Sans le A – L’anti-abécédaire – Michaël Escoffier / Kris Di Giacomo

sans-le-aJ’ai eu un coup de coeur pour cet album et quand les éditions Gallimard nous ont proposé un livre « au choix » dans leur étalage suite à la rencontre avec l’équipe de presse, j’ai évidemment sauté dessus!

Anti-abécédaire… qu’est-ce que c’est, dites-vous?  Au lieu de trouver des mots « avec » la lettre, on imagine les mots « sans » la lettre.

 

Que se passe-t-il quand on enlève le « a » de « carotte »?  Oui, voilà!  Vous avez deviné!  Et vous pouvez vous imaginer que ça commence fort et que ça fait rire les jeunes!  Rien de tel que ce mot pour les inciter à continuer à parler de lettres.  De plus, les illustrations sont originales et mettent toujours en relation les deux mots représentés.  Ce n’est pas toujours aussi drôle que le A, mais pour le principe, j’adore.

 

C’est idéal pour expliquer aux enfants l’importance de chacune des lettres et ça leur permet de jouer avec les mots et les sons/lettres qui y sont présents.   Avec le choix des mots, nous pouvons aussi travailler les concepts son versus lettre et, par la suite, réinvestir le jeu pour transformer d’autres mots.  On peut enlever des lettres (ou des sons), en ajouter, en transformer… bref, plus on joue avec les sons et les mots, plus on est habile à manipuler la structure du mot… et ça, ça aide à la lecture.

 

J’aime!

logo-avent

Plus noir que la nuit – Chris Hadfield

plus-noir-que-la-nuitCe que je l’ai attendu, cet album!  Et je n’ai pas été déçue!  J’ai « connu » Chris Hadfield avec ses vidéos faites de l’espace, il y a plusieurs années, comme tout le monde.  Il m’avait émue aux larmes avec son interprétation de Space Oddity, à la veille de son retour.   Il m’a toujours impressionnée dans ses entrevues, dans son désir de toujours aller plus loin, d’en faire plus et de rejoindre les gens pour les faire rêver.

 

Plus noir que la nuit, c’est un bel album qui parle d’un petit garçon qui a peur de la nuit, dans les années 60, en pleine conquête de l’espace.  Il veut être astronaute et il va découvrir la beauté du noir, de l’infini, de l’espace.  Ça rappelle quelqu’un?

 

Les images sont sombres, un peu sixties, pleines d’imagination enfantine et elles nous mettent parfaitement dans l’atmosphère du conte.  Ça parle de rêves, des peurs qui nous pourrissent la vie mais qu’on peut réussir à vaincre.  J’ai beaucoup aimé les photos de Hadfield, les documents d’archives ainsi que son message final, qui est fort inspirant.  Une phrase, surtout :

 

 » La nuit est faite pour les rêves, la lumière de l’aube permet de les réaliser… »

 

C’est beau hein!

Bref, j’ai adoré!  Je conseille!

logo-avent

Rose à petits pois – Amélie Caillot / Geneviève Godbout

rose-a-petits-poisQuand on a avec nous une copine qui a aussi fait le salon du livre, on a deux fois plus d’albums à lire.  Et vous pouvez vous imaginer que j’ai été très attirée par tout ce rose. Sinon, je ne serais pas moi!

 

Cet album saura satisfaire votre côté romantique.  C’est l’histoire d’Adèle, qui tient le seul commerce des environs, « Le tablier à pois ».  Elle est pétillante et drôle, adore le soleil et les gens, Le café est toujours ouvert pour les habitués, il y a épicerie tous les mercredis et l’endroit est le rendez-vous des gens du coin.

 

Mais voilà.  Quand il y a de la pluie, c’est gris, c’est morne, et il n’y a personne.  Puis, un jour, sans qu’elle ne comprenne comment, des jolies bottes roses apparaissent.

 

C’est cute, cute, cute, c’est plein d’amour et de bienveillance, l’histoire est mignonne comme tout et, surtout, les illustrations sont toutes en douceur, toutes roses.  J’ai adoré le trait un peu estompé et l’ambiance cosy qui ressort de cet album.  On a le goût d’aller y faire un tour, à ce café!  Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau!

