Voilà un roman dont je vais avoir bien du mal à parler. Voilà plusieurs jours que je retarde l’écriture de mon billet car je ne sais pas très bien comment je vais pouvoir m’y prendre pour vous faire à comprendre combien l’histoire est touchante, comment l’écriture est belle… mais aussi à quel point ce roman m’a profondément dérangée.
Albanie est dans la trentaine. Mère monoparentale, elle vit seule avec Maria, trois ans. Avec Maria et pour Maria. Entre elles, un amour inconditionnel et immense. Au point que parfois, il est difficile de savoir qui est Albanie et qui est Maria. Où la première se termine et où la seconde commence. Ce roman, c’est le roman de l’amour maternel, fusionnel, qui nous explose à la figure constamment. C’est la vie d’Albanie, qui vit à travers les yeux de sa fille. Et cette façon de voir les choses, de disparaître derrière sa fille, m’a mise profondément mal à l’aise. Parce que j’ai eu le goût de la secouer, de lui dire d’exister, de lui dire qu’elle était encore là, elle, la femme. Qu’elle n’était pas que mère. Que des fois, on ne pouvait pas être juste en admiration devant un enfant…
Du coup, j’ai lu le roman par bouffées. Pour ne pas être trop submergée par cet amour fou et pour moi étouffant. Parce qu’il y a autre chose dans ce roman. Il y a un hymne à la magie de l’enfance, à ces moments qui passent trop vite, qu’on voudrait rattraper, qu’on a souvent oubliés. Et les tentatives d’Albanie pour rendre la vie inoubliable (mais on se demande pour qui) dans les moments du quotidien, ceux qu’on oublie parfois de considérer. Car ce n’est pas une histoire tant que des moments de la vie de ces deux personnages. Ce n’est pas un roman d’action. Car la vie d’Albanie sans Maria est un peu dans un rêve, irréelle. Même quand elle s’inquiète des enfants qui n’ont pas la chance de sa fille. Car elle s’inquiète réellement et voudrait que tous les enfants soient heureux et insouciants.
Le tout nous est servi avec une écriture imagée et magnifique. Remplie de symboles, de petites phrases qui semblent sorties de nulle part mais qui nous touchent bizarrement et qui restent en tête. À travers les mots de l’auteur, on l’entend réellement, ce bruit des choses vivantes. Et on se sent curieusement confortables dans cette maison, à cette fenêtre, au royaume de Maria.
Je conseille donc… mais pas à ceux qui veulent une histoire palpitante! Car il s’agit ici de tout autre chose, mais d’un roman qui mérite d’être lu et savouré.
26 Commentaires
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c’est un livre pour moi alors au vu de ce que tu en dis
Denis: Je ne le conseillerais pas à tout le monde mais si tu aimes ce genre de huit-clos mère fille et les belles plumes, ça pourrait te plaire.
Un de mes livres préférés 🙂 On entre dans une bulle étanche entre une mère et sa fille, mais que c’est bien écrit ! Je suis très heureuse de lire ton avis, Karine.
Topinambulle : Tout à fait. Je ne sais pas si ce roman fera partie de mes préférés mais je suis définitivement fan de la plume.
Wahou ! Alors là c’est certain que je le note ! Merci pour cet avis qui me donne envie de me jeter dessus 🙂
Izzy: J’espère que ça va te plaire alors.
C’est tout à fait mon genre de lecture, déjà que je voulais le lire, la coche a monté de plusieurs crans. J’ai lu une seule fois Élise Turcotte, le style et le thème étaient semblables et je m’y suis sentie très bien. C’est réussi quand on fait réagir le lecteur, quand on a envie de secouer un personnage. Comme il a été réédité et qu’il est dans un formal moins dispendieux, c’est certain que je vais me le procurer à la première occasion. Merci Karine !
Venise: Je pense en effet que ça peut vraiment te plaire! Je me croise les doigts pour que ce soit le cas!
J’aime ce que tu en dis !
Clara: Je pense que c’est le genre d’écriture qui pourrait te plaire.
Karine, c’est un beau billet, mais l’histoire n’est pas un coup de coeur pour que je la note.
Tu connais Neil Bissoondath ? Je l’ai pris au hasard à la BM. C’est pour notre mois.
Syl: Oui, je connais Bissondath de nom, mais je ne l’ai jamais lu… j’ai hâte de voir ce que tu vas en penser!
Je crois que ça me plairait.
Et puis, « vous faire à comprendre » que j’aime !
Lou de libellus: C’est un roman qui m’a beaucoup fait réagir, en tout cas… et je vais définitivement devoir commencer à me relire. C’est assez oral comme structure, n’est-ce pas!
J’hésite; il pourrait me plaire sauf si c’est genre « je te fais une crise de jalousie-engueulade à la moindre incartade ». La couverture est belle.
Lewerentz: Non, ce n’est pas tout à fait ça… c’est plutôt une relation très (trop) serrée entre une mère et une fille, qui se définit uniquement par rapport à celle-ci… très étrange.
Pas pour moi et pas pour tout de suite, vu le côté étouffant que tu évoques, Karine. Mais pourquoi pas plus tard ? 🙂
FondantOChocolat: Peut-être que si j,étais mère, j’aurais été moins dérangée par ce côté… mais bon.
Je crois que c’est le genre d’histoire qui m’énerverait.
Les moments perdus ne se rattrapent jamais et en plus s’il faut secouer le personnage, j’en ai bien assez avec me secouer moi même!!
Secrète Louise: Je pense en effet que ça peut hérisser certaines personnes. J’ai eu du mal avec la relation mais l’écriture a rattrapé le tout. Et bon, ça évolue, quand même!
Tu en parles très bien et tu donnes très envie de plonger dans cette bulle mère-fille. Une belle plume, ça ne se refuse pas.
Somaja: En effet, la plume a quelque chose de t`res poétique. Et cette bulle est parfois très attendrissante, malgré son côté un peu étouffant.
Karine, c’est comme un québécisme, je l’entends, tu sais que le québécois est proche de notre français d’autrefois, et encore d’aujourd’hui, dans les campagnes, et j’ai entendu cela, c’est très clair sur le plan syntaxique. Quand je dis « que j’aime ! », ce n’est pas une antiphrase.
T’as d’beaux yeux vert tendre, tu sais (réplique de film), mais tu pourrais changer ta webcam, ou alors je dois changer mon écrin, mon écran : – )
Est-ce qu’on t’a déjà dit qu’OverBlog, depuis le Québec, est très lent ? Ce n’est pas la mémoire de mon ordinateur qui est saturée puisque ailleurs l’affichage est autrement.
Lou: Ah oui, sérieux?? Je ne savais pas que la provenance du blog était un facteur. Mais en fait, over-blog tente de nous faire passer à la nouvelle plate-forme depuis un bon moment… et je crois que le problème vient en partie de là.
ça risque parfois de m’énerver, mais je note, je suis curieuse…
Liliba: Un autre au sujet duquel je serais curieuse d’avoir ton avis!