Les soeurs Grémillet – 3- Le trésor de Lucille – Di Gregorio / Barbucci

Ceux qui connaissent le travail de Di Gregorio et Barbucci dans cette série savent à quoi s’attendre. Quelle merveille visuelle! Du coup, lire le tome 3 était pour moi une évidence.

De quoi ça parle

Nous sommes en novembre et pour les vacances, les trois soeurs sont dans une colonie sur la côte atlantique. Cassiopée s’adapte, Sarah bougonne et Lucille, quant à elle, est davantage intéressée par les crustacés que par les humains. Quand leur grand-mère leur révèle l’existence d’une mystérieuse aïeule disparue dans la région, les soeurs partent à sa recherche.

Mon avis

Je suis toujours fan de ces trois soeurs très différentes les unes des autres. J’aime voir le monde à travers des regards d’enfants, j’aime les voir se chamailler un peu mais surtout tenter de se comprendre et vivre des aventures ensemble. Il y a toujours un côté émerveillé, un côté magique, tout en restant dans notre univers à nous.

Entendons-nous, le graphisme est fabuleux. Vous voyez la couverture? Ben c’est comme ça pendant toute la BD. Ici, les paysages marins sont magnifiques et la petite Lucille est touchante avec son amour des animaux et sa manie pour la solitude. On parle de climat, de l’importance de préserver la nature et de vivre en harmonie avec elle. Bref, c’est choupi.

Côté intrigue, par contre, il y a quand même de grosses incohérences / facilités. Même ma nièce m’a posé la question et m’a dit, toute candide: « mais… c’est pas un peu facile, de découvrir des gros mystères »? Est-ce que ça m’a dérangée? Pas tant, vu que les illustrations sont belles et que je me suis laissée emporter par l’univers proposé. Mais bon, clairement, c’est léger comme intrigue!

Bref, je ne recommande pas moins la série! Ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et pour les relations sororales. Choupi comme tout, je reste fan.

C’était ma BD de la semaine

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Celle qui devint le soleil – Shelley Parker Chan

J’avais repéré ce roman lors de sa sortie en VO mais, allez savoir pourquoi, je ne l’avais pas encore lu. Mais quand j’ai vu l’édition française, je n’ai clairement pas pu résister. Je suis faible!

De quoi ça parle

Nous sommes en Chine, au 14e, alors que les Mongol ont le pouvoir, une rébéllion se prépare, sous l’égide des fameux Turbans rouges. Dans une région ravagée par la famine nait une fille. Plusieurs membres de sa famille sont morts et lorsque son père les amène, son frère et elle, chez le sage, celui-ci prédit un avenir un avenir grandiose au premier et pour elle… rien. Mais quand son frère meurt, elle décide de s’approprier son destin à lui et deviendra Zhu Chongba, prêt à tout pour devenir Grand.

Mon avis

Pour la petite histoire, quand je suis allée en Chine, on nous avait raconté l’histoire de l’empereur Hongwu, né dans la pauvreté de la campagne et devenu le premier chef de la dynastie Ming. Il est donc très difficile de résister à une réécriture queer, avec un personnage principal qui cache son identité pour accéder à la gloire et au pouvoir. J’avais entendu parler des différents protagonistes, des généraux et des événements et j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteurice les a intégrés à son récit. Vraiment, c’était bien trouvé!

Je fais partie de ceux qui ont aimé ce roman. Le point le moins développé est toutefois le personnage principal, Zhu, qui est très difficile à aimer (et d’ailleurs, je ne crois pas que ce soit le but) et dont la personnalité est presque limitée son « désir » de pouvoir et de grandeur. Ce que j’ai aimé? Le setting en Chine, bien entendu, mais surtout les intrigues politiques, les manipulations et les intrigues de cour. Tout le monde trahit tout le monde, tout le monde a des intentions cachées et il faut s’attendre à tout. Et ça, j’aime. Limite que ça me passionne.

Entendons-nous, ici, les zones de gris sont partout. Du gris pâle mais surtout du gris très foncé. Il n’y a pas « les bons » et « les méchants », il y a une guerre où chacun est persuadé que ce qu’ils revendiquent leur revient de droit. C’est queer, c’est plein d’action et j’ai beaucoup aimé les recherches que j’ai faites à propos des protagonistes et de la vraie histoire. C’est que Hongwu n’était pas un homme agréable et que les enjeux étaient variés. Et je le répète, l’auteurice a vraiment intégré de nombreux événements réels dans ses histoires.

