Mon fichier excel et mes stats!

Si vous me connaissez un peu, vous savez que les stats et moi, c’est une histoire d’amour.

Si vous me connaissez un peu plus, vous savez aussi que je nourris une fascination assez étrange pour les fichiers excel. Donc, ici, je vous présente mon journal de lecture, mes stats excel, et ce que je fais au quotidien pour tenir le compte de mes lectures. Je suis aussi sur Goodreads, mais je ne suis pas SATISFAITE des stats que ça propose. Idem pour Storygraph. Bref, je suis un peu rigide!

Mon fichier vierge est disponible dans la barre d’info de la vidéo, si ça vous intéresse – et si vous êtes aussi bizarres que moi. Je n’ai pas tout retesté… mais j’espère que ça marche!

The 100 years of Lenni and Margot

Pour le Cold Winter Challenge, je cherchais un feel good pour l’une des catégories. Comme je n’avais strictement rien du genre dans ma pile qui me tentait, j’ai épluché quelques listes et je suis tombée sur celui-ci. Sans bien lire le thème, of course parce que les malades en phase terminale et moi, ce n’est généralement pas un bon mix! Mais j’avais commencé, donc j’ai lu.

De quoi ça parle

Glasgow, année 2014, aile des patients en phase terminale. Lenni Petterssen a 17 ans et elle sait qu’elle n’en sortira pas. Entre ses questions existentielles et son caractère bien trempé, elle n’en fait qu’à sa tête et n’a absolument pas abandonné l’idée de vivre encore. À un cours d’art, elle rencontrera Margot, une dame de 83 ans en pyjama violet et elles réalisent qu’à elles-deux, elles totalisent 100 ans. Elles vont donc dessiner ces cent ans, cent tableaux qui illustreront les points charnière de leurs vies et qui leur permettront de partager leurs histoires.

Mon avis

On va s’entendre, c’est fait pour faire pleurer. Ai-je versé une larmounette? Of course. Il suffit de mettre en scène des personnes âgées et je deviens une petite chose sensible. Nous avons donc ici une histoire d’amitié intergénérationnelle, une famille choisie et une belle amitié, le tout dans les couloirs d’un hôpital. Si vous aimez ce genre d’histoire, c’est bien fait, les personnages sont attachants et on peut s’identifier à l’histoire de Margot, ayant vécu la guerre, la maternité, l’amour… mais n’ayant pas toujours osé autant qu’elle l’aurait souhaité. On se balade entre passé et présent alors que les deux femmes « voyagent » à travers leurs histoires, tandis qu’elles ne peuvent quitter l’hôpital, avec ses règles, ses routines et ses interdits. Lenni a tendance à se ficher un peu des règles et en fait voir de toutes les couleurs aux infirmières et même au Père Arthur, à qui elle pose des questions dont il ne connaît pas les réponses. Ses réparties souvent impertinentes m’ont bien fait rire.

Ceci dit, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire et ce ne sont que les 50 dernières pages qui m’ont vraiment touchée. Au départ, j’ai un peu soupiré en me disant: « Bon, encore une histoire pour faire brailler les foules ». Je n’aime pas me sentir manipulée et au départ, c’est un peu l’impression que j’ai eue. Tout ce que je me disais, c’est « mais comment tous ces gens peuvent-ils rester hospit’ si LONGTEMPS?!? On revoit tous les mêmes personnages pendant 4-5- mois… comment c’est possible? Et les parents? WTF?? Toutefois, j’ai été émue par les 60 dernières pages et j’ai aimé l’idée derrière le récit : il n’est jamais trop tard, peu importe le temps qui reste, peu importe les limites que la vie nous impose. Le tout sans le verbaliser clairement. J’ai aimé que ces mois d’hôpital aient eu des moments de lumière.

Je ne m’attendais à rien, j’ai fini par verser quelques larmes… donc, pas mal! Ceci dit, je ne comprends pas que ce roman n’ait pas encore été traduit car il a selon moi un gros potentiel de vente!

