Vous le savez tous, je ne fais pas les choses à moitié, surtout quand il est question de ces monstres kulturels (copyright Fashion) que sont les Harlequin!! Comme il semblerait que j’aie eu un petit rôle à jouer dans cette idée folle initiée par Fashion et Chiffonnette – là, je parle des maintenant célèbres Harlequinades 2009 – j’ai décidé de ne pas faire les choses à moitié et je vous offre donc aujourd’hui cette:
« Étude comparative du Harlequin d’hier à aujourd’hui, dans une perspective sociologique, psychologique et… baisologique »
Ça fait sérieux, non??
J’ai donc lu non pas un mais QUATRE Harlequin!! Oui oui, quatre!! Un échantillon sooooo aléatoire (*tousse*) de deux Harlequin ayant été publiés en 1979 (les numéros 30 et 36) et de deux autres publiés en 2009, à trente ans d’écart. J’ai abouti avec la collection Azur parce que ce sont les seuls sur lesquels j’ai pu mettre la main mais selon le maintenant célèbre sondage, j’ai bien mal choisi car je serais plutôt de type « Black rose » ou « Historiques »… j’aurais dont du faire ça avant!!! (*insérer main qui se tape sur le front avec l’air d’être au désespoir*)
Et j’ai même apparié les thèmes à part de ça!
Dans la catégorie « mariages arrangés ou forcés », il y a eu:
« Mon mari, cet étranger » (Anne Mather, 1979): Jake Howard, millionnaire beau et cruel, a choisi Hélène comme épouse trois ans auparavant parce qu’elle avait la famille et la beauté qu’il fallait. Mais il la méprise pour avoir même accepté de l’épouser et Hélène lui est complètement insensible. Au point qu’ils vivent comme frère et soeur et ne s’en plaignent pas, ils ne se sont même jamais vus autrement qu’habillés pour sortir. Mais un jour, Jake revient de voyage et Hélène est sortie avec un ancien prétendant. Ôooo insulte suprême pour le Mâle possessif qui a selon lui acheté son épouse en l’ignorant superbement!! La colère de Jake ébranle Hélène, coeur de glace n’ayant rien ressenti depuis la mort de son père et soudain une terrible tension s’installe parce que bon, ils ne se fichent plus l’un de l’autre même si leur sport préféré est de se lancer des insultes par la tête! Mais ô malheur, ils se retrouvent soudain pris pour DORMIR DANS LA MÊME CHAMBRE! Hélène est scandalisée mais oups… elle réalise qu’elle n’est pas si froide qu’elle ne le croyait et qu’en fait, elle est la passion faite femme. Bon, il n’y a pas de problème à ça, bien entendu, vu qu’ils sont déjà mariés! Mais tous les deux ne veulent rien s’avouer et font comme si de rien n’était parce qu’ils sont soit totalement aveugles soit totalement stupides (ou un peu des deux) même s’ils sont terriblement blessés mais bien entendu, après une fuite chez la mère du monsieur et un retour en catastrophe, tout est bien qui finit bien! (je me moque… mais ça reste mon Harlequin préféré… à vie! J’aime et j’assume, malgré l’extrême kitchitude!!)
« Le fiancé d’une autre » (Michelle Reid, 2009): Lizzie, fille d’un homme d’affaire ruiné, est invitée au mariage de sa meilleure amie, Bianca, avec un millionnaire italien, le beau et ténébreux Luciano de Santis. Sauf qu’à quelques jours du mariage, la mariée fiche le camp avec le propre frère de Lizzie. Bien entendu, c’est la pauvre fille qui est prise pour aller le dire au mari abandonné, mari qu’elle a sur un coup de tête embrassé dans la cou pendant une réception! Et le mari insulté ne trouve rien de mieux à faire que de la garder prisonnière dans son domaine et de l’obliger à l’épouser à la place de Bianca. Ce qu’elle accepte de faire, après maintes protestations parce que monsieur menace de ruiner son père et son frère. Mais Lizzie n’est pas insensible au beau Luciano à qui, bizarrement, elle avait tombé dans l’oeil. Aussitôt à moins de 3 mètres de distance, ils se sautent presque dessus et réalisent que leurs anatomies sont faites l’une pour l’autre. Sauf que Lizzie est persuadée, malgré mille preuves du contraire, que Luciano se fiche de sa gueule et elle passe son temps à l’accuser de mille maux, jusqu’à ce qu’elle finisse par croire ce qu’il lui dit: il l’aime à mourir et, dans le fond, est bien content que Bianca ait foutu le camp!!
