La joie de vivre – Émile Zola

J’imagine que le titre, « la joie de vivre », est ironique.  Parce qu’à part la Minouche, personne n’est super heureux.  Certes, il y a Pauline, notre personnage principal, qui tente par tous les moyens d’être heureuse, d’être une source de bonheur pour son entourage, et elle y réussit pas mal… mais quelle vie, et quelle abnégation!   Bref, elle est adorable (un peu trop, en fait… des fois, j’avais le goût de la secouer), mais j’ai quand même eu du mal à m’identifier à elle, disons.

 

Notre lien avec la grande famille, c’est Pauline, qui est la fille de Lisa Quenu, née Macquart, qu’on a connue dans « Le ventre de Paris ».   Elle a perdu ses parents et est hébergé par sa tante, qui l’accueille au départ avec beaucoup de générosité, elle et sa fortune d’environ 150 000 francs.  Pauline est une fillette gentille, généreuse.  Rapidement, elle forme un lien avec son oncle, sa tante et son grand cousin Lazare. Seule la bonne, Véronique, ne l’aime pas du tout.  Nous sommes dans un petit village en Normandie, près de Bayeux et de Caen, un tout petit mini ridicule village au bord de la mer peuplé de pauvres gens dont les maisons se font manger une par une par la gueuse, cette mer si belle et si terrible.

 

C’est l’un des romans de Zola que j’ai trouvé les plus durs à lire.  Au début, j’avoue qu’il a même fait un petit vol plané dans la maison tellement Madame Chanteau, la tante (qui ne reste pas gentille super longtemps) m’a hérissée.   Cette femme est horrible pour la pauvre Pauline qui essaie d’aider en donnant un coup de main à sa tante avec les sous.  Elle prête, bien entendu.  Mais petit à petit, sa fortune sera mangée, tout comme la mer mange le village d’en bas.   Et la tante va lui en vouloir et la mépriser tandis que la petite fille (elle a 10 ans au début du roman) n’est que bonté pour son oncle qui souffre de la goutte et son cousin, jeune homme angoissé et en questionnement chronique sur la vie et l’univers.

 

Heureusement, cette situation ne dure pas, sinon j’aurais hurlé, je pense.  Le personnage de Lazare est complexe, souvent faible, qui suit ses envies du moment.  Il est volage dans ses idées, s’enthousiasme… et se plante souvent.   Il a une peur horrible de la mort et est en perpétuel questionnement, suffisamment pour entraver sa vie.  Il est souvent cruel sans le vouloir pour sa cousine, qu’il aime beaucoup. J’ai pu lire que Zola avait mis beaucoup de lui-même dans ce personnage.  Peut-être pour ça qu’on a quand même de la sympathie pour ce pauvre type.

 

En plus de la famille Chanteau et de leurs déboires (il y a des scènes horribles… vraiment), il y a aussi la misère des gens qui sont nés au mauvais endroit et qui sont soumis aux caprices de cette mer, dont les vagues marquent les journées.  Ils ne sont pas sympathiques, mais impossible de ne pas souffrir pour eux malgré tout.  La vraie misère.  Et très peu de joie de vivre.

 

Un roman dur, servi par une magnifique écriture.  J’aime les descriptions, est-ce que ça se voit?  Et ça y est, je suis devenue totalement fan du style de Zola!

24 Commentaires

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  1. Sans doute un de ceux que j’aime le moins dans les Rougon Macquart 😉

    1. J’ai beaucoup aimé les descriptions, le contexte mais quel tome dur… c’est terrible. Marquant pour ça. Mais il ne fera peut-être pas partie de mon top 5! Je suis dans Le terre, là… et je pense que c’est celui que j’aime le moins à date.

  2. Un titre totalement antithétique, en effet! Ce roman me rappelle des souvenirs d’université, nous l’avions étudié dans le cadre d’un cours sur l’influence de Schopenhauer sur la littérature française.

    1. Ah oui? C’est vrai que Lazarre a un trip Schopenhauer et que sa philosophie joue un rôle. Je suis curieuse de voir ce que ça aurait été de l’étudier en cours.

  3. le titre est plus ou moins ironique, en effet! Et pourtant, Pauline est d’une nature optimiste, et dotée d’une incurable  » joie de vivre » quelles que soient les circonstances.
    Je n’ai pas aimé tous les Zola que j’ai lus (  » La Terre  » m’a profondément ennuyée; « l’Argent » je ne l’ai jamais terminé…) . mais celui-là est passé très bien.
    Il est temps que j’en lise un nouveau, ma dernière lecture Zola date de deux ans!

