Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan- Ivens / Judith Perrignon

et-tu-nes-pas-revenuMarceline Loridan-Ivens est l’une des 150 des 2500 personnes « revenues » qui soient encore vivantes.  Et, accompagnée de la journaliste Judith Perrignon,  elle nous livre dans ce roman une longue lettre à son père, celui qui n’est pas revenu du camp.  De ce qui est maintenant Auschwitz-Birkenau mais qui étaient autrefois deux camps séparés par ce qui semblait un univers complet.  C’est suite à ma visite à Terezin, camp par lequel elle est passée, que j’ai décidé de lire ce livre.

 

C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai lu cette longue lettre au père, celui qui lui avait dit qu’elle, elle reviendrait parce qu’elle est jeune, mais que lui ne reviendrait pas. Marceline a 15 ans quand elle est déportée avec son père, dans le même convoi que Simone Veil. Elle se souvient du travail, des appels interminables, de la peur d’être dans le mauvais groupe, de la creusée des tranchées et du désir, encore et toujours, de revoir ce père qui semble à l’autre bout du monde.   Elle se souvient de la lettre, aussi.  Celle dont elle a oublié le contenu.  Elle se souvient d’une étreinte aussi, une étreinte dont tous ceux qui y ont assisté – et qui sont encore envie – se souviennent aussi.  Elle se souvient des coups, des humiliations.  De la mort qui rôde et de la peur constante qui étreint tous les coeurs.

 

Mais elle est revenue.  Sans lui.  Et elle a dû revoir une famille déchirée, qui ne s’est jamais remise de la mort du père.  Du fait qu’on ait décidé de sa mort et de devoir de vivre sans lui.   Ce témoignage est extrêmement touchant, extrêmement honnête, on ressent l’ambivalence des sentiments, se sentant parfois coupable de décevoir sa famille car c’est elle et non lui qui est revenu.  On se sent presque aussi impuissants qu’elle face à la distance qui la sépare des autres à son retour, à l’incompréhension et à la difficulté de continuer à vivre, comme au camp, un jour à la fois.

 

Impossible à oublier.  Et à lire.

10 Commentaires

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  1. Il est dans ma PAL depuis un moment. J’ai lu « Ma vie balagan » où elle racontait déjà cette histoire-là, sans doute de manière moins précise.

    1. Et moi, je vais lire Ma vie Balagan. Mais celui-ci, il est génial. Sérieux.

  2. Ce livre est une lecture nécessaire !

    1. Tout à fait d’accord. C’est très poignant, pas patho… on dirait que ça fait voir les choses d’une autre manière… encore. Bref, j’ai adoré.

  3. Message à Aifelle : c’est encore mieux que Ma vie Balagan, tu dois absolument le lire!

    1. Je plussoie!

  4. Je n’ai toujours pas eu le courage de le sortir de mes étagères…

    1. Il faut prendre un moment où on va relativement bien, j’avoue. Parce que ça prend aux trippes.

  5. Toujours intéressant et poignant ces témoignages. C’est vrai que c’est important de les lire. Je note celui-là

    1. Je ne suis pas très « témoignages » mais celui-ci est allé tout droit au milieu de mon petit coeur!

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