Aujourd’hui, journée « batailles ». Entre celle de Hastings et celle de Normandie en 1944, il y a près de 900 ans mais quand même, il y a un petit lien!
Nous nous sommes réveillés au gite, dans notre immense chambre, pour aller manger en bas, avec les américains qui y logent aussi. Notre hôte a beaucoup de choses à nous raconter et ce matin, nous avons droit à un historique du village et de son domaine, appelé « L’hôpital ». Le bâtiment où nous logions a été construit en 1348. Le seigneur de Cottun, la petite ville où nous étions, était un puissant seigneur, plus riche que celui de Bayeux, son voisin. Il aurait d’abord fait bâtir l’édifice pour lui, mais ça a ensuite été un hôpital, d’où le nom qui est resté jusqu’à aujourd’hui. Beaucoup de faïences et de pilons auraient été découverts dans le coin, d’ailleurs. Plus tard, l’hôpital a transféré à Bayeux, et l’ancien hôpital est devenu la ferme qui fournissait le nouveau bâtiment. Je n’ai pas vérifié les sources hein… mais c’est ce qu’on raconte!
Le petit déjeuner est super bon, copieux, et c’est toujours aussi agréable de discuter et de rencontrer des gens. On finit par partir (on est toujours aussi lents le matin, même quand on prend le petit déjeuner à 8h30) pour se rendre à Bayeux où je vais ENFIN voir la tapisserie. Je suis en amour avec ce truc depuis des années. En fait, j’ai même des coussins la représentant chez moi. Bref…
Bon, ok. Ce n’est pas une tapisserie, mais une broderie. On finit par trouver le bâtiments (après plusieurs détours, même en suivant religieusement les flèches, et on peut enfin admirer cette œuvre d’art. ON est quand même chanceux de l’avoir car à la révolution, elle a été utilisée comme bâche, rien de moins. Mais elle a été sauvée par un amoureux de l’art, dont j’ai oublié le nom, of course.
(L’envers d’une broderie)
Sincèrement, le musée est super bien fait. On fait la visite avec un audioguide qui explique chaque planche, l’étage supérieur permet d’expliquer la tapisserie, le contexte et l’époque aux enfants tandis que nous avons, tout en haut, un film explicatif pas du tout redondant et une belle reproduction de la tapisserie, pour pouvoir prendre des photos si on veut et re-regarder des détails. Super. J’ai adoré ma visite. Et j’étais super émue de voir la fameuse tapisserie.
(Oups… yen a un qui a oublié son pantalon!)
Il s’agit donc d’une longue séquence qui a été commandé par Odon, frère de Guillaume le conquérant et évêque de Bayeux, pour raconter la bataille de Hastings. Le point central demeure tout de même le parjure d’Harold, qui a renié son serment d’allégeance. Je ne vais pas tout vous décrire mais c’est passionnant d’observer les détails, de voir comment ils représentaient les gens, les actions. Il n’y a aucune perspective mais le jeu des couleurs permet de bien voir le mouvement. Et que dire des bordures qui dépeignent parfois des scènes de vie quotidienne, parfois des clés de lecture supplémentaires ou, autrement, des scènes grivoises. Impossible de ne pas savoir non plus que les chevaux étaient des étalons hein… Ce détail est bien bien spécifié!
On ne sait pas bien où la tapisserie a été effectuée. France, Normandie, Angleterre… rien n’est moins sûr. Elle était au départ exposée une semaine par année dans la cathédrale de Bayeux mais a ensuite été conservée et exposée à plusieurs endroits différents. Je me suis acheté un livre souvenir avec tout plein d’explications, dont des détails sur chaque séquence. Joie je suis.
Ensuite, direction cathédrale Notre-Dame de Bayeux. Nous l’avions vue hier le soir, mais le jour, c’est tout aussi beau. Elle est vraiment imposante, sur la place, en hauteur, avec les petites rues aux alentours. Elle est très riche, avec une crypte assez fascinante. Comme il y avait de vieilles statues qui y étaient entreposées, on a retrouvé de magnifiques fresques du 15e et des chapiteaux du 11e, de même qu’un gisant décapité dans un enfeu décoré. C’est un joyeux mélange de gothique (flamboyant et rayonannant) et de roman mais la jonction se fait vraiment très bien, créant quelque chose de très harmonieux. Elle a été consacrée au 11e mais les travaux se sont terminés plus tard, au 15e. Selon mon ami Wiki, il y aurait eu un édifice de l’époque mérovingienne au même emplacement.
J’aime beaucoup la nef, avec les fameux amoureux de Bayeux. Juste à côté, une représentation de Harold jurant sur la bible et les reliques, copie de la scène 23 de la tapisserie. Je crois que ceci est plus tardif tandis que les amoureux dateraient du 12e.
Le gite a la gentillesse de nous appeler pour nous dire qu’on a oublié un fil… et là, on se demande bien QUI a pu faire ça! Je pense que c’est moi parce qu’on est partis vite ce matin… mais bon… nous verrons plus tard que c’était l’un des nombreux fils de papa, qui doit charger chaque soir une montre, un téléphone, une batterie et un appareil photo, sans compter la tablette de maman. Ça en fait, des fils et des prises!
On mange tout près de la cathédrale, à l’assiette Normande, qui nous offre franchement un excellent rapport qualité-prix. Les papillotes de poissons et le feuilleté aux poires était délicieux. Et pas chers du tout en formule.
