Si vous saviez à quel point je me suis fait ramasser sur les réseaux sociaux parce que je lisais Gogol! Non mais comment oses-tu lire et enrichir un Russe alors qu’il y a la guerre en Ukraine? Ceux que ça fait encore réagir à la lecture de ce billet… passez votre chemin. Ou encore allez voir où est né et quand a vécu l’auteur… juste de même!
De quoi ça parle
Quand Pavel Ivanovitch Tchitchikov, il fait tout de suite bonne impression. Il est charmant, rompu aux bonnes manières et, surtout, c’est un petit escroc. Son plan? Acheter des âmes mortes.
Vous ne savez pas ce que c’est? Je vous explique. À cette époque, dans l’empire russe, les propriétaires terriens devaient payer à chaque 5 ans un impôt pour tous les paysans qu’ils « possèdent » (j’ai vraiment du mal avec ce terme), et ce même si les paysant sont décédés. Pourquoi cet homme voudrait-il payer des impôts pour des paysans qui ne fournissent aucun travail? Voilà. Nous suivrons donc l’épopée de Tchitchikov à travers les domaines et les années.
Mon avis
J’aime la littérature russe classique. Ado, ce pays me fascinait, autant pré que post-révolution. Du coup, j’ai lu beaucoup, beaucoup d’essais à ce sujet et j’ai dévoré les classiques. Ce n’est qu’adulte que j’ai pu visiter quelques endroits au pays mais j’ai harcelé ma guide (qui avait aussi un diplôme de littérature) à ce sujet. Pauvre dame. Du coup, c’est ma foi assez surprenant que je n’aie jamais lu Les âmes mortes avant.
Nous sommes donc dans une comédie de moeurs, où l’auteur explore les bassesses humaines à travers la quête d’un petit escroc. Nous allons rencontrer longuement plusieurs personnes, souvent de petite noblesse ou des fonctionnaires, et assister à leurs négociations alors que Tchitchikov tente d’arriver à ses fins sans trop en dire et que son interlocuteur laisse entrevoir leurs côtés les plus vils. De l’avare au profiteur, en passant par le gambler, le portrait de la médiocrité humaine est parfaitement réussi. C’est rempli d’humour noir et impossible de ne pas faire de lien avec la société actuelle. J’aime toujours autant la plume de Gogol et je suis fan de ses portraits longs qui permettent un regard acéré sur ses personnages. Bref, une réussite pour moi.
Si vous voulez un roman plein d’action, passez votre chemin. Nous ne sommes pas du tout dans un roman plein de suspense ou d’action, même si notre anti-héros va devoir faire face à sa part de problèmes. Il l’aura bien cherché, direz-vous! Mais la critique sociale m’a semblé géniale. La première partie est beaucoup plus étoffée que la seconde, qui n’a jamais été vraiment complétée mais malgré tout, le roman se suffit à lui-même.
Une excellente lecture pour moi!