La course de Rose – Dawn Dumont

Le comment du pourquoi

Je reste toujours à l’affût de ce que font les éditions Hannenorak, maison d’édition autochtone québécoise. Cet ouvrage m’a tout de suite interpellée, autant pour l’idée de la course à pieds que pour le fait qu’il se déroule dans une réserve en Saskatchewan. Du coup, quand Rose, jeune booktubeuse d’ici, me l’a offert pour le swap de Noël BooktubeQc, j’étais plus que ravie. Allez voir sa chaîne, elle est au secondaire et elle dévore les livres!

De quoi ça parle

Rose a la trentaine, est mère d’une ado et d’une 8 ans précoce, elle habite sur une réserve en Saskatchewan, et elle vient de perdre à la fois son emploi et son bon à rien de mari. Ce qui n’est franchement pas une grande perte. Quand elle est vue en train de courir dans les rues, elle s’invente un retour à la course à pieds, alors qu’elle ne s’est pas entraînée depuis l’enfance et qu’en fait, elle tentait d’attraper sa cousine Michelle, qu’elle venait de pogner les culottes à terre avec son mari. Faut pas chercher à comprendre.

Bref, rien ne va plus pour elle et elle doit se reprendre en main alors qu’arrive un nouveau chef et qu’elle se met à entendre des voix et voir des fantômes. Les légendes autochtones vont-elles rattraper la réalité?

Mon avis

Je ne connaissais pas Dawn Dumont mais je suis dès à présent fan de son humour et de sa façon de nous mettre sa réalité en pleine face. J’ai tout de suite aimé ma lecture et le ton de l’autrice. La réalité de la vie sur la réserve ne nous est pas épargnée mais sans misérabilisme. C’est la vie, c’est comme ça que ça marche et c’est tout. Ici, pas de bons et de méchants, juste des gens qui veulent s’en sortir mais qui ne réussissent pas tout le temps. Certains magouillent, certains font ce qu’ils ont à faire mais la vision de Dawn Dumont qui a grandi dans la réserve Okanese nous les rend juste profondément humains. Pas tous attachants, mais humains quand même!

La course de Rose, c’est l’histoire d’une femme qui se laisse porter par la vie et par ce qui lui arrive. Elle est certes en colère mais ses sentiments sont enfouis en elle. Elle laisse les choses lui arriver, accepte parfois l’inacceptable par inaction, jusqu’à ce jour-là. Elle va petit à petit se prendre en main, et finir par se sauver elle-même. Parce que ya pas mal juste elle qui pouvait le faire. Et c’est bien! On peut s’identifier à Rose, même si nous avons un vécu bien différent. En effet, qui n’a pas eu ce syndrome de l’imposteur, ce sentiment de ne pas être à la hauteur et d’avoir une montagne devant soi? Rose nous ressemble un peu, certes, mais avec un petit quelque chose de différent dans son histoire, et ça se ressent tout au long de notre lecture.

Les dialogues sont piquants, on est souvent touchés par ce qui arrive aux personnages, mais on se surprend à sourire au tournant d’une page. La vie à la réserve est rude, mais ce n’est pas qu’horreurs et violences.

L’allochtonone que je suis a moins adhéré au dernier tiers du roman, qui voit intervenir certains éléments surnaturels, éléments qui font, à ce qu’on me dit, partie du quotidien des peuples autochtones. Ici, le tout part en vrille, mais ça permet de mettre en lumière certains comportements et de les dénoncer. J’ai préféré le début à cette finale toute en feux d’artifices, mais ça nous permet d’appréhender une autre partie de cette culture.

Bref, j’ai vraiment aimé ce roman et je veux maintenant lire « On ne pleure pas au bingo », qui a été aussi publié chez Hannenorak. Lucky me!

4 Commentaires

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  1. Merci pour cette découverte.

    1. De rien! C’est hyper bien, cette autrice.

  2. Pour te dire: entre les deux, j’ai préféré On ne pleure pas au bingo. C’est dire ce qui t’attend!

    1. Il est réservé à la bibliothèque, tu t’imagines! Bon, je vais peut-être finir par l’acheter avant… mais je vais le lire!

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