J’ai lu le précédent ouvrage de l’autrice et la dernière fois que j’ai eu celui-ci entre les mains, je sortais de La fille d’elle-même et je souhaitais mettre un peu de temps entre deux ouvrages auto-fictionnels écrits par des femmes trans québécoises. Pourtant, ce n’était pas nécessaire car les deux ouvrages sont très, très différents.
De quoi ça parle
Christian a déjà eu une autre vie. Une vie avant David, intelligence artificielle qui contrôle le quotidien des gens. Pour leur bien, of course. Nous sommes dans un futur proche et c’est sous la forme d’un long monologue de l’homme à la machine que ce récit nous est présenté. Un récit de révolte, qui parle de liberté, de diversité et d’identité. De transidentité.
Mon avis
Voici donc une plume que je découvre avec bonheur. Réussir une auto-fiction dans un récit SF, il fallait faire et Chris Bergeron réussit ici son pari. Elle nous tient en haleine dans ce récit qui, même si on se doute d’où il s’en va, nou permet de comprendre non seulement le parcours de Chris mais aussi celui d’une société qui a choisi, pour se « sauver », d’aplanir les angles, de masquer et d’illégaliser les différences. Ça a un petit côté 1984 (avec un peu plus d’espoir quand même) et le mal-être du personnage principal, obligé de masquer son identité, résonne suffisamment fort pour nous permettre d’être en empathie avec lui. Ou plutôt avec elle.
Je l’ai lu d’une traite.
Imaginer un tel futur nous permet de comprendre à quel point la situation passée (ou présente pour plusieurs) a dû être frustrante et comment le manque de mots, de concepts, la fin de non-recevoir qui s’élevait devant eux quand ils évoquaient leur ressenti devait être violente. Ici, la transidentité, la révolte, ça n’existe pas. Ce n’est plus conçu. Et cette réflexion est toujours pertinente aujourd’hui. Les batailles ne sont jamais gagnées… et on sait à quel point le retour de balancier peut être rapide.
Bref, une très bonne surprise!