L’Assommoir – Émile Zola

Rien ne m’arrête. J’ai lu le 7e tome des Rougon-Macquart.  Mais je dois avouer qu’après de telles émotions, après avoir été en colère pendant les trois quarts du roman, j’ai besoin d’une pause.  Et j’espère franchement que le prochain est moins lourd.

 

Nous sommes donc à Paris.  Et nous sommes quelques années avant les événements du Ventre de Paris car Claude Lantier est encore enfant.  C’est l’histoire de sa mère, Gervaise, fille d’Antoine Macquart et soeur de Lisa (celle du Ventre de Paris).  Gervaise s’est laissée séduire par Lantier, a eu deux enfants de lui, ils sont montés à Paris… et Gervaise a bien dû réaliser que Lantier était un total salaud quand il l’a plantée là après avoir pris tout l’argent et l’avoir copieusement insultée.

 

Pourtant, Gervaise est honnête et travailleuse.  Elle est blanchisseuse, propre et elle sait bien qu’elle doit se tenir loin de l’alcool, y ayant été initiée très tôt par sa mère.  Elle va se remarier à Coupeau, tout aussi travailleur qu’elle.  Puis un jour, il va avoir un accident.  Et tout va basculer.

 

C’est à la descente aux enfers de Gervaise et de sa famille que nous assistons, impuissants et de plus en plus enragés.  C’est un roman qui est profondément ancré dans son époque, ce que j’ai dû constamment me marteler en tête tout au long de ma lecture, que j’ai dû refermer à plusieurs occasions.  C’est une plongée dans le monde ouvrier, dans ses misères  et ses pièges.   Dans ces pages, nous vivons avec eux leur quotidien: travailler, réussir à ramasser assez de sous pour manger et payer le loyer.  Ou pas.  Gervaise n’a pas des aspirations très élevées : avoir un coin pas trop sale, travailler, manger du pain, ne pas être battue.  Et même pour ça, ce n’est pas gagné.  Comme vous pourrez le voir.

 

Ce qui marque dans le roman, c’est la condition de la femme à l’époque, totalement dépendante de son mari, même quand le dit mari ne fout rien à part se saouler la gueule et dépenser l’argent qu’elle gagne.   Et la battre au passage. C’est aussi la méchanceté ordinaire, le cruauté du petit monde qui nous est présenté.  On sent que Zola n’est pas particulièrement en amour avec ses personnages.  Ils sont dé-tes-tables.  On ne peut faire confiance à aucun des habitants de l’immeuble où habitent les Coupeau, à commencer par la belle-famille de Gervase, les Lorilleux.  Leur principal plaisir?  Insulter « la banban » et se faire une fête quand il lui arrive quelque chose de mal.  Quant aux concierges, ils suivent l’argent… comme plusieurs autres d’ailleurs.

 

Un roman sur les ravages de la misère et de l’alcoolisme.   Un roman lourd, dur.

La plume de Zola n’est toujours pas ma préférée (mais qu’est-ce qu’il peut répéter des expressions!) mais ça ne me choque plus comme au début.   Une chose est certaine, il réussit comme personne à nous transporter dans ses univers… et, dans mon cas, à me faire enrager!

 

 

16 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Un roman que je n’ai jamais osé relire, tellement l’histoire est ancrée dans ma mémoire, cette descente de Gervaise! Non, pas de happy end… La fille de Gervaise, c’est nana, mais tu n’en es pas encore là… ^_^ (t’as vu le teasing ^_^)

    1. C’est fou hein… il est TELLEMENT fort ce roman. Il prend au coeur. Le souvenir est vraiment vraiment ancré et je pense qu’il va y rester longtemps. Et oui oui, j’en suis là! J’en suis à la fin du tome 11… je donne une chance aux lecteurs du blog pour ne pas les innonder davantage de Zola! J’ai aussi beaucoup aimé Nana… quel personnage!

  2. J’en garde le même souvenir que toi : une lecture lourde.

    1. Si, lourde… très lourde. Mais très forte, par contre.

  3. Je n’ai jamais lu ce titre. Je me fais souvent le réflexion que je ne lis pas assez de classique. En ce moment, j’ai envie de me lancer dans Les misérables et dans Proust aussi (je ne l’ai jamais lu…).

    1. Je suis dans un trip classiques ces dernières années. Proust l’an dernier, Zola cette année… Balzac l’an prochain, sait-on jamais? Je les écoute surtout en audio hein… dans ma voiture, c’est parfait.

  4. L’Assommoir est le premier livre que j’ai lu d’Emile Zola. Je l’ai vécu comme une claque, comme une révélation!

    1. J’ai commencé par le début des Rougon Macquart… mais avoir commencé par ça, j’aurais été jetée en bas de ma chaise…

  5. J’ai lu quasiment tout Zola et celui-ci m’a effectivement marquée.

    1. Impossible de ne pas être marquée… cette montée, puis cette chute… on se sent tellement impuissant!

  6. Mon préféré de la série, mais tu as raison, ce n’est pas une lecture légère!

    1. Il est dans mes tops aussi, à date. J’aime aussi beaucoup Nana et là, le bonheur des dames me plaît aussi, dans un genre tout à fait différent.

  7. c’est le premier Zola que j’ai lu, j’avais 16 ans! Quelle émotion! mais il m’avait plus énormément. Et stressée aussi, comme toi…

    1. C’est fou ce stress hein! Voir aller les choses et ne rien pouvoir faire…

  8. Une belle chronique pour parler de ce livre difficile…
    En ce qui me concerne, je préfère quand même Germinal…
    Cet Assommoir a fini par… m’assommer !

    1. Je n’ai pas encore lu Germinal. J’en suis à la fin du tome 11 alors c’est pour bientôt! Disons que l’Assomoir n’est pas fait pour être lu ado… c’est tellement difficile de concevoir le comportement des personnages. Même adulte. Disons que c’est une lecture très difficile.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.