Les laboureurs du ciel – Isabelle Forest

laboureurs-du-ciel.jpgCe billet, j’y ai réfléchi longtemps avant de l’écrire.  Probablement trop longtemps parce que je sens que ce qui suit va être tout sauf clair.  Mais en réfléchissant bien, ce n’est probablement pas si mal.  Parce que ça représente quand même bien ma lecture…

 

C’est bel et bien un roman québécois qui nous entraîne dans le Paris du 17e.  Dans les foires, pour être plus précise.  Au milieu d’habiles faussaires, de marionettistes, d’animaux savants et de monstruosités humaines en tout genre.  Nous rencontrons Marie enfant.  Marie, élevée dans une famille de tisserands, est montreuse de marionnettes.  Elle vit dans ce petit monde un peu – ok… beaucoup – crade et sans pitié, courant un peu partout avec Petit Pierre, son ami amoureux d’elle.  Car Marie fascine.  Et ayant grandi, elle fascinera l’Italien, fils de sorcière et directeur d’une compagnie d’acteurs. 

 

Disons-le d’emblée, l’atmosphère créée par l’auteur est fascinante.  C’est grouillant, souvent cruel, encore plus souvent dégueulasse.  Mais c’est tangible.  Et les personnages sont étonnament vivants.   Si le monde est parfois dur, on retrouve aussi des bribes d’humanité dans tout ça, certes parfois bien cachées mais présentes quand même.   D’entrée de jeu, on sait que ça va mal se terminer pour Marie.  On la voit se passionner, on la voit espérer et on la voit aussi tomber, pour avoir voulu aller au bout du bout.  Trop loin peut-être. 

 

Entendons-nous, c’est étrange comme roman.  On nous balade d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre.  J’ai parfois eu l’impression de fouiller dans le passé de ces gens et d’en ressortir avec quelques bribes à chaque plongée, et ce pas toujours dans le bon ordre.  Et ça passe très bien.   Nous sommes parfois un peu confondus mais rapidement recadrés.  Et cette construction ajoute à l’aspect un peu onirique, un peu irréel de cette histoire.  Car nous plongeons dans l’alchimie, la sorcellerie, les cultes étranges, presque voodoo. 

 

Si j’ai trouvé certains passages ma foi très durs et très heu… olfactifs (à ne pas lire au petit déjeuner, croyez-moi… mais j’ai de fortes tendances malécoeureuses du coup, il ne faut pas se fier uniquement sur moi), si je me suis parfois demandé si certains détails gore étaient vraiment nécessaires, si la finale m’a un peu laissée sur ma faim et a selon moi enlevé un peu de force à l’histoire, j’ai tourné les pages et j’ai été transportée.  C’est fluide et j’ai passé un bon moment de lecture. 

 

Et ne vous fiez pas à la douceur de la couverture.  Ce n’est pas du tout dans ce registre.  Un roman que je ne conseillerais pas à tout le monde, pour son étrangeté et pour le côté un peu surréel mais qui m’a bien plu.   Et une auteure que je relirai avec plaisir!

 

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26 Commentaires

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  1. Il est vrai que la couverture fait penser à un roman pour enfants.

    1. Alex: oui, et franchement, ce n’est pas du tout ça!

  2. Pourquoi pas ; la couverture est belle en tout cas. Bonne journée.

    1. Coccinelle: Oui, c’est un roman bien particulier mais je suis certaine qu’il a son public.

  3.  

    J’ai connu « l’atmosphère » à la Foire du Trône, des monstres, pas si monstrueux, des nains minuscules, des géants, et de faux monstres, la femme-serpent, etc. Ce qui est monstrueux, c’est l’exploitation d’un état, dû aux mystères de la génétique.

    Ces malheureux nains (pas ceux de Fort-Boyard, qui sont petits, mais qui ont un métier d’acteur noble), non, « le roi des Liliputiens » (moins de cinquante centimètres de haut) qui était fiancé à « la princesse des Liliputiens » (pareil), et « on attend le mariage, et de nombreux enfants » ! Je ne sais pas si c’est encore autorisé.

    Il y a eu ‘Freaks’, ceux-là, acteurs dans le film, mais acteurs pour une fois, étaient franchement abîmés. Et sans trucage.

    Je vais noter le titre, mais avec ma PAL actuelle (depuis que je me suis laissé contaminer par Yueyin)…

     

    1. Lou: C’est vraiment étrange.  Et oui, c’est incroyable, ce qui s’est passé pour les gens nés différents à une certaine époque.  Ca fait froid dans le dos.

  4. Je ne suis pas sur d’aimer ça, je passe donc.

    Le Papou

    1. Le Papou: Sérieuxement, je ne suis pas du tout certaine que ce soit pour toi!

  5. Et moi, tu penses que j’aimerais?

    Il m’attire ce livre mais je n’ai pas encore osé…

    1. Geneviève: Difficile à dire… Disons que ce ne serais pas le premier livre que je te conseillerais.  Il y a un côté un peu gore qui te rejoint un peu moins, je trouve…  Du moins, d’après ce que je perçois de tes goûts!

  6. à noter donc si le hasard me fait rencontrer ce livre…

    1. Denis: Il est vraiment particulier.  Je serais vraiment contente d’avoir d’autres avis!

  7. Tout à fait d’accord avec toi ! Un imaginaire très intéressant, une belle plume, mais une fin plutôt abrupte par rapport au souffle et à l’envol du reste du roman. Ravie d’avoir pu lire ton avis 🙂

    1. Topinambulle: Voilà.  J’ai eu un peu l’impression d’être laissée sur le carreau à la fin.  MAis ça n’empêche pas que c’est un auteur à suivre!

  8. Une curiosité à guetter quand même dans un stand Québec en Europe, pour voir par soi-même !

    1. Anne: Oui!  Je suis curieuse de voir ce qu’il y a de québécois dans vos foires du livre!

  9. Édité par Alto en plus ! C’est sûr que je l’ajoute à ma liste 🙂 Quelle couverture ! Et j’ai même pô peur du gore.

    1. Mélodie: Moi aussi, quand je vois « Alto », j’ai tendance à prendre!

  10. Après avoir lu ton billet, ce livre m’intrigue !

    1. Le coin lecture d’Héloïse : Il est intrigant!  En fait, même après ma lecture, il m’intrigue encore!

  11. J’ai ce livre sur ma bibliothèque (je l’expose car la couverture est belle) depuis un bon bout de temps. Je n’ose pas encore. Pour les romans étranges, il me faut être dans une certaine humeur. Bon, est-ce que ton commentaire me rassure ? Plutôt oui que non, sans être un oui retentissant.

    Cependant, je vais le lire, ce qui est un pas en avant.

    1. Venise: Tu as raison, il faut être dans un état d’esprit particulier.  Il y a une qualité d’écriture qui fait que ça se lit bien, malgré le côté étrange!

  12. Ouille, pas sûre que ce soit pour moi… Ta description me fait un peu penser à Je François Villon, de Teulé,  qui m’avait un peu traumatisée! Mais qu’elle est jolie cette couverture!

    1. Grominou: Ah, quand même, c’est une coche en dessous de Villon pour le gore!  Mais quand même, j’avais aimé hein!

  13. Je pourrais volontiers me laisser tenter par ce roman surprenant… Et la couverture est somptueuse !

    1. FondantOChocolat: J’avoue avoir choisi le roman pour la couverture!  Elle est magniiiifique!

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