Je lirai clairement la suite. Surtout si l’objet livre est aussi beau. Je sais, je suis vénale!

PS1 : Page 258… j’étais pas prête!

PS2 : La psychorigide que je suis a lu le mot « désir » ou le verbe « désirer » est écrit au moins 120 fois. Après quoi j’ai cessé de compter. Silly me!

Héliotrope – 1 – Les voleurs de magie – Sfar / Chaud

Ceci a été un envoi surprise mais dans le cadre du week-end en bulles, j’ai eu envie de voir quelle était cette histoire de jeune fille qui devient… bleue. Et bon, il était tard et je me suis dit qu’une courte BD jeunesse, ce serait parfait.

De quoi ça parle

Notre jeune héroïne est collégienne, elle a les hormones en folie, tombe en amour par dessus la tête en un clin d’oeil et est élevée par sa grand-mère car ses deux parents sont en prison. Ils sont voleurs de magie et d’objets magiques et se sont fait prendre. Quand elle tombe amoureuse d’une camarade de classe qui n’en demandait pas tant, elle souhaite lui apporter une preuve de son amour et va se retrouver dans une aventure qui la dépasse.

Mon avis

Sérieusement, je me demande à qui cette BD s’adresse. C’est clairement jeunesse mais je crois quand même que certains aspects de l’histoire auront besoin d’être… discutés et que certains éléments vont passer au-dessus de la tête des plus jeunes lecteurs! Ceci explique peut-être les notes peu élevées sur Goodreads mais en tant que lectrice adulte, j’ai beaucoup, beaucoup ri à lire les aventures de cette ado impulsive, qui agit avant, réfléchit après (des fois) et qui, à chaque fois, se retrouve dans des situations qui relèvent du grand n’importe quoi. Ajoutons à ça une mamie flingueuse qui carbure à la vodka, une façon de penser complètement à côté de la track et une logique tout à fait… discutable.

Moi, j’ai trouvé ça hilarant. Je ne savais jamais à quoi m’attendre de la part des personnages et le côté grand n’importe quoi m’a plu. C’était… inattendu. Notre héroïne n’est pas nécessairement aimable. Le côté queer casual est cool mais disons qu’elle est un peu (ok, beaucoup) stalker et qu’elle dit tout ce qui lui passe par la tête, même quand ce n’est pas le moment. La magie est présente sous forme d’objets magiques mais les quêtes – et leur motivation – sont un peu fofolles et ça m’a plu.

Si les dessins sont chargés et les traits du personnages assez stylisés (en fait, regardez la couverture… c’est tout à fait représentatif), ça a passé pour moi, sans pour autant que je m’émerveille à chaque planche. J’ai bien aimé l’énergie et le mouvement qui se dégageait des planches. Par contre, la police d’écriture… aoutch! Sérieusement, c’est très difficile à lire pour la vieille que je suis et je ne m’imagine même pas pour les jeunes dyslexiques. Ça ajoute tellement de lourdeur aux illustrations, c’est fou.

Bref, une bonne lecture pour moi mais je me doute qu’elle va diviser. Ça semble passer ou casser.

Tous les liens chez xxx cette semaine.

Skandar et le vol de la licorne – A.S. Steadman

Je n’aurais clairement pas lu ce livre juste avec la couverture, qui me rebute particulièrement, allez savoir pourquoi. Mais il était disponible en audio à la bibliothèque et je désespère toujours de trouver des lectures qui pourraient plaire à the nièce qui ne lit que des mangas. Je me suis dit que des licornes, elle pouvait trouver ça choupi… même si ici, les licornes n’ont clairement rien de mignon!

De quoi ça parle

Skandar et sa soeur Kenna, sur le continent, n’ont toujours eu qu’un rêve : passer l’examen, aller sur l’île, devenir cavaliers et participer à la coupe du Chaos. Entre ce désir fou et un père dépressif, les deux jeunes se serrent les coudes alors que Skandar se fait harceler par les petits caïds de l’école. Mais le jour de l’examen approche, Skandar réussira-t-il?

Mon avis

Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps (comme si vous ne vous en doutiez pas), notre jeune héros Skandar va finir par aboutir sur la fameuse île et trouver la licorne à laquelle il était destiné. C’est que ces bestioles sont magnfiques, mais pas nécessairement faciles à gérer par une autre personne que leur cavalier. J’ai lu des critiques le comparant à Harry Potter et si les mondes sont très différents, je comprends pourquoi on a fait le rapprochement, surtout avec le début de la saga. C’est middle grade, plein d’action, on a un jeune garçon qui a très peu de repères et qui doit apprendre à découvrir qui il est malgré les obstacles et les secrets. On a un petit groupe d’amis qui semblent un peu mal assortis, quatre éléments au lieu de quatre maisons, une quête et des secrets à garder, mais ça part dans un tout autre sens.

