Oh qu’il va vite le temps! Il achève ce tour de France! Dire que deux mois, ça semblait éternel. C’est là qu’on réalise que, finalement, on n’aura presque pas de temps pour voir la Bretagne… et que je vais devoir y revenir. Sooooo sad! Ceci dit, on n’a aucune idée d’où on va demain. Avec les vacances qui commencent, on risque d’avoir des problèmes bientôt hein!
On se réveille donc en plein sur le Mont Saint-Michel. C’est toujours étrange comme sensation! Ceci dit, ce sont les bruits de la livraison qui nous ont réveillés (yep, pour avoir une chambre pas chère, faut qu’elle donne « sur la rue ». Donc, sur les livraisons à partir de 6h du matin!) mais c’est quand même incroyable d’être là. Comme des millions de touristes, me direz-vous… mais je m’en fiche! Suis seule au monde aujourd’hui, avec la lumière du matin à ma fenêtre.
Ce matin, c’est papa-bougon. Imaginez-vous que je lui ai fait un AFFRONT! On a mangé rapido, sur le pouce, et il n’a eu droit qu’à « juste un p’tit café ». Juste un. Le drame! Ceci dit, il a gagné, hein! On va manger au resto tous les matins jusqu’à la fin! C’est que mon père est un homme d’habitudes… qui comportent ses 3-4 cafés au lait tous les matins! Chaud, le lait! (Papa, interdit de te fâcher… je me fous de ma propre gueule et de celle de maman… j’ai le droit de rire de toi aussi!)
On est donc un peu en avance (oups… my bad) pour la visite-conférence de 11h. Si on n’avait pas mangé si vite, aussi! Ceci dit, le site n’est pas super à jour et il est difficile de connaître les horaires d’avance. Et si j’ai un conseil à vous donner pour visiter le mont, c’est PRENEZ LA VISITE CONFÉRENCE. J’avais fait la visite avec audioguide… et c’est tout autre chose. En plus de visiter des pièces normalement fermées, on était un tout petit groupe de 10 et la guide était géniale. Les deux heures ont passé trop vite!
Notre guide commence en prenant un risque et en nous mentionnant que « Le Quesnon dans sa folie, a mis le Mont-St-Michel en Normandie ». Certes, il a déjà été breton, au 9e siècle, je crois.. mais actuellement, la frontière passe bel et bien trois km à l’ouest. Au grand désespoir des bretons. Mais bon, les fenêtres du cloître sont bel et bien ouverte de leur côté!
La première construction, à l’époque carolingienne.
La visite commence sur la terrasse, qui englobe l’ancienne « place » et les trois premières galeries de l’ancienne nef de l’église abbatiale, d’ailleurs marquées sur la pierre. Plusieurs légendes entourent le mont. D’abord, l’archange Michel (dont le nom signifie « comme dieu ») aurait combattu le dragon tout près, sur le mont Dol. Semble-t-il qu’on pourrait encore y voir ses traces. Le règne de l’abbaye en tant que tel aurait commencé en 701, quand Aubert, évêque d’Avranches, aurait été visité par Saint-Michel en rêve. Par deux fois, il s’est rendormi et a troisième, l’archange lui aurait touché le front de l’index, faisant ainsi un trou dans sa boîte crânienne. Ce après quoi Aubert a dit « oui monsieur » et a fait construire un abbaye sur le mont désigné, alors appelé le Mont Tombe. On ne rigole pas avec les archanges!
Il envoya donc des émissaires au Mont-Gargan, en Italie, où aurait eu lieu une autre apparition de l’archange. Un morceau de la cape de l’archange et un morceau du roc où il aurait laissé son empreinte sont ramenés… Il y a eu des miracles (une dame aveugle retrouve la vue à Beauvoir, entre autres… et les pélerinages vont commencer). C’Est le début du Mont-St-Michel, qui est alors un oratoire circulaire, dont les restes peuvent (on pense) être observés dans la chapelle Notre-Dame-sous-terre, que nous avons eu la chance de visiter. Juste pour ça, ça vaut le coup de prendre la visite conférence.
L’abbaye aurait compté trois chapelles à l’époque carolingienne, dont seule Notre-Dame sous-terre demeure . Il y a ensuite eu une abbaye romane et, finalement, la merveille au 13e et le chœur gothique.
Le Mont-St-Michel est d’ailleurs l’un des rares endroits à ne pas avoir été anglais pendant la guerre de 100 ans, malgré les tentatives. On peut attribuer ça aux sables mouvants, au fortifications, aux 119 chevaliers… ou à Saint-Michel. Au choix!