Vlog lecture en thème – 4 romans Dark Academia

Quand j’oublie de faire une miniature… ça donne ce genre de face sur la vignette! Bref, ma face de fille trop contente vous jase de Dark Académia alors que je lis 4 romans :

  • Black Chalk – Christopher J. Yates
  • Ace of Spades – Faridah Àbíké-Íyímídé
  • These violent delights – Micah Nemerever
  • Legendborn – Tracy Deonn

Si vous voulez m’entendre déblatérer de tout et n’importe quoi, vous allez être servis!

Le Fou et l’Assassin – 14 à 17 – Robin Hobb

En 2023, je me suis mis en tête de terminer la troisième trilogie de Fitz. Parce que oui, j’aime Fitz, malgré son côté  » je prends toujours la pire décision du monde ». Dans ce billet, je vais vous parler des quatre premiers tomes de oa troisième trilogie de la VF, c’est à dire les tomes 14 à 17. Oui, je sais, c’est pas simple à comprendre… bref, il me reste deux tomes en VF… ou juste un en VO!

De quoi ça parle

Je vous le dis, si vous n’avez pas lu les deux premières trilogies, vous n’y comprendrez absolument rien. Mais en gros, cette histoire se passe après tout le reste du cycle de Robin Hobb. Après Les aventuriers de la mer et après les Dragons-Plaignards. Donc attention, spoilers pour tout le reste!

Cette trilogie s’ouvre donc sur un Fitz à la retraite, qui coule des jours assez doux à Flétrybois avec ses gens et son épouse. Alors que l’âge le sauvegarde de la vieillesse, il voit son épouse vieillir et sembler perdre la raison. Il n’a plus de nouvelles du Fou depuis 15 ans. D’étranges visiteurs à Flétrybois ainsi qu’un voyage dans les montagnes avec la reine Kettricken vont le faire replonger dans son ancienne vie royale et se questionner à nouveau sur son vieil ami.

Mon avis

Il est étrange de faire ce résumé alors que j’en suis tellement loin dans l’histoire. Il me semble que ce que je viens de raconter s’est passé il y a une demi-éternité. C’est qu’il en arrive, des choses, dans les histoires de Robin Hobb! Ici, nous retrouvons avec plaisir tous les personnages que nous avons rencontré dans les précédents volumes. Du moins, ceux qui sont encore en vie, ce que je ne vous révélerai pas, of course. Mais bon, juste avec le titre, vous vous doutez que nous allons revoir le Fou, qui est mon personnage préféré du monde entier. Dans un drôle d’état, mais nous allons quand même le revoir.

Est-ce que j’aime? Bien sûr que j’aime. Ici, il y a des moments moins forts, bien entendu. Notamment une grande partie à Flétrybois, au début de la trilogie. L’autrice met un moment à remettre son monde en place et comme je n’étais pas fan d’un certain personnage, passer beaucoup de temps avec celui-ci ne m’a pas particulièrement intéressée. Par contre, quand on s’active… c’est top! J’adore certains des nouveaux personnages, notamment Abeille, enfant géniale, avec plusieurs traits pouvant faire penser à une personne autiste, ou encore Évite, détestable par moments, mais que j’ai aimé détester. Par bouts!

Robin Hobb a un vrai talent de conteuse. Le tout est très romanesque, très épique, les personnages sont passionnés, impulsifs, prennent des mauvaises décisions les unes après les autres. Ils ne sont pas toujours logiques, pas toujours gentils, parfois presque impossibles à comprendre. Ici, Fitz expérimente encore une fois la douleur, la perte, le deuil, et il doit réapprendre à vivre « après ». Après ceux qu’il aime. Il n’abandonne pas facilement toutefois, et sa quête pour retrouver ceux qu’il aime ne connaît pas de fin et c’est comme ça que je l’aime. À partir du deuxième livre, l’action s’accélère et j’ai vraiment retrouvé le rythme et l’atmosphère que j’aime dans la série. Les liens entre les personnages sont fouillés et on apprend beaucoup de choses sur leur passé, ce qui m’a fascinée. Leur quête est folle, presque désespérée… et j’adore. Sauf que j’ai peur qu’il y ait bientôt le retour… des dragons! Arghhh!!!

Bref, je vais finir. Promis promis!!

