« La liste » de Jennifer Tremblay… au théâtre

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Photo provenant de cyberpresse.ca

 

Je vous parlais il y a de ça un an, d’un récit thâtral écrit pas une Québécoise: La liste, de Jennifer Tremblay.  J’avais eu un coup de coeur pour cette pièce à sa lecture et j’ai eu la chance de pouvoir la voir montée sur scène, tout près de chez moi, en plus. 

 

Entendons-nous, je n’ai pas la prétention de m’improviser « critique » en théâtre (par plus que je suis « critique » de livres d’ailleurs… et je vais continuer à le crier haut et fort) mais j’ai littéralement adoré ce moment de théâtre – malgré avoir failli être asphyxiée par le parfum de la dame à côté de moi… se baigner dans sa bouteille de parfum avant d’aller au théâtre devrait être interdit pas la loi – alors je tenais à, disons… transmettre mon enthousiasme. 

 

« La liste », c’est un texte, un monologue.  Une femme, sans nom, a déménagé à la campagne quelques mois auparavant.  Cette femme s’adresse à nous, nous disant d’emblée qu’elle – sa voisine – est morte, et qu’elle se sent coupable.  Mais pas de mélo, pas de ton larmoyant.   Elle nous raconte son histoire, point par point, entre deux listes de choses à faire.  Le texte est épuré, froid.  Mais il m’avait vraiment touchée.  J’ai été émue par ces deux femmes, ces deux mères de famille, qui ne vont manifestement pas bien et qui réagissent chacune à leur manière.   Émue par ce drame « de tous les jours ».

 

Sylvie Drapeau, sous la direction de Marie-Thérèse Fortin, porte ce texte fort et percutant de façon magistrale.  Seule sur scène, nous voyons devant nous apparaître cette femme rigide, qui commence à nous parler sans même enlever son manteau, de façon mécanique.  Et petit à petit, elle devient réelle, son histoire se construit devant nous et des failles apparaissent.  On ressent bien la forme du texte, même quand elle raconte et les listes qui reviennent constamment, se confondant presque avec son histoire, sont une mélopée lancinante.    La mise en scène est épurée.  Une table, quelques jouets, trois placards, qui nous révèlent différentes choses.  Elle, en robe grise, sur le fond pâle.  

 

Et à la fin, lors de la déclaration finale de cette femme, impossible de ne pas se poser de questions.  Impossible de ne pas penser à ses priorités,  à l’égoïsme du quotidien, à ce tourbillon de choses « essentielles » qui nous isolent un peu plus chaque jour, et auquel on se raccroche parfois pour ne pas paniquer complètement.    Et, je le répète, j’ai été très, très impressionnée par l’actrice, Sylvie Drapeau, qui réussit à rendre ce texte vivant, et dont le jeu évolue tout au long des 75 minutes où elle est sur scène, seule. 

 

Adoré, donc.  Vraiment.

 

Et je ne saurais que trop conseiller la pièce à celles qui aiment lire le théâtre.  Paru aux Éditions de la Bagnole.  Et je réalise qu’un nouveau texte de l’auteur va paraître tout bientôt… j’ai comme l’intuition que je le lirai!

12 Commentaires

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  1. J’ai vu la pièce l’an passé et j’ai vraiment aimé! Sylvie Drapeau est vraiment bonne! Elle nous livre très bien le texte!

    1. Geneviève: J’ai trouvé son interprétation excellente.  J’avais failli aller à Montréal pour voir la pièce alors je suis drôlement contente d’avoir pu la voir en région.  J’ai adoré.  ET quel texte aussi!

  2. Merci pour cette chronique !!

    J’adore Jennifer Tremblay. Tu sais qu’elle est la fondatrice des éditions de la Bagnole ?

    Quel trio elle formait avec Sylvie Drapeau et Marie-Thérèse Fortin pour réaliser cette pièce à personnage unique !!! Un excellent moment de théâtre !

    1. Richard: Yep, je savais qu’elle avait créé les éditions de la Bagnole.  Mais merci pour l’info, je ne savais pas que Jennifer Tremblay avait participé à la création sur scène.  J’ai vraiment aimé, une excellente performance.  Et je lirai certainement autre chose de l’auteur.  Officiel. 

  3. J’irai voir cette pièce sans hésiter. Tu donnes vraiment le goût. Ton commentaire de lecture est très senti (euh… aucune allusion au parfum ambiant !).

    J’aime beaucoup cette maison d’édition La Bagnole. Jennifer Tremblay en est la cofondatrice avec son mari, le comédien Martin Larocque. Et sa prochaine pièce est sortie depuis le 3 mars « Le Carrousel ».

    1. Venise: Si tu as l’occasion, cours-y!  C’est génial.  Je savais pour les éditions de la bagnole mais je pensais que sa nouvelle pièce allait sortir en mars… pas qu’elle était déjà sortie.  Alors je vais aller… l’acheter.  What else ;))

  4. j’aimerais tellement voir la liste sur scène, le texte m’a bouleversé : faire à ce point réfléchir en si peu de mots, c’est une merveille !

    1. Yue: Si tu as la chance, cours-y.  J’ai adoré, c’est génial. 

  5. Quel beau billet ! C’est une Tremblay que je ne connaissais pas, merci pour cette découverte ! 🙂 Si ce monologue était joué en Belgique, j’y courrais. En attendant, il faut que je lise le texte !

    1. Morgouille: S’il l’est un jour, ça vaut la peine d’y aller.  Le texte est super bien aussi.  C’est chez La Bagnole, une maison d’édition québécoise!

  6. Je l’ai vue au mois de mars avec des amis. C’est excellent!

    1. Amiedeplume: J’ai trouvé aussi.  J’ai été vraiment agréablement surprise.  Ca a donné une tout autre dimension au texte.

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