La vieille anglaise et le continent – Jeanne-A Debats

On avait beaucoup entendu parler de cette novella il y a quoi … 8 ans, dans mes premières années de blog.  Plusieurs copines à moi, qui maintenant ne bloguent plus, pour la plupart, en avaient parlé avec beaucoup d’éloges.  Pourtant, pour une raison que je ne comprends pas encore, ce n’est qu’à la vente de fermeture de Griffe d’Encre (tristesse, tristesse) que je l’ai acheté.    C’était mon livre « book jar » de janvier (que j’ai lu début février et qui sera probablement publié en mars)… et j’ai beaucoup aimé!  Prévisible, n’est-ce pas!

 

C’est donc une novella.  Plus long qu’une nouvelle, plus court qu’un roman.  70 pages environ.  Qui se dévorent.  Parce que pour raconter cette histoire, tous éléments se fusionnent à la perfection pour créer un univers très particulier.  La plume réussit à garder un côté poétique et fluide, même dans les passages plus techniques.  Parce que oups… j’ai oublié de vous le mentionner, mais c’est de la SF!

 

L’histoire se déroule en deux temps, qui se rattraperons peu à peu.  Nous sommes dans un futur pas si proche, mais pas si loin non plus.  Ann Kelvin a toujours été une activiste écologiste et une grande amoureuse de la vie sous toutes ses formes.  Elle va donc consacrer sa vie – et sa mort – aux grands cétacés en voie de disparition.  Elle a plus de 80 ans et est clouée à son lit, en fin de vie en raison d’un cancer quand un ancien étudiant, Marc, qui a travaillé toute sa vie comme chercheur dans la transmnèse, un procédé qui permet, pour une courte période, de transférer l’âme dans un autre corps.   Il va lui faire une proposition très particulière.

 

C’est assez incroyable les thèmes qui sont abordés dans si peu de pages.  Abordés juste assez pour nous amener à réfléchir, à faire des liens.  On parle d’environnement bien entendu, mais on ne nous martèle rien, on ne tombe pas dans les bons sentiments à l’extrême, loin de là. Les dangers de la science, du mécénat, la manipulation et les excès dans tous les domaines sont explorés.   Les passages dans l’océan, la découverte du fameux continent (beautiful), l’évolution de la relation qui se développe petit à petit… c’est juste magnifique.  Rien de moins.   Un personnage qui s’éloigne de la femme en elle, mais qui ne demeure pas moins profondément…humaine.  Je sais, très mauvais choix de vocabulaire… mais je n’en trouve pas d’autre!

 

Ca se lit à la vitesse de l’éclair… et c’est bon!

Petit monstre – Caroline Merola

Récemment, j’ai reçu deux magnifiques albums de chez Isatis et je commence par vous parler de celui qui a suscité chez moi (et chez les petits) un enthousiasme de folie!  Comment résister à de si belles et vives images, à un univers créatif et à une plongée dans le monde de l’enfance?  Moi, en tout cas, je ne peux pas!

 

Notre jeune héroïne a un petit monstre de poche, très méchant et très moche.  Il aime les gros mots et fait TOUS les mauvais coups! En plus, il aime manger des vers de terre!  Mais que d’aventures fait-il vivre à la fillette et à son petit monde!

 

L’auteure sait parfaitement rejoindre les petits avec son texte.  Les folleries du petit monstre, ce sont celles que les cocos rêvent de faire, celles qu’ils trouvent hyper-super drôles.  En tout cas, j’en connais une qui a trouvé ça hi-la-rant!  Et en discutant avec les enfants suite à la lecture, c’est fou fou fou le nombre de cocos qui ont AUSSI ce genre de monstre!  Et si vous saviez les mauvais coups que le leur fait!  Bref, un album qui suscite les rires, qui regorge de belles images où apparaissent encore et encore les mêmes étranges animaux un peu fantasmagoriques, et qui finit sur une inférence toute simple, parfait pour ce niveau d’âge… j’adore.

 

Notons également le texte tout simple, facile à comprendre, mais en rimes ainsi que des images assez complexes pour permettre de faire produire une panoplie de phrases comportant plusieurs verbes (Karine-l’orthophoniste, sors de ce blog!!).

