Football Fantaisie – Zviane

Quand je vois un pitch pareil, je ne peux pas résister. C’est que je suis madame grand-n’importe-quoi! Et bon, ceux qui ont peur, je vous rassure tout de suite, il n’est aucunement question de quelque ballon que ce soit (rond ou allongé) dans cette histoire!

De quoi ça parle

Eh boy. Quand je commence un résumé comme ça, c’est que ce n’est pas évident à raconter. L’histoire commence avec deux fillettes qui s’échappent d’un endroit étrange et qui sont poursuivies par des robots-tueurs commandés par un scientifique fou. Elles vont se retrouver dans un archipel étrange au nord de Gaspé où les gens parlent une langue étrange et font royalement ch… le reste du Canada.

Entre les aventures des deux fillettes, les flashbacks dans le passé et les élections fédérales qui révèlent politicailleries et magouilles en folie, pas question de s’ennuyer!

Mon avis

Si vous me connaissez un peu, vous pouvez vous imaginer que le côté grand n’importe quoi de cette histoire me plaît particulièrement. L’autrice a une imagination de folie et cette histoire m’a semblé une fable complètement folle qui parle certes du Canada, de langue et d’identité. Entre le savant fou, les expériences illicites pour manipuler la matière et les habitants en révolte (dont on ne comprend les mots mais clairement pas le sens qu’ils leurs donnent), c’est déjanté, délirant et très intéressant. On y trouve des références à Maurice Richard, au FLQ et (je crois) aux carrés rouges et j’adore ces petits « wink wink » à l’actualité. Zviane tape souvent dans le mille et a le don pour illustrer les dérapes et dérives de notre belle société, tout en restant dans un monde fantaisiste et en nous laissant tirer nos propres conclusions. Ça me plait davantage comme façon de faire que les leçons de morale.

Ceci dit, si j’ai aimé l’histoire, je reste moins fan du trait de Zviane et je n’adhère pas toujours à tous ses choix graphiques. Ici par contre, le code de couleurs et la ligne du temps sont bien trouvés (je rêve ou c’est la première fois qu’elle fait une BD en couleurs), c’est dynamique et le rythme est juste parfait. Cette grosse BD de 520 pages se dévorent toutes seules et j’ai pris plaisir à chercher les petits détails qui tuent. Il y a aussi clairement un jeu sur le langage/parole (scusez, dans ma tête d’orthophoniste, c’est pas pantoute la même affaire, je peux juste pas les confondre), non seulement avec la république de Banane-banane, mais avec les autres personnages qui sont presque tous un problème de parole (allergies qui rend le savant hyponasal, bégaiement ou une mystérieuse affliction qui fait transformer les /s/ en /f/) ou les enfants qui parlent avec des fautes. Sur ce dernier point, j’ai mis un moment à comprendre… ça me gossait un peu au début mais on s’habitue.

L’une de mes amies a eu un coup de coeur absolu, j’ai davantage de réserves (le personnage de la petite Annabelle m’a éneeeervée alors que mon amie l’adorait), mais c’est clairement un album à découvrir si vous aimez refermer un roman en vous disant « non mais qu’est-ce que je viens de lire là »!

C’Était ma BD de la semaine

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Après Céleste – Maude Nepveu-Villeneuve

Le comment du pourquoi

Ce roman est dans les finalistes pour Le prix des libraires du Québec 2022 et je me suis mis en tête de tous les lire. C’est donc pour ça que j’ai lu ce roman, que je n’aurais pas eu tendance à prendre autrement, because le thème. J’aurais manqué quelque chose. 

Et pour la joke, ma mère et moi avions demandé le MÊME roman en MÊME temps à la bibliothèque sans le savoir… et je me suis ramassée à prendre les deux en même temps à la biblio, sous les yeux ébahis du bibliothécaire, à qui j’ai dû expliquer, quand même. Parce que ça avait l’air un peu bizarre! 

De quoi ça parle

Dolores vient de perdre un enfant. Un enfant qui n’était pas né. Elle est retournée, comme ça, dans son village d’enfance au bout du monde, où elle va retrouver sa voisine âgée qui a une jambe dans le plâtre, et rencontrer sa petite voisine d’en face, 8 ans, qui tourne en rond seule chez elle. 

Mon avis

Ce que j’ai pu aimer ce court roman! Pourtant, ce n’était pas gagné. Le thème de la maternité, de la grosesse, me touche somme toute assez peu mais la plume de l’auteur, la façon d’aborder la peine, le deuil et ce désir fou d’enfant étaient juste parfaites. Charmée je suis. 

