Les enfants de Minuit – Salman Rushdie

J’ai commencé ce roman la veille de l’attentat contre Rushdie. Je l’avais prévu pour Lisons l’Asie et j’ai été catastrophée lorsque l’auteur a été attaqué sur scène, fort probablement pour faire suite à la fatwa prononcée en 1989 par l’ayatollah Khomeini. Inutile de préciser que de terminer ce roman était devenu un devoir moral dans ma petite tête de fille fatiguée. Et j’ai bien fait car c’est clairement un roman 5 étoiles et un futur classique pour moi. Rien de moins.

De quoi ça parle

15 août 1947, minuit sonnant. Au même instant où l’indépendance de l’Inde est prononcée nait le héros de cette histoire, Saleem Sinai. Enfant prophétisé (un nez et des genoux!) dont le destin picaresque est intimement lié à l’histoire de l’Inde et à ses rebondissements.

Comme tous les autres « Enfants de minuit », Saleem a des pouvoirs magiques. Il raconte sa vie alors qu’il la sent se fissurer, tentant de comprendre qui il est dans cette Inde multiple qui se cherche.

Mon avis

Je l’ai dit d’entrée de jeu, entre ce roman et moi, ça a passé. Il contient tout ce que j’aime : un côté plus grand que nature, des personnages hauts en couleurs, du réalisme magique, des images fortes et un lien avec l’Histoire avec un grand H. Une histoire que, je le réalise, je ne connaissais que fort peu. J’ai peut-être vu le film « Gandhi » à sa sortie (j’avais un gros 6 ans… inutile d’expliquer que je n’ai RIEN compris aux enjeux) mais de toute l’aventure post-coloniale de l’Inde, avec la partition Inde-Pakistan-Bangladesh, je n’avais saisi que des bribes. Du coup, ce côté était fas-ci-nant.

L’Inde, pour moi, est un pays de mystères, fait de grands écarts et de diversités multiples. Cette métaphore est très bien imagée avec les fameux Enfants de minuit aux langues, richesses, castes, opinions politiques et religions différentes. Bien qu’en arrière-plan, on les sent grandir, s’intégrer au vrai monde, et j’ai trouvé l’histoire de Saleem le grand optimiste tellement parlante de ce qui a dû se passer dans ce pays. Tellement d’espoirs, tellement d’enthousiasme qui se fracassent souvent sur une réalité trop imparfaite, politique et corrompue.

Mais ce qui fait le petit plus… cette écriture! Cette imagination! Le réalisme magique fait partie intégrante du récit et s’y intègre parfaitement. Rien de scolaire dans cette narration. La voix du narrateur qui se cherche, qui se perd parfois, qui tente de s’y retrouver et de comprendre, de distinguer les faits des perceptions et de personnifier cette Inde fantasmée et réelle à la fois… c’est fabuleux. Existe-t-elle vraiment? Qu’est-ce qui l’unit? Le roman, écrit en 1981, n’a pas le recul que nous avons aujourd’hui mais il est d’autant plus fort. Certaines scènes sont inoubliables et certaines images sont profondément ancrées en moi.

Bref, coup de coeur pour moi que ce roman. Il fera désormais partie de mes incontournables.

8 Commentaires

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  1. Tu me donnes envie de découvrir ce futur classique.

    1. Ca a été un vrai coup de coeur pour moi. Étrange, rempli de réalisme magique… génial.

  2. Et, d’ailleurs, a-t-on des nouvelles de l’auteur ?

    1. Les dernières nouvelles que j’ai eues, c’est qu’il se rétablissait lentement et qu’il avait perdu un oeil… mais rien d’autre.

  3. Merci.

    1. Mais de rien!

  4. Je ne connaissais pas du tout, merci pour la découverte, je prends note.

    1. J’ai tellement aimé! J’espère que ça te plaira autant qu’à moi!

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