Culottées – Tome 1 – Pénélope Bagieu

J’entendais parler de cette BD depuis un bon moment.  J’avais passé outre car mes dernières expériences avec Pénélope Bagieu étaient juste so-so.  Mais ensuite, j’ai lu California Dreamin’, j’ai réalisé qu’elle pouvait faire autre chose, et j’ai pris la BD à la bibliothèque.  Et encore une fois, c’est une très très bonne surprise.  Même que je veux ces BDs dans ma bibliothèque maintenant.  Rien de moins.

 

Il faut aimer le style de dessin de Pénélope Bagieu, qui ressemble quand même plus à ce qu’elle faisait sur le blog.  Par contre, les doubles pages sont ma-gni-fi-ques, tout à fait différentes.   Elle nous fait découvrir quinze femmes qui ont osé, qui ont défié les tabous et les conventions.  Parce que je suis une grosse inculte, je n’en connaissais que 4 sur les quinze, mais c’est justement ce qui fait la force de la BD.   Ces femmes font partie de cultures diverses, sont certes connues, mais souvent, on ne sait pas tout (voire même parfois rien du tout).

 

On rencontre ainsi les quatre que je connaissais (Margaret Hamilton, Wu Zetian, Joséphine Baker, Tove Jansson) mais je ne vous dirai pas ce qu’elles ont fait, au cas où vous ne le sauriez pas.   C’est ce que j’ai aimé.  La façon d’amener les choses pour réaliser tranquillement qui sont ces femmes et ce qu’elles ont accompli.  Surtout, dans quel contexte!  On se promène de l’Asie à l’Amérique en passant par l’Afrique, et ça permet de revivre certains événements historiques desquels ont avait entendu parler sans trop comprendre.

 

Bref, j’ai adoré.  C’est féministe sans être hargneux, ça rend terriblement fier (et émotif) d’être une femme… ça donne envie d’en savoir plus sur ces femmes-là et ça fait du bien!

Nyx et Lyra Sullivan ont aussi beaucoup aimé!

La joie de vivre – Émile Zola

J’imagine que le titre, « la joie de vivre », est ironique.  Parce qu’à part la Minouche, personne n’est super heureux.  Certes, il y a Pauline, notre personnage principal, qui tente par tous les moyens d’être heureuse, d’être une source de bonheur pour son entourage, et elle y réussit pas mal… mais quelle vie, et quelle abnégation!   Bref, elle est adorable (un peu trop, en fait… des fois, j’avais le goût de la secouer), mais j’ai quand même eu du mal à m’identifier à elle, disons.

 

Notre lien avec la grande famille, c’est Pauline, qui est la fille de Lisa Quenu, née Macquart, qu’on a connue dans « Le ventre de Paris ».   Elle a perdu ses parents et est hébergé par sa tante, qui l’accueille au départ avec beaucoup de générosité, elle et sa fortune d’environ 150 000 francs.  Pauline est une fillette gentille, généreuse.  Rapidement, elle forme un lien avec son oncle, sa tante et son grand cousin Lazare. Seule la bonne, Véronique, ne l’aime pas du tout.  Nous sommes dans un petit village en Normandie, près de Bayeux et de Caen, un tout petit mini ridicule village au bord de la mer peuplé de pauvres gens dont les maisons se font manger une par une par la gueuse, cette mer si belle et si terrible.

 

C’est l’un des romans de Zola que j’ai trouvé les plus durs à lire.  Au début, j’avoue qu’il a même fait un petit vol plané dans la maison tellement Madame Chanteau, la tante (qui ne reste pas gentille super longtemps) m’a hérissée.   Cette femme est horrible pour la pauvre Pauline qui essaie d’aider en donnant un coup de main à sa tante avec les sous.  Elle prête, bien entendu.  Mais petit à petit, sa fortune sera mangée, tout comme la mer mange le village d’en bas.   Et la tante va lui en vouloir et la mépriser tandis que la petite fille (elle a 10 ans au début du roman) n’est que bonté pour son oncle qui souffre de la goutte et son cousin, jeune homme angoissé et en questionnement chronique sur la vie et l’univers.

