Enfant de salaud – Sorj Chalandon

Le comment du pourquoi

J’ai découvers Chalandon avec Une Promesse et Mon traître. Je trouve que l’oeuvre de cet auteur a une unité qui me plait beaucoup, notamment avec la figure du père et l’idée de trahison. Vous pouvez vous imaginer que dans cette rentrée littéraire, c’est pas ce roman que j’ai débuté.

De quoi ça parle

« Ton père était du mauvais côté. Tu es un enfant de salaud ».

Cette phrase prononcée par son grand-père bouleverse le narrateur. Alors qu’il couvre le procès du criminel de guerre Klaus Barbie, il réalise que le dossier de son père ne le situe pas du tout où il le croyait. À travers l’histoire de ce grand mythomane souvent violent, il va tenter de faire la paix avec lui-même, son histoire et tenter de confronter son père pour qu’il admette la vérité. La vraie.

Mon avis

Quand on lit ce roman (qui reste un roman et non pas une autobiographie), on a un éclairage nouveau sur une grande partie de l’oeuvre de l’auteur. La recherche de la figure paternelle, l’idée de la trahison, du mensonge, tout y est. Dans la vraie vie, l’auteur n’a jamais confronté son père, mais il s’est offert ce procès dans ce roman, sur fond de – vrai – procès pour crime contre l’humanité. Car comment ne pas vouloir confronter celui qui a été pour les ennemis à Barbie et aux horreurs auxquelles il a participé. Le roman s’ouvre d’ailleurs sur une visite à Izieu, dans la fameuse colonie des 44 enfants qui sont partis et ne sont pas revenus. Le narrateur espère faire réagir son père… sauf que ça ne se passera pas comme ça.

Ce roman est extrêmement émouvant. J’ai vécu avec le narrateur le désarroi, l’impuissance, la déception, l’horreur aussi. Il ne trouvera pas un simple petit dénonciateur mais tout autre chose… que je vous laisserai découvrir. Les réactions du père face au procès sont désarmantes de mauvaise foi et ça fait carrément mal de savoir que certaines personnes pensent vraiment de cette manière. Ce roman fait réfléchir sur la mémoire et remet des visages sur l’Histoire, visages qui aujourd’hui ne sont plus. Le procès Barbie, avec tout ce qu’il a impliqué d’horreurs, nous rappelle que ça ne fait pas si longtemps… et que nous ne sommes pas à l’abri.

Bref, un roman fort, une quête d’identité et une tentative de faire la paix avec ce père, ce salaud, mais peut-être pas pour la raison la plus évidente.

12 Commentaires

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  1. Encore un roman sur son père, pfff…..

    1. Je pense que ça l’a marqué!

  2. Comme toi, j’ai découvert et aimé Sorj Chalandon avec « Une promesse » et « Mon traître »… Et j’ai très très envie de lire ce roman-la !

    1. Je le suis depuis. Je pense que j’aime son univers.

  3. Je n’étais pas sûr de vouloir lire ce titre, mais il y a de plus en plus d’avis positifs, et j’ai beaucoup aimé son passage à la grande librairie. Alors …

    1. Je vais essayer de trouver une rediffusion de cette émission. tu n’es pas la première qui m’en parle.

  4. j’avoue que le côté larmoyant de l’auteur a fini me me lasser, voire m’agacer, voire plus …

    1. Je ne suis pas encore lassée… je vais en profiter tant que ça dure.

  5. et moi qui n’ai toujours pas lu Sorj, mais je l’ai entendu parlé de son père (à la grande librairie je crois bien ou le thème était les pères justement) et il m’a donné envie, toi aussi tu donnes envie…

    1. Le thème me touche à chaque fois.

  6. Bonjour Karine:), même s’il n’a pas été récompensé, il faisait partie des 4 finalistes pour le prix Goncourt de cette année. Un gage de qualité. Je l’ai noté dans les livres à lire. Et je n’ai lu que des critiques positives. Bonne après-midi.

    1. Il m’a beaucoup plu. C’est vraiment une confrontation avec le fameux père!

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