Dolores se noie dans le chagrin. Ce n’est pas la première fois, pourtant, mais ce n’est pas plus facile pour autant. Elle a fui, fui en arrière parce que les villages d’enfance sont un peu magiques. Ça aurait pu être gnan gnan mais il n’y a rien de développement personnel ou de psycho pop dans tout ça, malgré la voisine qui ressemble à une fée marraine et la fillette émerveillée malgré son chagrin à elle et le petit oiseau à soigner. C’est terriblement juste, les sentiments de Dolores apparaissent en montagnes russes, sans jamais pouvoir prévoir ce qui va la faire exploser ou ce qui va lui permettre de guérir. 

C’est un beau roman qui parle de deuils, de notalgie. Deuil péri-natal, certes, mais aussi de rêves d’enfance, d’amitié, de relations telles qu’elles qu’elles ont déjà été. Dire adieu à l’avant, et accepter que les choses changent et ne se passent pas toujours comme prévu. Certaines phrases sur les souvenirs m’ont touchée droit au coeur, le réalisme magique renforce le côté conte, c’est sensible, touchant et plein de finesse. 

Une autrice que je relirai officiellement. Un presque coup de coeur1

Les survivants – Alex Schulman

C’est après vu Séverine très retournée à la lecture de ce livre que j’ai décidé de me lancer dans ce court roman. Et c’était tout à fait sérieusement pour moi.

De quoi ça parle

Benjamin, Pierre et Nils retournent dans la fermette de leur enfance pour disperser les cendres de leur mère. À travers des flashbacks, nous comprendrons petit à petit leur dynamique ainsi que ce qui s’est passé lors de ce fameux jour, le jour de l’indicent.

Mon avis

J’aime beaucoup les histoires d’enfance et de fratrie, les récits qui nous font entrevoir les événements fondateurs d’une vie. Ce roman était donc fait pour moi. Carrément.

Nous avons une construction éclatée, entre passé et présent à rebours. Très bien faite, très maîtrisée. Ce roman est très ancré dans la nature, on se croirait projeté en Suède. Toutefois, malgré certaines scènes qui rappellent l’innocence de la couverture, le roman est très sombre. Nous avons une famille dysfonctionnelle, des réactions parentales imprévisibles qui rendent les enfants très insécures, comme s’ils marchaient tout le temps sur des oeufs. On sent de l’amour et de la rivalité et on voit les adultes qu’ils sont devenus. Les parents sont blessés, certes, mais aussi alcooliques et souvent maltraitants sans toujours s’en rendre compte.

Si je n’avais pas vu la réaction de Sève, je pense que j’aurais été surprise mais là, j’avais quand même compris certains éléments de l’histoire. Mon côté devin. J’ai aussi trouvé la finale un peu rapide. Par contre, c’est un roman auquel on repense suite à la lecture et une histoire qui, en très peu de pages, crée une amosphère familiale étouffante et prenante. C’est fascinant de voir comment le passé peut conditionner le présent et à quel point un événement dont ne reparle jamais peut avoir de répercussions.

Bref, un roman que j’ai beaucoup aimé!

Les ombres filantes – Christian Guay-Poliquin

De tous les romans québécois sélectionnés pour le prix des libraires du Québec, c’est celui qui me faisait le plus peur. En fait, j’avais lu « Le poids de la neige« , bien aimé, sans ressentir l’enthousiasme de 95% des lecteurs. Si l’auteur est formel sur le fait que ce n’est pas une trilogie, le personnage reste le même que dans les deux autres tomes, tout de même. Et tout ce qui est nature writing et post-apocalyptique, ce n’est pas ma tasse de thé normalement. Et pourtant…

De quoi ça parle

Un homme marche dans la forêt. Il tente d’atteindre le camp familial à travers les bois alors qu’il n’y a plus d’électricité et que les hommes sont aussi dangereux que les éléments de la nature. Et sur sa route va surgir, de nulle part, un petit garçon. 

Mon avis

Est-ce que c’est juste moi ou il y a un côté « Le petit Prince » dans ce roman?  Ce petit garçon blond qui sort de nulle part, qui pose des questions mais qui ne répond pas toujours quand on lui en pose… et qui ne dit pas toujours la vérité non plus… Bref, je pense que c’est cette référence, ainsi que les clins d’oeil aux romans survivalistes modernes, qui ont fait que, finalement, c’est clairement mon préféré de l’auteur. 