 

Heureusement, cette situation ne dure pas, sinon j’aurais hurlé, je pense.  Le personnage de Lazare est complexe, souvent faible, qui suit ses envies du moment.  Il est volage dans ses idées, s’enthousiasme… et se plante souvent.   Il a une peur horrible de la mort et est en perpétuel questionnement, suffisamment pour entraver sa vie.  Il est souvent cruel sans le vouloir pour sa cousine, qu’il aime beaucoup. J’ai pu lire que Zola avait mis beaucoup de lui-même dans ce personnage.  Peut-être pour ça qu’on a quand même de la sympathie pour ce pauvre type.

 

En plus de la famille Chanteau et de leurs déboires (il y a des scènes horribles… vraiment), il y a aussi la misère des gens qui sont nés au mauvais endroit et qui sont soumis aux caprices de cette mer, dont les vagues marquent les journées.  Ils ne sont pas sympathiques, mais impossible de ne pas souffrir pour eux malgré tout.  La vraie misère.  Et très peu de joie de vivre.

 

Un roman dur, servi par une magnifique écriture.  J’aime les descriptions, est-ce que ça se voit?  Et ça y est, je suis devenue totalement fan du style de Zola!

Je bricole – Kididoc

J’aime beaucoup les Kididoc de Nathan.  J’aime leur simplicité, leur façon de coller à un thème et toutes les gugusses sur lesquelles on peut tirer ou tourner.  Bien entendu, il faut surveiller les cocos quand ils le lisent parce que c’est quand même à risque d’élevé d’arrachage des gugusses-en-question!  Mais ça permet de mettre un geste sur plusieurs verbes et pour que les cocos comprennent la signification des verbes, disons que ça aide.

Ici, on exploite les outils et le bricolage.  Le petit garçon veut fabriquer un cadre pour ses jolies photos.  Il va donc devoir suivre une procédure : mesurer, scier,  clouer et peinturer.  Les premiers mots relatifs à ce thème, quoi.   Ça permet d’explorer ce vocabulaire et de faire des liens avec le quotidien.  Ajoutons à ça une exposition au discours procédural, dans un contexte qui parle aux petits.

C’est court.  C’est simple.  Les images vont droit au but et les illustrations sont claires, ce qui rend les choses faciles à reconnaître pour les touts petits.

Un autre tome que je suis contente d’avoir pour jouer avec les cocos!

Les p’tits coquins – La ferme

Je ne parle pas souvent d’albums d’activités ici mais j’aime beaucoup la collection « Les p’tits coquins », chez Thomas jeunesse, et bon, plusieurs personnes aiment bien faire ce genre de livres avec leurs cocos avant l’entrée en maternelle.  Et, coïncidence, the nièce terroriste entre en maternelle en septembre.  Je me suis donc penchée dessus avec sérieux (dans le but de le lui refiler, of course).

 

Nous avons donc de jolies pages colorées sur le thème de la ferme avec des autocollants, des chemins à suivre, des animaux à compter et des mots à compléter d’une lettre.  Mine de rien, on travaille plusieurs concepts (plus, moins, séquence des nombres), il y a des choses à chercher et les cocos apprennent sans s’en rendre compte.  Celui-ci est varié et permet d’aborder plusieurs activités qui seront faites à l’école, afin de cibler celles qu’on doit disons.. apprivoiser un peu plus!

 

Reste à espérer que la miss aimera!

