Présentation de l’éditeur
« Le jour se lève sur Griffintown après le temps de survivance, les mois de neige et de dormance.
Hommes et chevaux reprennent le chemin de l’écurie. L’hiver a eu raison de quelques-uns. Certains, comme John, reprennent le collier comme on renoue avec une mauvaise habitude. Pour d’autres, qui traînent plusieurs vies derrière eux, il s’agit souvent du cabaret de la dernière chance. Marie, la Rose au cou cassé, cherche quant à elle un boulot qui la rapprochera des chevaux. Elle ignore ce que lui réserve l’été, le dernier de Griffintown. Car tandis qu’une procession de désespérés défile vers le Far Ouest à la recherche d’une maigre pitance, la Mouche ourdit sa vengeance.
Histoire de meurtre, d’amour et d’envie dans un décor où tous les coups sont permis, Griffintown expose au grand jour l’intimité des cochers du Vieux-Montréal, ces cow-boys dans la ville. Un détournement habile, porté par une langue sensible et rude, du western spaghetti sauce urbaine. »
Commentaire
Quelle agréable surprise que ce roman. Je l’ai choisi en raison de la couverture alors que je cherchais totalement autre chose, en librairie. En fait, c’était peu après mon retour de France et je venais d’avoir une mini-crise cardiaque en comparant le prix des livres de poche que je voulais acheter. Tout bien considéré, j’ai décidé que je méritais bien de m’offrir un nouveau livre québécois réussirait peut-être à me consoler. Après tout, ce n’était que 4$ de plus que le poche (de 300 quelques pages) que je voulais acheter au départ.
Mais revenons à nos moutons – ou plutôt nos chevaux, dans ce cas précis – et à Griffintown. Marie-Hélène Poitras nous emmène dans une bulle qui nous semble hors du temps mais pourtant ancrée dans le Montréal contemporain qui la regarde de loin. Griffintown, c’est un quartier – que dis-je, un royaume – dominé par le château de tôle: l’écurie et le quartier général des cochers du Vieux-Montréal. Et c’est dans ce monde très particulier que va se dérouler l’histoire. Un monde dans lequel j’ai été immédiatement happée et qui s’est rapidement matérialisé autour de moi. Sans être cinématographique, l’écriture de l’auteur réussit à tisser autour de nous cette atmosphère et j’ai tout de suite eu les images de ce quartier qui défilaient dans mon cerveau. Je le verrais d’ailleurs assez bien à l’écran, en fait. j’ai même imaginé une musique de fond à la Enni Morricone. Oui, je sais, rien de moins.
C’est donc un western mais pas un western avec des gros méchants (quoique…) et des très gentils et héroïques cowboys. On est dans un monde un peu à l’écart, dont tout le monde se fout, en fait. Les personnages m’ont beaucoup touchée. Ils sont écorchés, totalement improbables, ils reviennent là en ayant passé l’hiver on ne sait où. Certains jurent à chaque année que c’est leur dernière saison. Certains traînent un lourd passé derrière eux. Des hommes et des femmes durs et ici, c’est la loi de la jungle. Ou du Far Ouest.
Et dans ce monde débarque Marie. Marie aime les chevaux, elle a longtemps monté et là, en ville, elle en a besoin. Et elle découvrira ce monde où tout se paie, où personne ne fait de cadeaux. Et ces gens-là. Et ces chevaux-là, qui n’ont pas la vie facile. Oui, il y a bien un meurtre. Oui, Billy, le palefrenier pour qui cette entreprise est toute sa vie va tenter à sa manière de résoudre l’affaire. Oui, il y a des méchants. Mais ce que j’en ai retenu, c’est surtout un drame et un portrait d’une partie de la société que je n’aurais imaginée comme ça. Un peu d’un autre temps, avec ses propres lois, ses propres règles.
Vous l’aurez deviné, j’ai beaucoup aimé cette histoire et je suis tombée sous le charme de la plume de l’auteur. À tel point que je vais tenter de mettre la main sur son recueil de nouvelles qui se déroule dans le même monde. Je sais, moi, des nouvelles. C’est tout dire!
