Encore un autre roman pour lequel je vais faire un billet un peu incompréhensible. C’est un roman étrange, qui donne une boule au ventre, car on sait dès les premières lignes que Charlène, 19 ans, est en prison pour meurtre, et qu’elle ne regrette rien. Le lecteur assiste donc, impuissant, à l’engrenage fatal qui va entraîner une jeune fille sensible, normale, quoi, à sombrer vers la folie meurtrière.
C’est donc sur un ton détaché que Charlène nous raconte son enfance, ses amitiés et sa rencontre avec Sarah, charismatique jeune fille avec qui elle tisse des liens d’amitié serrés. Peut-être trop. Oui, définitivement trop. Charlène ne sait pas qui elle est et se définit comme « l’amie de Sarah ». Par le fait même, nous ne savons pas trop non plus qui elle est… et comme elle maintient une froideur particulière par rapport aux événements (on fait plusieurs fois référence à l’étranger de Camus dans le roman), il est difficile de s’y attacher et de ressentir une quelconque empathie pour elle, malgré ce que Sarah lui fait subir. On la voit à chaque fois se laisser prendre, vouloir plaire, s’oublier et on a le goût de la secouer.
Une belle étude sur certaines amitiés néfastes de l’adolescence, période si particulière où chacun en est à se définir et où l’amitié est si importante. Le lecteur voit tourner lentement les rouages de la dépendance affective, jusqu’à ne plus pouvoir en sortir. Il voit les stratagèmes de Sarah, le plaisir qu’elle prend à humilier Charlène sous couvert de l’amitié. Et il a le goût de dire « non mais RÉAGIS, sors-toi de là! »… tout en sachant vers où ça se dirige, petit à petit.
Un roman qui nous oblige à regarder du haut de toutes nos années l’adolescente qu’on a été et de réaliser à quel point on était excessive, à quel point c’était fort… et à quel point on a de la chance d’être tombé sur des amis géniaux. Parce que ça aurait pu faire mal. Même si, avouons-le, aucune chance que je tue qui que ce soit. On parle de la fille qui est incapable de pêcher un poisson, ici!
Les avis de Biblioblog, Gambadou et L’irrégulière
22 Commentaires
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Il paraît que le film est encore plus fort !
Auteur
Je vais donc tenter de le voir! Un jour, quand il sera en DVD.
C’est drôle, j’ai lu un article sur le film il y a quelques jours et cela m’avait appris l’existence du roman. Je voulais voir le film, mais peut-être que je vais tenter de lire le roman avant du coup ^^
Auteur
Je n’ai pas vu le film… du coup je ne peux pas te conseiller!
Tout le monde est sous le charme de ce roman on dirait.
Auteur
Charme, je ne dirais pas… mais particulier, certes.
C’est bête mais au vu de la couverture j’ai toujours pensé que c’était une bluette gnangnan… Visiblement je me trompe…
Auteur
Yep. Not a bluette. Pas du tout.
J’aimerais beaucoup le lire 🙂
Auteur
il vaut la peine d’être découvert, ne serait-ce que pour voir notre réaction.
J’ai bien envie de le lire et j’avoue que comme Morgana, je n’ai appris son existence qu’une fois le film sorti… En ce moment j’ai envie de plus léger donc je le garde sous le coude.
Auteur
Ah oui, ce n’est pas du léger, j’avoue! C’est oppressant… on a le goût de secouer tout le monde.
Il est dans ma PAL 😉
Auteur
Tu m’en donneras des nouvelles!
Je ne savais pas qu’il y avait un livre avant le film ! J’aime suivre (de loin) le Festival de Cannes et je m’étais promis de voir le film mais j’hésite à commencer par le livre maintenant. La froideur du personnage principal m’effraie un peu…
Auteur
Froideur, certes présente. Mais un grand désir de plaire à Sarah aussi… c’est vraiment particulier comme roman. Ca remue.
Ma puce me l’a prêté, elle a un avis partagé sur ce roman qu’elle a trouvé très interessant mais je cite « impossible » elle a vraiment eu du mal à se projeter… pourtant elle est proche de l’adolescence mais…
Auteur
Des fois, pour ce genre de personnage, les presque ados ont encore plus de mal à se projeter, non? Parce que c’est encore proche, justement. Et que c’est tellement fou comme comportement…
Le sujet m’a l’air intéressant, mais le livre n’est-il pas trop dur ?
Auteur
Dur, certes. Mais surtout confrontant. On a le goût de secouer tout le monde.
Ok, merci, je note le titre alors !
Auteur
🙂