 

 

Le jardin des sept crépuscules – Miquel de Palol

J’ai refermé le roman hier soir, j’en ai rêvé toute la nuit, et je ne sais trop comment je vais vous en parler.  C’est que ce roman, ce roman… j’ai adoré.  J’ai été immergée dans cette histoire, j’ai tout remis en question et je sens que le roman va faire partie de mon top 10 de l’année.  Rien que ça.  Je vous donne envie?  Et si je vous dis que je MEURS d’envie d’en parler avec des gens pour en disctuer et comparer nos interprétations?  Amateurs de livres qui révèlent tout facilement et qui donnent toutes toutes les réponses, passez votre chemin.  Par contre, si vous aimez vous immerger dans un univers, dans un dédale d’histoires et de faux semblants et refermer un livre complètement déboussolé, avec l’envie d’en jaser à tout le monde… jetez-vous dessus!

 

Cette histoire a été écrite en 1989 et traduite en français l’an dernier.  Il se déroule donc dans un futur proche pour nous, le monde est dévasté par une guerre nucléaire, Barcelone est à feu et à sang et le sort de l’humanité est en jeu.   Le narrateur est transporté à grands risques dans un endroit mystérieux, presque mystique, où sont rassemblés des grands de ce monde, dans un cocon presque hors du temps pour le dit narrateur.   L’histoire commence avec des airs de décaméron et d’heptaméron et, pour passer le temps, les gens racontent des histoires, dont celle de la banque Mir et de ses héritiers.   On plonge alors dans des histoires toutes plus variées (et parfois étranges) les unes que les autres, avec mises en abyme sur mise en abyme (jusqu’à 9 histoires enchâssées) (oui, il faut suivre), avec toute une galerie de personnages (encore une fois, il faut suivre) provenant de différentes époques.

 

On lit donc l’histoire de Lluisa Cros, héritière de la banque, une femme solaire au comportement parfois étrange, l’histoire d’un groupe d’empoisonneurs ou encore le récit d’adolescents qui lancent des pommes de terre du haut d’une fenêtre.  Juste au moment où on commence à être perdu, on comprend soudain certains liens entre les histoires et surtout entre celles-ci et plusieurs des narrateurs originaux (ceux de la première histoire, donc… ceux qui sont dans la maison dans les montagnes).  Et à ce moment-là, on ressent le besoin de relire histoire par dessus histoire, on s’émerveille devant la maîtrise de l’auteur qui se retrouve parfaitement dans ces récits complètement subjectifs. On remet tout en question, y compris notre position de lecteur, on a envie d’y croire… bref, un joyau.  Sans mauvais jeu de mot.

 

C’Est un roman qui demande de l’attention, de la patience, de l’effort et de l’amour.  Ça ne va pas plaire à tout le monde (il fait quand même 1152 pages), ça parle de machinations internationales et « simple » est le DERNIER mot à utiliser pour le décrire.   C’est tout plein de petites ramifications et il faut avoir toute sa tête.  Sandrine utilise le terme « tentaculaire » et ça convient tout à fait. Je vous renvoie d’ailleurs à son billet, beaucoup plus scructuré que le mien, mais tout aussi enthousiaste.

 

Coup de coeur!

Et un deuxième pavé pour cet été!!

Jane, le renard et moi – Fanny Britt / Isabelle Arsenault

Je ne sais pas pourquoi j’ai autant attendu pour lire cette BD.  Il a fallu que je tombe dessus à la biblio pour finalemet me plonger dedans… et adorer.  Je suis très, très fan de tout ce que fait Isabelle Arsenault, l’illustratrice.  J’aime ses images, ses atmosphères, son utilisation des couleurs.  Et elle est à son top dans cet album ; les images sont magnifiques.  Et le texte, signé Fanny Britt, est à la hauteur, ce qui n’est pas du tout surprenant quand on a déjà lu l’auteur.

 

Hélène est une jeune fille qui se fait harceler à l’école.  En grandissant, ses anciennes meilleures amies se sont retournées contre elle, la traitant de grosse et écrivant des stupidités à son sujet sur les murs des toilettes.  Chaque jour est un calvaire, elles sont partout.  Puis, un jour, Hélène ne peut pas y échapper, il y a une semaine de camp de vacances… avec ces filles.

