Ça m’aura pris 9 jours à lire ce roman. Il faut dire que j’avais un deadline. Je vais voir la pièce cette semaine alors je voulais avoir terminé le roman avant. Je suis un peu psychorigide comme ça, moi. Je ne peux rien y faire. Ok, il fait 900 pages. Ceci explique peut-être cela.
Quand on connaît la vie de DostoÏevski, impossible de ne pas faire de liens avec ce roman. Comme le prince Mychkine, il était épileptique et il a passé du temps en Suisse. Il a été condamné à mort puis gracié à la dernière minute et ce thème revient à plusieurs occasions dans le livre. J’ai aussi lu quelque part que Dostoïevski avait été fortement impresionné par Le Christ mort de Holbein le Jeune. Selon lui, ce tableau pourrait enlever la foi à n’importe qui. Ce serait cette réflexion qui aurait engendré, en partie, ce roman. Mais bon, trève de placotage… parlons un peu du roman.
Celui-ci commence dans un train alors que le prince Mychkine revient en Russie après avoir passé plusieurs années en Suisse, en traitement pour son épilepsie. Il n’a pas un sou, juste son nom, son titre, et une certaine lettre en poche. Mychkine est un personnage d’une grande bonté, d’une grande naïveté, plein de candeur et de gentillesse, toujours prêt à tendre l’autre joue. Limite une figure christique. Son arrivée en Russie et dans le monde, avec ses manières inhabituelles, franches et maladroites à la fois, va bouleverser les gens qui n’y comprennent rien et qui sont confrontés à l’hypocrisie quotidienne de cette bourgeoisie qui accepte beaucoup des hommes et si peu des femmes.
Au coeur de cette histoire, Nastassia Philipovna. D’une grande beauté, elle a 25 ans et, ayant entendu parler de celle-ci, il se prend pour elle d’une grande compassion, ce qui va le pousser à plusieurs actes difficilement compréhensibles pour son entourage. Puis, il va rencontrer la famille Epantchine, avec laquelle il va se lier… et bien entendu, comme souvent chez Dostoïevski, les choses tournent à la tragédie. Ceci dit, malgré tout, il y a aussi beaucoup d’humour dans le roman. Tous les personnages secondaires sont bien distincts, bien construits, et plusieurs ont un côté à la fois tragique et absurde à la fois. Leurs réactions face à Mychkine vont de l’admiration, à la haine, en passant par le mépris et l’amusement. Le personnage et sa façon de penser tranchent tellement avec la norme qu’il est considéré comme un Idiot, malgré une analyse souvent très fine des personnalités et des relations.
Étonnamment, la plume de Dostoïevski est très accessible. Les scènes sont disons… longues, mais je ne me suis jamais ennuyée pour autant. Il y a des petits cliffhangers (probablement en raison de la parution en feuilleton) (entendons-nous sur le degré de cliffhanger aussi), beaucoup de dialogues et la première partie est définitvement plus facile à appréhender que la seconde. On veut savoir comment vont réagir les personnages, comment ils vont retourner leur veste et ce qui va arriver au prince, qu’on a souvent envie de secouer. Une réflexion sur la foi, sur la folie mais aussi sur l’honnêteté et une fine étude psychologique de plusieurs personnages.
J’ai vraiment hâte de voir comment ce sera adapté en pièce… clairement, il va falloir en couper un bout! Mais bon, avoir le choix… j’ai quand même une petite préférence pour Crimes et châtiments…
18 Commentaires
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L’Idiot, de Fiodor Dostoïevski, c’est mon livre préféré de tous les temps… 🙂
Auteur
J’ai vraiment aimé aussi. Un roman qui fait réfléchir et qui donne envie de pousser plus loin. La pièce n’était pas mal du tout aussi. Bien entendu, il manque beaucoup des parties philosophiques mais quand on connaît, on peut inférer. Bref, j’aime Dosto!
Faudrait que je le reprenne, tiens, j’avais lâché en cours de route…
Auteur
Oui oui, il faut! Absolument, même!
Des lectures différentes, après les mains dans le cambouis, tu pars en Russie.
Auteur
Toujours! J’aime varier mes lectures.
J’ai lu de lui plusieurs romans mais je ne me souviens absolument plus de celui-ci que j’avais pourtant lu ! Je pense l’avoir lu il y a une vingtaine d’années. Quoiqu’il en soit je l’avais beaucoup aimé car je l’avais bien noté sur Babelio (mais à l’époque où je m’étais inscrite j’y entrais juste les livres sans faire de critiques). Rarement déçue avec un auteur russe de toute façon. Là j’en ai deux sur le feu.
Auteur
Ah oui, tu lis quoi de russe présentement? Le personnage de l’Idiot et le clash qu’il suscite sont vraiment frappants.
Aurai-je un jour le courage de m’attaquer à ce monument ?…
Auteur
Ah mais il se lit hyper bien, sérieux. Si tu es tentée, go!
J’ai souffert avec « Crime et Châtiment », mais je veux vaincre Dostoïevski, alors je lirai peut-être ce livre (tu donnes envie en tout cas). Je comprends que tu te sois mis la pression, je déteste lire un livre dont je connais déjà l’histoire.
Auteur
Ah moi j’ai adoré Crime et châtiment par contre. Celui-ci est long mais très accessible selon moi. Tu peux tenter le coup.
J’ai adoré « Crime et châtiment » mais je n’ai pas réussi à dépasser les 300 pages dans « Les frères Karamasov »… Du coup, je ne sais pas trop à quoi m’en tenir avec Dostoïevski. En gros, il faudrait que je tente un 3eme livre pour ça… Peut-être celui-ci ? 😉
Auteur
Je n’ai pas lu les frères Kamarazov, mais je veux hein! Celui-ci est accessible et c’est certain que je vais t’encourager!
Bonjour. Un des plus beaux livres du monde et mon préféré de Dostoïevski (juste après viennent Les frères Karamazov et Les Démons)
Auteur
Tu me confirmes que je dois lire Les frères Karamazov. J’aime énormément Dostoïevski… et je suis bien contente d’en avoir encore à découvrir. Il marque, ce roman. J’ai l’impression que longtemps après ma lecture, je vais continuer à me questionner à ce sujet. Merci pour votre passage.
Oui, si tu aimes Dostoïevski, Les Frères Karamazov, mais aussi Les Démons, sont des lectures indispensables.
Auteur
Bien noté. Je veux tout lire de Dosto éventuellement!