10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange – Elif Shafak

J’aime beaucoup Elif Shafak. Je trouve qu’elle a un vrai talent pour faire comprendre certaines réalités turques et pour nous embarquer dans des histoires avec des personnages souvent hors-norme. Bon, je parle comme si je la connaissais par coeur… mais en fait, c’est seulement le 2e roman que je lis d’elle. Crédible, vous avez dit crédible?

De quoi ça parle

Tequila Leila a été assassinée et elle git dans une benne à ordure d’Istanbul mais pendant 10 minutes et 38 secondes, son esprit va vagabonder et revoir certaines scènes de ce qui a été sa vie. Elle verra son enfance, sa famille, celle dans laquelle elle est née et celle qu’elle s’est choisie.

Mon avis

Elif Shafak réussit définitivement à me transporter en Turquie à chaque fois que je la lis.  Ce roman débute dans les années 60 et nous fait traverser plusieurs décennies avec un personnage principal qui ne cadre pas dans ce que la société voudrait lui imposer. Comment va-t-elle passer de son village aux bordels d’Istanbul? Le personnage de Leila (née Leyla) est très touchant et on parvient facilement à la comprendre, même si elle prend des décisions qui nous ne nous correspondent pas. Déjà petite fille, elle semble perdre le contrôle de sa vie au profit de ses parents, de la société turque qui ne laisse les femmes être maîtresses de leur destinées. 

Toute la première partie, pendant les fameuses 10 minutes et 38 secondes, est à la fois onirique, poétique et très fluide. J’ai été effarée par certains éléments de la partie sur la famille et la petite enfance. L’injustice et la façon dont les femmes sont traitées sont révoltantes. En plus du parcours de Leila, nous rencontrons aussi les Cinq, ceux qui seront toujours là pour elle, eux aussi en marge de la société pour diverses raisons. Ils sont à la fois fantasques et émouvants et prennent l’avant-scène dans la 2e partie, que j’ai toutefois moins aimée que la première. Plus burlesque, souvent drôle et déchirante, j’ai eu besoin d’un moment pour intégrer la coupure entre les deux ambiances et on aurant presque dit deux romans différents. La fin rattrape, toutefois. 

Un roman qui traite de la différence et qui nous raconte divers parcours d’humains qui tentent de faire leur chemin  dans un sentier qui ne ressemble en rien à ce qui avait été prévu pour eux. Une plume qui m’atteint toujours autant… et, encore une fois, je vais continuer à lire l’autrice. 

The City we became – N.K. Jemisin

J’ai adoré la trilogie de la terre fracturée de Jemisin. Vraiment. C’était dans mes meilleures lectures de 2021. Du coup, quand j’ai vu un roman de l’autrice dans les suggestions pour les personnes ennéagramme type 5, j’ai sauté dessus. Évidemment. Si j’ai largement préféré les autres romans que j’ai lus de l’auteur, l’originalité de ce récit vaut la peine d’être découverte.

De quoi ça parle

Toutes les grandes villes ont une âme, c’est bien connu. New York en a plusieurs, représentées par ses avatars, un par borough. Mais la naissance d’une ville ne se fait pas sans heurts et notre monde est menacé par un Ennemi qui veut détruire la nouvelle cité. Manhattan, le Bronx, Queens, Brooklyn et Staten Island devront travailler ensemble pour sauver leur univers.

Mon avis

Je suis partagée par rapport à ce roman. En fait, j’adore l’idée des avatars qui représentent l’esprit des quartiers New Yorkais, j’aime qu’on découvre le fonctionnement de ce monde d’urban fantasy petit à petit et le combat contre le grand méchant Lovecraftien. C’est hyper imaginatif est c’est une véritable ode à la ville de New York, à sa diversité et ses habitants. Ça donne envie d’y aller et d’embrasser ce mélange de cultures et de modes de vie. Il y a une grande diversité dans les personnages (histoire, origine, orientation sexuelle, etc.) et chacun des avatars représente une partie de ce qu’est New York : un jeune homme queer qui ne se rappelle plus de son passé et qui vient de mettre les pieds dans la ville, une artiste Lenape ayant un doctorat et travaillant au centre des arts du Bronx, une ancienne rappeuse noire devenue avocate et conseillère municipale, une jeune étudiante immigrante indienne n’ayant pas encore la citoyenneté américaine, une jeune femme blanche ayant grandi sous l’emprise d’un père raciste et xénophobe ayant peur de tout ce qui est « autre ». Chacun a un pouvoir différent, même si l’utilisation de celui-ci n’est pas toujours claire. Bref, le concept est trippant.