 

Hélène est attachante.  Entre l’enfance et l’adolescence, elle ne comprends pas ce qui lui arrive, ni ce qu’elle a bien pu faire pour mériter ce traitement.  C’est avec la littérature que la couleur va revenir dans sa vie.  En effet, c’est entre les pages de Jane Eyre qu’elle se réfugie, c’est à elle qu’elle s’identifie.  Et que dire du renard qu’elle rencontre!

 

Une très belle histoire sur une période souvent pas facile de la vie et sur le rôle que la littérature peut tenir dans la vie des gens.  Comment résister à un album qui parle de romans de façon si positive!  C’est triste au départ, mais on sent la lumière revenir petit à petit et on y retrouve aussi beaucoup de douceur et de tendresse.

 

J’aime

C’était ma BD de la semaine.  Enna et Folavril en parlent.

2666 – Roberto Bolano

Je vous avertis tout de suite, je ne vais pas réussir à vous parler de ce roman.

Il me dépasse.  Et de loin.

Je ne vais même pas réussir à résumer ce monument, cet énorme roman de 1376 pages (quand même) que j’ai recommencé à la seconde même où j’ai tourné la dernière page.  Un roman où tout s’enchaîne, où l’intertextualité est partout et où le lecteur a un vrai travail à faire pour trouver des réponses.  Ses réponses. C’est magistral, monumental, il y a un réel souffle et une écriture, une construction virtuoses.   Rien de moins.

 

Est-ce pour tout le monde?  Absolument pas.  Je le conseillerais aux lecteurs qui aiment se poser des questions, qui aiment être baladés d’une histoire à l’autre, qui aiment trouver (voire même inventer) des liens et des symboles un peu partout.  Des gens qui se fichent un peu de ne pas avoir toutes les réponses, qui aiment chercher un peu, se creuser la tête.  Devenir un détective dans la lecture quoi.  Et dans ce roman, tout le monde cherche.  On cherche quelque chose, quelqu’un, une réponse, une explication.

 

Mais je m’explique un peu.  2666, ce sont 5 livres.  Cinq histoires qui se répondent subtilement l’une à l’autre.   Le premier, « La partie des critiques », on rencontre quatre universitaires spécialistes d’un auteur allemand un peu obscur du nom de Benno von Archimboldi.  Cet homme écrit des livres  un peu cryptiques, un peu décousus et dans lesquels ces connaisseurs voient des merveilles.  Toutefois, on  ne sait rien de lui.  Un peu comme Pynchon.   Les quatre critiques, dont les relations sont fluctuantes et particulières, en ont assez de tourner autour de l’oeuvre et veulent en savoir davantage sur leur grand homme.  Ce qui, finalement, les mènera au Mexique, à Santa Teresa, ville frontière avec les États-Unis où semble peser une ombre terrible sur les femmes.

 

Brusquement, deuxième partie, celle d’Amalfitano, rencontré dans la première.  Professeur de philosophie espagnol qui travaille à Santa Teresa avec sa fille.  C’est ici à une lente descente vers la folie à laquelle nous assistons.   Puis, troisième partie, celle de Fate, un journaliste afro-américain qui fait un reportage sur un match de boxe entre un mexicain et un « frère ».  Il va donc être amené à Santa Teresa et son oeil externe va découvrir ce monde corrompu, mysogine, où les femmes sont assassinées de façon assez horrible, sans que le coupable ne soit arrêté.  Il sera donc mêlé à tout ça, alors qu’il va chercher à élucider ces meurtres.  C

La quatrième partie, la plus lourde (et celle que j’ai trouvé la plus dure à lire), c’est la partie des crimes. C’est cash, c’est descriptif, il y a un nombre incroyable de détectives et d’inspecteurs, l’enquête est décousue (voire même « pas cousue du tout ») et j’ai été fâchée, tellement fâchée dans cette partie, par ces enquêtes bâclées, par le peu d’intérêt porté à ces centaines de femmes disparues, assassinées et violées.  Des enfants, des fois.  C’est horrible, factuel.  Je dois avouer que j’ai trouvé cette partie longue et que j’ai eu besoin de fréquentes pauses.  Mais on dresse un portrait assez fou de cette partie du Mexique.  Le pire de tout ça?  C’est basé sur des faits réels.  Ceux de Ciudad Juarez.

