Certaines n’avaient jamais vu la mer – Julie Otsuka

Certaines n'avaient jamais vu la merC’est Stephie qui m’avait refilé ce roman lors d’une visite en France.  Pas la dernière… peut-être l’autre.  Ou l’autre d’avant.  Bref, tout ça pour dire que ça fait un petit moment que ce roman traîne sur mes étagères.  Moins longtemps que d’autres, direz-vous, mais c’est une autre histoire.

 

C’est un épisode de l’histoire que je ne connaissais pas vraiment qui nous est raconté ici.   De ce roman s’élèvent les voix de milliers de jeunes femmes japonaises qui sont parties de chez elles avec en poche, la photo d’un mari et dans la tête des rêves de grandeur.  Des rêves qui les emmènent loin de la rizière et des champs.   Et c’est ce choeur qui s’élève, ce chant d’espoir, de peine et de résignation qui nous accompagne le long de ces 140 pages.   Plus long, ça aurait pu lasser.  Mais ce format est parfait pour nous faire voyager à travers des centaines de yeux, pour nous faire voir de milliers d’images fugaces mais puissantes.  Tous ces destins individuels s’entremêlent pour nous offrir un panorama d’existences souvent déçues, qui nous sont présentées à travers plusieurs époques de leurs vies.

 

Une écriture sensible, percutante, sans pathos mais beaucoup de finesse, qui nous fait voir le tragique de ces existences échouées sur un continent qui les craint un peu.  Le « nous » et les nombreuses voix donnent à ce roman un air de tragédie grecque, avec le choeur qui décide de sortir de l’ombre et de nous raconter sa vie.

 

J’ai été secouée et touchée.   Et je conseille.

 

 

The Cuckoo’s Calling (L’appel du coucou) – Robert Galbraith

Cuckoo's CallingBon.  Tout le monde le sait, Robert Galbraith, c’est JK Rowling.  Pas besoin de le spécifier dans le titre!   J’avais ce livre dans ma pile depuis que THE nouvelle avait été rendue publique.  Mais dans ma folie actuelle « il faut que je lise un peu ces romans-là aussi », je me suis décidée à l’en sortir et j’ai bien fait parce que ça m’a beaucoup plu.  J’aime Mme Rowling, en fait!

 

Même si le roman se déroule dans le Londres d’aujourd’hui, c’est un roman policier à l’ancienne que nous avons là.  Un bon vieux whodunit avec en arrière plan les moeurs des l’élite londonienne.  En effet, dans cette première enquête de Cormoran Strike, il est embauché par John Bristow pour connaître la vérité sur la mort de sa soeur, la top model Lula Landry, qui se serait suicidée en se jetant de son balcon.  Lula vivant dans le monde des gens riche et célèbres, nous rencontrons donc la jeunesse dorée qui tournait autour d’elle.

 

C’est tout ce que je vous dirai sur l’histoire.  Ce qui est bien, c’est de se laisser balader par l’enquête et de découvrir les personnages petit à petit.  C’est encore une fois ce qui fait la force du roman.  Comme toujours, chez Rowling, les personnages ont plusieurs facettes, ne sont pas toujours fiables et on sent qu’il y a toujours plus derrière la façade qu’ils offrent au premier abord.   Lula est étrangement présente et vivante à travers les yeux des diverses personnes qui l’ont côtoyée.  Nous avons droit à une portrait à facettes ma foi fort intéressant et à une enquête à la dame Agatha, avec un personnage qui s’intéresse à la fois aux faits et à la psychologie des personnages.   Bon, chez Agatha, on connaît très peu les enquêteurs hors des séquences « meurtrières » tandis qu’ici, on connaît quand même bien Coromoran tandis que Robin est plus classique, plus « old school »… et on en a encore pas mal à apprendre sur elle.

 

Le rythme est assez lent et l’intrigue met un bon moment à se mettre en place.  J’aime la façon dont les indices sont amenés, j’aime découvrir la réalité, détecter les incohérences et bizarrement, même si j’avais deviné plusieurs choses, j’avais davantage le goût de me laisser porter par le récit que de chercher la solution à tout prix.

 

Un roman qui prend son temps, une résolution un miniiii peu too much… mais ça m’a rappelé les finales de ma chère Agatha donc ça m’a plu.  En plus, je m’imaginais la voix de David Tennant quand je le lisais (oui, il me passe des bulles comme ça, des fois… c’est normal), ce qui n’a pas nui à mon plaisir de lecture.  Et la suite est – aussi – dans ma pile.  What a surprise!