Ai-je aimé? Bien sûr que j’ai aimé. Je préfère souvent le middle grade au YA. J’ai trouvé le contexte bien trouvé et j’ai surtout aimé que les jeunes du continent découvrent petit à petit ce qui se passe VRAIMENT sur l’île alors qu’ils ont étudié toute leur vie pour bien connaître les attaques et les particularités des licornes. Nos jeunes vont découvrir qu’ils se sont fait clairement raconter des blagues et que toute une partie de l’histoire leur a été cachée. Dans ce premier tome, un mystérieux cavalier réussit à capturer une licorne et semble vouloir bouleverser le monde tel que tout le monde le connaît.

Bien entendu, certaines ficelles et certains événements sont un peu gros, bien entendu, les découvertes et les plans des enfants sont assez peu crédibles, mais j’ai sérieusement passé un bon moment et je ne me suis pas du tout ennuyée. On veut savoir comment tous ces fils vont se dérouler. Ces enfants font tout de même preuve d’un courage et d’une intrépidité assez extraordinaires!

Un bon Middle grade, que j’espère vraiment faire lire à ma nièce!

Dark Academia – Recommandations et idées de lectures

Comme plusieurs le savent, suite au fameux glissement de terrain qui a emporté la maison, j’ai décidé de reprendre les vidéos sur Youtube, du moins le temps pendant lequel je suis en congé. Mais pourquoi, vous direz-vous? C’est simple et compliqué à la fois. Voyez-vous, je trouve que je suis moins fluide oralement qu’avant toute cette aventure et que j’ai décidé de m’auto-rééduquer. Parler de livres, structurer ma pensée, c’est un bon entraînement je trouve. Même si c’est encore loin d’être parfait! Mais ça m’amuse.

J’ai fait quelques bilans lecture (j’ai oublié d’en parler ici… oups!) mais cette je me suis amusée à parler de mes « romans d’école » ou « secret history-esque ». Maintenant, les gens appellent ce style « Dark Academia » et j’ai essayé de définir ce que ça représentait dans ma petite tête… et de vous parler de mes romans préférés dans le genre!

Sous la dite vidéo, vous trouverez une liste des romans dont je parle et vous pourrez aller cliquer directement sur ceux qui vous intéressent. Et je compte en faire d’autres dès que j’aurai un peu de temps. Je n’aime toujours pas m’entendre parler (et surtout me voir en « pas miroir »… c’est l’horreur, sérieux!) mais c’est thérapeutique et il faut ce qu’il faut!

Et vous, avez-vous des suggestions à me faire?

In my Dreams, I hold a Knife – Ashley Winstead

J’avais ce livre dans ma pile depuis sa sortie et chaque automne, je veux toujours lire des romans d’école. C’est donc dans ce mood que j’ai pris ce thriller psychologique, sans m’attendre à rien. Et quelle bonne surprise! C’est tellement le genre d’ambiance que j’adore!

De quoi ça parle

Il y a dix ans, Jessica Miller a gradué de l’université de Duquette, en Caroline du Nord. Homecoming approche et Jessica veut en mettre plein la vue à ses amis d’université et montrer à quel point elle a réussi et est devenue glamour. Sauf qu’il y a dix ans, Heather, un membre de leur petit groupe d’amis, les East House Seven, est morte dans de mystérieuses circonstances et cette réunion fera ressortir tous les sombres secrets qu’ils avaient pour le reste du monde… et les uns envers les autres.

Mon avis

J’ai adoré ce truc. Vous savez, quand on aime un roman au point d’en voir les failles, mais de s’en ficher un peu? C’est ce qui est arrivé ici. Assez pour qu’on passe près du coup de coeur.

Vous avez envie de Dark Academia? En voilà. Un collège d’élite, un groupe glamour, des amitiés toxiques, des secrets et un meurtre. Tous les éléments sont là. Nous voyageons donc entre deux temporalités : la réunion et les quatres années d’école que le groupe d’amis a passé ensemble et ces balades passé-présent vont permettre de révéler petit à petit les personnalités de chacun, leurs relations ainsi que les impacts sur le mystère et le déroulement du Homecoming qui ne se passera clairement pas comme prévu pour Jessica Miller qui voulait, pour une fois, être à l’avant-scène, la meilleure, la star. J’adore ce procédé. C’était bourré d’action, de révélations… je l’ai dévoré en une soirée et demi!