 

Bref, un joli album coup de coeur qui a fait tout autant d’effet chez Jules!  Et que vois-je? Il y a d’autres albums de l’auteur, qui semblent pleins de potentiel pour les cretons à l’hop!  Devinez qui va tenter de mettre la main dessus?

Cot Cot Cot! Allons à la foire – Jo Ellen Bogart / Lori Joy Smith

Pâques s’en vient!  Bon, dans ma tête  à moi, ça veut dire Cocos Laura Secord et poules des pères trappistes.   Mais avec les cocos, comme je ne peux pas les bourrer de chocolat, on va en profiter avec un album.

 

Nous sommes donc transportés dans un village de poulets.  Et c’est jour de foire, en plus!   L’album va nous raconter, en rimes, une journée familiale à la foire.    C’est davantage une description d’activités qu’une réelle trame narrative avec un punch, mais ça permet de voir le vocabulaire des fêtes foraines, d’identifier des rimes et de faire parler les enfants de leurs expériences du genre.

 

Les illustrations sont choupinettes (la couverture est un super exemple du style de l’illustrateur), très chargées et parfaites pour improviser des jeux de Cherche et trouve avec les petits.  Je l’ai pour ma part utilisé pour travailler la compréhension des descriptions, l’attention verbale et les habiletés à décrire, à expliquer.   De plus, les petits poulets font tout plein d’actions différentes, ce qui permet aussi de travailler les phrases simples.   Nos poulets sautent, mangent, tournent, soignent, jouent de la musique, dansent… plein de verbes.

 

Et bon…  comme le titre en anglais est « Count your chickens »… vous pouvez vous imaginer qu’on peut s’amuser compter les poulets qui dansent, les poulets qui sont dans la maison…  et que c’est sans fin!

Son excellence Eugène Rougon – Emile Zola

Déjà le 6e roman de Zola que je lis.  Bon, je dis déjà, mais j’ai commencé mars 2016 hein… Du coup, je ne suis pas over rapide, malheureusement.

 

Celui-ci, je le craignais un peu.    J’avais peur que ça parle autant d’argent que « La curée », qui est celui que j’ai le moins aimé à date.  J’aime pas parler d’argent.  Je n’ai aucun intérêt.  Ici, certes, nous sommes dans les hautes sphères de l’Empire, mais ce sont surtout des jeux de pouvoir et de manipulation.  Et ça, ça me plaît.  Du coup, j’ai beaucoup aimé ma lecture.  Je pense d’ailleurs que je pense que j’aime de plus en plus la plume (même si je garde mon éternel bémol… le « je précise un peu trop le ton et les intentions ») et que j’apprends à apprécier ces personnages souvent tous plus détestables les uns que les autres.

 

Nous suivons donc Eugène Rougon, le fils de Madame Félicité, dont nous avons surtout entendu parler dans le premier tome « La fortune des Rougon« .  C’est celui-là qui tirait les ficelles et qui dirigeait sa famille.  Vous voyez?  Bon, voilà, c’est lui.

 

Le roman se déroule sur quelques années.  Il s’ouvre sur la chute de Rougon, tombé en défaveur de l’empereur, au grand désespoir de ses charmants « amis ».  Ah, ces amis.  Ces amis!  Rarement des personnages ne m’ont fait autant rager.   À côté d’eux, Rougon, (cet être mysogyne, avide de pouvoir pour le pouvoir, aux opinions impérialistes,  qui utilise son levier pour favoriser la répression et la perte des libertés) nous paraît presque sympathique.  C’est dire!

 

Nous le suivrons donc alors qu’il retrouve graduellement du pouvoir et nous découvrons avec des grands yeux les petites magouilles, le népotisme… en nous disant que, malheureusement, ça n’a pas changé tant que ça.  En fait, pas du tout.   Bref, c’est enrageant… et on se sent tellement impuissants face à tous ces incompétents qui racontent tout et n’importe quoi!

 

Ceci dit, j’ai beaucoup aimé le duel  entre Rougon et Clorinde, une femme qui compte bien lui prouver qu’il ne faut pas la sous-estimer.  Est-elle mieux que lui?  Pas du tout.   Mais ce personnage se démarque avec ses manipulations et son hypocrisie… et son côté « j’utilise tout ce qui est en mon pouvoir pour me démarquer », avec les conditions de la femme de l’époque.

