Mon tour de France – 68 – Daleks et somnifères

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Tiens, on est au Havre, ce matin!  Ceci dit, ça commence assez pochement vu que papa est fiévreux et malade, ce qui annonce une bien mauvaise journée.   Pour lui comme pour nous, soit dit en passant.  Un rhume d’homme, ça touche tout l’entourage!

 

Après un très bon petit déjeuner (la dame est toujours aussi sympathique.. son mari est québécois, maman trouve qu’elle n’a pas d’accent!), on laisse papa dormir et nous allons faire un petit tour dans la ville.  On est situés en plein dans le quartier rénové par l’équipe de Perret et nous repassons près du bassin, du volcan, de l’hôtel de ville et de son grand jardin, en passant par la rue Foch et le quartier du musée André-Malraux, près du port.  Il y a beaucoup de marcheurs, l’air est frais, et c’est une bien agréable balade!

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Et là, surprise, on y voit le tableau « impression, soleil levant », de Monet.  Et, pour la première fois, je réalise qu’il y a des cheminées en arrière plan.  C’est ce décor qu’il a peint.  JAMAIS je n’aurais fait le lien sans ce panneau! Anecdote, c’est après l’exposition de ce tableau, en 1874, que les critiques, pour le railler, l’ont qualifiée d’un curieux néologisme…. Impressionnisme!

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On voit aussi la super-église-Dalek, l’église Saint-Joseph, monument que j’adore.  Et pas juste pour le côté usine-à-Dalek du truc.  Elle a été aussi conçue par Perret à la fois comme lieu de culte que comme monument honorant la mémoire des victimes de la 2e guerre mondiale.   Le clocher a 110m de haut et il est rempli de vitraux colorés de Marguerite Huré, plus sombres à la base et plus clairs en haut.  Ça donne tout un effet.    Il va bientôt y avoir un office quand on  y passe, alors on se fait discrètes.  On peut aussi constater que la population qui va à la messe est beaucoup plus jeune que chez nous.  Et plus nombreuse.

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Détour aussi pour voir la cathédrale Notre-Dame, un mix de gothique renaissance et de baroque, qui date de la fin 16e, début 17e.  Les bombardements ont brisé la toiture, mais la cathédrale est restée debout.

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Puis, au pas de course, nous nous dirigeons vers l’appartement témoin, qui offre une visite guidée à 11h.  En fait, nous n’étions pas certaines de faire la visite… mais ce que nous avons bien fait!  Cette visite est parfaite pour s’imprégner de l’esprit du Havre.  Sans ça, ça aurait été incomplet!

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Le Havre a subi 132 bombardements pendant la 2e guerre mondiale.  Les destructions les plus massives sont survenues les 5-6 septembre 1944, alors que les bombardiers anglais ont détruit le centre-ville pour affaiblir l’occupant, dans le cadre de l’opération Astonia.  10 000 tonnes de bombes en 7 jours.  Il ne restait presque plus rien de la vieille ville.  Il y  a aussi eu 1770 morts, 88 000 sinistrés, 150 hectares rasés et 12 000 immeubles détruits.  Le port est dévasté, les immeubles du 15e rasés et les bateaux coulés.   Le Havre est finalement libéré le 12 septembre 1944.  Mais dans quel état…

 

Il faut donc reconstruire.  Le mot d’ordre?  Pas cher et aller à l’essentiel.  On ne veut pas reconstruire l’ancienne ville mais plutôt édifier une ville nouvelle, symbole de renaissance.  Ceci dit, Le Havre aurait été l’une des villes les plus insalubres de France.  Les anciens (ceux qui restent) déplorent encore la perte du patrimoine et mentionnent que c’était mieux avant… mais Le Havre est une ville où il fait bon vivre.  Et bizarrement, si l’extérieur a été critiqué, le confort intérieur, ça, ça allait!