20 Commentaires
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Encore une jolie découverte ! Cette ambiance étrange a l’air très sympa ! 🙂
Morgouille: C’est vraiment très très particulier. J’ai pour ma part bien aimé.
Celui-ci curieusement ne me tente pas, mais j’ai lu « La mort de Mignonne », les nouvelles de cette auteure, et celle du titre m’avais mis la larme à l’oeil…sniff! Il faut dire que j’aime beaucoup les chevaux (enfin les animaux en général); et c’est vrai que l’écriture de Marie-Hélène Poitras est superbe.
Si celui-ci ne me dit rien c’est que l’histoire semble être un concentré de violence et ça je n’accroche pas…
Bonne journée Karine!
Euh…j’ai une question; les livres en format de poche sont-ils moins chers en France que chez-nous? Si oui je déménage illico!
Lise: Répondons à ta question… les livres en format poche sont la moitié du prix en France que chez nous. Mais les livres québécois sont souvent beaucoup plus chers, à moins qu’ils n’aient été édités en poche par un éditeur français. Je me ramène un tas de livres à chacun de mes voyages!
J’ai beaucoup aimé son écriture alors je suis tentée par les nouvelles, bien entendu. Et pour ce livre, oui, il y a de la violence mais il y a également autre chose. Un genre d’affection bourrue dans ce monde un peu hors du monde et du temps.
Je confirme, les livres québécois sont vraiement TRES chers !
L’ambiance western me tente pluto, mais en même temps la mélancolie et la tristesse semblent très présente, je le note, mais il ne sera pas dans mes achats prioritaires…
Jainaxf: C’est une ambiance très particulière, un peu hors du temps. N’hésite pas si tu tombes dessus!
pourquoi tu parles toujours de livres que personne connait? tu vas perdre tes lecteurs.
Lulu44: Je suis heu… bouche bée devant ton commentaire. Sérieux, je ne sais pas quoi dire. Alors je ne dirai rien.
Merci Karine pour ta réponse, même si j’ignore si je me laisserai tenter. Je crois que je vais l’emprunter à la bibliothèque d’abord et si je l’aime trop je l’achèterai.
Je trouve l’idée excellente (même si je n’ai pas de blogue) de faire découvrir des auteurs québécois ce mois-ci. Nous avons une littérature riche et malheureusement méconnue au-delà de nos frontières.
J’apprécie la diversité ici, même si je commente rarement; et les best-sellers dont tout le monde parle je fuis comme la peste, en général. Ou alors j’attends qu’ils soient passés de mode.
Lise: Voilà, la biblio, je pense que c’est la meilleure solution! Je suis aussi très contente de faire découvrir des auteurs de chez nous et d’en lire plus, par la même occasion. Je suis ravie de mon mois québécois à date, en tout cas! Et merci de ton gentil commentaire!
Ouf! Tu as aimé! Maintenant que tu aimes les chevaux et les cowboys, je te suggère Les frères Sisters de Patric deWitt dont je n’ai pas encore parlé… Lu en 3 jours, ça dit tout!
Jules: Je note, je note! C’est une nouveauté?
On nage dans les mêmes eaux ces temps-ci! J’ai Griffintown sur ma liseuse, ce devrait être une de mes prochaines lectures! Je reviendrai lire ton billet après, je l’ai seulement survolé et ai été bien contente de voir que tu as aimé!
Grominou: Ben oui hein! J’ai hâte de voir ce que tu vas en penser… c,est super particulier comme truc, je trouve.
C’est une atmosphère très particulière en effet. Je n’ai pas vraiment accroché, mais je suis pas trop du genre western…
Amiedeplume: J’ai aimé le dépaysement en fait. Ce n’es tpas mon genre préféré mais j’ai trouvé que ça passait très bien dans le contexte.
Un western spaghetti à Montréal ? Cela pourrait me plaire 🙂 je note 🙂
Auteur
Yep! Original, non??
Je viens de lire plusieurs billets sur ce livre et l’ambiance étrange qui y règne m’intrigue …je note !
Auteur
Ca vaut le coup de l’essayer, en tout cas. Il est particulier, atmosphérique et très touchant.
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