 

Ceci dit,  c’est encore une fois le portrait d’une époque et Zola utilise cette histoire pour dénoncer ce gouvernement qui se disait démocratique.   Certaines scènes sont terriblement cruelles, magnifiquement décrites. Bref, à ma grande suprise, j’ai beaucoup aimé, même si ce n’est pas mon préféré.

 

Lilly, Suzanne (qui n’a pas du tout aimé) et Miss Alfie l’ont aussi lu.

 

La fille du professeur – Joann Sfar / Emmanuel Guibert

J’entends parler de cette BD depuis des années.  Normal, elle a été publiée il y a 18 ans et réédité il y a quoi… une dizaire d’années.   J’ai entendu du bon, du moins bon… et j’ai laissé traîner la lecture, alors que je l’ai depuis une demi-éternité.   Et finalement?  C’était une agréable lecture, j’ai beaucoup aimé les images et les effets de couleurs, j’ai ri à certains moments donnés… mais je reste tout de même avec un sentiment de trop peu.

 

Une histoire d’amour entre une demoiselle du 19e siècle et une momie.  On s’attend à quelque chose d’un peu irréel, mais aussi d’assez drôle.  Et c’est le cas.  Irréel par le visuel, les arrière-plans sépia et le côté entre-deux mondes.  Et drôle parce que oh my… disons que c’est la « date » de nos deux personnages va s’approcher du grand n’importe quoi.   C’est bien, j’ai beaucoup souri, j’ai aimé la demoiselle loin d’être parfaite et insatisfaite de sa relation avec son père.  Quant à Imhotep IV, la momie… disons qu’elle a une bonne capacité d’adaptation!  Certains dialogues sont hyper cute, d’autres nous font ouvrir de grands yeux et plusieurs péripéties sont tellement capillotractées et fofolles que ça ne peut que fonctionner.

 

Bref, une jolie lecture et une agréable petite demi-heure.  Toute petite demi-heure.  Pourquoi ne suis-je pas enchantée, donc?  En fait, j’ai eu l’impression d’arriver au milieu de l’histoire.  À tel point que je suis allée vérifier si je n’avais pas seulement le tome 2.  Pourquoi la momie peut-elle se balader?  No idea.  Comment sont-ils tombés amoureux?  Aucune idée non plus.   J’aurais aimé au moins un dyptique pour mieux assimiler le truc et pour m’attacher davantage.  Les sentiments sont assez survolés, aussi.  Je pense spécifiquement à la fin (qui est, en fait plutôt drôle… mais d’un humour ma foi assez sombre).

 

Ceci dit, un agréablement moment de lecture, une période que j’aime beaucoup ainsi qu’un certain caméo hilarant.   J’en aurais pris juste un peu plus!

 

C’était donc ma BD de la semaine et vous pourrez trouver toutes les participations de cette semaine chez Mo!

Les gens dans l’enveloppe – Isabelle Monnin

C’est un ouvrage hyper particulier que ces « gens dans l’enveloppe ».  C’est certes un roman, mais c’est aussi une quête, celle d’Isabelle Monnin qui a acheté un lot de photos aux enchères.   Son projet : écrire un roman à partir des photos, tous des gens d’une même famille et ensuite, partir à leur recherche.   Le livre est donc divisé en deux parties bien distinctes, que j’ai toutes les deux également aimées.

 

Dans le roman, nous rencontrons trois femmes, de trois générations différentes.  Ces trois femmes, elles les avait rencontrées sur des images, des photos du quotidien, pas les meilleures.   Des personnes qui semblent banales et à qui elle a inventé une vie.   Et une mère qu’on ne voit presque jamamis. Le roman s’ouvre sur Laurence, une jeune fille dont la mère a disparu quand elle était enfant.  Profondément marquée par ce manque de mère, elle espère un appel, un signe, quelque chose, alors qu’elle grandit entre sa grand-mère (sa Mamie Poulet) et son père.   Puis, plus tard, nous aurons aussi la voix de Michèle, mariée trop jeune, qui ne rêve que de vivre, de bouger, de s’échapper.  Nous finirons finalement avec l’histoire de la mamie, cette mamie si austère sur les photos, qui a déjà été jeune, elle aussi.

 

Ces trois femmes m’ont beaucoup émue, beaucoup touchée.  En les rencontrant, on réalise qu’aucune vie n’est banale.   Du coup, j’aime énormément ces histoires sur trois générations, ces liens que l’on fait et sur les choses qui se répercutent d’une femme à l’autre.    J’ai beaucoup aimé!