La force de l’ouvrage vient selon moi du fait que l’autrice connait ses personnages, leur plus grande peur, leur plus grand désir. Ils sont pratiquement tous détestables, parce que nous finissons par les voir sous leur pire jour quand nous passons finalement derrière les apparences et la surface. Et le mieux dans tout ça, c’est que quand nous relisons le début en sachant, il est assez facile de voir ce qui se cachait derrière certains comportements et réactions. Bref, chaque personnage est fidèle à lui-même et il est assez terrible de voir à quel point le meurtre d’Heather les a figés dans cet instant précis, sans être capable d’évoluer.Ils sont pris dans cette bulle, dans ce « et si »… et j’ai trouvé le tout fascinant.

Ok, il y a quelques trous de mémoire un peu « faciles » même s’ils sont explicables. Ok, certains secrets sont un peu gros et certains pourraient être dérangés par le fait que Jessica, le « je » principal du roman, soit une fille/femme détestable et narcissique malgré ses blessures. À cause d’elles peut-être. Ça parle d’ambition, d’obsession, de secrets et j’ai été complètement embarquée dans cette histoire. Il m’aurait simplement fallu un peu plus de scènes « avant », de beaux moments, pour que ce soit un réel coup de coeur! Toutefois, c’est une excellente lecture et je serais curieuse de voir quel serait le type d’ennéagramme des personnages!

Cinq filles perdues à tout jamais – Lim Fu

J’ai failli acheter ce roman au Salon du livre du Saguenay. Vous savez, moi, les histoires de camps, de traumatismes en groupe, que ce soit dans l’enfance ou à l’adolescence, ça me fascine. Mais il m’est venu une petite impression de déjà vu et en arrivant à la maison, j’ai réalisé que… je l’avais déjà. Pour une fois, j’ai su me tenir. Non mais applaudissez-moi!

De quoi ça parle

En 1994, au camp Fovevermore situé sur la côte pacifique, des fillettes entre 9 et 11 ans se retrouvent le temps de passer des moments en nature. Cinq des jeunes filles vont se retrouver seules sur une île, leurs kayaks à la dérive, et vont devoir survivre jusqu’à l’arrivée des secours.

Comment réagiront ces cinq filles suite à ce traumatisme? Nous les suivrons dans donc leurs vies futures et passées afin de cerner la place de cet événement dans leurs existences.

Mon avis

Disons-le d’emblée, je fais partie de ceux qui ont passé un très bon moment avec ce roman. Ce type d’atmosphère, d’aventures, c’est tout à fait le genre de roman qui me happe à chaque fois. Résultat, je l’ai lu en deux petites soirées sans le lâcher et il m’a vraiment plu. La plume est évocatrice, chaque partie nous emmène dans une ambiance assez différente alors qu’on nous raconte la vie de ce ces 5 filles qui, en fait, ne se connaissaient que depuis 2-3 jours et n’étaient pas vraiment amies, après cette épopée traumatique. J’ai lu le texte comme une série de nouvelles reliées entre elles et je crois que c’est pour cette raison que j’ai pu apprécier autant. Certes, j’aurais aimé davantage de liens, de recoupements, mais à la réflexion, c’est assez réaliste. On revoit rarement des gens avec qui on a passé de brefs et intenses moments du genre après que la bulle ait éclatée.

Chaque fille/femme est différente et leurs façons d’être et de réagir à l’événement aussi sont très variables. Si c’est parfois surprenant, j’ai trouvé ça très parlant en fonction de leurs existences respectives. Les deux premières histoires (Nita et Andee) m’ont particulièrement intéressée, les autres ayant eu moins d’impact sur moi. La partie en forêt a tout de même été ma préféré et aurait pu être encore plus longue et intense mais le petit microcosme du camp, les relations de pouvoir sont bien représentées, ainsi que la cruauté que peuvent avoir les enfants qui ont très peu de zones de gris dans la façon de juger les choses et les gens.

Bref, c’est une histoire qui m’a fait réfléchir à postériori. Réflexion sur le temps qui passe, sur l’importance des événements, sur l’identité, les relations familiales, avec toute les contradictions que ça implique, en utilisant parfois des angles étonnants. Est-ce le passé ou le futur qui éclaire le présent? Il ne faut pas s’attendre à un petit paquet bien ficelé où tout est réglé à la fin, il n’y aura pas de révélation de folie ou de fil rouge révélé. Si ça correspond à vos attentes, tentez le coup car j’ai vraiment apprécié ma lecture.