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C’est l’atelier d’Auguste Perret qui obtient le contrat de reconstruire le centre-ville en 1945.   Et ce centre-ville sera en béton qui est, pour Perret, très noble, et représentative de la création humaine.   On veut aussi diminuer la densité de population, ce qui créerai bien des ennuis… et qui déplacera la population vers les banlieues. Les maisons pour les plus fortunés sont rue Foch.  Les moins riches sont près du port, parce que c’est bruyant, et la classe moyenne est partout ailleurs.  Ce sont des copropriétés et ceux qui étaient propriétaires avant la guerre peuvent utiliser leurs indemnités pour acheter un logement.  Pour les locataires… too bad!  Va falloir aller ailleurs. 
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On opte pour des copropriétés et on y va fort dans la préfabrication.  On est au début des années 50.  Ce dont on parle ici nous semble très normal mais pour plusieurs, c’était limite innovant!  On choisit donc de faire des îlots aux dimensions s’harmonisant avec celles du bassin.  Ils ont aussi 3 étages, pour reprendre les notions historiques.  Commerces en bas, premier étage noble et deux autres étages en haut.  Le principe fondamental?  Chaque habitant doit avoir droit au calme, à l’air, au soleil et  l’espace.  Tout a été pensé pour que chacun ait tout ça.

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On a opté pour un plan en damier, avec des rues larges et aérées qui se coupent à angles droits,  On y retrouve des colonnes et la structure est visible.  Dans les appartements, il y a des colonnes porteuses… mais le reste des murs ne l’est pas, ce qui veut dire qu’on peut adapter l’appartement comme on veut.

 

À l’intérieur, c’est surprenant et très lumineux.  On veut le plus de lumière dans les pièces qu’on habite le plus.  On y trouve chauffage collectif, placards encastrés, vide-ordures et isolation thermique.    Perret voulait « sortir la femme de son trou » et a mis la cuisine près des pièces à vivre et l’a aérée.   Sincèrement, c’est grand (et décoré avec des meubles des années 50).  Retour dans le temps.. mais un peu moins loin!

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Vraiment, super visite!  Ça vaut le coup de prendre le tour guidé!

 

On récupère donc papa (en un morceau et presque de bonne humeur) et on prend la direction de Honfleur, comme dans la chanson.  Ça pourrait être l’hymne de papa, ça… « t’as voulu voir Honfleur et on a vu Honfleur… »!  Il est super sweet de céder comme ça à tous nos caprices.    On passe par le pont de Normandie en attendant, ce qui ravit papa, qui a une fascination pour les ponts.  Ingénieur, sors de ce corps!

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Honfleur est une ville over charmante.  On la connaît surtout pour ses façades recouvertes d’ardoise et le bassin/port qui lui est caractéristique.  ON suit encore une fois le petit plan de l’office de tourisme pendant que papa nous attend au bord du port.  Je pense que nous endurer et tousser en même temps, c’est trop pour son moral!

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IL est fait mention de Honfleur dès le 11e siècle.  L’endroit, à l’embouchure de la Seine, aurait été dès le 12e un port de commerce vers l’Angleterre.   C’est aussi l’endroit d’où est souvent parti Samuel de Champlain vers les Amériques.  De là la partie réservée aux colonies dans l’église.    Toutefois, avec les changements économiques au 18e et 19e siècle, la cité a perdu beaucoup de son prestige et de sa richesse, pour se relever graduellement par la suite.  Elle n’a par contre pas été détruite pendant la 2e guerre mondiale, contrairement à plusieurs grandes cités normandes.

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DSC_0639 Nous faisons donc le tour du bassin, en passant par l’église Sainte-Catherine, église en bois, amorcée au 15e siècle.  Je pense que c’est mon coup de cœur de la ville.  J’adore l’endroit, avec ses deux nefs et son look de halle de marché.    Un jour, un drôle a eu l’idée de lui ajouter un porche néo-classique en pierre et tout… bizarre!  On le voit d’ailleurs sur plusieurs tableaux d’artistes qui ont choisi de représenter la ville.  Heureusement, le truc a été remplacé!

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On voulait voir la maison Satie mais sachant que papa nous attendait que ça nous prendrait une plombe, on a laissé tomber.  On s’est donc contentées de passer devant.  Ceci dit, je file juste moyen, vu que j’ai encore une fois risqué la crêperie ce midi.    Comme maman m’a donné des médicaments pour l’acidité, je les prends rapido avant que ce soit trop pénible.  Je les trouve assez peu efficaces ces trucs, en fait.

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On visite ensuite l’église Notre-Dame de Grâces et les jolies petites rues. En fait, on a en tête d’aller voir le jardin des personnalités car j’ai vu sur un dépliant que des gens sont costumés selon les tableaux de Renoir.  Comme c’est impossible d’y aller à pieds avec le temps qu’on a, on laisse tomber… je pense pas qu’on réussirait à faire passer ça à papa avec son rhume.

