Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges – Michel Tremblay

therese-et-pierrette.jpgOoooh, comme elle a l’air pas commode, cette fillette!  Elle irait parfaitement avec celles que nour raconte Michel Tremblay dans ce roman qui le deuxième des chroniques du Plateau Mont-Royal. 

 

On nous entraîne donc dans les années 40, dans un plateau qui était alors un quartier populaire de Montréal.  Yep, je sais, ça a bien changé!  L’histoire se déroule en quatre jours, les quatre qui précèdent la procession de la Fête-Dieu.  Les élèves de 6e année sont en effervescence car ce sont elles qui sont responsables du reposoir, où ils seront anges, sainte vierge ou Ste-Bernadette.  C’est donc un événement avec un grand E. Mais en plus, cette semaine-là, la petite Simone Côté, surnommée Bec-de-Lièvre, revient de son opéation, grâce à laquelle est devenue… belle!

 

Nous somme dans une école catholique, où la mère Benoîte-des-Anges, née à Outremont (mais surnommée mère Dragon-du-Yable) fait la loi.  Parce que ce ne sont pas toutes les bonnes soeurs qui sont « bonnes ».  Et celle-là ne l’est certainement pas.   Le portrait que Michel Tremblay peint des écoles primaires n’est pas doré, loin de là.  Les fillettes sont heureuses parce qu’elles sont enfants (ou presque)  et qu’elles sont habituées à s’amuser de peu.  Mais ce petit microcosme est fait de petites jalousies, de politicailleries, d’hypocrisie, de mauvaise foi déroutante et de jeux de pouvoirs.  La candeur et la franchise des fillettes (qui ne sont pourtant pas des anges et qui n’ont pas la langue dans leur poche) contraste avec l’univers des religieuses où on a souvent peur de celles qui ont des idées neuves et qui sont assez futées pour tenir tête à l’autorité… sans trop que ça paraisse.    C’est ainsi qu’entre soeur Sainte-Catherine, bonne et intelligente et mère Benoîte des Anges, il y a une bataille sans merci, où sera bien malgré elle impliqué soeur Pied-Botte, la soeur portière au service de la directrice. 

 

C’est la guerre, le rapport à la religion commence, pour certains mais pas pour tous, à évoluer.  À travers cette histoire de petites filles qui veulent toutes jouer la vierge Marie et de mère directrice qui harcèle une élève pauvre parce qu’elle s’est fait opérer mais qu’elle n’a pas payé les 2$ de la revue l’Estudiante, c’est tout le portrait d’un quartier qui nous est offert.  L’église tape-à-l’oeil pour les riches de la rue St-Joseph, les complexes d’infériorité des gens moins bien nantis, malgré leur intelligence, et également les coutumes de l’époque, que ce soit par le langage ou par les habitudes à la maison (j’ai bien ri au baloney en p’tits chapeaux… j’aimais ça, petite.  Et je n’étais pas née dans les années 40). C’est aussi une critique de l’éducation à l’époque, où certains enfants étaient parfois éduqués à coups de règles et d’humiliation.  Pas toujours hein… il ne faut pas généraliser.  Mais bon. 

 

Le langage de Tremblay sonne juste.  Il sonne comme la génération de mes grands-parents.  Il n’en fait pas trop, aucune surenchère ici.  Juste le parlé quotidien de la classe ouvrière.  Et en arrière-plan, il y a la grosse femme hospitalisée qui va accoucher, Albertine – la mère de Thérèse – en colère, Marcel et son chat Duplessis, Charlotte, la mère de Simone (la scène dans le bureau de la directrice est jubilatoire) et les tricoteuses, qui ne sont vues que par Josaphat le Violon et le petit Marcel… l’étrange petit Marcel. 

 

Une très agréable lecture.  Pas misérabiliste pour deux sous.  Avec une bonne dose d’humour, des personnages bien crasses, loin d’être parfaits et des scènes qui sonnent vrai.  On s’imagine facilement faire le chemin vers l’école des Saints-Anges avec le trio « Thérèse pis Pierrette », sauter à la corde et admirer le petit ange suspendu!

 

Mais pour bien visualiser… rendez-vous bientôt!

