Présentation (de moi… celle de mon édition raconte tout)
Un soir de Noël, un groupe d’amis est autour du feu et raconte des histoires de fantômes. Si des histoires inventées font peur, que dire d’une histoire qui est réellement arrivée. Des fantômes sont apparus à deux jeunes enfants et à leur gouvernante. L’un des membres du groupe a en sa possession les écrits de la gouvernante et ils pourront donc entendre son récit, celui d’une maison isolée en Essex, où elle a la charge de Flora et Miles, deux enfants adorables. Leur oncle, domicilié à Londres et qui lui a fait beaucoup d’effet, la met en charge de leur éducation, en précisant que surtout, il ne fallait jamais le déranger, ni lui écrire. Sauf qu’un jour, un homme étrange apparaît tout en haut d’une des tours de la maison.
Commentaire
On m’avait dit que c’était une histoire de fantômes mais après avoir refermé le livre (et y avoir réfléchi un bon moment), je ne sais pas trop ce que j’ai lu, en fait. Ghost Story? Suspense psychologique? Je ne crois pas qu’il y ait de vraie bonne réponse car selon moi, l’une des force de cette histoire d’Henry James est que plusieurs points restent flous, à la discrétion du lecteur, en fait. Je suis passée par plusieurs étapes pendant cette lecture. J’ai douté de tout le monde, j’ai tout retourné dans ma tête et, au rythme des mots et des atmosphères suggérés par l’auteur, je suis tombée en amour avec les enfants, j’ai douté d’eux, ils m’ont fait un peu peur, pour aussitôt retomber sous le charme… et recommencer le processus! Je me suis même demandée qui hantait réellement Bly!
C’est ma première rencontre avec Henry James (que je veux lire depuis que j’ai vu « Notting Hill »… défense de rire, tous les chemins mènent à la culture!) et je dois avouer qu’il m’a sincèrement fait douter de mon niveau d’anglais! Sa plume est riche et désuète à la fois, pleine d’expressions que j’avais rarement entendues et, surtout, d’une syntaxe réellement particulière. Disons que ces 91 pages m’ont pris beaucoup plus qu’une heure à lire!! Pourtant, ces mots, ce rythme, une fois habituée, sont savoureux et ont contribué à me faire entrer dans cette histoire où, au fond, il ne se passe pas tant de choses.
Ce qui m’a fascinée dans ce récit emboité (un narrateur anonyme raconte l’histoire d’un ami, qui lui, lit le récit de la gouvernante), c’est l’évolution rapide de notre ressenti par rapport aux personnages. Quelques mots suffisent et le long monologue angoissé de la gouvernante, qui découvre que la maison semble hantée et que les enfants semblent entretenir une relation avec ces fantômes, m’a allègrement promenée d’une impression à une autre. Ces non-dits, cette relation idyllique, ces enfants idéalisés, cette bulle de bonheur qui amène la gouvernante à éviter de leur poser des questions et à vouloir les protéger de tout, c’est intrigant. Miles a été renvoyé de l’école… mais elle n’ose pas lui demander pourquoi de façon directe et on se demande réellement pourquoi elle a si peur de perdre leur affection, qu’ils lui offent spontanément. Ai-je eu peur? Non, pas vraiment. Moi, la reine des peureuses, j’ai eu peur d’avoir peur mais même en pleine nuit, j’ai réussi à lire ce récit sans me cacher sous le divan, ce qui est déjà ça! Ce ne sont pas les fantômes qui m’ont le plus fait peur, en fait…
La plupart des lecteurs se divisent en deux clans quant à l’interprétation de ce récit et j’avoue ne pas trop savoir dans lequel je me situe. Dans celui qui se pose encore des questions, sans doute! Ceux qui l’ont lu, vous en pensez quoi??
Plaisir de lecture: 8/10