Dans la catégorie « Ancien amour retrouvé », j’ai:
« Le maître du manoir » (Anne Mather, 1979… je jure que c’est un hasard): Tamar (c’est quoi ce nom, sérieux??), peintre presque célèbre, décide d’aller se promener dans le village de son enfance, où elle a été cruellement trompée 7 ans auparavant. Mais Ross Falcon, l’homme riche et puissant qui en a épousé une autre, l’attend de pied ferme et, bien entendu, la hait visiblement pour une raison qu’elle ne comprend pas. Mais voilà que la maman du monsieur décide que Tamar doit convaincre Ross (qui la déteste, n’oublions pas) d’éduquer sa fille, qui est sourde et muette (parce que l’épouse est décédée) alors que monsieur, qui a une volonté de fer, ne veut rien savoir. Les deux décident donc de s’insulter joyeusement pendant 150 pages jusqu’à ce que Tamar reparte chez elle après s’être confiée au curé du village, qui se dépêche de tout raconter à Ross, qui repart illico la chercher parce qu’au fond, il l’a toujours aimée et que le tout était un malentendu (et ils n’avaient pas eu l’idée de s’en parler avant, bien entendu… trop orgueilleux!) Mais comme ils ne sont pas mariée, ils ne s’envoient pas en l’air.
Le milliardaire de Northcote » (Madeleine Ker, 2009). Penny a quitté Ryan, millionnaire et riche investisseur dans le domaine du cinéma, parce qu’elle a l’impression de ne pas être à sa place et qu’il descend tous ses amis, sa vie, ce qu’elle aime. Un an après, elle est la meilleure fleuriste du monde mais soudain, Ryan la retrouve, l’ayant cherchée sans relâche tout ce temps, toujours débordant de passion. Mais il la soupçonne d’un acte « terrible », « horrible », « cruel » et « dégoûtant »: d’avoir avorté. Malgré tout, il la séduit à coup de « Tu es belle », « tu es merveilleusement belle » et « tu es la plus belle femme du monde » et ils baisent joyeusement – mais sans attaches parce qu’il a changé et qu’il la laisse décider, maintenant – pendant tout le livre jusqu’à ce qu’elle finisse par décider qu’elle veut baiser avec des attaches, à la fin du livre, alors qu’ils se marient dans une cérémonie « simple, mais la plupart des invités leur dirent que c’était la plus belle à laquelle ils avaient jamais assisté ». Ah oui, j’ai oublié de préciser que les étreintes sont si fantastique que Penny pleure régulièrement après. C’est précisé. Plusieurs fois. C’est bien, non??
Comparons, maintenant!!!
Ce qui n’a pas changé:
– Les héroïnes sont toujours d’une grande beauté et ont souvent des yeux et des cheveux de couleur bizarre. Bien entendu, elle n’en sont pas conscientes, sont d’une grande naïveté, ont les intentions les plus pures de la terre et sont la gentillesse incarnée.
– Les héros sont idéalement millionnaires, grands, ténébreux, impassibles en apparence mais brûlants à l’extérieur. Ils tombent toujours en amour éternel avec la gentille héroïne un peu niaise, même s’ils pourraient avoir toutes les femmes de la terre!
– Les domaines sont paradisiaques. Chaque millionnaire a son – ou ses – châteaux personnels un peu partout sur la planète.
– Les héros et les héroïnes, après 30 ans, n’ont toujours pas comp
ris qu’au lieu de croire absolument tout que racontent tous et chacun, ils pourraient genre… faire un truc auquel ils n’auraient jamais pensé… SE PARLER! Mais bon, ça ne leur traverse toujours pas l’esprit!
– Depuis 1979, il semble toujours aussi évident de réaliser qu’en fait, on ne déteste pas l’autre, mais qu’on est en amour par dessus la tête!! Et bien entendu, on ne comprend absolument rien des intentions de l’autre, qu’on interprète TOUJOURS, TOUJOURS, TOUJOURS tout croche!!!
