et de bémols. Il est aussi connu pour son célèbre tempo rubato, qui permet à la ligne mélodique de se balader, libérée de la rigueur rythmiquepour favoriser une interprétation expressive tandis que l’accompagnement reste immuable. Ceci a fait couler beaucoup d’encre à l’époque.
Première ballade en sol mineur, opus 23
Il faut que je vous parle de cette oeuvre parce que, la première fois que je l’ai entendue, je me suis dit spontanément: « Ca raconte ma vie, cette musique! » Elle est particulièrement chère à mon coeur et si je la joue maintenant (avec plus ou moins de succès pour certaines parties, je l’avoue), elle m’a bercée depuis de nombreuses années. C’était un rêve que de pouvoir l’interpréter… à mon niveau!
Cette ballade a été amorcée à Vienne en 1831 et achevée à Paris en 1835. Elle était l’une des préférées de son compositeur et Franz Liszt la décrivait comme une « odyssée de l’âme de Chopin ». Après une ouverture pesante à l’unisson, hésitante, le premier thème, ressemblant à une valse sortie de nulle part, apparaît. J’aime les accents un peu décalés, les hésitations perçues et les courtes vagues qui reviennent toujours, jusqu’à s’animer et à devenir plus passionnées. Tout au long de mes écoutes, je ressens une tentative de retenue, de douceur et d’harmonie, qui est là, qui se bat pour exister mais qui est toujours balayée par des élans passionnés, douleureux, irrépressibles, qui viennent transformer les thèmes doux en passages d’une grande intensité. Les discordances contenues dans ces passages sont très évocateurs pour moi. Les cadences sont rapides et traversent le clavier à toute allure et les thèmes sont magnifiques. J’adore également le « presto con fugo » joyeux qui précède la finale et le fait que toutes les voix sont belles. Certaines modulations majeur-mineur me font frisonner à chaque fois! Pour moi (et c’est bien personnel), cette balade est une recherche de soi, une tentative de sérénité dans une montagne russe d’émotions impossibles à contenir. Et à chaque fois, quand mon écoute se termine, je me dis que même si parfois j’aimerais un doux bonheur sans histoires, connaître cette intensité d’émotions, bonnes comme mauvaises, ces batailles face à soi-même, cette exaltation à l’occasion… c’est en soi un grand bonheur.
Mes interprétations favorites sont celles de Rubinstein et de Zimmerman. Je vous offre cette dernière version ici.
Étude opus 10, #3 en mi majeur – Tristesse
J’avais déjà entendu cette étude sans savoir que c’en était une. Difficile à concevoir à l’écoute! En effet, une étude, comme son nom l’indique, est centrée sur une difficulté particulière de la technique pianistique et vise à la travailler. Mais, en fait, si la pièce s’ouvre sur un thème très expressif et mélancolique à trois voix, sur la tendresse duquel j’ai adoré me laisser bercer, la partie centrale est une étude de sixtes qui demande alors un certain niveau de virtuosité. Chopin réussit à garder le sentiment malgré les difficultés techniques, qui est révélé à l’oreille comme un passage plus douloureux et émotif. Une bourrasque qui passe, toutefois, et l’étude se termine par le thème initial, tout en douceur.
Je n’ai pas trouvé de version qui me transporte pour la placer ici mais vous pouvez l’écouter ici.
Étude opus 10, #12 en do mineur – Étude révolutionnaire
Cette étude passe pour avoir été écrite en 1831, après la chute de Varsovie. Les difficultés techniques, qui pleuvent surtout dans la main gauche avec ses descentes chromatiques en chromatique sont totalement masquées par cle débordement d’émotions. J’ai ressenti dans cette étude une violence que je n’ai pas entendue souvent chez Chopin. On y ressent du désespoir, de la colère, parfois même de haine. Toutefois, des petits moments plus tendres viennent, par petites touches, adoucir l’atmosphère. Le tout avec l’énergie et la fougue du désespoir, dans un déferlement de notes rapides et fulgurantes. Quand les deux minutes et demie sont terminées, je me sens comme si j’avais assisté à une tempête dévastatrice. La finale me laisse toujours une impression de non acceptation, comme s’il était impossible à Chopin de se résigner. Et malgré la violence contenue dans ces notes… c’est magnifique!
Vous pouvez en entendre une version ici.
À noter, ces études opus 10 ont été dédiées à Liszt, également grand virtuose et ami de Chopin.
Et voilà pour ce deuxième billet pour mon challenge classique! Je sais, je sais, c’est trop long! Mais je n’ai aucun talent pour le résumé!! 😉