On sait que le soir, on dort au Mont Saint Michel, mais on ne savait trop ce qu’on ferait avant… ce sera finalement les plages du débarquement, que nous avions prévu de passer… mais disons que ce fut pour moi, qui est une terrible moumoune, un après-midi émouvant. D’abord, à Arromanches-les-bains, on peut voir le port artificiel. La ville a donc pu échapper à la destruction, en bonne partie.
On se stationne un peu trop loin selon maman (on est beaucoup trop rapides sur la gachette question parking, selon elle) et on descend au village, où on magasine un peu, avant d’aller voir Arromanches 360, un film d’une vingtaine de minutes fait d’images d’archives du débarquement du 6 juin 1944, la fameuse « opération Neptune ».
Vous savez, on connaît l’histoire. On SAIT que des milliers de gens, civils et militaires, ont perdu la vie pendant la guerre et plus précisément pendant le débarquement. Mais voir ces images, ça fait quelque chose. Voir des visages, les voir inquiets, heureux, avant… et savoir ce qui les attend. C’est assez terrible. Certains n’étaient que des enfants. Ils avaient des mères, des épouses, des enfants… bref, j’ai eu les yeux dans l’eau tout le long de la présentation, au grand découragement de miss maman qui me trouvait bien exagéreuse. Par moments, on s’y croirait et on nous montre aussi le déplacement des troupes, de façon globale. Moi qui ne pensait pas beaucoup aimer, j’ai été agréablement surprise, et surtout virée de bord. Ce qui me préparait bien pour la suite, parce qu’on est allés à Omaha Beach, voir le cimetière américain.
Encore une fois, on l’a vu à la télé. Mais y être… c’est quand même pas pareil. Des rangées de tombes blanches, à perte de vue, à côté de la mer qui se déchaîne à côté. Des croix, des étoiles de David, des frères. Incroyable, toute cette jeunesse (et moins jeunesse) qui s’est sacrifiée. Bref, poignant. Finalement, la musique débute, on y entend cloches et chansons dont « yesterday », qui prend une signification toute particulière dans ces lieux.
Départ ensuite vers THE truc que maman avait peur de ne pas voir : le Mont Saint-Michel. On a finalement réussi à réserver sur le mont. Il y a quelques années, j’avais pu, avec Fabienne, vivre cette expérience, que je conseille. Elle fait voir le mont tout autrement.
Nous allons poser les trucs dans les chambres, au terme d’une balade en navette de quelques kilomètres, vu que le mont n’est plus accessible en voiture. Quand on dort là, c’est un mini-peu compliqué, disons. On fait au minimum et l’énoooorme valise de maman reste dans la voiture. Il faut dire qu’elle y ajoute tous ses cadeaux au fur et à mesure. Je pense que ça doit peser 40 kilos ce machin. M’man et moi avons de la misère à la lever à deux!
Ce soir, toute seule dans ma chambre je suis. Je suis limite inquiète… vais-je avoir peur? C’est que je ne suis plus habituée à dormir toute seule! Ceci dit, pas d’inquiétude. Le wifi fonctionne mieux dans ma chambre… du coup, je ne m’ennuie pas longtemps!
On mange rapido dans le seul endroit ouvert de la place (il faut dire qu’il est 21h30 quand on sort), pas très cher mais pas très bon non plus. La France m’a habituée à mieux depuis que j’y suis, mettons. On peut constater que Poulard possède presque la moitié de l’île… c’est fou fou fou!
Un copain pensait que j’étais à Poudlard, à regarder les photos… Je suis limite à Poulard!
Puis, c’est la balade dans la ville, où nous pouvons admirer le coucher du soleil, avec presque personne. C’est comme toujours une expérience de voir la lumière changer, les rues se vider, et de voyager dans une autre époque. C’est calme, les rues sont étroites et noires, et tout en haut, l’abbaye, magnifiquement éclairée. Bon, il y a des escaliers… mais quand on n’a pas un rhume-de-la-mort-qui-tue, ça se monte assez bien, finalement! Bien différent de mes souvenirs!
Je vous laisse donc admirer.
Mais le mont le soir, c’est autre chose… et ça vaut sincèrement le coup!
À bientôt!
8 Commentaires
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Ah le Mont Saint Michel ! Je n’ai jamais dormi sur le Mont lui-même, mais je m’y suis trouvée tard le soir et tôt le matin (pour la première messe, 5 personnes en tout, j’avais l’impression d’être une clandestine …), c’est vrai que c’est très différent de la journée.
Auteur
Cette sensation d’être toute seule là… c’est magique!
Superbe !
Et l’envers de la broderie aussi ; je me souviens de ma mère me sermonnant sur l’envers qui doit être aussi beau que l’endroit… 🙂
Auteur
Ca a été un grand moment d’émerveillement!
Wow ! Le Mont St-Michel vu de l’intérieur. De soir.
La photo avec le champ de croix blanches, impressionnant par l’ordre et la rectitude. Ça donne froid dans le dos, un peu.
Auteur
Voire même beaucoup froid dans le dos. L’absurdité de la guerre te saute à la gorge.
Rien qu’à voir tes photos d’Omaha Beach, je suis émue, alors j’imagine en vrai… Et les photos du Mt St Michel sont superbes.
Auteur
Oui, c’est très très émouvant. L’absurdité du truc nous apparaît en pleine face.