 

logo-avent

La ferme / Mes comptines des animaux – Mes petits imagiers sonores Gallimard

mes-comptines-des-animauxla-ferme

Les imagiers sonores, c’est une longue tradition chez Gallimard.  Vous savez, ces albums cartonnés avec une puce sur laquelle l’enfant doit appuyer pour entendre un son ou une chanson?    J’adore ce genre d’albums avec les enfants touts petits.  J’aime leurs images simples et représentatives, les couleurs qui attirent l’attention des touts petits et les éléments saillants en rapport avec la comptine ou le bruit présenté.   Tout est fait pour que les petits cocos s’y retrouvent.

 

Dans mes comptines des animaux, on a six comptines chantées – juste – par des voix d’enfant.  Et je spécifie « juste » parce que ce n’est pas toujours le cas et que ça accroche parfois les oreilles!  Ici, c’est juste mignon.  Je dois avouer que je ne connaissais pas toutes les comptines (en bonne québécoise que je suis) mais elles sont courtes, accrocheuses, et l’illustration qui l’accompagne est toujours appropriée.  Simple mais pas trop, juste assez pour pouvoir avoir des petites phrases à donner en modèle et du vocabulaire à exploiter.

 

Dans « La ferme », ce sont des vrais bruits d’animaux, enregistrés en studio qui sont proposés aux cocos.  J’avoue avoir eu un fou rire en m’imaginant une vache en studio!  Les six sons sont donc très réalistes.

 

Ce type d’album est parfait pour stimuler l’action-réaction.  Pour avoir un une petite poulette de 10 mois jouer avec, trouver la puce à chaque fois pour faire recommencer la chanson, croyez-moi, ça fonctionne!    Bon, elle cherche les puces dans tous les livres maintenant… mais c’est une autre histoire!

 

Cute!

logo-avent

Rob Scotton et l’univers de Splat le chat

splat-range-sa-chambreSplat le chat est un personnage que j’ai découvert récemment et qui m’a conquise.  Du coup, quand on m’a offert de rencontrer l’auteur lors du salon du livre de Montréal, j’ai sauté sur l’occasion et j’ai pu passer une très agréable demi-heure en compagnie de cet auteur, qui a énormément de choses à dire sur ses personnages et son univers.

Mais je vous en raconte un peu plus.

 

Le personnage de Splat a d’abord été créé en tant que personnage et sa première vitrine a été… sur de la vaisselle!  Il y a en effet toute une série avec Splat dessus, qui a gagné un prix en 2004.  L’histoire de sa création est assez drôle d’ailleurs.  Scotton était chez lui en Angleterre quand soudain, le chat du voisin, pas commode, bagarreur et terriblement maladroit, décide de grimper sur une clôture de grillage.  Il était là à limite l’encourager quand il y a eu un coup de vent et … SPLAT… le chat s’est étalé par terre.  La rime est restée dans sa tête (Splat the cat en anglais) et il a ensuite créé ce personnage, sans réelle histoire en tête.

 

Mais l’histoire de Splat ne s’est pas arrêtée là.  En effet, plus tard, Scotton qui était au départ illustrateur, se rend àsplat-beaux-reves New Yord à un « Licencing show » où des gens de chez Harper Collins ont cliqué avec deux personnages : Splat et Russel le mouton.  Avait-il une histoire?

 

Non, pas vraiment.  Par contre, quand il crée ses illustrations, Scotton crée toujours une personnalité et une histoire (backstory) à chacun des personnages.  Du coup, après des rencontres avec les éditeurs, le premier album de Russel est sorti, puis, Splat.  Dans les premiers albums, il y a même des clins d’oeil à la maladresse de Ninja, le fameux « chat du voisin », celui qui a fait SPLAT!

 

Les histoires sont toujours très proches de la réalité des lecteurs et il met ses personnages dans des situations que la plupart des gens ont vécues.  Splat a un côté vulnérable, il fait des erreurs, il ne réussit pas tout le temps et savez-vous quoi?  Ce n’est pas grave.   Ce sont des histoires bien construites, avec souvent un vrai problème, des tentatives (bonnes ou non) et une vraie fin, souvent surprenante et très drôle.  INutile de préciser que ça plaît aux enfants, cette finale.

 

splat-aquariumRob Scotton croit fermement que les enfants apprennent mieux en s’amusant.  Dans la version anglaise, il y a une vrai travail sur les sons, avec des rimes, des allitérations et du contenu à exploiter pour les profs.  Malheureusement, ça passe beaucoup moins dans la version française.  Par contre, pour les histoires, ça passe super bien!   Et que dire de Harry la souris (Seymour en anglais), l’ami très différent de Splat, une souris dans un monde de chat, qui est un indicateur émotionnel pour Splat.  Il y a une vraie amitié et ça permet de parler des différences et de leur acceptation.  Bref, j’aime le concept.