L’église abbatiale est moins longue que celle d’origine, mais c’est un mélange assez somptueux de gothique et de roman. La nef est romane et certaines parties datent du 11e. C’est vieux. Très vieux. Et ça réussit toujours à m’impressionner. Elle est malgré tout très haute et faite de pierres provenant de carrières un peu plus loin (dont j’ai oublié le nom, je ne sais pas si ça paraît). Le toit est refait mais reste magnifique et on observe une statue de Saint-Michel datant du 14e, de même qu’un puits de lumière que nous reverrons plus tard.
J’avoue avoir été surprise de ce plafond roman au départ… mais étant donné l’histoire, c’est plutôt logique!
Tout au long de la visite, on est complètement perdus. C’Est que c’est un véritable labyrinthe, ce truc! En plus, nous ne visitons pas les passages « secrets » des moines! Comme il y avait du roc à certains endroits (on le voit d’ailleurs encore poindre) mais pas partout, on a dû construire des cryptes pour supporter le transept. Elles sont encore là, encore visitables, et datent du 11e. On voit d’ailleurs des traces de polychromie dans l’une d’elles et on y voit le roc du mont. C’Est un sentiment particulier que de se retrouver dans ces endroits. Mais ce n’est rien comparé à Notre-Dame-Sous-terre, éclairée artificiellement, sous la nef.
au coin, au fond, c’est la pierre du rocher.
Nous nous trouvons à cet endroit dans l’ancienne chapelle carolingienne, faite de pierres et de briques, relents de l’architecture romaine. Nous sommes alors, dans ces deux nefs, au cœur même de l’abbaye. . On y trouvait un étage, où étaient les reliques, ce qui nous indique que ce devait être la chapelle réservée aux pèlerins. Bref, un coup de cœur pour cet endroit.
Nous visitons ensuite le superbe cloître, aux colonnes disposées sur 2 rangées (au 3e étage de la merveille… superbe mais qui cause de super problèmes d’insertions d’eau dans l’étage inférieur, ainsi que la salle au gros piliers et la salle à manger des rois, avec ses cheminées.
L’abbaye a eu des heures glorieuses mais aussi des heures plus sombres. Si l’abbé Torrini en a fait la cité des livres, il était tout de même assez dur et avait le don pour chapitrer ses moines. De plus, Louis XI, s’il a fait ajouter la fleur de lys sur les armes de l’abbaye, s’est quand même fort amusé avec « la cage de fer ». Nous avons pu jouer aux prisonniers, dans d’anciens silos à blé transformés en cachots. Disons que sans lumières, avec la hauteur des marches, c’est freakant!
(C’est là qu’on voit que papa avait oublié le peigne, ce matin!)
Après la révolution, l’abbaye a été transformée en prison, d’abord pour les moines qui vivaient difficilement le nouveau régime, puis pour un peu tout le monde. On voit d’ailleurs la roue, qui était tournée par les prisonniers pour faire monter la nourriture et la fabrique de paille qui était installée dans l’église! Napoléon III a fait cesser ceci et Hugo mentionnait à l’époque qu’il y avait un crapaud dans un reliquaire. C’est aussi à cette époque qu’est arrivé Corroyer, de l’école de Viollet le duc avec une femme de chambre du nom d’Annette. Celle-ci est tombée en amour avec un homme du Mont Saint-Michel (le fils du boulanger) et l’a épousé. Elle a ensuite cassé beaucoup d’œufs. C’est que l’homme en question avait comme nom Poulard… vous pouvez deviner la suite! En fait, leur affaire n’a pas fonctionné tout de suite, car il n’y avait que des pèlerins sur le mont. Et les pèlerins étaient épuisés et voulaient manger. Du coup, elle a commencé à leur servir une omelette savoureuse, comme s’ils étaient ses enfants… et le mot a passé. Elle est enterrée dans le cimetière du Mont Saint-Michel d’ailleurs. Mais ça, je ne l’ai découvert qu’après… et je n’ai pas pensé à chercher sa tombe. ss
Décidément, ce lieu est plein de mystères… et la Merveille est impressionnante, surtout quand on pense qu’elle a été construite au 13e, sur un rocher, en pleine mer. Ce n’est pas pour rien qu’on appelait l’endroit le mont au-péril-de-la-mer (ce qui me rappelle de vous renvoyer lire le roman de Dominique Fortier qui porte ce nom… et qui se passe à cet endroit!
Par la suite, comme nous n’avons pas beaucoup mangé pour le petit déjeuner, nous allons à la crêperie de la cloche, tenue par un cousin de Barbara (la copine que je suis allée voir à Chambéry), qui a elle-même grandi sur le Mont St-Michel. Et là, surprise, de la BONNE bouffe sur le Mont! A un prix abordable. J’y déguste une délicieuse galette savoyarde et une crêpe à la frangipane… trop bon! Une chance que j’ai savouré car c’est probablement ma dernière galette au blé noir pour un bout. Finalement, je pense que ce n’est pas le cidre le problème, vous savez, le problème qui me donne des brûlements d’estomac!!! Va falloir retester ce dernier! Mais on a été super bien reçus et c’était BON!
