Présentation de l’éditeur
« Elle se nomme Hélène, mais se fait appeler Joe parce qu’elle veut vivre en garçon comme lady Oscar, son héroïne de dessins animés préférés qui est le capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Comme elle, elle aimerait vivre à une autre époque et réaliser de grands exploits, car elle a l’âme romantique et un imaginaire avide de grands drames. Mais elle doit se contenter de passer les journaux, puis de travailler comme serveuse dans une salle de bingo. Après tout, au début du roman, elle n’a que huit ans, même si elle prétend en avoir dix.
Hélène a trois soeurs, un père très occupé à être malheureux et une mère compréhensive mais stricte qui ponctue ses phrases d’un «C’é toute» sans réplique. Elle vit dans un quartier populaire peuplé de gens souvent colorés dont le plus attachant est sans nul doute son nouveau voisin, Monsieur Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. Il passe ses journées à boire de la bière, mais il accourt dès qu’on a besoin de lui. Hélène et lui développent une amitié indéfectible. »
Commentaire
Je vais vous parler aujourd’hui d’un roman bien québécois dont j’ai connu l’existence par le biais d’Agnès… qui habite en Allemagne! C’est dire à quel point je vis sur une autre planète, n’est-ce pas! Pourtant, juste avec la mention de Lady Oscar, j’aurais dû me jeter sur ce roman dès sa sortie tellement j’ai aimé cette série, même si j’étais un peu grande pour ça à l’époque. Bon, j’avoue, en bonne fille-fille, je me prenais davantage pour « Anne, la maison au pignons verts » que pour Oscar, mais quand même!!!
D’emblée, j’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a ramenée à une époque où j’avais moi-même l’âge de l’héroïne, Hélène, qui souhaite qu’on l’appelle Joe (comme Jo des 4 filles du Dr March) parce que Oscar, à cette époque c’était une maque de balai. C’est un roman qui parle du quotidien, du petit monde d’une enfant qui grandit dans un quartier populaire de Limoilou où traînent les personnes désinstitutionnalisées de St-Micher Archange, quartier qui est pour elle son petit univers. Joe rêve d’être courageuse, de sauver tout le monde par son courage et son abnégation et vit dans son petit monde à elle, tout en ayant les deux pieds bien ancrés dans sa réalité: une mère sévère et droite (maman « c’est toute », comme elle l’appelle), un père triste et complètement désillusionné, deux soeurs, une petite et une grande, un voisin qui passe ses journées assis dans un fauteuil à fleurs avec sa caisse de bière à attendre de mourir. Les sous sont rares, Joe voudrait libérer chacun de ses soucis et elle poursuit son petit bonhomme de chemin, de l’enfance à l’adolescence.
C’est une histoire de passage à l’âge adulte comme je les aime, avec une héroïne attachante, pas démunie et n’ayant pas la langue dans sa poche. J’ai souri tout au long du livre en raison de ses réflexions sur la panoplie de voisins et de situations rencontrées. Les personnages sont variés, on les entend presque parler et on se les imagine très bien, avec leurs petites manies, leurs défauts, et aussi leur grandeur parfois bien cachée. On sent bien le regard porté par la narratrice adulte sur l’enfant qu’elle a été, ainsi que sur les personnes, souvent hautes en couleur, qui l’ont accompagnée dans cette partie de sa vie.
Quant à moi, qui ai dans les mêmes âges que Joe, je n’ai pu qu’être touchée et sentir monter en moi un gros paquet de souvenirs à cette lecture. Je n’ai pas grandi dans cette ville et je n’ai pas eu une enfance dans une famille comme Hélène. J’étais plutôt petite fille gâtée mais les veillées sur le balcon, les enfants qui jouaient dans la rues, les voisins et les voisines qui connaissaient tout le monde, les amis qui passaient les journaux, les joggins pastel des années 80, ça j’ai connu. Même si c’était ailleurs, la vie ressemblait un peu à ça autour de moi et avec le langage populaire de l’époque, j’ai entendu parler les grands-oncles et les grandes tantes et parfois moi aussi, avec les expressions à la mode de l’époque. Cette partie « langage québécois des années 80 » m’est apparu particulièrement réussie et réaliste.
Sans être une critique sociale, on sent l’ironie poindre sur certaines coutumes et sur la société de l’époque, particulièrement en ce qui concerne la désinstitutionnalisation des personnes souffant d’une maladie mentale. Les portraits des personnages, même secondaires m’ont beaucoup plu et c’est un très beau portrait d’enfant délurée dans les années 80. C’est le quotidien, mais le quotidien, c’est souvent tout un univers!