 

Les billets de Clarabel et Bladelor

 

 

Mauvais genre – Chloé Cruchaudet

Mauvais genreJe pense que j’ai dû voir cette BD dans au moins 5 tops BDs cette année.  Du coup, quand j’ai eu la chance de la lire, je n’ai pas hésité… et j’ai bien fait.   Je savais un peu de quoi il était question, mais j’ai quand même été surprise d’apprendre que ça se basait (librement) sur une histoire vraie.  Des fois, on dirait vraiment que je débarque!

 

Dans cette BD, dont j’adore vraiment, vraiment beaucoup les illustrations dans les tons de sépia avec des touches de rouge, nous emmène dans le Paris du début du siècle.  Louise rencontre Paul lors d’une valse et ils se marient quelques temps plus tard.  Mais il y a la guerre, que Paul ne réussit pas à supporter.  Une blessure infectée ne suffit pas… il lui faut déserter.

 

Si vous avez vu la couverture, vous pouvez vous imaginer de quelle manière il réussira à vivre pendant ses années de déserteur.    S’ensuivra une exploration du genre, de soi, du personnage qui passe de moyen de survie à véritable identité.  Car si Paul est banal, Suzanne, son alter-ego féminin , fascine et attire tous et chacun, homme ou femme.   Il se laissera prendre au jeu, deviendra Suzanne, laissant un peu Louise de côté.  Louise a de la difficulté à trouver sa place dans cet étrange duo Paul/Suzanne.  Elle ne reconnaît plus son mari, changé par la guerre, par leur vie, leur misère.  Il se laisse séduire par Suzanne, par ce qu’elle est et ce qu’elle suscite et le quotidien n’est pas de tout repos pour Louise, qui l’a pourtant fait vivre pendant 10 ans.   Et malgré tout on sent venir la spirale de violences, d’alcool et de confusion qui se profile…

 

Bref, un mélange bien particulier d’exploration du genre, de la personnalité mais aussi du stress post-traumatique (certaines séquences à ce sujet sont magnifiquement dérangeantes) qui est servi par un trait précis et par l’extraordinaire talent de créatrice d’atmosphère de l’auteur et par sa capacité à nous transporter dans la moralité de l’époque du Paris des années folles.

 

Une réussite!

 

Tiens… encore un mercredi… quelle surprise!

BD-de-la-semaine

Cette semaine, la recension est chez Jacques, de Un amour de BD!

Un chef monstre – Nick Bland

Chef monstreJ’aime énormément ce que fait Nick Bland, un auteur australien publié chez Scholastic.  Il a entre autres écrit tous les « Gros ours » (tiens… je réalise que je n’ai parlé que de deux d’entre eux… mea culpa) mais j’ai craqué pour celui-ci, un album avec une grosse bête verte à pois… aux goûts alimentaires bien particuliers.  Côté dégueulasserie, ça accotte presque le niveau de « Moche Café » (publié chez Druide).

 

C’est donc l’histoire de Marcel, un gros monstre bien ordinaire.  Vert à pois, grosses cornes et air bête.  Comme tous les monstres, son boulot est de faire peur aux enfants (oui, ça a un petit côté Monster Inc… c’est peut-être pour ça que j’aime bien).  Mais imaginez-vous qu’il a un gros problème : il ne fait peur à personne.  De toute façon, lui son vrai plaisir, c’est de se concocter de « merveilleux » petits plats.  Je vous laisse imaginer!

 

Je ne vous dirai pas – trop – comment ça finit parce que j’ai beaucoup ri pour ma part et que le schéma narratif est un peu différent (un peu plus difficile à exploiter aussi… mais on y arrive, du moins avec les plus grands).  En effet, il n’y pas de réelle période de recherche d’idées et d’essais-erreurs.  Toutefois, c’est un exercice intéressant de se mettre dans la peau du monstre (au lieu de celle des enfants) pour déterminer si ça finit bien ou  mal… et s’il y a un problème ou non!

 

Même s’il y a très peu de texte par page (quelques lignes tout au plus), il y a des rimettes et le vocabulaire utilisé n’est pas si simple que ça.  On utilise des mots, des verbes et des adjectifs moyennement courants pour les touts petits (du moins les touts petits de mon boulot)… « genre effrayer, ragoûtant, à la sauvette ».

