Retour à Marseille ce matin. En effet, nous n’avions pas tout vu ce qui nous intéressait, la température était encore géniale et il yavait… une visite guidée à pieds de la ville. Et maman et moi ne résistons jamais aux visites guidées à pieds.
Comme la dite visite est à 14h, nous commençons la journée par une promenade en bateau (on va vite prendre l’habitude, je pense. Petite promenade en bateau pour s’éveiller tranquillement et respirer l’air marin!) pour aller au château d’If. Château d’If = Edmond Dantès. Et le comte, c’est l’un de mes romans préférés. Impossible de manquer ça! Une date avec Edmond, quand même, là on parle!
On débarque donc sur cette île au large de Marseille, édifié sur les ordres de François 1er, l’un des deux rois français qui est descendu jusqu’à Marseille. Rattachée au royaume depuis 1480, il fallait quand même savoir comment elle était protégée. L’île compte plusieurs bâtiments, dont l’ancienne prison qui a fait la renommée de l’île. En fait, non. C’est Alexandre Dumas qui l’a fait connaître. Le rhinocéros qui y aurait séjourné avant étant bien moins célèbre que le comte!
Dans la cour, entourée de cellules à l’étage et au rez-de-chaussée, on trouve un puits au centre, ainsi que des gravures des prisonniers de 1848 et des années 1870. C’est assez émouvant, je trouve. Puis, les cellules. En bas, on a recréé les cellules de Dantès (avec le lit bien dur et le trou communiquant) et de l’abbé Faria, basé sur un vrai prisonnier ayant légué beaucoup à un protégé. On peut se voir en prison dans cette cellule… ouuuuuh!!
Puis, en haut, d’autres cellules de prisonniers « célèbres ». En fait, c’est plutôt mythique car un gardien a un jour voulu impressionner et a trouvé un fameux occupant à chacune d’entre elles… et il était fort crédible. On retrouve même le masque de fer, là-dedans, selon lui! Les prisonniers aisés pouvaient payer un pistole par jour pour avoir des cellules plus « luxueuses »… et croyez-moi, on voit la différence. Grande pièce, foyer…
Paraît-il aussi que c’est à If qu’a été « entreposé » le corps de Kleber, assassiné au Caire. Mirabeau y aurait aussi passé quelques mois. J’adore les petits corridors qui s’ouvrent sur autre chose… on a l’impression de faire un mini-voyage dans le temps!
The mother dans les petits corridors!
Et sur le toit, après quelques marches, une magnifique vue sur les alentours, sur Marseille au loin, et sur les forts. Avec le vent dans le visage et le soleil, c’est idyllique! On retourne donc à Marseille avec une petite escale à Frioul, à temps pour avoir le temps de manger des pizzas (je suis tombée en amour avec la mozzarella di buffala, pour la 2e fois), avant d’aller faire la visite du quartier du panier, le plus vieux quartier de Marseille.
La guide est super intéressante (et super patiente avec certaines personnes) et ramasse très clairement ce que nous avons vu au musée hier. Nous commençons près de l’ombrière, réalisée par Norman Foster, à l’endroit où se trouve le marché aux poissons. On nous rappelle l’arrivée des grecs, les phocéens (de Foccia, dans l’actuelle Turquie). Selon la légende, lors de leur arrivée, la fille du chef des tribus de l’endroit devait choisir un mari. Of course, elle choisit le capitaine des phocéens et ils reçoivent comme cadeau la rive nord de Marseille. En effet, jusqu’au 17e, Marseille n’était que la péninsule qui constitue l’actuelle rive gauche. De là la nécessité de construire en hauteur, avec des façades très étroites. Il n’y avait juste pas la place.
Il y a encore 2 buttes à Marseille. Au départ, il y en avait trois mais Napoléon III en a rasé une pour construire l’avenue impériale (aujourd’hui avenue de la république). Ce qu’il faut aussi savoir, c’est qu’une grande partie du quartier du panier a été détruite par les allemands pendant la guerre. Pas par les bombardements, mais volontairement, car pour eux, il y avait un potentiel à abriter une résistance, avec ses ruelles et ses balcons communicants. Du coup, toute la partie des anciens hôtels particuliers des anciens armateurs qui voulaient être près du port de commerce a été détruite. Il ne reste que la partie Nord. Du coup, tout a été reconstruit dans les années 50, mais pas plus haut que l’hôtel de ville. Il reste très peu du panier « bas » original.
