Jour 65 – Montgolfières et ville sous-terraine

Ce matin, ça aurait été l’anniversaire de Grand-mère.  Du coup, elle qui aurait tant aimé voir le monde, elle m’accompagne toute la journée ce qui me met les larmes aux yeux dans ces moments exceptionnels.  Parce que quel réveil! Quelle expérience!

Ce matin, c’étaient les montgolfières. Je n’ai juste pas de mots. On s’est levés à 4h du matin, mais ça valait la peine.  C’est beau, c’est beau!  J’avais les larmes aux yeux au décollage tellement l’expérience était intense.  En ballon, c’est calme, c’est doux et tout autour, la beauté.  Plus de 100 montgolfières à différentes hauteurs, les paysages majestueux et le lever de soleil.  Je ne savais plus où poser les yeux tellement c’était génial.  Je laisse les photos parler pour moi!

Le pilote, c’est tout qu’un pilote. Après le vol, ils a redécollé… pour nous déposer sur le trailer!

Nous retournons ensuite à l’hôtel, des ballons plein les yeux et fort animés malgré le réveil matinal. J’en profite pour écrire un peu, en prenant mon café et mon petit déjeuner.  Cet hôtel est vraiment propice aux rassemblements et c’est chouette.

Nous quittons donc la Cappadoce vers le sud pour atteindre Derinkuyu, ville d’environ 15 000 habitants. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que dessous, il y a une énorme ville sous-terraine. C’était jusqu’à tout récemment la plus grande de Turquie mais en creusant sous la ville de Nevsehir, ils en ont découvert une autre encore plus immense.  Il ne faut pas être claustrophobe, par contre, car on descend à 36m sous terre et la ville a environ 3 km de superficie.  Il y a plusieurs sorties, plusieurs puits d’aération, mais quand même!

On appelle l’endroit ville sous-terraine, mais en fait, les gens n’y habitaient pas.  Elle a été creusée entre le 1e et le 4e après JC, par les chrétiens, et elle servait à abriter le village quand il y avait des attaques romaines ou arabes.  La dernière occupation connue a été au 7-8e siècle et elle pouvait accueillir jusqu’à 10 000 personnes pendant 3 mois.  Toutefois, elle n’aurait jamais été habitée aussi longtemps.  Le premier étage (école, étable) était utilisé à l’année tandis que les niveaux inférieurs, reliés par des passages étroits, étaient faciles à défendre.  Dans l’ordre : l’étable, la défense, les cuisines, le dépôt, les chambres. Pour creuser une chambre, trois hommes prenaient 3 semaines avec les outils de l’époque. Ça donne une idée du temps nécessaire pour bâtir cette énorme ville! Sous elle, la nappe phréatique pour fournir les étages inférieurs.  Les étages supérieurs étaient eux desservis en eau par des aqueducs.

La visite est impressionnante, on travaille fort nos quadrideps parce qu’il faut marcher presque à 4 pattes dans d’étroits escaliers… mais on rit beaucoup!  Imaginez, il  y a des CHEVAUX qui se glissaient là-dedans.  Je me demande encore comment ils faisaient.  On est vraiment une gang le fun et certaines photos, que je ne pourrai pas mettre ici, sont hilarantes!

Nous reprenons donc la route vers Konya et nous nous arrêtons en chemin dans un énorme caravansérail en train d’être restauré. À l’époque, vers les 11e et 12e siècle, voyager entre les villes pour faire du commerce ou autre était fort long et aussi très dangereux. Les gens voyageaient donc en caravane pour se protéger ainsi que pour protéger les marchandises.  Il y avait de tout dans les caravanes.  Quelqu’un qui partait en voyage faisait une annonce et si les gens voulaient s’y joindre, ils pouvaient le faire.  Il y avait des chameaux, et un âne devant.  On calcule qu’une telle caravane pouvait faire 20 km par jour.  Il y avait donc des caravansérails à tous les 20 km.  La porte ouvrait au matin quand les comptes étaient bons et fermait le soir.

Celui que nous visitons date du 13e siècle. Une grande partie était ouverte et servait au commerce et l’autre, fermée, était pour les animaux. Il y avait un hamman, une cuisine et un dortoir, ainsi qu’une petite mosquée pour prier au centre (Mescit). La porte d’entrée est monumentale, toute sculptée et magnifique. Elle est ornée de versets coraniques, d’étoiles représentant le sultanat ainsi que plusieurs autres éléments de décor.