Là où ça a moins passé pour moi est le côté « in your face », prévisible et répétitif de la métaphore globale. Je préfère davantage de subtilité dans les messages et de nuances dans les personnages, autant les bons que les méchants. Ici, j’ai eu l’impression que les messages sous-jacents n’étaient pas au service du récit mais, au contraire, l’empêchaient d’avancer. Il y a beaucoup de dénonciations de comportements, d’abus et d’opinions, avec lesquelles je suis en grande majorité d’accord, mais c’est… beaucoup. Et souvent, ça m’a semblé plaqué. J’aurais préféré qu’on exploite plus en profondeur certains sujets (la gentrification, par exemple… c’est assez horrible comme concept) au lieu d’en énumérer des dizaines sans vraiment les exploiter. Du coup, ça m’a agacée.

Un récit pour moi moins abouti que ce que j’ai lu d’autre de l’auteur, peu de teintes de gris et un rythme très inégal. Dommage parce que le concept était génial et la fin bien trouvée.

Tant que le café est encore chaud – Toshikazu Kawaguchi

Cette lecture est clairement la faute d’Eva de Purrfect books. Elle l’avait bien vanté et j’ai eu envie de découvrir ces histoires et ce café. Les histoires douces-amères, pleines de nostalgie, c’est ma tasse de thé comme on dit. Ou de café. Au choix.

De quoi ça parle

À Tokyo existe un petit café, l’air de rien, avec quelques tables, quelques clients fidèles et une aura de légendes. Paraît-il qu’à partir de ce café, on peut voyager dans le temps, mais que presque personne ne le fait. C’est qu’il y a des règles et que chacun ne peut rester dans le passé que tant que le café est encore chaud.

Mon avis

Quel roman divertissant! C’est une lecture à la fois douce et triste, alors que nous rencontrerons quelques personnes qui, chacun pour une raison particulière, vont décider de voyager dans le temps. Il y a certes un fil conducteur mais ce sont plusieurs histoires que nous allons vivre avec les habitués du café. Ça surprend un peu quand on s’attend à ne suivre qu’à un seul protagoniste mais pour ma part, la structure et surtout l’atmosphère m’ont plu.

Pourquoi doux-amer? C’est que parmi les nombreuses règles, il y a celle qui dit qu’on ne peut modifier le présent, peu importe ce que nous faisons dans le passé. Les gens qui choisissent d’y aller ne pourront donc changer que ce qui est en eux, pour peut-être pouvoir continuer à avancer ou à accepter leur présent. Le résultat est donc très touchant et nous amène à nous questionner pour voir qui nous choisirions de revoir pour une dernière fois. Dans mon cas, clairement ma grand-mère. Clairement.

Un court roman qui se lit tout seul, même quand, comme moi, on a la concentration qui s’est fait la malle. Mon seul bémol est que j’aurais aimé connaître une histoire en particulier, la fameuse dame en blanc, et qu’elle n’y est pas. Déçue je suis. Il va me falloir un tome 2 pour connaître cette visite dans le passé!

Kim Jiyoung, née en 1982 – Cho Nam-Joo

Un roman phénomène en Corée du Sud… comment résister? En tout cas, moi je ne résiste pas… et je suis tombée des nues!

De quoi ça parle

Kim Jiyoun est une femme coréenne comme les autres. Arrivée au milieu de la trentaine, l’horloge bien huilée semble se dérégler et elle agit de façon de plus en plus étrange. Dans ce court roman, nous retournons dans le temps pour la rencontrer enfant, née d’une mère dont la belle-famille voulait un garçon. Un portrait frappant de la mysoginie intégrée, encore de nos jours.

Mon avis

Je n’aurais jamais cru dire ça mais, sérieusement, ce roman m’a ouvert les yeux sur une réalité que je n’aurais jamais soupçonnée, surtout en Corée du Sud. Cette femme est plus jeune que moi et j’ai eu l’impression qu’elle venait d’un autre univers, encore plus mysogine et sexiste que ce que ma mère a vécu. On ne sait pas vraiment qui elle est, elle n’est « qu’une fille », « qu’une femme ».