Ce qu’il en reste, par contre, c’est l’hôtel de ville, qui a été commandé par Louis XIV. Celui-ci est venu à Marseille pour affirmer sa puissance et son pouvoir sur ces marseillais qui ne voulaient être indépendants et refusaient de payer les taxes au roi. Il a donc refusé d’entrer par la porte royale et a fait une brèche dans les fortifications pour entrer. Symbolique hein! Il fait aussi construire l’hôtel de ville, à l’emplacement de la loge du commerce, au rez-de-chaussée. Et encore à ce jour, il n’y a pas d’ascenseur ou d’escalier dans le building, pour garder la séparation historique, où la royauté écrasait le conseil de ville, littéralement. Il a aussi fait construire les forts St-Jean et St-Nicolas, avec les canons… tournés vers la ville. En effet, il ne s’agissait pas de protéger la ville, mais de la surveiller. Sacré Louis!
Le quartier du panier a d’abord été un quartier riche, car toute la ville tournait autour du port de commerce. Puis, comme c’était devenu complètement insalubre et trop petit (tous les déchets allaient dans le port), le port de commerce a ensuite été déplacé… et les riches ont suivi. Les vieux quartiers ont été abandonnés à ceux qui ne pouvaient pas faire autrement… et les bâtiments ont été un peu laissés à l’abandon. Le quartier a longtemps été mal famé et rempli de « maisons publiques ». Encore dans les années 1970, c’était assez risqué de s’y aventurer.
Yep, après avoir passé par le couvent… c’était la rue des repenties!
La rue a conservé le tracé de la route antique (qu’on voit partir au jardin des vestiges, vu hier) et juste en haut, on trouve l’ancien Hôtel-Dieu, maintenant transformé en hôtel de luxe, juste devant l’ancien hôtel de ville, où on livrait justice du balcon. Tout près, l’église des Accoules, à moitié détruite pendant la révolution. On voit encore la trace de la nef.
En montant, on retrouve la place des Moulins, qui a été longtemps la première vue de Marseille en arrivant au port. Maintenant, des 15, il n’en reste que 2, pris dans les maisons. Difficile de les reconnaître. Ca ressemble à une place de petit village!
Puis, on emprunte les petites rues étroites, avec des maisons hautes à volets colorés et on arrive rue du Panier, qui donne son nom au quartier. Selon la guide, deux hypothèses. Tout en bas de la rue, il y aurait eu le logis du panier, dont l’enseigne était un panier. Comme en provençal, panier = fesses, ça aurait été une maison de prostituées. « Aller au panier » aurait donc pris un autre sens. Autre hypothèse, plus « écclésiastique ». Il y aurait eu une chapelle avec une vierge qui tenait un panier pour les offrandes dans le quartier… à vous de choisir!
Ce quartier était la partie pauvre du panier. On y retrouve donc plusieurs institutions charitables, donc la Vieille Charité, qui ressemble à une prison. Ceci dit, la tour ressemble à un gros pénis. C’est limite ironique! Tout près aussi, le couvent du refuge, où les prostituées dénoncées entraient par la rue du déshonneur et ressortaient par la rue du repentir. Entre temps, on leur avait coupé les cheveux car on croyait le diable les tenait par les cheveux. Aucun lien avec la tonte des maîtresses des allemands durant la 2e guerre.
Petit détour par la place des 13 cantons, anciennement des 13 coins. IL y aurait un lien avec plus belle la vie… mais je ne saurais trop quoi, en fait… Un café modèle?? Puis, on nous parle des navettes, ces biscuits à la fleur d’oranger, et du lien avec la chandeleur. En effet, elles sont en forme de petit bateau et représentent la barque de Ste-Marie de la mer en provence. L’abbaye St-Victor reproduit la cérémonie chaque année et la tradition veut qu’on achète 12 navettes et un cierge vert… et qu’on n’en garde qu’un seul pour l’année suivante. Des navettes bénies par l’archevêque… quand même!
Puis dernier arrêt près du Mucem (lucky us, c’est là où on allait) on on peut admirer la dite abbaye st-Victor, fortifiée et Notre-Dame de la garde, bâti sur l’ancien fort de la garde de François premier, dont on voit encore les vestiges. Avant, c’était une toute petite chapelle, bâtie par un ermite. Ca a bien changé!
