Anima – Wajdi Mouawad

Dans le challenge « Lisons l’Asie », il y avait une oeuvre d’un auteur libanais au programme. J’ai presque triché en choisissant Wajdi Mouawad, d’origine libanaise ayant longtemps vécu au Québec et résidant maintenant en France. Je ne connaissais pas vraiment l’auteur, à part par son théâtre et – oh my… – quel choc! Mais sérieux… QUEL CHOC!

De quoi ça parle

À Montréal, Wahhch Debch découvre un jour le cadavre de sa femme, sauvagement assassinée. Il n’a alors cesse de poursuivre cet homme dont il connaît l’identité mais qui semble insaisissable pour la police. C’est que ce choc réveille des souvenirs d’enfance qu’il croyait oubliés et une question le hante : si on ne trouve pas le coupable, serait-ce lui-même qui a commis cette horreur?

Mon avis

Comme je le disais d’entrée de jeu, ce roman a été un choc. Extrêmement déstabilisant, dur et violent, nous allons assister à la descente aux enfers d’un homme qui perd pied et qui veut comprendre, sans savoir comment il va réagir quand il va arriver face à face avec cet homme. Une quête de compréhension des événements mais aussi une quête de soi pour cet homme né au Liban, heureux dans son couple, qui voit son quotidien se dissoudre suite à ce traumatisme.

Nous assistons donc à une course poursuite à travers l’amérique, en passant par la réserve de Kahnawà:ke et des petites villes perdues des États-Unis, sans trop savoir qui traque qui. La particularité de la narration est que nous n’avons jamais accès aux pensées du personnage principal vu que toute l’histoire est racontée par des animaux qui vont le croiser ou le suivre. Les points de vue sont donc très particuliers, influencés par ce que vit l’animal et son rapport aux hommes. J’ai adoré cette façon de faire, qui donne une vraie originalité au récit, qui est de ceux qui marquent et qu’on n’oublie pas. Chaque animal a sa voix et certains m’ont fait pleurer. Moi.

Deux petits bémols. Je ne veux pas spoiler – et c’est peut-être moi qui ai manqué un truc – mais il y a tout de même une coïncidence assez grosse au centre de tout ça. Si vous l’avez lu, j’aimerais en discuter. Y a-t-il un lien que je n’ai pas vu? Sinon c’est quand même assez énorme. De plus, une scène de sexe était selon moi un peu inutile et pour ceux que la violence animale dérange, il y a une scène en particulier impliquant des chiens… eh boy! Mais le tout s’insère bien dans l’atmosphère glauque, violente et dérangée du roman et presque tout est là pour une raison.

Ceci dit, c’est un roman qui frappe et qui dérange. Une exploration de l’animalité de l’homme, un retour aux instincts de base, qui porte à réfléchir sur la cruauté des animaux, dont l’humain, souvent le pire d’entre eux. Difficile de dire qu’on a « aimé » une telle histoire, un tel degré d’horreur et de trauma mais décidément, une vraie qualité littéraire. Virtuose, mais clairement pas pour tout le monde.

2 Commentaires

  1. Une atmosphère glauque et dérangée ? Pas sûre d’aimer.

    1. En effet, je ne sais pas du tout si ça peut te plaire! C’est hyper dérangeant comme roman.

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