Mon planning pour 2023… liste ultime, blogue et chaîne Youtube

Entendons-nous, cette vidéo a été faite… pour les gens qui écoutent mes vidéos! Je parle moyennement du blogue, mais sachez que ça va continuer… et je parle de ma pile ultime de 2023. Celle sur laquelle je promets de revenir à la fin de 2023.

Et vous, avez-vous une pile à lire « absolument » (oui, vous pouvez rire) pour l’année?

South Riding – Winifred Holtby

Dans le cadre de ma future vidéo sur les romans « vintage », on m’a dit que s’il manquait une autrice à ma liste, c’était Winifred Holtby. Ce roman a été publié en 1936, après la mort de l’autrice, qui se décrivait elle-même comme féministe, parce qu’elle n’avait tout simplement pas le choix. Of course, le féminisme des années 30, je suis curieuse!

De quoi ça parle

Nous sommes dans les années 20-30 dans le Yorkshire. Sarah Burton est une femme qui approche de la quarantaine (ou au début de la quarantaine, je ne sais plus) et elle arrive dans la petite ville fictive de South Riding pour prendre le poste de directrice de l’école secondaire du coin. Elle a des idées bien établies, elle est célibataire (mais a quand même un coeur d’artichaut) et fera connaissance avec le conseil municipal de l’endroit : Robert Carne, gentleman farmer conservateur avec une épouse souffrant de maladie mentale, Joe Astell, un socialiste qui veut changer les choses et Mrs. Beddows, première femme échevin de la ville. Et c’est tout ce petit monde que nous allons suivre, alors que des projets immobiliers se profilent à l’horizon.

Mon avis

Voici donc un roman très particulier, assez difficile à décrire de façon à intéresser les gens. Et c’est dommage parce que j’ai passé un bon moment de lecture dans cette petite communauté sur le fil du changement. De plus, c’est vraiment chouette de voir ce que pouvait être le féminisme à cette époque: différent du nôtre mais quand on voit les problèmes et les réalités auxquelles les femmes étaient confrontées, on comprend bien pourquoi il était nécessaire de passer par là. Déjà, Sarah est une femme indépendante, qui sait faire entendre sa voix et obtenir ce qu’elle souhaite. Le tout alors que le rôle de la femme dans la société est très cadré (bref, tu te maries, tu as des enfants, et du t’occupes de ton homme) et il est d’ailleurs intéressant de voir deux dénérations de femmes fortes différentes… mais il y a 90 ans. Bien entendu, il faut s’attendre à des discours de l’époque. Ce qui était progressiste, ce pour quoi les femmes doivent se battre, à l’époque actuelle, les gens qui tenteraient de faire passer ces messages se feraient traiter de Boomer! Mais ça n’empêche pas que ce sont des vrais combats féministes. Et ça, c’est hyper intéressant.

C’est donc l’exploration de ce petit microcosme qu’est un conseil de ville. Mrs Beddows est d’ailleurs basée sur la mère de l’autrice, qui a occupé le rôle d’échevin. Et si vous avez déjà été sur un CA, peu importe la taille… c’est TELLEMENT ça. Toutes les magouilles, les jeux politiques, les petites et grandes manipulations… c’est d’un réalisme assez fou. Même si ça se passe il y a de nombreuses années. De plus, on est à un tournant dans le Yorkshire. Le monde des propriétaires terriens s’effondre, le système (complètement dépassé) n’est plus fonctionnel mais n’empêche que les personnes concernées ne sont pas tous des salauds. Et c’est cette dichotomie qui rend le roman intéressant. Les socialistes n’ont pas tous des bonnes intentions, mais certains en ont et rien n’est tout blanc ou tout noir. En parallèle, nous rencontrons aussi des villageois qui gravitent autour de tout ça, notamment une famille très pauvre dont la fille aînée voudrait échapper au destin qui semble tracé pour elle ainsi qu’un couple qui s’installe pour exploiter une auberge. Le projet immobilier qui se profile va influencer leur avenir et toutes les répercussions des magouilles sont fascinantes à observer.