C’est un texte très factuel, avec des chiffres et des résultats de recherche. Les enjeux de société sont bien expliqués, bien illustrés par la vie de notre héroïne et c’est clairement la partie qui m’a le plus intéressée. J’ai clairement eu l’impression de sortir de ma tour d’ivoire non seulement par rapport à la condition de la femme, tenue pour quantité négligeable, mais sur celle des gens en général, la classe moyenne qui doit travailler en fou pour ne serait-ce que pouvoir se loger. Impossible pour moi de ne pas réagir face à la condition de cette fillette, discriminée dès l’utérus, qui doit toujours manger après « le petit frère » et se sacrifier pour lui, alors que son tour ne viendra jamais. Les paroles de son mari « moderne » qui veut « l’aider »… c’est rageant!

Le seul bémol pour moi est que j’aurais aimé mieux comprendre les épisodes du début, alors qu’elle parle avec d’autres voix que la sienne. Est-ce pour montrer que c’est la même chose pour toutes? La protagoniste n’a pas vraiment une personnalité qui lui est propre et j’aurais aimé en savoir davantage sur ces voix que nous entendons.

Ceci dit, c’est une lecture que je conseille. Comme je le disais, de nombreux enjeux que vivent les femmes sont très bien explicités.

La ballade de l’impossible – Haruki Murakami

J’ai lu ce roman dans le cadre d’une vidéo ennéagramme. Je devais lire des romans avec des protagonistes du même type que moi (5w4 pour si vous voulez le savois, je suis certaine que vous ne pouviez vivre sans cette information époustouflante) et il semblerait que Watanabe, le personnage principal, soit de ce type. Après avoir lu le roman, j’ai du mal à reconnaître la soif de connaissances (certes, il lit) et la crainte de l’incompétence et je vois surtout un personnage qui se laisse porter par les événements. Ceci dit, je suis bien contente d’avoir retrouvé Murakami dont j’aime énormément la plume.

De quoi ça parle

Dans un vol pour l’Allemagne, Watanabe, devenu adulte, entend une chanson, Norwegian wood, des Beatles. Cette musique lui rappelle les années 68-70, alors que, jeune adulte, il revoit Naoko, ancienne petite amie de son meilleur ami du secondaire s’étant suicidé à 17 ans. Il va se remémorer cette période et revoir cette période charnière de sa vie.

Mon avis

Murakami, c’est une plume, une ambiance. Quand on entre dans cet univers, nous savons que nous allons passer un moment flottant, que nous ne comprendrons pas tout et que nous aurons droit des instants un peu hors du temps, avec parfois 2 ou 3 chats qui parlent. Dans celui-ci, j’ai retrouvé cette atmosphère si particulière, sans élément de réalisme magique toutefois. Je dois avouer qu’aux 2/3 du roman, je ne savais toujours pas où ça s’en allait vraiment! J’ai mis un mois à le lire pour cause de sommeil intempestif mais j’appréciais ma lecture. C’est assez contemplatif, assez lent, ce n’est pas un roman que nous lisons pour l’action, mettons. Pour ma part, j’ai vraiment aimé ce passage à l’âge adulte, cette réflexion sur la difficulté à passer le cap, à sortir de l’enfance et de toute la nostalgie qu’elle implique. Et que se passe-t-il quand on n’y arrive pas? Les dialogues sont souvent répétitifs, on sent que les personnages sont coincés quelque part et ont du mal à aller de l’avant. Et my god que ce roman donne faim!

Mon bémol, c’est encore une fois le traitement des femmes, qui sont évanescentes, sans réelle substance. Nous sommes à la fin des années 60 et j’imagine que tout le monde a une sexualité débridée mais certains sujets de conversation tombent parfois comme un cheveu sur la soupe. Le récit est très introspectif, Watanabe, le personnage principal, est fort centré sur lui-même et devinez à quoi pense un mec de 20 ans? Et, visiblement, toutes les femmes pensent de même!

Ceci dit, c’est une lecture qui me fait réfléchir, même après ma lecture. Encore une fois, nous n’avons pas toutes les réponses, il y a une réelle douceur dans le propos et le récit coule de lui-même. Les personnages ne se dévoilent jamais entièrement, ils choisissent ce qu’ils vont partager l’un avec l’autre, et avec nous, par conséquent. C’est nostalgique et ça dresse un très beau portrait des amours impossibles de l’adolescence, celles qui auraient pu être et que nous avons fantasmées.