– Le fait de se chanter des bêtises les plus horribles les unes que les autres semble attiser l’amour!
– Depuis 1979, rien n’a changé. Leur première nuit d’amour leur procure toujours une expérience inoubliable et l’orgasme de leur vie. Bien entendu, le millionnaire est également l’amant du siècle et leur permet d’atteindre le septième ciel, le plus souvent à plusieurs reprises!
– Les Harlequin regorgent toujours de comparaisons boiteuses et faussement poétiques qui nous font écarquiller les yeux de découragement… Les romans pullulent de volcans en éruption et de fleuves bouillonnants (références pigées dans ces livres et aussi dans d’autres que j’ai feuilletés pour faire mon choix!).
Ce qui a évolué:
– En 1979, il fallait être marié pour faire « la chose ». Aucune importance si le mariage est de convenances, forcé ou tout autre synonymes! Il faut juste qu’ils aient signé le petit papier!! En 2009, c’est un petit « plus » mais bon, pas du tout obligatoire… sauf que ça finit généralement comme ça quand même!!
– En 1979, ils s’envoient en l’air à la fin du livre ou du moins aux alentours des trois quarts. On nous fait languir! En 2009, ça commence à la page 30 et ça continue jusqu’à la fin, sans relâche et intensément. Et bien entendu, chaque baise est mieux que la précédente!!!
– En 1979, on possède « le désir toujours vivace de goûter au fruit défendu » et, quand on se fait réveiller « par des baisers obstinés », on répond « avec auttant de passion que lui, sans se soucier des conséquences » (je jure que je ne niaise pas, c’est THE description sensuelle du livre, THE fois où ils LE font – alors qu’elle est « intacte », bien entendu). En 2009, c’est plus hard core. Pas mal plus hard core. On « embrasse le coeur de l’intimité », on « mordille les téton*s qui se dressent gorgés de désir », les doigts se glissent un peu partout, « chaque coup de rein procure une sensation indescriptible » et le plaisir assaillit « avec la même force que le fleuve qui coulait en bas de la colline ». Plusieurs fois dans le roman, à part de ça!
– En 1979, les femmes avaient des courbes voluptueuses et les hommes montraient « la preuve de leur désir » (probablement à travers leur pantalon mais ce n’est pas nommé ainsi… trop cru!) ou, à l’occasion, des « virilités ». En 2009, les femmes ont des « mam*lons durs et tendus de désir » et des « intimités féminines mouillées de désir », tandis que les hommes ont des « membres turgescents », des « ér*ctions impressionnantes et dures » qui « pulsent sous les doigts » quand on les saisit et des « s*xes durs qui s’apprêtent à pén*trer ». Bordel, je n’ose même pas voir tous les pervers qui vont se ramasser ici à cause de ce foutu billet… j’ajoute des *** ok??
– En 1979, on se disait des bêtises pendant les 8/9 du roman. Et ça se résoud pendant les dernières pages. En 1979, on s’insulte pendant les 5/6 du livre et on s’envoie en l’air entre les épisodes. Et les femmes de 1979 étaient beaucoup plus tolérantes qu’en 2009… on pouvait leur dire beaucoup plus d’horreurs, être beaucoup plus méchants avec elle et être beaucoup plus « rough »! Elles avaient aussi une tendance à lancer des « vous êtes infâme », « vous êtes odieux » ou « vous êtes méchant » à toutes les deux pages… En 2009, le registre d’insultes est plus varié!!
En résumé, en 30 ans, la société a évolué dans deux sens:
– On baise après moins de pages et avec plus de détails et moins de de mariages.
– Notre vocabulaire a augmenté et nous sommes plus a même de nous dire des bêtises… et pas toujours les mêmes! Quelle amélioration considérable!
Révélateur, non? Et avouez que ça fait un peu peur!!!
Vous pensez que je peux rédiger une thèse avec ça, moi??
PS: Je pense que je vais rester aux vieux Harlequin… je pense que c’est cette attente que j’aimais… je suis terriblement vieux jeu!!!
PS2: J’ai encore trouvé le moyen d’écrire un roman… qui veut me donner un cours de « résumé 101 »??