Ceci dit, le rythme est lent et le charme du roman tient dans la vision de la société campagnarde ainsi que dans l’atmosphère que l’autrice réussit à créer. Pas de rebondissement de folie, mais un vrai portrait d’une époque en transition. Des destins pas toujours, on est loin de la romance cute, même si on sent poindre les sentiments de Sarah. Un bon moment de lecture et des personnages dont je me souviens! Je les ai -presque – tous trouvés attachants, dans toute leur imperfection.

Contrapaso – Les enfants des autres – Teresa Valero

Je vais être hyper franche. On m’a vendu la BD en me disant « c’est la conjointe de Juan Canales, le créateur de Blacksad ». Ils devaient venir au salon du livre de Québec mais Mme Valero avait la covid au sortir de l’avion. Ça a été un rendez-vous manqué mais j’ai récupéré la BD et je l’ai lu… plusieurs mois plus tard. Je ne perds pas l’espoir de la rencontrer un jour. Peut-être.

De quoi ça parle

Madrid, 1956. Un jeune journaliste français fils d’un communiste mort dans la guerre civile, débarque dans un quotidien madrilène et se voit assigné aux faits divers, en compagnie d’un journaliste d’expérience qui est souvent blasé mais qui enquête souvent sur des sujets qui n’intéressent pas tout le monde : les femmes qui meurent.

Mon avis

Vous aimez Blacksad? Foncez sur Contrapaso. Loin de moi l’idée de réduire l’autrice à « la femme de » mais l’atmosphère crée, l’enquête, la critique sociale et le côté roman noir peut réellement plaire aux fans du fameux chat enquêteur. Pas d’anthropomosphisme ici mais une vraie enquête, une ambiance pesante et un vrai clash des cultures. Léon, jeune français, est complètement déstabilisé par les limites imposées au journalistes, pour qui la liberté d’expression n’est qu’un mot sans réelle signification. Entendons-nous, il débarque avec son passé dans sa valise et se prend un peu pour l’univers. Ceci dit, l’enquête qu’il va décider de poursuivre va le mener beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait imaginé et va mettre en cause trois des plus grands médecins de Madrid. Plusieurs vies vont être bouleversées. Ceci donne l’occasion à l’autrice de dresser un véritable portrait social et de dénoncer plusieurs des atrocités de l’Espagne franquiste.

Corruption, complots, machisme,le tout sous une dictature et sans possibilité de dire « les vraies affaires », il est difficile de savoir à qui faire confiance. Des femmes qui meurent, c’est un fait divers, non? Il y a un côté féministe dans la BD et Teresa Valero dresse aussi le portrait de femmes fortes, qui sont souvent considérées comme folles ou qui doivent être guéries. J’ai tout trouvé bien fait dans cette BD. L’histoire, le contexte historique, les dénonciations, l’atmosphère et le dessin, à la fois évocateur, détaillé et servant le récit. La culture espagnole ressort autant dans les détails que dans la grande histoire. Le récit se suffit à lui-même mais la toute fin ouvre sur autre chose et j’espère bien retrouver les personnages dans une autre aventure. Je suis preneuse pour le tome 2! Dans mes meilleures lectures graphiques de 2022.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez Moka cette semaine!

Legendborn – Tracy Deonn

J’ai lu ce roman car on me l’avait chaudement recommandé pour mon thème Dark Academia. Et en plus, cette fille sur la couverture n’est pas trop belle? Ici, nous avons encore une fois davantage à faire à une roman fantastique YA qu’à un Dark Academia mais j’ai quand même passé un bon moment de lecture. C’est Dark Academia de la même façon que Ninth House, de Leigh Bardugo en est, en fait!

De quoi ça parle

Bree a 16 ans et vient d’être admise dans un « Early Program » à l’université de la Caroline, que sa mère a fréquentée avant elle. Sauf que sa mère est récemment décédée dans un accident et que Bree a du mal à continuer à fonctionner sans elle. Quand elle est témoin d’une attaque d’êtres démoniaques et qu’on tente d’effacer sa mémoire, elle réalise qu’elle a déjà vécu ça… et que quelqu’un a déjà tenté d’effacer sa mémoire à l’hôpital, après la mort de sa mère. Elle va donc tenter de comprendre et s’approcher d’un peu plus près d’une mystérieuse société secrète qui semble avoir un lien avec les chevaliers de la Table Ronde.