En route, petit stop dans une halte routière où les jeunes filles nous font danser puis c’est l’arrivée à Konya (dont le nom vient d’icône), ancienne capitale au 12-13e siècle, importante pour les chrétiens et les musulmans. La ville a 1 300 000 habitants et a 3 universités. La ville est restée très croyante, très religieuse et vit de l’industrie de l’automobile (pièces de voiture). À titre d’exemple, il y a autant de mosquées à Konya qu’à Istanbul… pour 16 millions d’habitants. Les gens sont aussi beaucoup plus couverts… et je me balade en chandail et en pantalon long. Notre guide nous racontait que quand il a commencé à boire et cessé de pratiquer autant (ex : manger au ramadan), certains l’attendaient à la sortie du resto pour le battre! Il y a aussi beaucoup d’agriculture aux alentours et c’est à 50 km d’ici qu’a été découvert le plus ancien village néolithique.

Nous allons donc visiter le mausolée de Mev Lana, le chef et le créateur de la secte des derviches tourneurs. Avant le musée était payant mais son fils mentionnait que c’était contraire aux croyances de son père que de faire payer.  Mev Lana venait d’une famille érudite et son père était connu comme le plus grand savant de tous les savants. Ils sont venus à Konya suite aux attaques mongoles en Perse. Le sultan Alaeddin 1e voulait des érudits à Konya. Mev Lana avait 25 ans et quand son père est décédé, il a refusé car pour lui, il n’y a pas plus grand mausolée que l’univers.  Par contre, le fils de Mev Lana, qui a fait connaître la pensée de son père, lui a fait construire un énorme mausolée. Il y a eu plusieurs offrandes de la part, entre autres, du fils de Soliman le magnifique, et il y a eu construction d’un couvent et d’une mosquée tout près.

Les derviches ne faisaient pas que danser (ou faire la sema, la transe ou le tournement… ils n’aime pas que nous disions danse). Ils ont plusieurs fonctions et ont dans leur philosophie de faire tous les métiers. En effet, comment aimer tout le monde si on ne connait pas bien   vie. Aucune secte ne peut ouvrir d’école, mais ils peuvent donner des cours de Coran.  Toutefois, Ataturk a aboli toutes les sectes en 1923 dans un souci d’égalité. 

Si quelqu’un voulait entrer dans la secte, il devait se présenter et premièrement, rester agenouillé 24h dans la cuisine pour voir comment ça se passait. S’ils voulaient rester, ils pouvaient et devaient passer des examens. Sinon, ils devaient sortir par une porte spéciale. Après les examens, pour savoir s’ils avaient réussi, les souliers étaient dirigés soit vers l’intérieur, soit vers l’extérieur. Il y avait plusieurs niveaux à monter dans la secte et la cuisine était un lieu d’apprentissage pour les derviches, surtout au niveau des règles sociales.  Nous pouvons donc visiter la cuisine et les cellules des derviches, maintenant devenues musée. Il y a de magnifiques considéré objets d’exposés, notamment des livres sacrés, des encensoirs, des chandeliers finement travaillés… bref, c’est super super beau et nous sommes trois à vouloir tout tout voir! Les autres ont un peu attendu… mais on était 7 minutes avant la fin du temps alloué.  Donc, on était pas dans l’illégalité!

La visite du mausolée est aussi très intéressante et il est richement décoré. Autant le rococo et moi, c’est pas l’amour fou, autant je trouve que les dorures, ici, c’est magnifique. On entre par une salle de lecture où on peut voir le vase sacré qui recueillait les premières pluies et ensuite, on se dirige vers la salle principale, où sont enterrés Mev Lana et son fils. Le tombeau de ce dernier est incliné car il se lève pour accueillir son père. Le sarcophage est symbolique parce que les musulmans sont enterrés dans la terre. Sa chambre funéraire a été fermée et n’a jamais été rouverte depuis l’enterrement, un empêchement survenant toujours. Le jour de sa mort, le 17 décembre, est comme le jour de sa naissance et est célébré.  On trouve aussi le coffre contenant la barbe de Mahomet (qui sentirait, encore aujourd’hui, la rose, ainsi que des livres superbement enluminés.

Après une petite balade à pieds dans la vieille ville et dans les marchés (où nous avons goûté le café turc aux pistaches… délicieux), nous nous rendons dans un grand marché (je ne sais pas si je vais encore manger du fromage après ça), où on veut tout nous faire goûter et où nous finissons par acheter des bananes et des figues.

Ensuite, direction hôtel pour le souper rapide avant de faire un Konya by night.  La fille de notre guide est étudiante en médecine dans cette ville et elle nous accompagne dans cette visite. Nous nous baladons dans des quartiers vivants et animés, pleins de magasins et de restaurants.  Nous passons près de la colline d’Alaeddin, où était autrefois le palais de ce sultan dont il ne reste aujourd’hui plus grand-chose et où se trouve un par cet une mosquée. On y a trouvé des vestiges d’une société datant de 5000 avant JC. Il y a aussi une très belle porte de Médersa, une école coranique, où ils enseignaient un peu tout à l’époque. La porte est gravée de versets du coran et, juste à côté le minaret mince, qui a déjà été beaucoup, beaucoup plus grand que ça.

Agréable balade… et hop, au lit!

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