Me voilà à vous parler du 17e tome des Rougon-Macquart, commencée en 2016… ou 2017. Oui, je sais, j’ai attendu longtemps. Mais une fois partie, rien ne peut m’arrêter. Ce roman est très sombre, mais de façon assez différente de l’Assomoir ou de Germinal. On explore ici le côté sombre de l’être humain, celui qui le pousse à tuer, pour diverses raisons. Avidité, vengeance, pulsion… les personnages tuent, parfois sans aucun remord. Un portrait sans concession du côté bestial des hommes et des femmes, de celui qui dépasse parfois leur raison.
Le Rougon-Macquart de ce roman est Jacques Lantien, fils de Gervaise et de Lantier dans l’assomoir. Oui, je sais, on peut se demander d’où il sort celui-là, vu qu’il n’est pas mentionné dans ce dernier roman. Mais il s’agit du petit frère d’Étienne et de Claude, rencontrés dans Germinal et l’Oeuvre. Il est conducteur de train et mène tous les jours la Lison, sa machine, de Paris au Havre. Sa machine, il la cajole, il l’aime et elle est presque humanisée dans le roman. Avec les femmes, c’est plus complexe car l’idée d’aimer une femme éveille en lui un désir irrépressible de meurtre.
Autour de lui, le couple Roubaud. Ils sont liés d’une certaine façon et entre lui et Séverine, la femme du couple, qui semble sermer la désolation autour d’elle, se crée une relation passionelle qui, on le sait parce que c’est Zola, ne peut pas bien se terminer.
J’ai adoré ce roman. Il est dur, violent, certaines scènes sont terribles mais aussi terriblement belles. Certains actes tellement démesurés, tellement fous, tragiques. Et ces hommes qui restent des animaux, malgré les progrès scientifiques et technologiques, malgré leur soi disant culture et leur morale. Les scènes de train, que ce soit une bataille contre les éléments ou contre la main humaine sont magistrales et celles, plus intimes mais tout aussi grisantes le sont tout autant. C’est la passion qui perd le contrôle, les affronts que nous font l’ordinaire.
Et derrière tous ces crimes, en filigrane, il y a le développement de la voie ferrée et les conditions de travail des employés. Il y a aussi la justice à la morale extensible et les politicailleries qui prennent le pas sur la loi. Il y a toute cette hérédité maudite, ce poids des générations… bref, on est chez Zola. Et j’aime toujours autant.