Nous sommes toujours dans cette écriture au « je », un peu hachée, aux phrases courtes. Toutefois, l’auteur réussit à merveille à nous faire ressentir la forêt, à faire ressortir en nous tout l’imaginaire de la forêt, autant son côté fabuleux que cauchemardesque. Toutefois, il y a un but à tout ça : le camp familial, où tous les oncles, tantes et quelques cousins sont réunis. Sauf que la famille, ce n’est pas toujours simple, surtout quand les générations se côtoient. Et vivre ensemble, ça devient vite étouffant. 

Ce côté post-apocalyptique, ce retour à la terre aux causes qui restent fort mystérieuses, c’est étrangement réaliste et ça fait réfléchir. A-t-on tous besoin de la même chose? Peut-on repartir à neuf? L’homme est-il vraiment un loup pour l’homme? 

Une autre belle lecture pour ce Prix des libraires du Québec. Franchement, j’aime beaucoup la sélection de cette année. 

FastForward – Robert Pasternak

Cet ouvrage, paru chez Moelle Graphik, est décrit comme une histoire complète en soi. C’en est probablement une. Mais pour moi, c’est davantage une oeuvre d’art. Lire cet album, c’est accepter de perdre ses repères et de ne pas chercher à tout comprendre. Dans mon cas, je n’ai clairement pas tout compris. Genre, vraiment pas. Étrangement, ça ne m’a du tout dérangée et ça n’a aucunement nui à mon plaisir de lecture.

C’est que chaque planche fascine. J’ai passé de longues minutes sur chaque page, faite de couleurs franches et de formes géométriques. L’auteur joue sur les classiques 12 cases, avec divers thèmes et variations sur un même thème. On passe de la terre à l’espace, les personnages de notre histoire côtoient les robots et les astéroïdes. Certes, l’histoire est accélérée mais la lecture ne l’est absolument pas. Pour apprécier, il faut prendre son temps, observer chaque page et chaque planche et, parfois, avoir l’impression de comprendre quelque chose et de discerner un pattern ou une thématique. Entendons-nous, je ne connais pas l’oeuvre de Robert Pasternak alors dès que je croyais « voir » quelque chose, je faisais limite une danse de la joie mais juste me casser la tête pour trouver ue possible signification me poussait à réfléchir. Oui, ça m’arrive, des fois!

Ceci dit, il faut aimer l’abstraction et les motifs hallucinants et géométriques. Comme j’adore, c’était gagné d’avance dans mon cas. J’ai vu plein de choses… quant à savoir si ce sont les bonnes, c’est une autre histoire! Si la couverture vous plaît et que vous avez envie de voir près de 100 pages du même genre, allez-y sans crainte!

Cette confusion sera superbe – Martin Talbot

La réception de ce roman a été pour moi une surprise mais le thème m’a tout de suite intepellée et je l’ai lu dans la journée. Ça n’arrive clairement pas souvent alors ça valait la peine d’être mentionné. Mais bon, l’art, la poésie… ça me parle!

De quoi ça parle

1972, la poétesse Huguette Gaulin s’immole par le feu devant l’hôtel de ville en criant « Vous avez tué la beauté du monde ».

De nos jours, Sarah est une jeune actrice en plein questionnement, Benoit est réalisateur et travaille sur un film au sujet de Gaulin tandis que Daniel, son frère ayant une santé mentale fragile, passe ses journées à la grande bibliothèque à lire et annoter des ouvrages. Tous ces personnages vont revisiter, à leur manière, l’oeuvre de la poétesse.

Mon avis

Les livres qui parlent de livres ou d’art, je ne résiste jamais. Un roman choral en plus, c’était clairement pour moi et, effectivement, ça a été un très bon match avec la lectrice que je suis. Nous avons donc un court roman où l’auteur, par petite touches, nous permet certes d’entrevoir la vie de cette poétesse dont nous connaissons surtout la triste fin (merci Plamondon), mais aussi de réfléchir sur le sens de son oeuvre, sur la santé mentale, la famille et l’art en général. À travers ma lecture, j’ai eu l’impression d’ouvrir quelques fenêtres ouvertes sur des moments de la vie des personnages pour comprendre leur mal-être et leur relation à l’art en général.

Chaque portrait est émouvant mais celui de Benoit m’a particulièrement touchée. L’auteur réussit à merveille à décrire l’amour mais aussi l’incompréhension et l’épuisement induit par les éternels recommencements de son grand frère. Ces portraits m’ont tellement rappelé des conversations avec un ami qui a vécu une situation semblable… Ceci dit, ces portraits sont mis en relation avec la vie et l’oeuvre de la poétesse Huguette Gaulin, alors que le cinéaste (dans le roman) et l’auteur (du roman) tentent d’imaginer ce qui a pu la mener à poser ce geste d’éclat.