 

Ceci dit, la demande pour Splat est trop grande pour un seul auteur et il y a maintenant toute une équipe – qui a toute la confiance de l’auteur – qui travaille avec Scotton sur cette série.  Il mentionne que c’est un réel travail d’équipe et il qu’il a travaillé sur toutes les histoires.

 

J’ai lu quatre albums de Splat, en français et en anglais, pour réaliser cette entrevue.   Mon préféré est « Splat range sa chambre », où notre petit chat a une liste de choses à faire… choses qu’il n’a pas du tout envie de faire.  Comme tout bon enfant, quoi!  Sauf que son père va lui donner un truc… et vous verrez bien!  C’est mignon comme tout, c’est une ode au pouvoir de l’imagination des enfants… et la fin m’a bien fait rire!  Je suis fan des illustrations, jolies, attrayantes, colorées et juste assez chargées pour attirer l’attention des enfants et permettre à ceux-ci d’en parler et de pointer des détails.  J’adore!

 

Dans « Splat fait de beaux rêves », on a affaire à un Splat qui a peur de dormir… parce qu’il a peur de faire des splat-creme-glaceecauchemars.  Ça vous rappelle quelque chose, ceux qui ont des enfants?  Mon petit doigt me dit que oui!  Dans ce cas, pas de schéma narratif typique, mais beaucoup de situations assez cocasses (ah, l’imagination des enfants quand vient le temps de ne pas dormir) et encore une fois, les enfants adorent.

 

Splat à l’aquarium nous emmène dans une visite à l’aquarium avec l’école.  Son but dans la vie?  Impressionner Kattie avec ses connaissances disons… originales!  Mais Grouff, son camarade-qu’il-n’aime-pas, est toujours là pour le détromper… et révéler aux autres ses tentatives pour se rendre intéressant.   Ici, encore une fois, la finale est comique et c’est une jolie occasion pour discuter avec les petits des mensonges et des inventions.  Plusieurs jeux de mots dans ce tome et il est intéressant de faire faire aux jeunes le processus qui a pu amené Splat à penser, par exemple, que les poissons-dragons crachent du feu!

 

Celui que j’ai le moins apprécié est Splat aime la crème glacée, même si, étrangement, c’est celui qui a le plus plu à ma nièce, qui s’est limite roulée par terre!  Par contre, on a un vrai schéma, avec un problème et plusieurs solutions.  Il est donc bien utilisable pour travailler cet aspect du langage.

 

Et puis, avez-vous envie de découvrir ce minet?

splat-vaisselle

Je vous avais dit que c’était de la vaisselle aussi,  Splat!
dsc_0185

 

logo-avent

 

La Conquête de Plassans – Émile Zola

conquete-de-plassansJ’en suis donc au quatrième tome des Rogon-Macquart.  Je l’ai commencé il y a plusieurs mois, avant de partir en Europe, en fait.  Je l’ai donc mis en pause un long moment mais, bizarrement, je n’avais rien oublié  Étrangement, l’abbé Faujas, les Mouret, la sous-préfecture et les Rastoile, légitimistes, étaient bien gravés dans ma mémoire et j’ai pu replonger immédiatement dans l’atmosphère.   C’est qu’on sent, dès le début, que ça risque de mal finir!  Ceci dit, c’est Zola hein… pas trop gai, vous direz!

Dans ce roman, nous retournons donc à Plassans, avec ses trois quartiers.  On se souviendra que dans le premier tome, suite aux machination des Rougon, la ville semblait acquise à Napoléon.  Toutefois, le candidat de la région est légitimiste… et semble pas mal inutile.  L’histoire commence chez Marthe et François Mouret.  Elle est la fille de Pierre Rougon et Félicité.  Il est le fils d’Ursule Macquart.  Ils sont donc cousins, bourgeois et regardent passer la vie en travaillant dans le jardin pour lui et en faisant de la couture pour elle, bien installés entre les deux partis de la ville qui se rencontrent dans leurs jardins respectifs, de chaque côté de chez les Mouret.

Puis, un jour, pour avoir un peu de sous en plus, ils décident de louer une chambre à un nouvel abbé, l’abbé Faujas.  Il arrive avec une soutane usée, sans le sou, austère et peu amène.  Il a sa mère avec lui et s’installe au deuxième étage de la demeure Mouret… et à partir de ce moment, leur vie va changer.