Murakami, quoi!

Les dames de Kimoto – Sawako Ariyoshi

J’ai lu la BD adaptée de ce roman il y a quelques semaines et j’en étais ressortie avec un sentiment de trop peu. J’ai donc décidé de lire le roman, question d’apprécier davantage. Et j’ai bien fait. Sincèrement, je conseille de lire le roman avant la BD.

De quoi ça parle

L’histoire du roman (écrit en 1961) est exactement celle de la BD. Nous suivons trois générations de femmes japonaise, de la fin du 19e siècle à l’après 2e guerre mondiale. L’évolution de la culture et de la condition féminine nous est contée à travers leurs voix.

Mon avis

J’ai lu le roman avec les images de la BD en tête et quel plaisir! J’aime le côté contemplatif des romans japonais, cette impression de rivière qui coule doucement, dans l’espace et dans le temps. C’est l’atmosphère que j’ai retrouvée ici, avec toutefois de jolies chutes (je suis toujours sur la métaphore de la rivière… faut suivre) et quelques rapides pour passer d’une génération à l’autre. Dans le roman, nous avons davantage accès aux pensées et aux motivations des personnages et cette compréhension supplémentaire m’avait réellement manqué dans la BD.

Chaque personnage a ses failles. Hana, la parfaite Hana, c’est l’ancien Japon. Kimonos, traditions et anciennes croyances, elle représente l’ancien monde. Mariée avec un homme ambitieux, elle est cultivée, bien élevée et va mettre tous ses talents à son service. Elle ne ressent pas le besoin d’avancer avec son époque et regarde sa fille, féministe et progressiste, d’un oeil complètement ébahi, sans la comprendre. Fumio, la dite fille, rejette avec violence toutes les traditions japonaises chères à sa mère. Impossible de ne pas souffrir pour Hana face aux commentaires très agressifs de sa fille, et ce même lorsqu’on est plutôt d’accord avec les idées de Fumio! Hanako, quant à elle, élevée en partie par sa grand-mère pendant la seconde guerre mondiale, est déchirée entre les idées de sa grand-mère et celles de sa mère et elle va tenter de trouver sa propre place, alors que sa famille compte déjà des femmes fortes et difficiles à égaler, chacune en leur genre.

L’écriture est toujours délicate, l’image du fleuve Ki est magnifique et on a envie d’aller au Japon et de voyager dans le temps. C’est un roman qui se lit doucement, il n’y a pas de rebondissement incroyable, mais il coule comme le fleuve Ki. La preuve que j’aime toujours autant la littérature japonaise!

La fin du chant – Galsan Tschinag

Quand, pour Lisons l’Asie, il a fallu trouver un auteur Mongol, j’ai eu un peu peur, jusqu’à ce que je me souvienne que j’avais ce roman dans ma pile. Ne me demandez pas comment il y a atteri par contre. Je vous jure, ces petits objets plats et rectangulaires se reproduisent tout seuls! Je l’ai donc sorti et j’ai très bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes dans les plaines de l’Altaï, il y a quelques décennies mais aussi un peu hors du temps avec quelques membres des Touvas, peuple nomade de la Mongolie. Une famille est installée seule. Un père et ses enfants vivent là, avec ce que la nature leur donne, la mère étant décédée plusieurs années plus tôt. Le roman s’ouvre sur un combat entre la vie et la mort encouragé par le chant d’une adolescente ; une jument et son poulain mort, qui ne veut pas d’un autre poulain, vivant.

Mon avis

La fin du chant, c’est la fin d’une époque, d’une vie nomade, faite de migrations et de dur labeur, mais aussi d’harmonie avec la nature, de chamanes et de croyances. Ce texte a l’allure de conte nous plonge dans un tout autre univers, en en faisant revivre les coutumes et les traditions. L’auteur nous fait vivre le quotidien de cette famille, avec le père chasseur qui tient le coup après la mort de l’épouse qu’il a appris à aimer, la jeune fille qui a pris le rôle de femme de maison ainsi que ses trois frères et soeurs plus jeunes. Nous sommes à la fin d’une époque et c’est à travers un moment du quotidien, la naissance d’un poulain et le retour d’une femme ayant déjà fait partie de leur vie, que nous pourrons revisiter plusieurs moments de leur passé… et de leur futur.