Mon avis

Imaginez un roman où s’emmêlent les légendes arthuriennes et les mythes des Noirs américains? C’est tout à fait ce que nous offre ce roman YA qui place Bree, l’héroïne, au centre de deux cultures, de deux légendes, de deux mondes. Nous sommes dans le sud des États-Unis, là où l’esclavage a été le plus fort au pays et l’autrice réussit à faire ressortir les enjeux que Bree vit en tant que jeune femme noire dans un monde qui n’a pas été bâti pour elle. C’est omniprésent. C’est toujours dans ses pensées, dans sa façon d’appréhender les choses, elle ne peut jamais oublier qu’elle est noire et pourtant, c’est parfaitement intégré dans le texte et dans l’histoire. J’ai d’ailleurs adoré le personnage, en plein deuil, très réactive alors qu’elle a l’impression de se perdre elle-même. Il y a déjà une belle évolution dans son personnage et j’ai vraiment été empathique avec elle, ses peines et les choix qu’elle doit faire.

J’ai pourtant eu un peu de mal à embarquer dans l’histoire au début. C’était un peu lent et, devinez quoi? L’histoire d’amour ne m’intéressait pas vraiment. Moi et les histoires d’amour n’est-ce pas! Le problème, c’est que l’intérêt amoureux est trop… parfait. Un labrador avec la langue qui sort. Blond, le labrador. Ou encore un thé pas assez infusé. Je comprends qu’après des décennies de relations toxiques, on veuille des personnages masculins un peu plus « gentils »… mais quand même, il faudrait qu’il y a quelque chose de plus que ça, non? Encore une fois, ceci est over personnel. Mais j’aime mon thé fort! Personne ne sera donc étonné de savoir que j’aime beaucoup Sel, le magicien du groupe. J’ai toujours eu un faible pour Merlin… ceci explique cela!

Ceci dit, l’histoire s’accélère dans la seconde moitié du roman, quand le personnage principal commence à mieux comprendre qui elle est elle et que les événements s’enchaînent. J’ai beaucoup aimé les révélations finales, le poids des traumatismes intergénérationnels, les aspects queer très « casual » du roman et la force de résilience de générations de noirs qui ressort un peu partout. Il y a une vraie dichotomie dans la magie des noirs et la magie des blancs, c’est hyper bien exploité et ça m’a beaucoup plu. J’ai très hâte de voir comment le tome 2 va traiter la suite des choses.

Ceci dit, nous sommes dans un campus et si l’histoire de l’université, la façon dont elle a été construite, a son importance dans l’histoire, le côté « Academia » est très loin derrière. C’est davantage une histoire de société secrète, il y a une dénonciation du racisme à l’université mais c’est clairement du fantastique pour moi, situé dans une école. Les cercles « externes » de mon interprétation de la Dark Academia étant donné que la partie très « intellectuelle » et « apprentissages scolaires » ne sont pas aux premiers plans. L’obsession est ailleurs. Ça n’empêche pas le roman d’être une très belle découverte pour moi!

Another Brooklyn (Un autre Brooklyn) – Jacqueline Woodson

Sérieusement, je ne sais plus du tout pourquoi j’ai choisi de lire ce roman à ce moment précis, ni encore moins pourquoi il était dans ma pile. En fait, c’est peut-être juste à cause du mot « Brooklyn ». Bref, le mystère est et demeure total.

De quoi ça parle

August arrive à Brooklyn à la fin de l’enfance, avec son père et son petit frère. Sa mère n’a pas supporté la perte de son propre frère et elle n’a pas suivi la famille. Quand elle aperçoit trois jeunes filles dans la rue, elle est fascinée par elles et se demande comment elles ont réussi à seulement… être.

Mon avis

Je crois que ce roman est le meilleur roman jeunesse que j’ai lu cette année. Tout du moins dans le top 2. En fait, j’y réfléchis… et il pourrait aussi être classé en adulte car nous avons une narration passé présent qui nous fait aussi rencontrer August adulte. Un peu comme dans Sleepers, vous voyez? Les agressions dans les prisons en moins. Les prisons en moins, en fait. Bon, oubliez ça, c’est juste l’atmosphère enfant-adulte-amitié qui ressemble. L’histoire, c’est tout autre chose.