 

Certains cocos deviennent totalement hilares avec les illustrations et les situations dans lesquelles se retrouve notre monstre.   Il y a peu de texte mais tant à dire sur les images, qui sont toujours rigolotes.  Et cet univers de monstres effrayants et bien dessiné.  On peut décrire beaucoup de choses, et souvent ça implique des déductions et l’utilisation de phrases assez compliquées.  Moi, j’aime faire expliquer ces déductions, of course!

 

Bref, j’adore.  J’aime ces albums un peu bizarres avec des personnages qui ont de drôles de motivations.  Et je connais une bestiole à qui il faut que je le lise… souvent!  Trop souvent, genre!

L’île – Anne Wiazemsky

L'îleJ’ai découvert Anne Wiazemsky il y a quelques années avec Une poignée de gens, que j’avais beaucoup aimé.  C’est une plume qui me plaît et qui a un côté passionné derrière sa simplicité apparente.  Du coup, j’avais dû voir le nom et attraper ce Folio 2 euros dans une autre vie (je n’en ai aucun souvenir, mais ça, c’est normal) en me disant que ça devait être bien.

 

Et finalement?  C’est pas mal.  Pas transcendant, mais pas mal.  En fait, le côté nouvelle est adéquat pour l’histoire, j’ai aimé la plume, mais certains éléments m’ont tellement dérangée que j’ai eu du mal à complètement adhéré à l’histoire.

C’est une histoire assez simple, en fait.   Une femme dans la trentaine passe une semaine sur une île avec un couple d’amis et la fille de Jean, l’homme du couple.  Elle attend un appel, celui de l’homme qu’elle aime.  Appel qui ne vient pas.  Et ce sont les émotions d’une femme amoureuse, d’une femme insécure, une femme dont la vie tourne autour de cette histoire, momentanément.  Obsessive, interprétant tout à outrance, tournant autour du téléphone, elle ne vit qu’à moitié ces vacances, dans un coin paradisiaque.  Les émotions sont super bien décrites et je me suis reconnue… à 15 ans.

 

Mon problème avec cette histoire?  La façon dont Laure (le personnage principal) traite Pomme (la jeune ado).  Non mais on m’aurait traitée comme ça, j’aurais fait une fugue, je pense.  Et les parents qui trouvent ça bien normal… j’ai vraiment eu du mal avec cet aspect.  Ok, elle est complètement à côté de la plaque, mais sérieusement?

 

Oui, j’avoue, ce n’est pas très littéraire comme critique mais bizarrement, ça a influencé ma lecture.  Mais je relirai l’auteur, ne serait-ce que pour la plume, que j’aime toujours autant.

Bon dimanche…

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Aujourd’hui, c’est ski!

Une belle journée à vous!

(Pour information, les photos ont été prises aujourd’hui et il  y a quelques jours au Mont Édouard, à l’Anse-St-Jean, au Saguenay!)

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Nulle part au Texas – François Barcelo

Nulle part au TexasC’est Marie-Claude, chez Fidès, qui m’a mis ce petit roman entre les mains au dernier salon du livre, quand je lui ai dit que j’aimais les trucs originaux.  Et elle n’a clairement pas menti parce qu’on se retrouve au beau milieu de Nulle Part (c’est le cas de le dire), dans un Texas disons… spécial spatial!

 

Benjamin Tardif est Québécois.  Traducteur, même.  Et comme il n’a du boulot que 6 mois par année, il a décidé de partir dans son Volks faire le tour de l’ouest américain.  Quand il tombe sur une superbe petite plage isolée, il ne peut résister à l’idée de se foutre un peu de la gueule des puritains de là-bas… et de nager dans son plus simple appareil.  Sauf que oups…  quand il revient, c’est pour voir son véhicule qui fichait le camps, avec tous ses papiers et son argent.  Ah oui.  Et ses vêtements aussi.

 

Disons que pour se mettre les pieds dans les plats (et le z.. dans la mer), il a le don, notre Ben.  Il va croiser une jeune femme pas barrée vivant dans une cabane et un shérif complètement à côté de la plaque… et c’est parti pour une aventure où les péripéties plus incroyables les unes que les autres s’enchaînent.