Je trouve toujours magnifiques ces récits qui pourraient avoir lieu n’importe quand, où les gens mènent une vie simple, basée sur la survie au quotidien. Entendons-nous, je serais nulle à ce genre de vie, mais c’est tellement différent que j’ai vraiment été emmenée ailleurs. L’écriture est grandiose et nous permet d’entendre les chants, de visualiser les combats, presque de goûter le thé. Ici, la mort fait partie du quotidien et à travers les récit, nous pouvons entrevoir les pouvoirs qui se disputent le territoire.

Un moment hors du temps qui m’a permis de découvrir un peuple que je ne connaissais pas du tout. Une belle découverte.

Virgin River – 1 – Robyn Carr

C’est Sylvain Démenti qui nous a convaincues, Daphné et moi, de lire cette romance. J’avais besoin d’un truc qui fait du bien et comme ça fonctionnnait pour Sylvain, je me suis dit « pourquoi pas pour moi »? Non mais comment puis-je me connaître si mal?

De quoi ça parle

Quand Melinda Monroe a vu l’annonce de la petite ville de Virgin River, 600 habitants, elle s’est dit que c’était l’occasion. Infirmière à l’urgence d’une grande ville spécialisée en obstétrique, elle cherche à fuir la violence et son deuil et recommencer à neuf. Toutefois, l’annonce était légèrement trompeuse, le docteur local ne veut rien savoir d’elle et franchement, elle se trouve pas mal loin du spa ou des boutique de créateurs. Sauf qu’un bébé apparaîtra sur le pas de la porte de la clinique et que le propriétaire du café, Jack, semble prêt à lui offrir son support.

Mon avis

Ce roman est le prototype de l’histoire de petite ville qui commence bien (comme Daphné, j’ai toujours voulu vivre à Avonlea… ou Stars Hollow) mais qui est ma foi trop « all american » pour moi et qui finit en queue de poisson. Au départ, l’atmosphère me plaisait, j’aimais bien la vieille dame déjantée qui avait attiré Mel en ville, le vieux docteur bougon et je me disais que j’allais passer un bon moment. Ça a fonctionné pendant un moment. J’aimais bien le côté « pas compliqué » de la romance qui s’installait. Le mec l’attirait, elle ne se sentait pas prête mais c’était clair et ma foi assez adulte comme façon de voir les choses.

Mais après, après…

Bon, on va se le dire, dès que la romance prend beaucoup de place, je perds de l’intérêt. J’aime les personnages complexes, imparfaits et ici, le love interest est ma foi… sans défaut avec l’héroïne? On nous DIT qu’il a un lourd passé, on le voit une fois dépassé par la vie mais autrement, il est juste… trop. Et il a visiblement un truc magique dans son pantalon. Qu’il utilise souvent et avec des résultats probants. Le trope principal est complètement usé, on le voyait venir à 100 km et sérieux, j’espérais que ça n’arrive pas. Je vous jure, j’ai failli pitcher ma liseuse par la fenêtre.

Et bon, il faut qu’on parle des guns. Si au début, le personnage de Mel était très « anti-armes », on va dire que ça ne dure pas. Ici, il y a tout plein de guns et d’armes. Des armes d’assaut. Et c’est normal et c’est bien, voire même que c’est super important dans l’histoire. Et avec l’actualité, pour moi, ça ne passe pas. Je ne vois absolument pas pourquoi une (ou douze) mitraillettes sont nécessaires à un mec, même pour tuer un ours. Je veux bien croire que c’est la réalité, que les ours et les ratons laveurs géants sont un vrai risque pour les vies des montagnards américains mais un fusil de chasse, ça peut faire pareil, non? J’aime pas les guns!

Bref, je ne vais certainement pas poursuivre la série. C’est plein d’invraisemblances, de clichés et les personnages que j’aimais bien au début sont finalement presque interchangeables. Not my cup of tea!

Là où brillent les étoiles – Nadia Hashimi

J’avais tellement aimé La perle et la coquille de l’autrice que quand Purrfect books a proposé de lire une autrice de l’Afghanistan, j’ai tout de suite repensé à elle.

De quoi ça parle

Sitara a grandi dans un Afghanistan idyllique. Son père était un important conseiller du président Daoud Khan et elle vivait heureuse avec ses parents et son petit frère, ainsi que la famille du président. C’était en avril 1978.

