Carbone & Silicium – Mathieu Bablet

Je n’ai lu que des bons commentaires sur ce gros roman graphique de presque 300 pages. Il a été un coup de coeur pour plusieurs de mes collègues des BDs de la semaine et c’est d’ailleurs suite à leur avis que je l’ai emprunté à la bibliothèque. De mon côté, je reconnais le génie derrière tout ça. Toutefois, sa lecture m’a causé une crise d’angoisse assez monumentale, un sentiment d’impuissance de folie et une belle nuit d’insomnie. Vous comprendrez que je ne peux parler de plaisir de lecture dans ce cas. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Carbone et Silicium ont été activés. Ce sont les prototypes d’une nouvelle technologie qui servira à s’occuper des personnes âgées : des androïdes pensants, qui peuvent ressentir et développer une conscience. Quand ils auront une opportunité de sortir, ils vont tenter de fuir et seront séparés, tout en tentant de trouver leur place dans un monde qui s’effondre, sur une planète qui n’en peut plus.

Mon avis

Comme je le disais en début de billet, les romans d’anticipation, avec les catastrophes climatiques, humaines et technologiques qui ne sont que trop réalistes, me font freaker. J’essaie d’éviter pour ma propre santé mentale mais on me disait que j’allais tellement manquer quelque chose.. alors j’ai quand même tenté le coup. Ce fut donc une lecture hautement anxiogène, que j’ai dû déposer à plusieurs reprises et j’avoue que je devais me faire violence pour continuer. Certes, on sait comment ça va finir par finir… mais je pense que de le voir ne m’aide pas personnellement. Surtout quand c’est bien fait et que, clairement, l’humain semble clairement faire exprès pour précipiter sa propre perte.

Ce roman traverse les siècles avec ces deux androïdes qui développement leur propre personnalité. Carbone, plus sédentaire, tente de s’intégrer avec les humains et lie des relations avec eux tandis que Silicium est fondamentalement nomade et veut voir le monde. Ils se retrouvent à l’occasion et restent profondément attachés l’un à l’autre, malgré leur statut de fugitifs recherchés et le fait que leurs philosophies, bien qu’elles évoluent tout au long des années, sont rarement sur la même longueur d’onde. Ça donne lieu à plusieurs discussions philosophiques et parfois politiques : seuls ou ensemble? Vivre dans le vrai monde ou dans un univers virtuel, tous connectés? Par quoi passe la quête du bonheur et du bien? La réalisation personnelle ou le bien collectif? Bref, rien de léger dans cet ouvrage.

Les images sont percutantes, les séquences muettes sont très parlantes et les paysages, qu’ils soient urbains ou non, sont détaillés et souvent terribles. Les humains sont à la fois touchants et enrageants dans leurs tentatives de reconstruction sans sembler apprendre quoi que ce soit. Par contre, j’ai vraiment du mal avec les visages que je ne distingue pas les uns des autres et je ne les trouve franchement pas attrayants.

Si vous aimez l’anticipation et les univers cyberpunk, je vous conseille sans hésitation. C’est construit et il y a une vraie réflexion derrière. Les deux androïdes sont clairement plus attachants que les humains, avec leurs périodes rebelles, extrêmes, changeantes. Dans mon cas particulier, je vais prendre une sérieuse pause de romans post-apocapolypses (oui, au pluriel), question de survivre à 2022. Trop pour moi.

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2 Commentaires

  1. J’ai trouvé cette BD brillante, mais je comprends très bien son ressenti. Je vois que j’ai écrit « fait froid dans le dos » dans ma chronique de l’époque, mais je tremble encore en pensant à certains éléments. C’était super humain toutefois, et beau dans ses images, et intellectuellement d’une certaine manière.

    1. Ce n’est pas une lecture qu’on oublie, en tout cas. Ça ma fait freaker mais j’en garde un souvenir extrêmement fort.

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