 

Finalement, la dernière partie est celle d’Archimboldo (l’auteur adulé du début… faut suivre… et beaucoup mieux que ça, même) où nous suivons l’existence de cet homme né en Allemagne en 1920, qui a fait la guerre et qui s’est mis à l’écriture.  Cette partie se dévore et, un peu partout, nous voyons se tisser des liens.  La finale nous ramène au début…  et ces juste génial.

 

Je sens que je radote.  En fait, je SAIS que je radote.  Mais quand, comme moi, on voit tout et on remarque tout, une telle lecture, c’est long.  Parce que je suis retournée au moins 200 fois ailleurs dans le roman pour m’assurer que oui, c’est un clin d’oeil, un lien, qu’il y a une notre d’intertextualité là-dedans.  Ces moments d’illumination… j’adore!  C’est un livre qui parle des meurtres, certes, et qui ne donne pas de réponse (moi je dirais « we all did it »… et croyez-moi, je ne spoile rien) mais c’est aussi un roman sur l’écriture, sur la lecture, les responsabilités collective, la guerre, les travers du monde, le sens de la vie et tout le reste (réponse page 42??…. désolée, je délire!)

 

C’est riche, c’est foisonnant… et je sens que je n’en sortirai pas de sitôt!  Et non, je n’ai pas tout compris.  Et oui, on pourra dire qu’on est laissés sur un point qui ne semble pas final, que ça va dans tous les sens (j’adooore les digressions… mais c’est moi) et que c’est touffu.  Je comprendrais qu’on se lasse.  Mais moi, j’ai trouvé ça magistral.

 

Cuné a été aussi ébouie que moi tandis que Cachou a été très déçue.

Et c’était mon premier Pavé de l’été!

Les Nuits de Lison – André Bouchard

La routine du coucher, vous connaissez?  Que vous soyez parents ou que vous ayez gardé des enfants, je suis certaines que plusieurs en gardent des souvenirs émus.  Une histoire.  Une autre histoire.  Un pipi.  Ah, une terrible soif, il faut IMMÉDIATEMENT un verre d’eau.  Le doudou a faim.  Il y a deux monstres verts à grande gueule sous le lit.  Dans le garde-robe.  Bref, vous voyez le genre.

 

Cet album, c’est plusieurs courts sketches portant sur l’heure du dodo.   La petite poulette a peur des crocodiles et surtout, surtout, elle trouve que le lit de maman est tellement plus rassurant!  C’est drôle, c’est choupinou et surtout, ça sent le vécu.   Les mots d’enfants sont mgnons comme tout (certains plus que d’autres, bien entendu).  J’ai beaucoup aimé la nuit bleutée, les idées fixes de la poulette et les expressions des parents.  Parfois, j’avais l’impression de revoir certains épisodes vécus!

 

Un joli album qui fait sourire et qu’on peut utiliser pour discuter de l’heure du dodo avec les cocos.  Bizarrement, quand c’est un autre enfant qui vit ces craintes et ces lubies, ça devient beaucoup plus drôle!  Et ça peut aussi permettre de rationnaliser  certaines situations.  Ajoutons à ça une bonne initiation à la « bulle de BD », vu qu’il y a une case par page, mais des bubulles quand même!

 

Mignon!