 

J’avoue, pour le grand n’importe quoi, je suis preneuse.  Toujours.  J’ai parfois ri toute seule et je me suis amusée avec les jeux de mots « traduits » par Ben, qui traduit tout… et qui nous en fait part.  Loved that.   C’est court, rythmé, l’écriture m’a bien plu.  En fait, le roman est juste de la bonne longueur.   Assez court pour ne pas nous lasser, mais assez long pour rire du pauvre type ainsi que de l’imagination débordante de l’auteur pour imaginer magouilles et plans débiles divers et variés.

 

J’ai le deuxième tome dans la pile.  Et je le lirai.  Parce que je sens que les aventures de notre traducteurs intrépide ne sont pas terminées!

 

Jules en parle ici!

Là où vont nos pères – Shaun Tan

Là où vont nos pèresOh my!

Quelle magnifique bande dessinée.  Mon premier vrai coup de coeur de 2015.  Quels dessins magnifiques, évocateurs, imaginatifs!  Que d’émotions passées à travers ces images!

Non mais pourquoi j’ai attendu si longtemps, moi?

 

Je ne pense pas que cette BD ait besoin de présentation.  Tout le monde ou presque l’a lue.  Sans aucun mot, le dessinateur réussit à nous raconter l’histoire d’expatriation de milliers de personnes ayant quitté leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure pour eux et leur famille.   Parti seul avec une valise, le personnage principal laisse derrière lui sa femme et sa fille dans un pays où l’on vit sous la peur du dragon.   Il arrive donc dans un pays fantasmagorique aux formes étrangères limite Dali-esques et où il n’a aucun repère.  Pays industriel, gigantissime et surtout étranger.  C’est à travers de touts petits moments que la solitude et la sensation de déracinement va se faire sentir dans ce pays qui n’est nulle part et où on n’a aucune référence.

 

Album aux tons sépia empreints d’une étrange mélancolie, éclairé aussi par des moments de joie intense, par des mains tendues, des instants volés au quotidien.  Une bonne dose d’espoir et ces temps-ci, ça fait du bien.  L’auteur dit que l’album est en partie en hommage à son père, qui est partie de Malaisie pour l’Australie dans les années 60.  On sent bien entendu que les souvenirs datent un peu mais peu importe.

 

C’est magnifique.  Chaque planche ou double planche recèle une multitude de détails… et je les accrocherais volontiers chez moi!

 

Les billets de Sara (plus mitigée), ICB, Theoma, Lecturissime, Brize

 

BD-de-la-semaine

Cette semaine, c’est Noukette qui accueille le Rendez-vous.  Allez faire un tour pour y voir toutes les BDs!

Pour ceux qui ne suivent pas sur Instagram…

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Oui…Il a neigé!  Je suis limite prisonnière de mon chez moi!

Et oui, ma shed à bois a besoin d’un sérieux coup de peinture!

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Bon hiver!
Et merci mon déneigeur!

Le monde fabuleux de M. Fred – Lili Chartrand/Gabrielle Grimard

monde fabuleux de monsieur fredJe vous ai dit plein de fois que j’aimais beaucoup ce que faisait Lili Chartrand, une auteure jeunesse québécoise.  Je connaissais cet album mais bizarrement, je ne l’avais pas dans ma collection, et je n’en avais jamais parlé.  Peut-être est-ce parce que ce n’est pas un « livre de boulot ». Et si je n’ai aucun mal à parler de ces derniers, les albums super émouvants, que je ne sais pas trop comment « utiliser » au boulot, c’est plus difficile.

 

Cet album raconte donc Pierrot, garçon rêveur, vivant dans sa tête et n’ayant que des amis imaginaires.  Puis, un jour, arrive monsieur Fred, qui a un livre invisible et qui raconte des histoires magiques et magnifiques, qui fascinent Pierrot.

 

Les illustrations et le texte sont en parfaite harmonie et nous entraînent dans une histoire touchante et belle, sans pour autant être pathétique.  Un homme qui a du vécu et qui sort doucement la tête de l’eau, un enfant qui revit par les histoires… et l’influence qu’ils auront l’un sur l’autre.  Peut-être est-ce parce que je l’ai lu dans un moment où j’étais sensible au thème, mais j’en ai eu les larmes aux yeux.   Un joli album sur l’amitié, sur la transmission des histoires et sur la beauté de l’enfance.

 

Je n’ai pas trouvé de billet en parlant mais je sais que miss Magali, chez Griffes d’encres l’a beaucoup, beaucoup aimé aussi!  Ca a d’ailleurs donné lieu à une belle collaboration!  À lire!