On récupère les trucs, papa a peur de l’orage, et on file vers Saint-Malo où on a réservé pour ce soir. Petit bug avec booking (c’est rare… on a réservé au moins 100 fois là-dessus et ça a super bien été) mais c’est certainement notre jour de chance car non seulement l’hôtel a pu nous accommoder suite à un désistement, mais on s’est retrouvés avec une chambre avec une MAGNIFIQUE vue sur la mer. Le personnel a été super sympa en plus. Bref, je recommande La Charmette, sur la plage Le sillon, à 20 minutes à pieds par la plage de la partie intra-muros.
C’est d’ailleurs de là que je rédige mon billet, sur la terrasse, en testant mon estomac avec du Vouvray et des chips! Je regarde tranquillement la mer qui baisse, je me suis baladée un peu sur la plage et je regarde rêveusement mes traces.
Les parents sont partis visiter la ville. A date, ils ont fait le tour des remparts et se sont bien baladés. J’espère juste ne pas avoir le temps de finir la bouteille avant qu’ils n’arrivent, de peur de passer pour une alcoolique-qui-boit-seule et de faire paniquer ma mère! J’en ai profité pour placoter avec les copines et prendre des nouvelles du boulot, où il y a des bonnes et des mauvaises nouvelles. As usual. Mais je me prépare à tout et je prendrai ce qui m’attend à l’arrivée! Advienne que pourra!
En attendant, j’ai fait une belle balade sur la plage et là, je fais une Monet de moi-même (sans le talent) et je prends en photo le même paysage, à toutes les heures. La côte de Saint-Malo est magique. Rien de moins.
A bientôt!
8 Commentaires
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Nous avons dû manger dans la même crêperie ! que l’on m’avait indiquée comme le seul endroit où l’on mange correctement sur le Mont … J’ai fait aussi la visite guidée et la visite nocturne, encore plus fascinante. J’ai passé huit jours à Saint-Malo, du même côté que toi, c’est dire que je regarde tes photos avec une certaine nostalgie 😉
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Je peux m’imaginer! Et oui, on a probablement visité le même endroit!!! J’adore St-Malo. Deux fois en 6 mois, c’est pas de trop.
Je connais assez bien cette région pour y avoir été plein de fois en vacances. Lorsque mes enfants étaient bien plus jeunes ils ont adoré le musée historique du Mont, où l’on peut voir des personnages de cire comme au musée Grévin,certains dans des situations problématiques ( cachots, chaînes etc…) .
Plus tard , j’ai apprécié, comme toi, la visite de l’abbaye.
A Saint-Malo, faire le tour des remparts me plaît toujours autant! Tu pourrais monter sur le Grand Bé à marée basse et voir la tombe de Châteaubriant… il y a beaucoup à faire!
Auteur
Oui, j’avais visité ce musée la dernière fois! J’avais trouvé ça chouette mais là, on avait peu de temps de visites, on a préféré les balades. Et j’ai visité Chateaubriand il y a quelques mois!
Un autre billet riche en infos. Je te trouve courageuse, genre audacieuse de t’informer de ton travail. Tu dois avoir le talent de rester dans ta bulle de voyage malgré tout. J’ai le roman de Dominique Fortier, cela fait tellement de fois que tu le conseilles que ça m’encourage à le lire.
Si j’ai bien compris ce serait les crêpes qui te donnent des brûlements … et dieu ce qu’il y en a des crêperies. Serait-ce l’équivalent de nos Tim Horton (je sais, j’exagère….).
Ce que je n’ai pas encore réussi à comprendre est comment ça se fait que tu vis une journée à la fois mais que tu ponds 3 billets par jour. Je fournis plus, moi là.
Auteur
J’ai une grande capacité à mettre dans des petites boites. Ça s’est développé avec le temps! Et bon, pour les billets, mettons que j’avais du retard… et que j’avais écit ça dans une journée relax!
Ton billet me rappelle ma visite du Mont avec guide conférencier il y a deux ans ! J’emmène souvent les gens ici car même si c’est touristique… Ils finissent toujours par être très impressionnés !
Et par contre, un grand bravo pour avoir trouvé un resto correct sur le Mont, chapeau ! Je note pour la prochaine fois.
Et St Malo… rien à dire de plus que <3
Auteur
J’avais la recommandation de Barbara. Ca aide!
Et le Mont, c’est quelque chose. Il y a un je-ne-sais quoi qui fait qu’on est pris par les siècles d’histoire!