La première chose que j’ai le goût de dire à propos de ce polar, c’est que j’ai vraiment, vraiment apprécié lire une si belle plume au service d’une telle histoire, qui parle d’environnement et de politique sans pour autant tomber dans la morale à 5 cennes.
Le livre sur une scène à la fois cocasse, grandiose et significative. Gabrielle Rochefort, activiste écologique, femme qui semble prendre un malin plaisir à donner raison à tous ceux qui disent qu’elle n’est « pas du monde », déverse une cargaison d’oiseaux englués dans le pétrole sur le gazon du ministre de l’énergie… et y met le feu. Bien entendu, ça ne va pas plaire au personnage, qui va l’expédier en prison pour deux ans. C’est quelque deux ans plus tard que nous allons la retrouver, installée sur la ferme de sa cousine, à l’île d’Orléans. Et bien entendu, elle ne va pas de tenir tranquille.
Quand son chalet sera incendié, c’est Chef, policier à la retraite et ancien amant de la dite Gabrielle, qui décide de s’en mêler. Son mariage mat de l’aile et il habite généralement sur son bateau avec Karla, son chien. C’est à la fois par intérêt pour l’affaire et pour Gabrielle, qu’il aime toujours et qu’il n’a jamais pu suivre qu’il va y mettre son grain de sel. Cet ancien policier lucide et lecteur de romans policiers est très attachant et j’ai aussi beaucoup aimé sa collègue encore au travail, qui le laisse fouiner sans s’interposer. Nous retraçons petit à petit l’histoire de Gabrielle ainsi que ses motivations. Très bien trouvé.
Nous sommes dans notre Québec, mais dans quelques années. Nous avons laissé les compagnies pétrolières s’installer partout, l’environnement s’en va – encore plus – sur le diable, les conditions des travailleurs ne sont pas en train de s’améliorer et le gouvernement est corrompu jusqu’à l’os. Ça rappelle des choses hein… Entre conflits d’intérêts, arrangements entre copains, prête-noms… disons que ce n’est pas gagné. Ça ne vous rappelle rien, n’est-ce pas! Le ton est sérieux mais aussi un peu impertinent, les personnages sonnent vrais et, par petites touches ironiques, on nous brosse un portrait d’un Québec possible pas réjouissant du tout.
Un roman qui se lit tout seul, certes pas de suspense de folie, gore ou quoi que soit, mais un polar qui fait réfléchir et qui nous fait nous balader sur l’île d’Orléans. Et juste pour ça, je conseille!
12 Commentaires
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Le genre de polar qui me plairait bien. Je ne sais pas si on le trouve facilement en France, c’est souvent le hic avec les livres québécois.
Auteur
C,est vrai que ce n’est pas toujours évident de trouver les livres québécois en France… je sais pour avoir essayé l’été dernier!
Je l’avais rapidement regardé en librairie mais après ce billet, la balade sur l’Ile d’Orléans me tenterait bien.
Auteur
Tu me diras ce que tu en as pensé si tu le lis. J’adore la plume de Marie-Eve Sévigny!
Je suis justement en plein »dedans ».
Auteur
Tu me diras!
A chaque fois je me dis qu’il me faudrait un petit polar, et puis je lis autre chose, mais de temps en temps ça fait du bien et c’est une autre vision de l’époque que j’aime bien… parfois assez militante.
Auteur
Moi aussi ça me plaît, des fois, ces visions plus militantes. Mais comme toi, je choisis souvent autre chose… je dois me forcer!
Pas assez polar pour moi je pense…
Auteur
Ce n’est pas un truc avec un suspense de fou, mais j’ai beaucoup aimé!
Tout à fait d’accord avec toi !
J’ai très hâte à son prochain roman.
Auteur
Et moi aussi!
Même si pour ça il faut se passer des promenades tout un été!