Nous sommes donc transportés dans un Brooklyn des années 70, un Brooklyn qui n’existe plus. Nous avons une jeune fille qui se cherche, en tant que jeune fille noire et en tant que fille tout court. D’abord de l’autre côté de la fenêtre, elle verra Gigi, Angela et Sylvia, qui semblent occuper vraiment l’espace et elle voudra êre comme elle ou du moins être avec elle. Quand la fenêtre va se fracturer, elle va tenter l’extérieur, les rencontrer et leur amitié sera intense, alors qu’elles traverseront ensemble la fin de l’ensemble.

C’est un récit par petites touches, tendre, auréolé de cette atmosphère idéalisée que j’aime tellement retrouver dans les récits passé-présent. Il y a une vraie fragilité dans le personnage principal (et dans les autres), une sensibilité à fleur de peau et l’autrice saisit tellement l’âme de cette période où on croit que tout est éternel et où les amitiés sont magnifiées. C’est délicat, réalistes, le portrait Brooklyn est extrêmement vivant. Le portrait passé-présent des quatre amies est aussi fort réussi et j’ai été très touchée. Impossible de ne pas songer à ces amis « bff » de la fin de l’enfance qu’on a perdus de vue et voilà, ça me parle tout de suite.

Une belle plume, un peu lyrique, une vraie exploration de la peine et du deuil… j’ai adoré.

Félixe et la maison qui marchait la nuit – Sophie Bédard

Cet album m’a été envoyé par surprise et dès que j’ai vu une maison à pattes, j’ai su que j’allais le lire. Entendons-nous, ici, on est loin de Baba Yaga mais sous cette couverture qui semble fort enfantine, il y a un sujet sérieux qui se cache.

De quoi ça parle

Félixe habite dans une maison qui marche pendant la nuit. Elle se réveille chaque matin dans un endroit différent. Un jour, elle a trouvé Mi sur le pas de sa porte. Un tout petit chat. Puis arriveront d’autres personnages qui vont petit à petit peupler son quotidien. C’est que Félixe dort beaucoup et n’a envie de rien. Sa maison doit la trouver tellement ennuyante, non?

Mon avis

Je ne savais pas du tout de quoi parlait cet album jeunesse quand je l’ai ouvert et j’ai beaucoup aimé l’expérience de l’aborder sans savoir et de découvrir petit à petit l’univers et les secrets de Félixe. Toutefois, en en parlant ici, je réalise que je ne peux pas vous le vendre correctement – car il en vaut le coup – sans vous dire un peu de quoi il s’agit.

J’avais beaucoup aimé Les petits garçons, la précédente BD de Sophie Bédard et je savais donc que son ton me plairait. Ici, elle aborde le deuil d’une façon qui sonne vrai et qui parlera au jeune public. Félixe est seule et n’a envie de rien. Son train train tristounet va être chamboulé par l’arrivée consécutive d’un tout petit mini-chat, d’un oiseau-qui-n’a-pas-de-bras, d’une lapine maniaque de propreté et d’un Bébé affamé qui a bien besoin qu’on le nourrisse. De gâteau, idéalement. Petit à petit, elle va à doucement guérir et s’ouvrir à nouveau aux autres.

C’est souvent drôle (Bébé me fait mourir de rire, ainsi que l’oiseau qui tent la patte parce qu’il n’a pas de main) mais surtout très doux, très sensible…. et ça dégouline de cutitude. Tout sonne juste. La description d’une personne en deuil, qui se sent de trop, encombrante, qui n’a envie de rien et qui ne veut que dormir était parfaite pour moi. Félixe essaie. Elle essaie vraiment, ce n’est pas le festival de la plainte. Elle est juste… triste. Le portrait pourrait aussi être parfait pour la dépression. Je me verrais très bien expliquer à un enfant la dépression de son parent avec ce roman. Avec des dialogues et des silences évocateurs, sans grand discours, l’autrice réussit à nous faire comprendre les sentiments de Félixe. Et on finit avec une belle note d’espoir et un bel hommage à l’amitié et à la sororité.

Bref, une réussite pour moi!