    1. Je suis dans la terre… et je vais mourir, je pense! Je HAIS Buteau! Celui-là, par contre, j’ai aimé, malgré la dureté du propos. C’est terrible ce qui arrive.

  4. Je suis également une addict et j’ai quasiment lu tous les Rougon- Macquart. Ce que j’aime chez Zola, c’est ses descriptions où le beau côtoie les pires choses.

    1. Oui, tu as raison. Le beau qui côtoie le pire. Je suis fan de ses descriptions. Mais là, j’avoue que je suis dans La terre… et que je rame!

  5. J’ignore si je pourrais relire cette série (je me souviens bien de Pauline, ah quelle histoire, belle idée de voir sa fortune grignotée en parallèle avec la mer et les maisons)
    (c’est plutôt Balzac qui m’attire actuellement -bon, y’a pire!)

    1. Me crois-tu que je n’ai JAMAIS lu Balzac? Et je ne sais pas par où commencer. Bref, je finis Zola… et ensuite, je me plonge dans Balzac… si je pouvais le trouver en audio, j’aimerais bien, en fait. J’aime écouter les classiques en audio et les lire en parallèle!

  6. Ouf ! J’avoue que je n’ai jamais lu de Zola. C’est la littérature anglaise qur j’ai étudiée. Et je ne suis pas certaine que je débuterais par celui-là.

    1. Je ne te conseillerais pas de commencer par celui-là non plus! En fait, je pense que ça vaut le coup de lire La fortune des Rougon, le tome 1, pour voir d’où ça part, comprendre la famille… et ensuite, c’est à voir. Mais je te connais, tu vas être comme moi, psycho-rigide… et tu risques de vouloir les lire à la suite!

  7. Contrairement à Stéphie, c’est celui que j’aime le plus. Pauline est un personnage magnifique et Lazare est un personnage – comme tant d’autres- qui fait figure de double de l’auteur et c’est en cela que je le trouve fascinant.

    1. J’aime quand Zola met de lui-même dans les romans. Ce n’est pas mon préféré, mais je le trouve marquants… quelles descriptions! Je pense qu’avec Zola, chacun a ses préférés!

  8. Oh! Cela fait bien des années que je n’ai pas lu Zola, bien qu’il soit un auteur favori. Je n’ai pas lu celui-ci, peut-être qu’il serait temps que je me replonge dans l’univers des Rougon-Macquart!

    1. J’ai entrepris de tout lire dans l’ordre… avant l’an dernier, je n’avais rien lu de Zola!

  9. Pas la joie à lire, pourtant (je sais, elle était facile)

    1. :)))

  10. Il fait partie de ceux que je n’ai pas encore lus….
    J’ai adoré certains titres de Zola (Germinal, La bête humaine, Le bonheur des dames, Nana…..) et j’ai depuis peu racheté toute la collection.
    Je pense en lire un par mois et dans l’ordre à partir de septembre, je sais que je vais passer de supers moments de lecture parce que tout comme toi, je suis fan de son écriture…..

    1. J’en suis au tome 15, la Terre, qui est horrible… Un grand roman, mais terrible à lire. Je les lis aussi les uns à la suite des autres, et j’adore!

  11. Bonjour Karine:), je trouve que tu aimes souffrir en lisant car tu redis plusieurs fois que les histoires sont horribles et dures mais tu adores. Je n’ai pas lu « La joie de vivre ». J’ai très peu lu Zola. Je préfère Balzac. Bon dimanche.

    1. Je ne déteste pas souffrir, en fait… je trouve que si ça me permet de ressentir quelque chose, peu importe quoi, c’est bien. Ce n’est pas tous les auteurs qui m’atteignent. Par contre, la Terre, celui que je lis présentement… arghhhh!

  12. Pauvre livre qui a fait un vol plané, haha. Je n’en suis pas encore là car j’ai décidé de lire les Rougon dans l’ordre de parution. Oui en général on ne peut pas dire que ces romans soient très joyeux ! Je ne les enchaine donc pas lol.

    1. Moi aussi je les lis en ordre. Depuis un an, j’en ai lu un paquet… j’en suis au tome 15… et là, j’ai besoin d’une pause. La Terre, c’est le pire à date!

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