J’adore My Fair Lady. Audrey Hepburn, la scène des courses, les chapeaux extraordinaires et les chansons que je connais par coeur. Bon, j’ai toujours ressenti une frustration intence en regard de la fin mais qu’importe. Par contre, je DÉTESTE le mythe de Pygmalion (vous savez, le sculpteur qui tombe amoureux de sa création?). Et ma twinette Fabienne n’aime pas du tout la pièce. Du coup, il a fallu que Perseline organise « théâtrons booktube » et propose ce roman pour que je sorte la pièce de Shaw qui a servi de base au musical. Pièce qui dormait dans ma pile depuis quoi… 7 ans.
Tout le monde connait un peu l’histoire, je pense. Un jour, sous la pluie, Henry Higgins, célèbre phonéticien, entend une jeune fleuriste à l’accent cockney assez extraordinaire. Quand elle se pointe chez lui quelques jours plus tard, il va faire le pari de la faire passer pour une duchesse dans 6 mois. Pari extraordinaire? Ode à lui-même et à son talent? Et Eliza, la jeune fleuriste, dans tout ça?
C’est une pièce qui doit être replacée dans son contexte. L’homme et la femme n’ont pas la place qu’ils ont aujourd’hui. Les classes sociales sont perçues différemment aussi et elles ont une place primordiale dans le livre. Une fois ça en tête, il m’a été possible d’apprécier la pièce. J’ai beaucoup aimé la fin, limite qu’elle me réconcilie un peu avec la fin du film, qui m’a toujours mise grrrrr… je coupe toujours avant, d’ailleurs! Il m’a quand même manqué Audrey Hepburn. Et la musique. Et toute la partie où Eliza apprend car, avouons-le, nous voyons surtout le résultat du truc que l’apprentissage lui-même.
Ceci dit, lire les dialogues à haute voix avec l’accent, pour une fille qui adore la linguistique, c’est jubilatoire. C’est aussi une réflexion sur les apparences, les relations interpersonnelles et les préjugés, le sexisme ordinaire. Pour Henry Higgins, Eliza et tellement intrinsèquement inférieure à lui-même, de par sa condition de femme et par sa naissance, qu’il ne comprend absolument pas qu’elle puisse lui être autre chose que reconnaissante. Elle n’est que glaise entre ses mains, un simple objet. Bon, ceci dit, il pense un peu la même chose d’un peu tout le monde. C’est un gros bully (il fait quand même peur aux amis de sa mère)… qui ne se rend même pas compte qu’il en est un. Le questionnement « et après? » est au centre de la pièce . Eliza est profondément changée, elle réalise ce qu’elle (et ce qu’elle n’est pas) pour Higgins, mais peut-elle encore être heureuse en vendant des fleurs au coin de la rue? À quel milieu appartient-elle maintenant?
Certains passages sont hilarants (Alfred Doolitle entre autres… on ne voudrait pas l’avoir comme père mais de loin, il est super drôle dans ses réflexions) et la mère de Higgins est quand même assez géniale à sa manière. Il faut savoir qu’ici, ce n’est pas une romance. Il y a même un peu d’un genre de féminisme de caché derrière toute cette mysoginie. Et quand on connaît un peu le film par coeur… on reconnaît les dialogues… et on chante, encore et encore!
Bien aimé… même si ça fait parfois grincer des dents!