Martel en tête – Éric Simard

Il va m’être difficile de parler de ce roman.  J’ai lu plusieurs livres d’Éric Simard à date et celui-ci m’a déroutée d’une étrange façon.   On y traite de maladie mentale en entrant dans les pensées d’une femme, que nous suivons de sa naissance à sa mort.  Et une fois entrée dans les méandre de ce cerveau, on n’en sort pas indemne.  La vision portée sur le monde est fragmentée, très dérangeante, comme si nous le voyions à travers des lunettes déformantes.  Et ce n’est pas toujours facile.

 

Les chapitres sont courts, un par année de vie (ou presque).  Dès l’enfance, on réalise que sa façon de voir le monde, de ressentir les choses, est différent.   L’enfant est dépourvue d’empathie et elle démontre une folie très consciente, très brutale.  Une vraie envie de « faire le mal et de dominer le monde »… Si on était dans un monde de superhéros, elle ferait un très bon super vilain.  Mais on est dans la vraie vie.  Et cette femme va aussi en subir les conséquences, devenant à la fois victime et bourreau.

 

Se pliant à ces pensées récurrentes, l’écriture d’Éric Simard est différente, mais tout aussi percutante.  Ce roman laisse peu de place à l’espoir, à la rédemption.  Ça dérange, ça remet en question.  Quelle est la part d’humanité?  Où s’arrête la maladie, où commence le soi, où finissent l’effet des pilules?  De mon côté, ça a fait remonter une petite vilaine voix dans ma tête, une petite voix que je n’aime pas et qui me renvoie à tous mes préjugés et mes craintes.   Je ne peux donc parler de réel « plaisir de lecture » mais plutôt d’un temps d’arrêt.  Un roman infiniment triste et infiniment dur, qui nous laisse un peu à bout de souffle.

 

Attention, toutefois.  Il ne faut pas en faire un portrait-type de la maladie mentale.  Ici, on fait peu dans la nuance, il est très difficile d’avoir de l’empathie pour le personnage, malgré son vécu.  À ne pas généraliser à toutes les personnes atteintes de maladie mentale.

8 Commentaires

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  1. Un roman qui fait bouger les lignes, alors.

    1. La maladie mentale sans romantisme en tout cas.

  2. Outch. Voilà qui m’a l’air bien spécial quand même…

    1. Oui, spécial. Très très spécial, même!

  3. Tu ne m’en voudras pas si je passe ?

    1. Non, je ne t’en voudrai pas! C’est un roman très dérangeant!

  4. Ça m’a l’air très particulier.
    Sais-tu si l’auteur connait quelqu’un atteint d’une quelconque maladie ou a imaginé de toutes pièces les pensées?

    1. Oui, c’est hyper particulier, très violent aussi. Je ne sais pas si Eric Simard connaît des gens atteints de maladie mentale mais je vais certainement lui demander lors du prochain salon du livre.

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