 

Contrairement à plusieurs, j’ai autant aimé la deuxième partie, qui raconte son enquête.  Bon, le début est un peu long et on comprend que l’auteur a choisi de publier ses recherches dans son entier.  Mais bon… un peu d’épuration… ça aurait pu fonctionner aussi hein!  Ceci dit, une fois que nous commençons à rencontrer les « vrais » personnages, qui n’ont rien à voir avec ceux du roman, mais qui sont également émouvants.  En fait, j’ai été émue des émotions de l’auteur lors de leur rencontre, alors qu’ils étaient devenus si vivants pour elle.

 

Bref, une bien agréable lecture, dont j’ai aimé les deux parties.  Un exercice très particulier dont j’ai vraiment apprécié la démarche et un bel hommage à cette famille et aux traces en général.  Ça donne envie d’aller lire sur notre histoire familiale!

 

Les avis d’Enna, de Athalie et Entre les pages

La merveilleuse machine à se faire des amis – Nick Bland

C’est l’histoire d’une poulette qui est super sympathique.  Elle a des attentions pour tout le monde et est aimée de tout le monde.  Bref, la poulette est heureuse.  Mais un jour, elle va trouver une machine.  Un drôle de truc noir, avec un écran qui dit « bonjour »!  Et la poulette va être fascinée… jusqu’à oublier ses anciens amis.  Que va-t-il se passer?  Qui se cache derrière tous ces « bonjour »?

 

C’est donc une histoire pour les touts petits sur les dangers d’internet et des écrans.   Bien entendu, on ne va pas dans la subtilité et les demi-mesures.  Dans cette histoire, l’écran, c’est le méchant et ya des méchants qui se cachent derrière.  Du coup, pour une fille comme moi qui a donnu de vraies amies par les blogs et tout, il aurait fallu nuancer.  Ceci dit, je comprends parfaitement le choix de l’auteur dans sa présentation.  Avec les petits cretons qui trippent sur les écrans et qui y sont souvent collés au détriment de leurs copains et leur sommeil, disons qu’il faut frapper fort!

 

Ceci dit, ça reste du Nick Bland.  Les animaux sont mignons, les images sont colorées, simples et attirantes.  Comme d’habitude, les éléments essentiels des illustrations sont mises en relief et faciles à comprendre pour les enfants.  Ajoutons à ça un texte percutant, rempli d’adjectifs et de superlatifs bien choisis.  Il est court et va droit au but.   Ceci dit, je connais une poulette à qui j’ai fait très peur avec cette histoire!  Faut dire qu’elle a un truc avec les loups et elle avait peur qu’il en sorte du téléphone de sa mère!  Imaginez le tableau!  On en a ri.  Après!

 

Bref, un sujet d’actualité et un premier regard critique sur les écrans et internet.

 

 

Mon amie, sa classe, leur blog!

Vous vous souvenez, il y a quelques semaines, je vous ai parlé de la visite que j’ai faite dans la classe de mon amie Michèle?  Le projet s’est concrétisé, leur blog est en ligne et vous pouvez le voir ici:

https://laclassedemadamemichele.wordpress.com/

 

Vous savez ce qui serait gentil?  Aller les encourager un peu.  Ils ont 10-11 ans et sont tout contents d’être publiés pour être lus partout dans le monde!

 

Et mon amie Michèle (une autre jumelle cosmique, avec Fab et Yue.. québécoise, celle-là) a décidé de tenter le coup aussi… va-t-elle durer aussi longtemps que moi, qui sen va sur ses 10 ans de blog?

 

Pour la lire, c’est ici!

 

Bonne fin de semaine!

Moi, ce sera théâtre, expos… et peut-être lire quelques unes des 1000 pages de mon livre en cours!

Le Garçon – Marcus Malte

Comment vais-je faire pour vous parler de ce sublime roman?

Comment vais-je vous donner envie de vous plonger au coeur de ces pages, de cette écriture, de la vie de ce Garçon qui n’a ni nom, ni voix?  Je crains de ne pas réussir, en fait.  Je me sens toujours comme ça quand je suis face à un roman qui est plus grand que moi et qui ne se résume nullement qu’à son histoire.   Essayons, tout de même.   Parce que je suis comme ça, moi.  J’aime vous faire craquer!