Bon, je pourrais pinailler et mentionner que Canal Famille, au début des années, 80, ça n’existait pas encore (ça s’appelait TVJQ… et si j’avais pu être pluggée dessus avec un cable USB à l’époque, je l’aurais fait). Je ne sais pas à Limoilou mais dans mon coin, Lady Oscar n’a pas passé sur tant d’années (il n’y a quand même que 2 saisons) et il a été diffusé après 1984… à moins que ce soit une secondes diffusion, ça se peut, je ne veux pas parler à travers mon chapeau!
Mais en fait, c’est un détail… je garderai le souvenir d’un savoureux roman qui goûte mon enfance!
26 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Vraiment l’impression depuis le début que l’on m’en parle que je manque quelque chose en ne le lisant pas. Il m’a filé entre les doigts celui-là et à t’entendre, je le regrette. Je vais tâcher de me reprendre mais c’est ma pile, eh oui, on radote toutes avec notre pile, elle risque de s’écrouler et mon budget avec.
Merci. Très beau commentaire de lecture.
Venise: J’ai vraiment vraiment aimé et, miracle, maman aussi (elle veut même voir Lady Oscar, c’est tout dire!). C’est super rare que ça arrive, ça!!! C’est vraiment une lecture qui m’a interpellée et qui m’a beaucoup plu. Je serais bien curieuse d’avoir ton avis, tiens!!!
Bonjour Karine
Moi qui dit souvent que je suis un sociologue et un ethnologue raté, je sens que ça va me plaire même si mon enfance n’a rien eu à voir avec celle-là et c’est passée à ouch kilomêtres du Québec il y a très très longtemps.
JP dit Le Papou
Le Papou: Je vous le conseille, si le sujet vous intéresse. C’Est ma foi très bien décrit et très bien écrit!
chuis trop vieille !!!
Lady Oscar,c’était ma soeur ;D
Lystig: Moi, je suis un grand bébé et je suis juste un peu plus jeune que l’auteure, née en 1974… ça explique les références communes!
Bonjour Karine,
Merci pour cette chronique pleine de sensibilité. Que de plaisirs à lire un roman qui nous rappelle notre enfance. Né dans le quartier Saint-Henri à Montréal, j’ai eu l’impression de retrouver l’environnement de ma jeunesse !
Je cours acheter ce petit bonheur de lecture … qui me changera sûrement de mes lectures habituelles !!!
Amitiés
Richard: J’espère que ça va te plaire, alors. Il peut en effet y avoir des ressemblances dans les quartiers et les modes de vies. J’ai hâte d’avoir ton avis!
Dirais-tu que c’est de la littérature jeunesse, ou ça s’adresse aux adultes avant tout?
Grominou: Je classerais ce livre en littérature adulte en premier lieu, bien que certains jeunes pourraient aussi aimer. La voix est celle de l’adulte qui se rappelle l’enfant qu’elle a été, avec sa vision d’adulte. Je pense que c’est ce qui m’a autant interpellée.
voilà un lvre qui me tente bien…
Gambadou: Ouiiiii il faut le lire, il est vraiment bien! Je ne sais pas si ça vous dira quelque chose en France mais c’est tout à fait d’ici!
ohhhh il va me plaire celui-là :-))))
Yueyin: Oui, je pense qu’il va te plaire. Tu veux que je t’en envoie une copie??? Ca me ferait plaisir, tu sais!
Tu ne vas pas le croire, j’ai publié mon premier billet pour le challenge (et en plus c’est une relecture !).
http://www.audouchoc.com/article-orgueil-et-prejuges-jane-austen-56166412.html
Billets à venir Othello, Aphorismes de Wilde !
Theoma: Il reste encore plein de temps!!! Je vais aller lire ton billet… et mettre mes trucs à jour… bientôt bientôt! (oui, j’y crois!!)
C’est toujours savoureux de lire un roman dans lequel on peut retrouver ses propres souvenirs ou un peu de son vécu.
Manu: Oui, surtout pour une miss nostalgie comme moi!!
Je vais me répéter mais ce n’est pas grave : ce roman est formidable ! Je suis ravie qu’il t’ait plu :).
Agnès: Aucun problème pour la répétition, surtout quand c’est pour dire du bien d’un roman!! Et merci pour la découverte!
si tu joues les tentatrices… je vais accepter bien sûr :-))))) à charge de revenge 🙂
Yueyin: Nice! Je vais aller fouiner cette fin de semaine ou l’autre ! ;))
Terrrrible ! Encore une fois, tu me tentes…
Marie; Celui-ci, je trouve qu’il vaut vraiment le coup, surtout si tu as le goût de lire un bout du Québec des années 80!
Malheureusement, je n’ai pas accroché…
Amiedeplume: Dommage… ça m’avait réellement interpellée…