Le roman est parsemé d’extraits de l’oeuvre d’Huguette Gaulin, que je connaissais somme toute assez peu, à l’exception d’une ou deux phrases. Sa poésie est un peu surréaliste et pas si facilement accessible. J’ai toujours cru que j’y trouverais un fort message écologique mais s’il est là, je ne l’ai pas nécessairement bien cerné. La plume m’a beaucoup plu et la scène finale, avec un côté très cinématographique, était super bien construite.

Bref, une réussite pour cette nouveauté. Je pense sincèrement que j’étais la bonne lectrice pour ce roman!

La fille d’elle-même – Gabrielle Boulianne-Tremblay

Le comment du pourquoi

Yep, encore un roman pour le prix des libraires du Québec. Celui-ci, j’aurais fini par le lire, ne serait-ce que pour la subline couverture. Non mais elle n’est pas trop belle?

De quoi ça parle

Ce roman est une auto-fiction, écrite par l’autrice et actrice trans Gabrielle Boulianne-Tremblay. Nous allons la suivre de l’enfance à l’âge adulte, alors que tout le monde la prend pour un garçon alors qu’elle sait, elle, dans le fond d’elle-même, qu’elle est une fille. 

Mon avis

Le roman s’ouvre sur un manifeste, celui de personnes trans, qui fait réaliser à tous ce que c’est, au quotidien, d’être trans. Et là, j’ai eu peur. Parce que si j’aime bien lire des écrits engagés, revendicateurs, quand je lis des essais, j’aime un peu moins quand c’est le cas dans des romans. Il faut aussi savoir que je ne connais que deux personne trans et que les deux sont plus vieux que moi. Leurs combats et leurs opinions ne rejoignent pas nécessairement tout ce qui est exprimé dans ce manifeste d’ouverture. Ayant vécu récemment une engueulade assez intense entre deux amis (le cis traitant le trans de transphobe – ce qui est possible – le tout finissant par un téléphone jeté dans une toilette…), je n’ai toutefois aucunement l’intention d’élaborer sur le sujet vu qu’en plus, je ne suis pas la mieux placée pour en parler. 

Mais revenons au roman, très bien écrit, souvent poétique, avec une plume très évocatrice. Nous rencontrons une jeune fille, jamais nommée, qui vit dans un petit village de Charlevoix, au bout du chemin. Elle a un grand frère protecteur, un père absent qui travaille sur la Côte-Nord et une mère qui fait son possible. Pas toujours doux et compréhensif, le possible. Disons qu’au quotidien, la vie n’est pas facile. 

J’ai beaucoup aimé toute cette première partie, pendant l’enfance et l’adolescence. Les vignettes sont des instantanés, qui font vivre sous nos yeux cette petite fille, qui ne comprend pas pourquoi elle ne pourrait porter de talons hauts ou encore porter des robes ou jouer aux barbies. Elle est très touchante avec sa colère et son incompréhension des stéréotypes de genre imposés par la société. J’ai beaucoup aimé ses histoires d’amitié, ses premiers émois, c’est très sensible mais dur à la fois. La famille est clairement dysfonctionnelle, ça ne va pas du tout. C’est vraiment la partie que j’ai trouvée la plus intéressante. J’avais peu lu à propos de cette partie de la vie d’une personne trans. 

J’ai moins apprécié la dernière partie, le début de l’âge adulte, probablement parce que j’avais davantage lu de récits de ce genre. Le personnage principal est tellement différent de moi, réagit tellement différemment, que j’ai eu davantage de mal à comprendre à son ressenti, notamment par rapport au sexe. Toutefois, l’autrice réussit à rendre son alter-ego profondément touchant, profondément humain avant tout. Sa souffrance est palpable, même quand elle vit sa transition. Le regard des autres est pesant et on a mal quand on voit s’effriter sa relation amoureuse. 

Un beau roman, qui ne m’a touchée de façon inégale, mais un roman nécessaire pour mieux comprendre. Un récit d’apprentissage, un passage à l’âge adulte pas facile.  J’ai apprécié la petite lumière qui pointe au milieu de toute cette souffrance et la possibilité de beauté, même après des parcours difficiles et différents. 

