Faire les sucres – Fanny Britt

Je me souvenais avoir un avis mitigé de Les maisons de Fanny Britt. Du coup, je ne l’ai jamais relue en roman adulte. Et là, je suis tombée sur celui-ci et j’ai réalisé qu’en fait, j’avais aimé « Les maisons »? Je pense que je perds la mémoire.

De quoi ça parle

Ce roman raconte l’éloignement d’un couple, celui d’Adam et Marion. Il est un chef « à la télé » et Marion, sa deuxième femme, est dentiste en banlieue. Un jour, lors de vacances à Martha’s Vineyard, Adam a un accident de surf. On accident qui va blesser une jeune fille, Célia, mais qui va le marquer pronfondément. Et à partir de ça, tout va partir en vrille.

Mon avis

Dans ce roman choral, Fanny Britt évoque avec un cynisme assez cinglant les privilèges, ceux que l’on ne s’avoue pas et nous fait assister, impuissants, à la fin d’un couple composé de deux personnes pas faciles à apprécier. En effet, les deux protagonistes sont tellements centrés sur eux-mêmes, surtout Adam, le chef célèbre qui se sent soudain dériver, qu’ils ne voient absolument pas ce qui se passe autour d’eux. Quand on est riche et privilégié, disons qu’on a plus de temps pour « penser à soi » et « réfléchir sur notre développement personnel ». Autrement, c’est plus complexe, n’est-ce pas. À de nombreux moments, j’avais envie de baffer ce personnage qui ne décode absolument pas les signes de ceux qui l’entourent (et qui s’en fiche un peu, en fait, dans toute son égocentricité) et qui n’en a que pour son propre drame personnel. Quant à Marion, son épouse, même si elle est plus « gentille » par définition, même si elle veut sincèrement aider les autres, elle n’est pas non plus toujours facile à suivre. Quoique avec cet entourage…

Bref, la force de Fanny Britt est de disséquer ces émotions, ce que les personnages disent tout haut, ce qu’ils se disent tout bas et ce qu’ils n’osent pas se dire à eux-mêmes. Nous nous baladons entre le milieu huppé (et snob) des foodies montréalais, une cabane à sucre familiale et une chorale anglophone, avec quelques petits détours par Martha’s Vineyard, dans une fabrique de confiserie familiale… avec un tout autre point de vue sur le côté « romantique » de la chose. J’aurais aimé avoir davantage de Celia, le troisième personnage, plus terre à terre, qui semble avoir compris des choses que notre couple bobo ne saisira que beaucoup plus tard. Leur relation apparaît tellement superficielle de notre point de vue.

Bref, une étude intéressante, une plume qui nous montre l’essentiel sans marteler et des personnages assez peu aimables qui nous gardent parfois à distance et avec qui il est difficile de compatif. Somme toute une bonne lecture malgré mes petits bémols.

4 Commentaires

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  1. J’en ai un souvenir plus que mitigé notamment parce que j’ai détesté le personnage féminin comme quoi (nan mais le gars aussi mais je m’y attendais, l’évolution de sa femme en revanche m’a fait grincer des dents)

    1. Ah oui, l’évolution est particulière, j’avoue. Mais elle m’énervait tellement moins que lui!

  2. J’ai beaucoup aimé, c’est un roman qui rend tellement bien « l’air du temps », les différentes classes sociales, avec une grande finesse psychologique.

    1. J’ai aussi trouvé ça très bien fait. Des personnages pas attachants qui te pitchent leur privilège en pleine face, mais bien fait.

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