Nous décidons, après un bouteille d’eau fraîche, d’aller nous balader dans le Fort St-Jean. Nous passons près de la tour du roi René, comte de Provence, la plus vieille partie du fort. La vue est superbe, il y a plein de jeunes qui se baignent et l’architecture du Mucem, juste à côté, est vraiment particulière. Ça me plait bien, en fait. On choisit d’aller voir l’expo Jean Genet et l’expo Picasso, où on ne pouvait pas prendre de photo… pourtant, beaucoup, beaucoup de choses m’ont plu là-dedans… et j’ai bien peur d’oublier!
Jean Genet, je ne connaissais vraiment pas. La toute petite expo nous le présente, écrivain confié aux services publics à la naissance et ayant commencé à écrire en prison. L’homme qui marche II de Giacometti y est exposé, de même qu’un portrait de Genet, peint par ce même Giacometti. C’est toujours émouvant de voir des manuscrits annotés, je trouve. Il faudrait que je lise un truc de lui, en fait…
Puis l’expo Picasso, organisée autour de certains thèmes : les ex-voto, les coiffes, le cirque, la tauromachie, la céramique, l’orfèvrerie, la linogravure et les structures d’assemblage. On voit à quel point le regard de Picasso était différent et à quel point tout ce qu’il voyait se transformait en art. Les traditions populaires deviennent des thèmes récurrents. Je suis tombée en admiration devant un pot représentant un artiste et ses modèles, devant ces dessins tracés d’un seul trait, devant le gorille fait avec les petites voitures de ses enfants… bref, j’ai beaucoup aimé. Et Picasso, au départ, je ne comprends pas tout, j’avoue. Mais les passages sur la tauromachie, où nous ne voyons plus où termine la bête et ou commence l’homme… fort parlant. Les vidéos, celui de son fils, surtout, m’ont beaucoup plu. Et bon, depuis la discussion avec Virginie, je ne pourrai plus jamais penser à cette expo sans penser à Ikéa… Tiens, la peinture… tiens, la cuisine… tiens, les casseroles, tiens, les jouets! Et un parcours aussi alambiqué! Et elle n’avait même pas bu quand elle a pensé à ça! Ça en dit long sur son cerveau!
Après une glace et une visite express de deux églises, je vais rejoindre Virginie (The mm27) pour des cocktails. (Pour ceux que ça intéresse, pour les églises, la première, c’est celle qui est bizarre et qui a été tronquée pour passer l’avenue impériale… elle date du 12e mais dedans, ça a été très restauré. L’autre église date du 19h et est de style romano-byzantin. L’extérieur est… particulier, mais malgré les dorures et l’excès de marbres, j’ai aimé les mosaïques de l’intérieur. Je suis fan des mosaïques je pense, depuis la Russie). (Oui, cette parenthèse est trop longue). On se voit à l’Exit, bar à Cocktails avec un happy hour 2 pour 1 qui nous sert tout le temps de la bouffe pendant qu’on placote et qu’on boit. Résultat, j’ai mangé 2 kilos de fromages, de patates et d’olives! Pas besoin de souper! Et si on a bu des cocktails, c’était pour faire passer tout ça, of course! C’était super chouette de revoir Virginie, que j’avais vue l’été dernier, à Montréal. Les rendez-vous de dernière minute, c’est toujours génial! On aurait jasé encore longtemps, je pense!
Puis, retour à l’hôtel pour un dernier soir. Demain, c’est Aix-en Provence.
J’aime cette région, je pense!
A bientôt!
4 Commentaires
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Les photos de bâtiments sont vraiment superbes. Le soleil semble éclairer, même la pierre, même le ciment. C’est éblouissant.
Auteur
Marseille a une relation toute particulière avec le soleil. La lumière vient même de l’intérieur.
L’année dernière, j’ai passé tellement de temps au Mucem et à Notre Dame de la Garde, que je n’avais plus de temps pour le quartier du Panier et je l’ai regretté. J’avais fini la journée à l’anse des Auffes, un coin drôlement typique, tu l’as vu ?
Auteur
Ah, non, je n’ai pas vu cette anse… à moins que je l’aie vu en bateau. Javoue que ma mémoire commence à me jouer des tours!