Dans la tête de Sherlock Holmes – 2 – L’affaire du ticket scandaleux – Liéron / Dahan

Finalement, j’ai pu emprunter cette BD à la bibliothèque! J’avais reçu le tome 1, j’avais trippé sur les graphiques alors il fallait que je continue la série, of course! Et bon, maintenant, je la veux dans ma bibliothèque. Ce qui n’est pas nécessairement le but quand on emprunte, je l’admets. But call me bizarre!

De quoi ça parle

Dans le premier tome, Sherlock et Watson avaient mis à jour une affaire étrange, qui impliquait des enlèvements suite à un spectacle de magie. Semblerait-il qu’un dernier acte se prépare. Sherlock réussira-t-il à déjouer le complot à temps?

Mon avis

Cette conclusion du dyptique tient parfaitement les promesses faites dans le premier tome. Sherlock reste Sherlock, l’enquête se tient et surtout, surtout, les illustrations restent magnifiques! Et oui, il y a encore un trou sur la couverture et des trucs à voir par transparence. J’adore ce genre de petits trucs en plus et on a ici un graphisme complètement éclaté, avec un design original et des cases de toutes les formes. Nous avons la possibilité de suivre la pensée de Sherlock, avec le fil rouge qui l’aide à tout mettre en ordre dans son cerveau hyperactif et à bien gérer les indices. Et c’est vraiment bien fait!

Nous sommes encore à Londres, j’adore les plans de la ville et la quantité incroyable de détails. J’ai dit que je m’ennuyais de Londres, hein? Un jour, je vais pouvoir voyager à nouveau. L’histoire se tient, elle est bien ancrée dans son époque, tout en soulevant des questionnements intéressants. On a les réponses à toutes nos questions, tout en respectant la forme typique des récits de l’époque, avec les révélations en grande pompe.

Bref, une finale qui tient ses promesses et une BD qui mérite clairement d’être découverte!

Tous les billets chez… cette semaine!

The Bone Season – 1 – Samantha Shannon

Le comment du pourquoi

Soyons clairs, j’ai reçu les tomes 2-3 en service de presse et comme j’aime bien l’autrice, je me suis dit que ce serait une bonne idée de commencer la série, commencée en 2013. Ce serait le temps, hein! Et le fait que ce soit de très très beaux livres ne nuit pas!

De quoi ça parle

Nous sommes en quelque part vers 2059 (oui, je suis trop paresseuse pour vérifier) et 200 ans auparavant, les Unnaturals sont apparus, mettant fin à la royauté en Angleterre et permettant la naissance de l’état de Scion, clairement opposé à tous les clairvoyants. Paige est une clairvoyante, membre d’un syndicat de criminels, à Londres. Ce n’est pas comme si elle avait tant de choix : vivre cachée ou encore vivre dans ce monde. Pourtant, elle va se faire prendre, être transportée dans un endroit où elle se retrouvera au service d’un étrange personnage qui n’est pas humain. 

Mon avis

Ce type de roman est tout à fait ce dont j’avais besoin à ce moment précis. Un univers intéressant, de l’action à foison et une entrée en matière qui n’est pas trop introductive… la plupart du temps, ça passe et ici, ça a passé. Clairement, ça a passé. Entendons-nous, on se retrouve avec une jeune adulte qui a un pouvoir très très spécial, placée dans une situation très très spéciale, qui est très téméraire et qui prend des décisions que je ne comprends pas vraiment. Ceci dit, je suis terriblement peureuse alors clairement, je ne me serais pas garrochée dans tout ça comme elle. Du coup, je trouve qu’elle prend des décisions de schnoutte! Je ne suis clairement pas badass, malheureusement!

Maintenant que mon bougonnage est fait, ce roman est très prenant, les pages se tournent toutes seules et je ne me suis pas ennuyée une seconde. Certains ont trouvé des longueurs mais j’ai pour ma part trouvé que ces moments de réflexion permettaient de s’assacher aux personnages et à bien entrer dans cet univers, que l’on découvre petit à petit. Le mélange d’uchronie et de fantasy est hyper réussi et les personnages non-humains que nous découvrons sont fort mystérieux. Je suis le genre de lectrice qui aime comprendre graduellement alors ça m’a plu… et j’aime beaucoup la fin de ce tome. 

Beaucoup d’action et de péripéties mais aussi un univers développé, dans lequel il y a beaucoup à faire. Très divertissant, on s’attache à ces personnages, certains moments sont déchirants… et bref, j’ai déjà commencé la suite!

