Les 7 églises – Milos Urban

7-eglises.gifPrésentation de l’éditeur

« Jeune policier féru d’histoire médiévale, K est chargé de protéger une vieille dame.

Mis à pied après qu’on l’a retrouvée morte, il est approché par l’étrange chevalier de Lübeck, personnage d’un autre temps qui veut rendre à Prague sa splendeur passée… Milos Urban, renouant ici avec la tradition du roman gothique, nous promène de cryptes en tours, des morts du présent à ceux du passé, à la découverte des secrets de la ville aux cent clochers. »

 

Commentaire

Quel bizarre de roman que celui-ci.  Bizarre dans le sens d’étrange et de déstabilisant.  Pas qu’il soit particulièrement déjanté ou que les thèmes soient inattendus, c’est juste que je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en ouvrant ce livre.  Mais je ne m’attendais pas vraiment à ça. 

 

L’histoire de « Les 7 églises », c’est l’histoire de K.  K est policier, a une honte terrible de son nom (ne parlant pas Tchèque et ne connaissant pas l’histoire du pays, je n’ai aucune, mais alors là AUCUNE idée pourquoi) et est persuadé de ne pas être né dans la bonne époque.  En effet, pour lui, le 20e siècle, c’est la déchéance.  Tant au point de vue de l’architecture qu’au point de vue moral.  Selon lui, les architectes modernes et baroques sont des barbares qui ont saccagé tout ce qu’il y avait de bien : l’architecture gothique et médiévale.  Pour lui, ce qui est bien, c’est le 14e siècle. 

 

K a donc été renvoyé par la police pour avoir manqué à son devoir lorsque la dame qu’il devait protéger s’est pendue,  Il a une confiance en lui dans le plancher, ne sait pas trop ce qu’il va faire et se sent surtout complètement étranger à son époque.  C’est alors qu’arrive le chevalier de Lübeck, avec qui il devra collaborer.  En effet, celui-ci s’est mis en tête de restaurer les églises gothiques du Nové Mesto et de leur rendre leur gloire d’antan.  C’est alors que des meurtres spectaculaires et théâtraux commencent à survenir. 

 

Un thriller?  Pas vraiment.  Un polar?  Ben oui… mais non.   J’ai bien du mal à le définir, en fait.  Nous assistons à une quête d’identité, celle de K, dans les rues de Prague, qui est selon moi le personnage principal du roman.    K se balade dans les rues, décrit ce qu’il voit, les bâtiments modernes, leur rapport avec l’histoire mais aussi les bâtiments qui ont été et qui ne sont plus, le tout avec des flashbacks de sa vie passée.   La ville et son architecture prennent vraiment beaucoup, beaucoup de place.  Au départ, j’ai été ravie parce que c’est la raison pour laquelle j’ai voulu lire ce roman.  Pour me consoler de mon voyage à Prague avorté pour cause de volcan l’an dernier.   Mais là, j’avoue que j’ai dû lire le roman avec un plan de Prague entre les mains si je voulais y comprendre quelque chose.  Et qu’étant peu familière avec l’architecture, j’ai été passé mon temps à chercher sur le net des photos des bâtiments en question (je devais bien mal m’y prendre car j’avoue ne pas avoir trouvé tant de choses que ça…).  Ça a donc coupé un peu ma lecture.  Par contre, l’auteur réussit avec ces descriptions (longues descriptions) à recréer une Prague un peu irréelle, en suspens entre deux époques.  Les promenades nocturnes créent une atmosphère toute particulière.  L’écriture est très belle, très descriptive, pleine d’images.  L’auteur a réussi à m’atteindre par elle dès les premières pages et tout particulièrement dans le ton de la dernière partie.   

 

Les personnages ont tous un côté mystérieux, on sent que tout ne sera pas expliqué de façon logique (la discussion au sujet du Château d’Otrante de Walpole, entre deux personnages, nous y prépare, d’ailleurs) et qu’il y a un côté mystique dans tout ça.  L’action met du temps à se mettre en place et j’avoue qu’au milieu du livre, je me demandais encore où ça s’en allait, tout ça et j’admets avoir trouvé des longueurs.  En fait, bien que je partage en grande partie son opinion au sujet de l’architecture gothique (ma préférée) et du rococco (qui fait parfois mal aux yeux), je suis quand même plus ouverte à la modernité.  Et un moment donné, à force d’entendre répéter et répéter que tout ce qui a été fait après 1400 c’est de la merde, de la déchéance, de la barbarie, j’étais légèrement harassée.   Disons que le message était passé.  Plusieurs fois.  Oui, je conçois que c’est nécessaire, cette sorte d’obsession, de fièvre, mais le lire à répétition, après un moment, bon… j’étais limite agressive!

