Campusland – Scott Johnson

Le comment du pourquoi

Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas capable de résister à un roman qui se passe dans une école. Donc, je n’ai pas résisté à celui-là, mais je pensais plutôt que c’était une Dark Academia. Moi et ma manie de ne pas lire les quatrièmes.

De quoi ça parle

Nous sommes à Devon, collège progressiste de la nouvelle Angleterre, librement basé sur l’université de Yale, aux États-Unis. Eph Russel est professeur de littérature du 19e, il est chargé de cours et voudrait bien un poste d’enseignant. Il vient du fin fond de l’Alabama et il adore l’ouverture et le côté grandiose de son milieu de travail et dans sa tête à lui, il a déjà fait un grand pas par rapport à son éducation.

Avertissement : nous sommes dans une caricature, un pastiche, une satire. Le débâcle va commencer quand une jeune militante réagit dans une classe au syllabus qui est « very white ». Il va – maladroitement – réagir et tout le groupe dont il fait partie va débarquer en classe en lisant des parties de Huckleberry finn où figurent le mot n***. Et à partir de là, rien ne va plus.

Il y a aussi Lulu, jeune « it » girl détestable qui veut son moment de gloire et qui est prête à tout pour l’obtenir, quitte à utiliser tous les combats du moment, et s’en suivra une année universitaire ma foi fort particulière.

Mon avis

Malaise. Profond malaise.

C’est la première chose que j’ai à dire à propos de ce roman. C’est une totale caricature des dérives de la pureté militante mais aussi des fraternités et de la lâcheté des administrations. Tout y passe. Mais surtout le militantisme. Et là, je ne sais plus du tout si c’est vraiment une satire ou si c’est vraiment ce que pense l’auteur. Parce que s’il y a certes des choses qui sonnent vrai et où c’est clairement poussé à l’extrême, pour d’autres, j’étais plutôt d’accord avec les militants et j’étais un peu insultée qu’on en rie. Assez pour que je referme le livre et que je prenne le temps d’y réfléchir. Bref, malaise. Et je ne suis pas particulièrement « woke ». Je suis dans la quarantaine, consciente de mon privilège, et j’essaie de suivre les changements de vision sociale mais j’en ai encore du chemin à faire. Donc si vous êtes hyper sensibles, ne lisez pas ce livre. Sérieux, vous allez être enragés.

Ce livre est clairement destiné aux adultes, qui peuvent se faire leur propre idée et juger par eux-mêmes ce qui est risible ou ce qui ne l’est pas. De plus, on rit de tout et ici, tout le monde est un peu con. Les militants sont tous extrémistes et là pour le pouvoir et j’aurais aimé voir des gens qui sont là pour les vraies raisons. Certaines actions de Lulu sont méprisables et enlèvent de la crédibilité aux véritables victimes. Et ça dérange. Vraiment. Bon, c’est call out, à une occasion. Mais quand même, ça représente le 0,1% des accusations de viol. Et le discours ressemble à la défense de plusieurs… bref.

Je n’ai quand même pas détesté parce que, j’avoue, la finale m’a beaucoup fait rire tellement c’était du grand n’importe quoi. Et je me suis sentie coupable de rire vu que clairement, ce roman va blesser des gens. Rire de tout ne semble plus être possible et c’est vrai que la société a le jugement facile, moi y compris. Mais bon, malaise quand même.

Est-ce que ça parait que je ne sais pas trop quoi en dire? La fin est bof mais logique en fonction du personnage principal – souvent niais – auquel nous avons affaire. Le pire, c’est que si j’avais trouvé ça juste drôle et que je m’étais sentie d’accord avec le propos, je n’aurais JAMAIS osé le dire publiquement. Genre que j’étais contente de ne pas être siiiiii rétrograde que ça.

2 Commentaires

  1. Tu es allé jusqu’au bout ?

    1. OUi oui… j’avais besoin de voir où ça allait. Et juste avant la controverse du prof de l’université d’Ottawa, ça fait réfléchir. Je suis loin d’être d’accord avec tout, mais ça nous oblige à nous questionner.

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