House of Leaves (La maison des feuilles) – Mark Danielewski

Ce roman me parlait depuis une éternité. Vous savez comment j’aime les affaires bizarres, les constructions folles et les récits enchassés. Bref, j’attendais le bon moment et finalement, j’ai fait n’importe quoi, je l’ai acheté quand Séverine en a parlé, pour réaliser ensuite qu’elle voulait le lire en LC… en novembre. Vous imaginer que moi, la fille qui garde les livres 10 ans dans sa pile, j’étais INCAPABLE d’attendre plus de 4 jours pour le lire hein! Ouais, j’ai l’esprit que j’ai l’esprit de contradiction. Alors je l’ai lu.

De quoi ça parle

Oh. Boy. Ok. J’essaie d’expliquer. Nous avons donc une histoire à trois niveaux. D’abord, l’histoire de Navidson, un cinéaste qui emménage dans une maison qui, étrangement, semble bigger on the inside. Il va donc documenter ses explorations dans la maison et, bien entendu, ça ne va pas du tout bien aller. Il va en faire un film devenu culte. C’est, mettons, l’histoire principale. Mais Navidson n’est PAS le narrateur principal!  C’est plutôt Johnny Truand (ou Errand, dépendant de la langue), qui a trouvé par hasard un manuscrit colligé par Zampano un vieil homme aveugle, qui a écrit pendant des années un livre sur le dit documentaire, avec force notes de bas de page. Et lui, Johnny, va tenter de le faire publier, tout en y laissant sa santé mentale. Avec tout autant de notes de bas de page. Ah oui, je vous ai dit que, même dans le roman, le documentaire de base n’existait pas?  

Mon avis

Weird?  Oui, weird. Très very weird. Je suis certaine que c’est ce que vous vous dites en lisant ce résumé. Et vous auriez raison. Toutefois, c’est le truc le plus bizarre, le plus extraordinaire et le plus déroutant que j’ai lu depuis longtemps. Genre, vous savez le genre de roman duquel il est impossible de faire un avis construit, mais pour lequel vous vous dites qu’il VA faire partie de vos favoris de 2022 alors qu’on est en février? C’est ce genre de livre. Magistral pour l’amatrice d’oeuvres ahurissantes, longues (739 pages en anglais et, je pense, plus de 1000 pages en VF) et « twisted » que je suis. 

Autour de ce reportage qui apparaît dès le début fictif va se créer tout un mystère, un culte, et tous ceux qui semblent s’y plonger y laissent leur santé mentale. Dès lors, on se retrouve dans une fantasmagorie assez particulière, alors que tout le monde, même après, même à distance, semble être envahi par cette maison… qui n’existe pas. Qui existe, finalement?  On se le demande. 

On me l’a décrit comme un roman d’horreur mais je n’ai pas eu peur. C’est extrêmement anxiogène par contre et il faut accepter de ne pas comprendre, de partir à la découverte de cette maison qui n’est jamais la même et qui rend fou. J’ai été assez très intriguée par cette fascination car après tout, on lit un documentaire sur un documentaire, avec des notes de bas de pages… et des notes de bas de pages sur les notes de bas de page. C’est exigeant, il y a des mots dans tous les sens et surtout, surtout, dans les périodes d’exploration, la mise en page réussit à recréer ce labyrinthe, ce rythme cinématographique qui hypnotise. C’est d’une originalité folle et ça nous happe, quand on réussit à rentrer dedans… et qu’on accepte de voir apparaître, soudainement, un exposé sur les échos ou la philosophie. Moi, je trouve ça génial. I’m a sucker pour les notes de bas de page. (Et je l’ai lu en quoi… 5 jours… c’est demandant mais ça se lit, quand même). Et le Halloway tape… magistral. 

On peut lire certaines parties séparément mais pour ma part, j’ai adoré le tout, la réflexion sur la santé mentale, sur la réalité. J’adoré les codes et les easter eggs cachés partout, ça me fascine. Les lettres, dans les annexes, sont magnifiques et cette évolution est géniale et nous permet de mieux comprendre le personnage de Johnny qui est ma foi… déconcertant. De plus, l’évolution de la relation entre Karen et Navidson est très bien décrite, sans réel parti pris. Tant d’incompréhension malgré tant d’amour… 

Une expérience de lecture que je ne recommanderais pas à tout le monde, clairement pas. Mais si vous avez envie d’une expérience de lecture complètement déjantée, go for it… et revenez me voir pour m’en parler! Vous ne voulez même pas savoir le nombre de théories abracadabrantes qui traversent mon petit cerveau étrange!