Comme souvent, Zola s’attaque à certains problèmes de sa société.  Ici, c’est l’implication de la religion dans la politique.  De même, le thème de la folie est abordé, thème qui avait déjà été effleuré avec Adélaïde Fouque, l’aïeule enfermée aux Tulettes, un asile psychiatrique.  Je ne vous expliquerai pas le pourquoi du comment mais nous assistons, impuissants, parfois découragés, parfois enragés, parfois presque contents, à la manipulation d’une ville entière, à des changements d’allégeance, à des ascensions et à des chutes… bref, j’ai vibré dans cette histoire.  Sérieusement, je n’ai JAMAIS détesté autant certains personnages.  J’avais le goût de les secouer et j’étais totalement dépassée par la situation qui devient presque ridicule tellement c’est gros.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que le roman ne m’a laissée indifférente!

Je prends une petite pause… mais vous aurez d’autres Rougon-Macquart bientôt!

Harry Potter et la chambre des secrets – JK Rowling / Jim Kay

harry-potter-illustre-2Ai-je vraiment besoin de vous présenter cet album?   En 2015, on avait eu droit au premier tome et, suite logique, le deuxième est sorti cette année.   Parfait cadeau de Noël, direz-vous.  Et vous auriez raison!

 

On adhère ou on adhère pas aux illustrations de Jim Kay mais pour ma part, je trouve qu’elles sont en parfait accord avec l’univers de Rowling et qu’elles nous font plonger direct dans ce monde.  Dans ce tome, c’est le terrier, Mimi Geignarde, les araignées géantes, le retour à Diagon Alley et la voiture volante.   Comment ne pas craquer?

 

L’album est d’excellente qualité et comporte encore une fois tout le texte original dans une mise en page originale, agrémentée d’illustrations et de fonds de pages qui sont en accord avec le propos.    Je l’ai déjà dit, je pense, mais je n’ai jamais lu les Harry Potter en français. Je profite de cette magnifique édition pour découvrir la saga dans ma langue et ça fonctionne parfaitement.  Un réel plaisir de lecture!

 

À consommer sans modération!

dsc_0077 dsc_0078 dsc_0079

logo-avent

Rénovation – Renaud Jean

renovationQuel roman étrange que voilà.   Je suis entrée dedans sans trop savoir à quoi m’attendre et j’en suis sortie à la fois hébétée et angoissée.  Entre incohérence et illogisme, le narrateur évolue dans un univers qui rappelle un peu celui de Kafka, où l’on côtoie un peu le grand n’importe quoi mais un grand n’importe quoi qui n’est parfois pas aussi éloigné que ça de certaines réalités.  Quand on travaille dans la santé ou l’éducation, des fois… mais bon, je m’égare!

 

Un jour, le narrateur est dérangé dans son chez lui capitonné et sans fenêtre par une équipe de rénovations.  Il n’a aucune idée d’où ils viennent, ils le traitent comme quelqu’un de limite suspect,avec hauteur et mépris.   Peu importe ce que le locataire en pense, on rénove, on éclaire, on ajoute de la transparence aux murs de cet appartement.  Il ose se plaindre?  Ben voyons, il a signé!  Et en plus, la seule chose qui soit vraiment inquiétante, dans tout ça, c’est que la pièce était autrefois capitonnée, non?  Suspect… fort suspect…  C’est lui aussi… il doit avoir de terribles difficultés d’adaptation!

 

Ici, on ne tombe jamais dans le larmoyant, mais on a le goût de secouer ce narrateur qui reste passif, qui ne dit rien (bon, d’un autre côté, dès qu’il ose, ça lui retombe dessus) alors que tout devient de plus en plus absurde autour de lui.  Entre les réhabilitations, les réformes alors que la réforme précédente n’est pas encore terminée, les chefs improbables et les situations où personne ne dit quoique ce soit, on sait d’avance que ça ne va pas bien aller pour cet homme (qui a, ceci dit, fort probablement des difficultés d’adaptation).  De toute façon, personne ne semble avoir un réel pouvoir dans cette énorme structure sensée vouloir « aider » les pauvres gens.