La jeune femme et la mer – Catherine Meurisse

J’ai craqué pour ce roman graphique pour la couverture, à la fois onirique et magnifique. J’aime beaucoup ce que fait Catherine Meurisse et il était question du Japon, alors je n’ai clairement pas hésité.

De quoi ça parle

Tiens, c’est une bonne question en fait! C’est une BD d’atmosphère, qui se lit un peu comme un conte et un questionnement sur la nature changeante et la place de l’art pour la préserver. L’autrice a séjourné au Japon, elle y est allée pour peindre la nature mais a de la difficulté à la saisir. Elle y rencontre aussi un peintre japonais qui, lui, veut peindre un visage de femme, celui de la belle Nami aux multiples mariages.

Mon avis

Du point de vue graphique, cette BD est une totale réussite. C’était un vrai voyage vers une nature qui m’est encore étrangère, de magnifiques planches à l’aquarelle qui pourraient être encadrées avec le personnage de l’autrice, souvent en noir et blanc, comme pour souligner son regard étranger à cette terre et cette culture. Et sa culture occidentale apparaît fréquemment, alors qu’elle tente de la mettre en relation avec ce qu’elle voit lors de ce voyage.

J’ai beaucoup aimé l’humour et le petit Tanuki farceur. Le peintre, qui voudrait peindre un visage mais qui n’a que des fulgurances pour des haïkus est aussi très drôle avec sa passion et sa réelle volonté de saisir l’insaisissable. Il ne faut pas s’attendre à des réflexions profondes ou philosophiques, ni même à une évolution tangible du personnage de la jeune peintre. Ce sont davantage des moments croqués qui nous amènent à entrevoir le rapport particulier qu’ont les japonais avec la nature, qui est vénérée mais aussi crainte en raison des tsunamis, volcans et tremblements de terre.

Même s’il y a pour moi une nette supériorité du graphisme que le scénario pour moi, j’ai apprécié la poésie qui se dégage de ces pages, les moments où elle jette un regard de l’autre côté du miroir. C’est contemplatif mais on sent la frénésie de « faire » quelque chose, contrairement à la plupart des romans japonais que j’ai lus (et bon, j’en ai lu pas mal quand même). J’ai donc bien aimé entrevoir ces petites différences mais j’aurais tout de même apprécié une réelle évolution du personnage.

Mais ce graphisme! Limite que je vais l’encadrer!

C’était ma BD de la semaine

Tous les liens chez Stephie cette semaine

Anne sin filtros – Iria G. Parente/Selene M. Pascuale

J’ai grandi avec Anne de Green Gables. En fait, non, enfant, je me PRENAIS pour Anne. Imaginez donc que quand j’ai vu passer une réécriture moderne et queer d’Anne (et en espagnol), j’ai sauté dessus. Of course.

De quoi ça parle

Anne, une jeune orpheline, a été élevée par un frère et une soeur dans le petit café d’une ville universitaire. Elle a toujours aimé écrire et s’éclate à écrire des fanfictions sur sa série préfére (dérivée de l’histoire d’Elayne, Guenièvre, Arthur et Lancelot). Elle est LadyCordelia sur le site et approche bientôt les 400 000 vues. Sauf que quand un célèbre cosplayer d’Arthur met en avant un autre écrivain de fanfiction nommé Blythe, et qu’elle se retrouve en cours de creative writing avec lui, une certaine rivalité va s’établir entre eux.

Mon avis

Oh my, je connais TELLEMENT de gens qui vont adorer ce roman! On sent que les autrices sont fan d’Anne et de tout son petit monde et c’est bourré de références. On est aussi en plein dans le monde de la fanfic, dans les médias sociaux, les ships et les plateformes dédiées. En plus de ça, c’est hyper queer. Moi, je dis que ça mériterait d’être traduit, malgré quelques petits « malgré ».

C’est un roman très actuel, très ouvert, qui ne fait pas didactique et qui n’est pas du tout preachy. Les personnages conservent leurs caractères même s’ils sont bien ancrés dans le 21e siècle. L’histoire est cool, j’ai aimé les aspects queer, le côté décomplexé et la réécriture de certaines scènes kultissimes. C’est choupi comme tout, ça donne faim et l’univers des fanfictions est hyper bien rendu.