 

 

Le Canada, c’est moi – Heather Patterson

Dans le dernier envoi Scholastic, il  y avait cet album. Je suis Québécoise donc, du coup, j’habite au Canada.  J’ai déjà traversé le pays, comme plusieurs.  Je parle les deux langues officielles.  Je suis de nationalité canadienne. Mais à part aux jeux olympiques, je me sens plutôt loin de la culture canadienne hors-québec.  C’est que c’est loin, voyez-vous!  Bon, j’y travaille.  Mais comme aujourd’hui, c’est la fête du Canada (et qu’on est content, ne serait-ce que pour le congé), je vous parle de cet album qui est très très beau, pas politisé pour un sou et, surtout, qui nous fait découvrir de très belles illustrations, faites par 13 illustrateurs de partout au Canada.

 

Le texte, au « je », est tout simple et célèbre la liberté et la diversité qui font que les enfants ont de la chance de grandir par ici.  Entre les saisons, les différentes cultures, la facettes diverses et variées et les grands espaces, on voit le pays à travers les yeux d’enfants qui s’émerveillent, qui explorent, découvrent et s’amusent.

 

J’ai bien entendu un faible pour certaines images, dont la couverture, illustrée par Geneviève Côté, l’aurore boréale de Danielle Daniels et les grands espaces de Jon Klassen.  Mais il y en a pour tous les goûts et ça donne ensuite envie d’aller découvrir leurs univers.

 

Un bel album!

Au bonheur des dames – Émile Zola

Au bonheur des dames, c’est un Zola moins sombre que les autres.  Bon, par « moins sombre », on s’entend hein.  Disons… plus facile.  Voyez-vous, il y a des personnages qui ne sont pas complètement détestables.  Il y en a même certains, dont le personnage principal, qui sont limite de bonnes personnes.   Ça nous change, hein!

 

Au Bonheur des Dames, c’est la naissance des grands magasins parisiens.  C’est aussi la mort des petits commerces qui ne peuvent rivaliser avec les prix de gros de ces géants qui ont une marge de manoeuvre de folie que les autres n’ont pas.  C’est un récit riche et déchirant à la fois… et qui est encore actuel, à plus grande échelle.

 

Nous suivrons donc le personnage de Denise, nièce d’un petit commerçant de tissus, qui débarque à Paris avec ses deux frères.   Ils sont orphelins, son oncle leur a offert de les aider… mais il semble avoir oublié la dite offre et avec l’agrandissement du Bonheur des Dames, son commerce est menacé.   Par un concours de circonstances, Denise se retrouve employée du Bonheur… et c’est son histoire à elle qui nous sera racontée, prétexte pour nous dresser le portrait de cette époque, dans ces milieux bourgeois.  Entre, les commerçants, les clientes et le charismatique propriétaire, Octave Mouret, avec qui nous avons fait connaissance dans « Pot-Bouille ».

 

Encore une étude à la Zola, qui mêle personnages plus vrais que nature et étude sociologique.  Sa plume est toujours aussi descriptive, aussi évocatrice, avec ces descriptions extraordinaires de tissus, de soieries et de foules dans la grandeur du Bonheur des Dames.  C’est aussi un Zola accessible, avec certains personnages moins détestables que d’autres, même si Denise, avec sa quasi-sainteté, peut parfois énerver.   Ça donne envie d’aller visiter la période… et de faire des folies dépensières.

 

Certes, la femme est décrite comme un être qui ne peut résister aux soldes, un étalage et c’est parfois presque choquant de voir à quel point Mouret connaît les faiblesses des dames de sa société (quoique bon… je me suis vue à la Braderie de la mode… et je me suis fait grandement penser à elles… oups!).  Mais encore une fois, replaçons les choses dans leur époque.   Un de mes Zola préférés, plus lumineux malgré certaines réalités terribles qui y sont décrites.  J’ai adoré voir évoluer cette micro-société, avec ses petites guerres et compétitions.

 

Bref, j’aime Zola!