 

Miroir de la société, où personne n’est à l’abri et où plusieurs sont oubliés par le système, à qui ile dit système ne convient pas.  Privatisation, stages non-rémunérés, incohérences, redressement financier, coupures, diminution de la qualité de vie et surtout, surtout, impossibilité de s’en sortir pour certains.  J’en suis sortie pleine d’angoisse, fâchée aussi.  J’avais le goût de secouer tout le monde. Ceci dit, si la première partie a très bien passé, j’ai trouvé que le processus s’essoufflait un peu au fil des pages. La froideur se ressent par moments. On a affaire à un style assez direct, sans flaflas.  Même si ça m’a bien plu, j’avais quand même préféré son recueil de nouvelles, où le style m’avait davantage interpellée.

 

C’est malin, j’ai envie de relire Kafka maintenant!

logo-petit

Pomme S – Eric Plamondon

pomme-sOn m’avait dit qu’on pouvait lire les trois volumes de cette trilogie dans le désordre.  Oui.  Et non.  Ceci dit, je dois tout relire, maintenant que j’ai davantage compris le fil conducteur, aussi mince soit-il.

 

Disons-le tout de suite : j’adore ce truc.  C’est limite jubilatoire.  Il faut avouer que ces textes en apparence décousus, ces informations distillées, parfois étalées, sans qu’on ne sache trop pourquoi au départ, c’est mon truc.   J’avais vraiment aimé Hongrie-Hollywood Express, le premier tome du triptyque, qui parlait de Johnny Weissmuller.  Ceci dit, j’avais dit que je me jetterais sur la suite.  En 2013.  Oui, je sais, je sais.

 

Cette fois, on nous fait entrevoir le personnage de Steve Jobs, ainsi que l’arrivée de l’informatique, de l’ordinateur personnel et la montée d’Apple.   Le tout par petites touches qui semblent décousues mais qui forment, en fait, un tout très cohérent.  Étonnamment.  Ici, pas d’idéalisation du personnage.   Juste une vision choc, comme cette publicité d’Apple qui a fait les annales du Superbowl de 1984.

 

Encore une fois, on nous balade d’une époque à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une vie à l’autre.  De l’histoire du code binaire, en passant par l’invention du zéro, les déboires de Turing et les conférences de Job.  Et Gabriel Rivière, le personnage récurrent, qui traverse ces histoires, mine de rien.  Pour tenter de se trouver à travers d’autres existences.  Je crois.

 

Bref, je vais lire le deuxième.

Que j’ai acheté.  Of course!

logo-petit

L’avalée des avalés – Réjean Ducharme

lavalee-des-avalesOh my…

Comment je vais faire pour vous parler de ça.  Ce roman fait partie des classiques québécois.  Publié en 1966, en plein pendant la révolution tranquille, il donne la parole à Bérénice, 9 ans au début de l’histoire, une enfant qui n’en est pas une.  Pour la petite histoire, quand mon prof en avait parlé au début du secondaire, je pensait que le titre était « La vallée des azalées »… mettons que ce n’était pas tout à fait ça!

Mais revenons à Bérénice.  Née au sein d’une famille bourgeoise.  Père juif.  Mère catholique.  Pour que ce soit juste, ils se sont partagés les enfants.  La mère a Christian, l’aîné et le père a Bérénice, la plus jeune.  Oui, je sais, c’est super sain, comme truc.

« Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. »  Ce sont les premières phrases du livre, les premiers mots que nous adresse Bérénice.  Avaler pour ne pas être avalée.  Contrôler l’amour pour ne pas être faible.  Et se décider parfois à aimer, à la folie, pour posséder.

La voix de Bérénice est très particulière.  Une voix d’enfant qui n’est pas un enfant, mais qui refuse totalement d’être une adulte, qui méprise ceux-ci et qui s’efforce d’haïr.  Haïr sa mère, qu’elle appelle « chat mort » ou « chamomort ».  Un truc vraiment répugnant, qu’elle ne peut pas aimer.  Et le pire, c’est que l’on est rapidement happés par cette folie, ces propos violents, que ce soit dans la haine ou dans l’amour.   C’est rempli de références, autant à Nelligan qu’aux poètes antiques,  Plus ça va, plus on lit avec de grands yeux, Parce que ça dérange.  Parce qu’on se demande où on s’en va, entre New York et Israël, les lettres incroyables et le bérénicien, langage inventé.

Un roman auquel il faut parfois s’accrocher, qui ne s’offre pas si facilement, mais qu’on referme soufflés.  Ça ne plaira clairement pas à tout le monde, ce délire, ce monologue intérieur avec ses digressions et ses répétitions.   Mais c’est disons… une expérience.

Qui m’a plu. logo-petit