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Ceci dit, je suis aussi super fatiguée.  Je baille aux corneilles et j’ai du mal à rester réveillée.

 

Maman : Qu’est-ce qui se passe?

Moi : Je ne sais pas, on dirait que c’est plus fort que moi, je m’endors.

Maman : Heu… t’as pris quoi tantôt?

Moi : Ben la pilule que tu m’avais donnée, là… le machin orange.

Maman : Montre-moi donc ce que t’as pris?

 

Et là, je lui montre.  Le truc qu’elle m’avait donné il y a trois mois au cas où je ne dormirais pas dans l’avion.  Des Gravol.

 

Yep, trompée de pilule je m’étais.  La prochaine fois, va falloir que je regarde ce que je prends hein… parce que dès que je suis embarquée dans la voiture, je suis TOMBÉE.  Et je me suis réveillée à Cabourg… pour me rendormir aussitôt dès que j’ai pu trouver un endroit où je pouvais me mettre à l’horizontale.  Bravo à moi.   Ça pouvait ben pas fonctionner!

 

On m’a bien réveillée pour me permettre de voir Deauville (ma remarque stupide droguée : c’était pas un resto, ça) et Trouville… mais j’avoue que mes souvenirs sont bien flous!

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Imaginez maman, dans une chambre d’hôtel (la moins belle qu’on a eue depuis le début, malgré sa super situation), prise entre un qui dort à cause du rhume et l’autre qui dort parce qu’elle a pris des somnifères par hasard.  Le glamour!  Ceci dit, cette chambre était étrange.  Les toilettes étaient branchées sur l’eau chaude (on se faisait chauffer le popotin en faisant pipi) et ils avaient un sérieux problème de tuyaux.  Assez pour nous réveiller en pleine nuit.

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Mais bon, il était sur la rue principale et nous avons pu aller manger tranquilles le soir et voir le grand hôtel.  C’est que Cabourg, c’est le Balbec de Proust.  Du coup, j’ai adoré lire les extraits du roman aux endroits précis où ils se seraient passés.   Nous avons donc pu voir la promenade, où le narrateur guettait Albertine, la fameuse salle à manger vitrée donnant sur la mer ainsi que le hall de l’hôtel où la grand-mère du narrateur négociait le prix pour la saison.    Juste pour ça, ça valait le coup.  Et pour la balade en bord de mer au soleil couchant.

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Ceci dit, je suis retournée me coucher assez vite… et j’ai filé jusqu’au lendemain matin, sans écrire.  De là l’écriture un peu tardive de ce billet et le manque de détails!

 

La morale de cette histoire : « orange » n’est pas une bonne définition quand on cherche une pilule.  Idéalement, faut lire le nom.  Au moins.   Et idéalement, la posologie.

 

À bientôt!

8 Commentaires

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  1. Pas mal le coup du somnifère ! J’étais à Honfleur dimanche dernier, j’aurais pu te filer deux-trois adresses où l’on mange correctement .. Toute mon enfance, j’ai entendu mon entourage déplorer la destruction du Havre et critiquer vertement les immeubles en béton. Ça évoquait tout-à-fait une ville stalinienne. Ici, alliés n’est pas forcément synonyme de libérateurs ! il y a eu trop de destructions inutiles.

    1. En arrivant beaucoup plus tard, on trouve ça assez chouette, je trouve… quoi que oui, un peu stalinien. MAis je pense qu’on a fait pour le plus vite, pour le moins cher… C’est une ville étrange.

  2. Tu en as de la chance d’avoir vu «Balbec»! Je ne savais pas que cet hôtel existait pour vrai!

    1. OUi oui, pour vrai! Et on retrouve vraiment les descriptions!

  3. Cela te fait effet en pas pour rire des Gravols ! Si un jour, tu as réellement de la difficulté à dormir, tu n’as qu’à t’offrir une « alerte orange ». Peut-être cela aura-t-il reposé ton corps. Et celui de ton père.

    1. Oui, peut-être!!! Mais bon, j’étais totalement out of it. Une vraie blague!

  4. Très intéressantes ces visites, je ne connais pas du tout ces coins-là. Et oups pour le somnifère 😀

    1. Yep, oups, oups, oups!
      Je me trouvais un peu nounoune, mettons!

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