 

Une lecture qui demande de l’implication, de l’attention.  Si ça part lentement et que ça tourne en rond un bon moment (normal étant donné le thème), je suis quand même bien contente d’avoir persévéré parce qu’après la moitié, ça s’active et le vent d’étrange et de folie s’intensifie et que mon bilan sera tout de même généralement positif.  Attention, s’il y a un côté mystique, nous ne sommes pas dans un Da Vinci Code Tchèque, là.  Loin de là.   Il n’y a pas de rebondissement à toutes les pages et il ne faut pas vraiment le lire pour l’intrigue policière, qui est assez évidente et qui n’est pas, selon moi, le but premier du roman.  La finale était inévitable… (et prévisible selon moi)  et tout à fait dans la ligne du roman. 

 

Je n’ai pas vu beaucoup d’avis sur le livre, à l’exception de celui de Coeurdechêne, sur Biblioblog (qui m’a donné l’idée de le lire avec la carte). 

 

Merci aux éditions du Diable Vauvert pour cet envoi qui m’a fait sortir de ma zone de confort!

20 Commentaires

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  1. forcément, si tu mets « médiéval » dans ton billet, je vais être tentée.

    1. Lystig: En effet, même si ça se passe de nos jours, le médiéval est à l’honneur.

  2. Prague est une ville qui m’attire beaucoup mais cela n’a pas l’air d’être un roman facile !!!! Je note mais je ne pense qu’il soit à la biblio pour l’instant !

    1. Joelle: Non ce n’est pas un roman facile.  Il faut le gagner et on ne peut pas dire qu’il se lit tout seul.  Malgré tout, je reste avec un souvenir plutôt positif même si à un moment donné, j’ai trouvé des longueurs.

  3. Je le note car tu as soulevé de nombreux points intéressants… histoire, gothique, policier, architecture, belles images…

    1. Syl: Oui, il y a tout ça là-dedans.  C’est un roman que j’ai trouvé quand même difficile à appréhender mais j’ai aimé.

  4. Je ne sais pas, ton billet est ambigu ou je ne suis pas réveillé. Je le note quand même pour Prague que j’aimerais bien connaitre un jour…quand je serai plus vieux.

    1. Le Papou: Oui, mon billet est un peu mélangé parce que le roman l’est un peu aussi.  J’ai aimé en général, malgré le côté un peu prévisible mais au départ, ce n’est pas évident d’y embarquer.  Donc ça se peut que mon billet soit ambigu!

  5. mmmmhhhh… tout cela est bien intrigant… on verra alors !

    1. Irrégulière; C’est vraiment particulier comme roman.  Je pense qu’on peut adorer ou détester. Reste à voir comment tu y réagirais.

  6. Un roman duquel on pourrait décrocher facilement, on dirait.

    1. Alex-Mot-à-Mots: Oui, on pourrait, je crois.  Un moment donné, j’ai eu un peu peur de ne pas entrer dedans mais ensuite, ça a fonctionné.  C’est vraiment un roman d’atmosphère.

  7. S’il s’appelle K, je suppose que ça a un rapport avec Joseph K (Le procès, Franz Kafka, pragois). Et ça m’a tout l’air d’un livre qui pourrait me plaire, non ?

    1. Ys: En fait, ils le disent, son nom, mais je ne m’en souviens plus… ça ne me disait rien mais vu mon degré d’inculture qui fait plutôt peur, c’est pas siiii surprenant non plus.  J’ai justement pensé à toi en lisant ce roman, en me demandant ce que tu en penserais.  Il y a peut-être des trucs qui te sembleraient un peu longs mais je pense qu’il y a des éléments qui pourraient t’accrocher!

  8. Moi quand je vois les mots médiéval, église et chevalier, j’ai tendance à fuir.

    1. Manu: Normalement, ça m’attire beaucoup.  Tant qu’on ne me parle pas de Templiers, ça va! 🙂

  9. Un livre qui m’attire fortement puisque je veux visiter Prague cet été et en plus j’adooooore l’architecture <3  🙂

    1. GeishaNellie: Lucky girl, visiter Prague!  Si tu adores l’architecture, peut-être est-ce que tu seras moins perdue que moi.  Mais malgré la complexité du roman, j’en garde un bon souvenir.

  10. Bonjour,

    Merci pour cette critique qui m’aide dans mes acquisitions. Petit éclaircissement (qui n’en est pas un, mais je pense qu’il faut creuser de ce côté là.) Dans Le procès de Kafka (qui est donc Tchèque), le personnage principal s’appelle Josef K. Même en s’éloignant de la Littérature tchèque, si l’on considère Le K de Buzzati (traduction qui m’a toujours paru étrange puisque Buzzati avait choisi de nommer son squale Il colombre), il semblerait que cette simple lettre, le k, s’assimile à quelque chose d’innommable ou de honteux (ce n’est qu’une supposition mais il faut savoir que la lettre k n’existe pas en italien.)

    Voilà, peut-être faut-il creuser de ce côté-là pour comprendre la honte du nom de cet homme.

    Cordialement.

    C.

    1. Chloé: Aaaah, je n’avais pas du tout pensé à ça!  Merci de la piste de réflexion!

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