 

C’était une lecture commune sous le thème de Tremblay avec…

24 Commentaires

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  1. Quel excellent souvenir! Quoique La Grosse Femme… reste mon préféré dans la série des Chroniques.

    Je t’ai mis mon lien pour cette LC sous la récap’.

    1. Grominou: Merci pou rle lien!  Je pense que j’ai préféré celui-ci à La grosse femme!

  2. J’ai raté le RDV d’aujourd’hui mais je reparlerai (en bien ) de cet auteur bientôt ! 

    1. Clara: Cool!

  3. En gros, mêmes impressions que toi avec « bonbons assortis ». J’ai l’impression qu’avec cette auteur-là, il vaut mieux respecter une certaine chronologie dans les lectures ?

    1. Aifelle: C’est ce que je pense aussi… au moins dans la chronologie des séries!

  4. Ce deuxième tome a l’air plus intéressant que le premier ! La place de la religion, la lutte contre l’autorité, ce sont des thèmes qui me parlent plus que le « stream of consciousness » de « La Grosse Femme d’à côté est enceinte » ! Je le lirai peut-être plus tard si je le trouve en bibli !

    1. Jainaxf: Oui, c’est un peu différent, j’avoue!  Mais le style se ressemble hein!

  5. j’ai adoré la découverte de cet auteur 😉

    j’ai noté dans ma liste de lire tout Tremblay (rien que ça ;-))

     

    1. Valentyne: Et moi de même!  L’avantage, c’est qu’il y en a beaucoup!

  6. Je me suis promis de lire un Tremblay après avoir adoré Marie-René Lavoie.

    Le Papou

    1. Le Papou: Quoi, tu n’as jamais lu Tremblay??? Tsssssssss!

  7. Tous ces noms de lieux me parlent depuis mes deux courts séjours à Montréal. J’aime l’aspect réaliste des romans de Michel Tremblay qui permet de se rémémorer une époque, de voir un milieu social. Là, semble-t-il, c’est l’église catholique  telle qu’elle était avant au Québec, qui est sur la sellette. Mais qu’est-ce que les balloney en petits chapeaux?

    Voilà le livre que j’ai choisi pour cette LC sur Michel Tremblay :

    http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2013/09/michel-tremblay-lhomme-qui-entendait.html

    1. ClaudiaLucia: Tout à fait.  On parle d’église, de contrôle par le clergé… c’était quelque chose!  Et du baloney en chapeaux, ce sont des tranches de baloney (un genre de grosse saucisse à hot dog mais de 10-15 cm… je sais pas trop ce que c’est en fait) cuites sur le poêle.  quand elles cuisent, le milieu se soulève et on dirait des chapeaux!  Toute mon enfance!

  8. J’ai lu Les chroniques du Plateau Mont Royal il y a quelques années et ce fut mes premiers pas dans la littérature québécoise. Un coup de coeur à vie! Celui que tu commentes ici (le tome 2) était mon préféré. 

    1. Romanza: Il est bien n’est-ce pas!  J’aime énormément ces chroniques!

  9. Tu donnes envie, allez, hop, je le note !

    1. Gambadou: :)))  J’espère que ça te plaira!

  10. c’est la suite de la première chronique où l’on retrouve bien tous les personnages, j’essaierai de le lire assez vite pour rester dans l’ambiance mais après le mois américain,

    j’ai beaucoup aimé l’opus 1

    http://bonheurdelire.over-blog.com/article-la-grosse-femme-d-a-cote-est-enceinte-de-michel-tremblay-actes-sud-120090828.html

    1. Denis; Oui, c’est la suite.  Mais on peut lire à plusieurs mois de distance sans que ce soit problématique, je pense!

  11. Si je trouve un Tremblay je lui saute dessus, le livre bien sûr

    tout ce que je lis dans vos articles ou commentaires donne envie!

    Bonne journée

    1. Secrète Louise: J’espère que tu trouveras.  J’adore Tremblay!

  12. Une lecture agréable, mais ce n’est pas mon préféré de Tremblay.

    1. Amiedeplume: Je ne sais pas si c’est mon préféré mais il m’a énormément plu!

  1. […] continuer à le lire, je pense! (Sur le blog: La grosse femme d’à côté est enceinte, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, Bonjour, là, Bonjour, La maison suspendue, Un ange cornu avec des ailes de tôle, À toi pour […]

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