Ce que j’ai moins aimé, ce sont les aspects, justement, qui font très fanfiction (du moins dans le temps que j’en lisais). J’ai trouvé beaucoup de répétitions et de longueurs dans ce récit, qui aurait pu avoir plusieurs pages de moins. Vous savez l’impression que les auteurs se sont tellement attachés à leurs personnages qu’ils tiennent à nous faire vivre tout tout tout avec eux et qu’ils ont du mal à finir leur histoire? Ca a été un peu mon feeling avec le roman. Le problème, quand on lit dans sa 3e langue, c’est qu’on recherche beaucoup de mots. Et que quand ça se répète et qu’on a une mémoire de poisson rouge, on réalise VRAIMENT que ça se répète. Parce que ça fait la 13e fois qu’on cherche le même mot. Et je n’exagère même pas. Du coup, la plume, c’était plus ou moins ça. Sauf que c’est Anne alors ça passe tout de même.

Finalement, le côté « ça c’est mon problème », c’est que comme Anne est mon enfance, Anne est très « chaste » dans ma tête. Genre, les enfants naissent dans les choux! Donc, Anne avec du spice, pour moi, c’est un peu weird. Et si c’est quand même très soft, je sais pas… je veux pas m’imaginer certaines choses! Call me vieille!

Une romance très cute, très sweet, avec une finale que j’ai beaucoup aimée. Mais côté écriture… je reste dubitative.

Le guerrier de porcelaine – Mathias Malzieu

Je ne pense pas que j’aurais lu ce livre de Malzieu s’il n’avait pas été disponible en audio à la bibiothèque. J’écoute des livres en courant. C’est ma motivation pour sortir dehors alors qu’il fait 3 degrés ou encore pour embarquer sur ce c… de tapis roulant. Donc j’ai pris celui-ci et j’ai eu ma foi une bonne surprise.

De quoi ça parle

Nous sommes pendant la guerre et la mère du petit Germain (dit Mainou) vient de mourir. Son père doit aller combattre et c’est caché dans une charette à foin qu’il va passer la ligne de démarcation pour aller chez sa grand-mère qu’il ne connaît pas, en zone occupée. Pour tenter de survivre à ses 9 ans et à cette disparition, il va prendre un cahier et écrire à sa maman et c’est ce cahier – fictif – qui nous est offert par Mathias Malzieu.

Mon avis

Malzieu s’est basé sur l’histoire personnelle de son père pour écrire ce roman. C’est d’ailleurs celui-ci que nous voyons sur la couverture. En vrai, le cahier n’existe pas car le père de l’auteur avant 4 ans et non pas 9 quand il a dû aller passer une partie de la guerre chez sa grand-mère en Lorraine. Toutefois, certains événements sont basés de faits réels et j’ose imaginer l’émotion de l’auteur et de son père relativement à cette histoire. Pour ma part, je n’ai lu que les romans plus oniriques de Malzieu et je trouve que « Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi » est l’un des plus beaux récits sur le deuil que j’ai lus. Je ne m’attendais à rien en lisant ce roman, davantage dans le réel mais j’ai été agréablement surprise.

Ici, nous avons donc une longue lettre d’un enfant à sa mère. Cet enfant vient de perdre tous ses repères, c’est la guerre, il a peur, tout le monde a peur, et il doit apprendre à vivre sans sa maman. L’histoire de ce jeune enfant qui n’a soudainement plus de safe space (il doit rester caché, les Allemands sont tout près) et qui ne sait plus à qui se raccrocher est très émouvante. Entre les voix d’enfant et moi c’est… compliqué mais ici, ça a passé pour moi. Bon, il y a quelques répétitions, quelques réflexions qui ne sont un peu matures pour 9 ans mais j’avais le goût de continuer à lire et à passer du temps avec Mainou, sa grand-mère Louise, sa tante, son oncle Émile et une mystérieuse personne. Lucky me!

Ça parle de famille, de filiation, de souvenirs et de deuil mais mais c’est fait avec à la fois humour et poésie. Si la tante Louise ne lui apporte pas beaucoup de bonheur avec son amour du bon dieu, il va apprendre avec son oncle Émile le pouvoir de l’imagination et la poésie. Malgré tout, Mainou reste un enfant qui ne réalise pas toujours pleinement les dangers qui rôdent, il ne prend pas toujours les bonnes décisions et prend des risques qui semblent terribles aux adultes que nous sommes. Je me suis attachée à tout ce petit monde et j’ai même versé une petite larme, juste une petite, toute seule, isolée.

Une agréable surprise, donc! J’ai aimé.