 

Le Garçon est né dans la forêt.  Sa mère l’a eu, comme ça.  Sans avertir personne.  Il a quinze ans quand elle meurt et il lui construit un bucher.  Parce que c’est ce qu’elle lui avait précisé de faire.   Et il part pour découvrir le monde, restant un peu toujours à la marge de ces gens qu’il tente de comprendre.  Et quelles rencontres.

 

Nous sommes au début du siècle, dans le sud de la France, et le Garçon est étranger, accueilli un peu à reculons.  Entre les habitants d’un tout petit village qui vivent avec rien, l’ogre Brabek, lutteur et philosophe, jusqu’à Emma, son grand amour, ainsi que son père Gustave, la galerie de personnages est réjouissante et diversifiée.  Tous ces gens ont leur part de noirceur, ils ne sont pas parfaits et réagissent tous à leur façon.

 

Ça semble banal, je sais.  Mais c’est tout un monde qui se construit sous nous yeux dans ce roman.  C’est aussi un vibrant hommage à la littérature, avec une Emma qui tente de vivre sa vie sexuelle à travers les livres, une Laure follement aimée (souuuvenirs de lecture), des références multiples aux poésies et à la littérature classique ou érotique.   Encore mieux, on dirait que le style s’adapte aux références du moment.  Bref, il y a un côté touffu, un côté intemporel et riche… j’ai adoré.  Adoré les descriptions de la forêt, de la mer, de l’amour et de l’horreur de la guerre.   J’ai adoré ce cycle de la vie… tout adoré, quoi!

 

Alors, j’ai réussi à vous tenter?

Dites oui!!

 

Je vous renvoie ailleurs pour d’autres avis!

Moka (qui raconte beaucoup mieux que moi le côté intertextuel) Jérôme, Lili Galipette, Kathel, ClaudiaLucia

 

 

J’accuse – Annick Lefebvre

Je vais commencer par m’adresser à ma p’tite maman d’amour, avec des gros yeux : « mais pourquoi tu m’as pas emmenée voir cette pièce? »  Il faut savoir que maman voit à peu près tout ce qu’il y a de théâtre entre le Saguenay, Québec et Montréal.   Je ne peux pas suivre because boulot mais je pense que celle-ci, je regrette VRAIMENT de l’avoir manquée.

 

J’accuse est un texte qui dérange.  Un texte plein de colère qui jette un regard sans concession sur le Québec d’aujourd’hui à travers 5 monologues de femmes dans la trentaine, très différentes les unes des autres.   Tout y passe.  Aucune n’est parfaite.  Chacune nous fait réfléchir.  C’est souvent cru, brut de décoffrage et bourré de références actuelles.   Féministe aussi.  Mais les textes vont droit au but, nous confrontent à nos préjugés et nos certitudes, souvent.   Ces femmes nous parlent et soudain, ça déborde.  Elles se révèlent davantage que ce qu’elles avaient prévu.  Et là, on a pas le choix de se demander pourquoi ces femmes en sont arrivées là.   Comment elles ont pu en arriver à ces propos parfois complètement « pas politically correct ».

 

Il y a la vendeuse de collants qui se sent jugée par toutes les clientes chic mais qui les juge elle aussi, sans concession.  Il y a la chef de PME qui n’y arrive pas, qui est complètement stressée et qui en vient à tenir des propos de droite, propos souvent entendus d’ailleurs.  Il y a celle qui n’est pas née ici, qui voudrait tellement s’intégrer, qui connaît notre culture mieux que nous (sauf Passe-Partout) mais qui se heurte toujours aux préjugés. Il y a la fan, la fan finie, celle dont la vie tourne autour d’Isabelle Boulay, sorte de fil rouge entre toutes ces histoires.  Cette fan qui accuse Annick Lefebvre, l’auteur, de se moquer d’elle.  Et celle qui aime trop, trop intensément, qui ne veut pas ce que les autres veulent.  Chacune d’entre elle a réussi à me toucher parce qu’elles sonnent vrai, qu’elles sont infiniment complexes et j’aurais adoré voir les actrices les incarner.  J’aurais aimé entendre par leurs bouches ces phrases longues, lancinantes, qui finissent souvent par un coup de poing.   Bref… si jamais ça rejoue…

… je veux y aller!