La nuit du coup d’état, elle était au palais et sa famille sera décimée sous ses yeux. Des années plus tard, elle tente de se réapproprier son passé.

Mon avis

J’aime toujours la plume de Nadia Hashimi. Dans ce roman, elle réussit à nous dépeindre en quelques pages un Afghanistan verdoyant, rempli d’odeurs et d’amour familial. Quand tout s’effondre, Sitara va devoir faire le deuil non seulement de sa famille, de ses amis, mais aussi de ce pays complètement détruit, qui ne sera plus jamais le même.

J’avoue toutefois avoir préféré La perle et la coquille, qui touche davantage la condition des femmes, sujet qui me touche toujours. Ici, il est aussi effleuré vers la fin du roman mais ce n’est clairement pas le but de l’histoire. Nous sommes plutôt avec une jeune femme qui a tout perdu, qui vit un profond choc post-traumatique et qui a du mal à s’attacher et à faire confiance. J’ai beaucoup aimé la première partie, qui se passe quand elle avait 10 ans. C’est poignant et terrible. J’ai eu un petit down au milieu et encore une fois beaucoup aimé la fin, douce-amère mais satisfaisante. L’idée du deuil d’un autre monde idéalisé est très bien exploitée et on ressent avec la jeune femme à quel point elle est blessée de voir à quel point le pays a évolué.

Mon problème avec ce roman? C’est tellement niaiseux! Vous le savez si vous me suivez depuis un bout, mais je suis vraiment, mais VRAIMENT hypocondriaque. Je suis capable de me créer n’importe quel symptome. Du coup, quand le personnage est oncologue et qu’elle décrit les symptomes de ses patients… ça ne va pas nécessairement bien. J’ai donc eu beaucoup de mal avec cette partie.

J’ai bien apprécié le retour au pays et les quelques pointes au sujet de l’implication des États-Unis et de la Russie dans l’histoire. Quand on sait comment ça va en Afghanistan maintenant, ça fait encore plus mal au coeur, vu que son pélerinage s’est déroulé avant le retour des Taliban. Une autrice que je relirai certainement… mais pas tout de suite!

Ring Shout – P. Djèlί Clark

Je vais vous avouer la vérité, je ne sais plus du tout pourquoi j’avais ce roman. Faut pas se poser de question, ça arrive souvent avec moi. Les romans apparaissent comme ça, par magie, génération spontanée. Je vous jure ça se reproduit tout seul, ces petites choses!

De quoi ça parle

Nous sommes au début du 20e siècle, en Georgie, dans un monde où le controversé (et raciste) film « Birth of a Nation » de DW Griffith a jeté un sortilège sur le monde, faisant ressortir les penchants les plus sombres de la société et donnant ainsi naissance aux monstres du Ku Klux Klan. Des monstres au sens Lovecraftien du terme. Comment on résiste à une telle prémisse hein?

Heureusement, Maryse Boudreaux et ses acolytes veillent au grain et sont là pour combattre ces monstres.

Mon avis

Ce que j’ai pu aimer ce court roman! Certes, ça ne plaira pas à tout le monde, il faut aimer les gros monstres dégueulasses et les scènes d’action on peu gore mais le contexte est génial, l’atmosphère hyper réussie et de mon côté, j’adore ce genre de récits. L’idée est complètement folle mais le parallèle avec le racisme, la haine de l’autre et l’effet de foule est frappant. Le pouvoir des médias et de la propagande est aussi exploitée, le tout en très peu de pages et en réussissant à y intégrer des scènes de bagarres épiques impliquants épées, fusils et tentacules.

J’ai aussi beaucoup aimé le trio de combattantes féroces et battantes malgré leurs faiblesses et leurs deuils. J’adore leurs discussions et leur humour. Nana Jean, qui supporte le groupe, est fascinante et on sent la force de la culture des noirs américains de l’époque, que ce soit par le langage (je vous avertis, on ne comprend pas tout, tout, tout) et les coutumes, notamment les fameux Ring Shout. C’est puissant et très évocateur.

Il paraît que l’auteur est historien et ça se sent dans la mise en place de ce court récit. La réflexion sur ce qui peut inciter des gens ordinaires, « normaux » à devenir des monstres est hyper intéressante. Même si probablement aucune tentacule n’est impliquée dans le dit processus!